Léo Nardus, fils de l’antiquaire Emmanuel Salomon et de Alida Ballen, naquit à Utrecht le 5 mai 1868. Il fit ses études à l’académie des Beaux-arts d’Amsterdam. Après une aventure de chercheur d’or en argentine en 1889, il devint marchand d’art aux Etats-Unis pour le compte de grands collectionneurs en 1894. Il s’installa en France au début du 20^ème siècle, où il épousa en 1904 Hélène Jeanne Marie Bourgeois, fille d’un grand antiquaire parisien. Le couple vécut dans les environs de Paris dans le château d’Arnouville-les-Gonesses, puis dans un château de Suresnes auquel il donna le nom de ses deux filles, « Léa-Flory » nées en 1905 et 1908. Nardus se sépara de son épouse et les deux enfants furent confiées à une gouvernante de Bordeaux, Marie Gendraud.

Il continua à collectionner les œuvres d’art et s’enrichit. Il prit le patronyme de Nardus en 1911. Entre 1900 et 1913 Léo Nardus voyagea beaucoup : Italie, Espagne (il vécut une année à Barcelone), Egypte, Algérie, Tunisie. Il y eut une première exposition de ses toiles à Paris en mai 1913 à la Galerie Rosenberg. De 1915 à 1920 il vécut en Hollande à Blaricum, village fréquenté par des artistes. En 1921, à l’âge de 53 ans, il s’installa en Tunisie, dans la petite ville balnéaire de La Marsa à 20 km de Tunis, où il fit construire une magnifique demeure de marbre rose. Ses filles et Marie Gendraud l’y rejoignirent. Pour se protéger des poursuites juridiques de son épouse, Nardus s’associa à Arnold Van Buuren pour gérer sa collection de 156 toiles de maitres, dont des Rembrandt, Rubens, Hals, Velasquez.

Il subit de plein fouet la crise de 1929, mais continua à mener grand train de vie en Tunisie ; il recevait dans sa demeure les artistes de l’époque, connus, où en voie de l’être et dont il fut souvent le mécène. La seconde guerre mondiale marqua un coup d’arrêt à cette prospérité. En Hollande Van Buuren fut arrêté et mourut dans les geôles nazis en 1941 ; la collection de peinture fut saisie et dispersée. Nardus vécut de ses biens en Tunisie. En 1951 il vendit sa demeure en viager à une société immobilière. Il mourut en 1955, à l’âge de 87 ans.

Parlant  couramment 4 langues, champion d’escrime, et internationalement connu comme joueur d’échecs, Léo Nardus était une personnalité charismatique. Sa peinture fut essentiellement une peinture d’atelier axée autour du portrait et de la nature morte. Les toiles que nous exposons ici en sont exemplaires : portraits de proches de son entourage, portraits de bédouines tunisiennes, autoportraits, natures mortes. C’est une peinture classique et sensitive à la fois, alliant réalisme et générosité de la couleur, inquiétude du trait et expressivité de la touche. « Les racine de son art plongent dans la peinture hollandaise ; les noms de Rembrandt et Frans Hals viennent sous sa plume…C’est un art tout en profondeur, d’expression grave et austère », écrit à son sujet Patrick Neslias

Leo Nardus, par lui-meme

Famille  Fellous