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SIMON RICHARD HALIMI


   

Le pouvoir de l'imagination

L'oeuvre d'art n'est pas un produit d'usine que l'on fabrique en série. C'est pourquoi le créateur est appelé à se dépasser. C'est le cas de Simon Richard HALIMI qui ose rompre avec tout ce qu'il a appris et tout ce qu'il a peint pour aborder la toile avec audace de façon à se surprendre et à s'étonner lui-même, et surtout, à vivre une nouvelle aventure sur chaque toile qu'il peint.
Il y a à peine cinq ans, HALIMI peignait encore des portraits de gens de toutes sortes qu'il interprêtait de manière géniale, à la façon de Soutine, Pascin et Dauchot. Il faisait des gens du quotidien les héros de la toile. Il savait aller au coeur de la condition humaine, explorant avec intelligence les fantasmes personnels, individuels, collectifs et sexuels. Il prenait la toile avec force: "J'avais faim de peindre. J'avais besoin de bouffer la peinture".
De l'inconscient de HALIMI surgit un univers pictural fabuleux.
Cela est normal pour un homme qui s'appelle HALIMI, puisque la racine de son nom est "hilm", ce qui signifie le rêve. Né dans les quartiers populaires de Tunis, il habille la toile des couleurs vives des souks et des gens pittoresques qui déambulaient dans les rues de la Médina. Plein d 'amour et de fables, HALIMI avait besoin d'aller au-delà
de sa peinture pour toucher au plus près le mystère d'exister.
Obsédé par le besoin de liberté totale, HALIMI se sentait à
l'étroit dans ce qu'il créait. Et pourtant, il y a vraiment de quoi être fier
de sa peinture. HALIMI n'est pas du genre à s'investir dans une action
culturelle pour faire plaisir ou par snobisme. il sait parfaitement que l'acte créatif suppose un état aussi fort que l'état amoureux: "Un jour je remplirai les pages d'écriture... Combien de désirs et de plaisirs refoulés... Vivre... Vivre… Chaque toile doit être un jour de naissance.
Qui regarde qui? Qui écoute qui? On a tellement de choses à dire sur la toile... On peut toujours rêver".
En même temps qu’il libère la composition, Halimi peint ses
personnages dans une dynamique spécifique leur permettant une extraordinaire mobilité. En vrai créateur, Halimi a découvert un nouveau langage pictural. Ses tableaux sont des fresques vivantes représentant le désordre incroyable de notre époque qui a tout mélangé à tout sans se soucier de l’harmonie universelle; celle-là même que recherche Halimi de toile en toile. On peut placer HALIMI entre Chaissac et Ben. Chaissac pour la capacité géniale à produire des images fortes en art brut, et Ben pour la disposition presque innée à
émettre des vérités écrites en graffitis sur la toile.
Il y a aussi chez HALIMI un amour prodigieux de la Tunisie qui se manifeste tantôt avec nostalgie à la façon Raoul Darmon et tantôt avec humour à la façon Ali Douagi. De Abdallah Gueche à Chardon-Lagache en passant par Abidjan, HALIMI côtoie toutes les classes sociales avec la même gourmandise et la même volonté d'en reccueillir l'authenticité. il s'inspire de toutes les figures de la société, et
tout particulièrement des classes les plus défavorisées pour bâtir sans complexe son univers pictural.
La civilisation médiatique a tout brassé pour infuser une diffusion des informations au plus grand nombre.Il en a résulté des rencontres insolites que même Duchamp en personne n’aurait pas imaginé.
La société de consommation fait accumuler des objets
paradoxaux dans un même foyer. Le discours télévisuel passe des informations les plus graves aux émissions de variétés les plus farfelues.
Dans ce désordre discursif, Halimi retrouve l’ordre esthétique à l’aide d’un talent inoui et d’un souffle prodigieux.
Après un parcours pictural fabuleux ayant mis en scène tous les exclus, les marginaux, les rejetés et les parias de la société d'une façon à la fois pathétique et drôle, Richard HALIMI prend la décision un jour de l'année 1998, de tout arrêter. Non pas d'arrêter la peinture, mais de mettre fin à un système de peinture. Il était lassé de vivre dans la répétition d'un thème. Il voulait rompre avec le répétitif. Autant dire
qu'il voulait une rupture avec lui-même. Il pensait, à tort ou à raison, qu'il avait perdu sa liberté de créateur à partir du moment où il s'est installé dans une structure répétitive. Et pour dépasser cette période, il dit avec un sourire plein de malice : "Silence! On peint..."
Il est clair que HALIMI vivait mal un enfermement dans un style et cherchait un nouveau chemin pour libérer sa propre écriture. Seuls les gens nobles et riches de leur spiritualité peuvent placer le débat à un niveau aussi intense. C'est donc en 1998 qu'il prend la décision
D'une rupture. Il met à la cave toutes les toiles qu'il a réalisées et s'installe devant les murs vides de son appartement. Le voici enfin disponible pour un nouveau voyage dans l'espace pictural.
Mais combien il est difficile de se reconstruire. C'est alors que
montent à sa mémoire les fables de sa grand-mère, les récits de son grand-père, les recettes de cuisine de sa mère, les gros mots de ses copains, les proverbes des anciens beldis de Tunis. Il réveille un véritable arsenal de fables, d'histoires, de traditions, de coutumes, de symboles, de signes et de mythologies émanant de la Tunisie profonde.
En décembre 1998, il crée une toile tout à fait nouvelle dans son genre et que l'on peut regarder dans tous les sens. Quatre
personnages attablés représentant le père et le fils habillés de la même façon et la mère et la fille habillées à l'identique. Assis autour d'une table, sur un tapis, ils suggèrent l'union d'une famille qui résiste à tous les désastres et qui offre une image pouvant subir toutes les métamorphoses sans jamais perdre leur identité. A partir de cette création, HALIMI a compris qu'il a libéré de nouveaux élans créatifs et
qu'il a ouvert de nouvelles portes de son imaginaire.
Une nouvelle peinture est née. HALIMI peut désormais s'adonner à une peinture que l'on peut lire dans n'importe quel sens.Toutefois, il reste conscient que cette nouvelle aventure créative ne doit pas se laisser piéger par des tentations récréatives. Il ne veut pas rechercher systématiquement dans chaque toile la mise en scène d'une lecture du tableau s'opérant dans les quatre sens. Il a bien raison de dire : "On ne se libère pas d'une contrainte pour créer une nouvelle contrainte".
L'émancipation des vieilles images du passé permettent à HALIMI de libérer d'extraordinaires énergies graphiques et plastiques conférant au langage pictural une allure de fête permanente.
L'imagination a pris le pouvoir et gère le tableau avec la folie de la création. Fier de ses racines judéo-arabes, HALIMI n'oublie pas de mèler à ses pinceaux la mloukhiya, la bkaïla, brick, hlalem.
Si l'on peut comparer HALIMI à un intellectuel tunisien, je le
comparerais volontiers au poète Salah Garmadi qui mettait lui aussi de l'harissa, du lablabi et des tajines dans ses poèmes en langue française.
Il mettait aussi un brikaji au paradis : "C'était la voie de l'invitation au voyage à travers un mode d'expression picturale. A partir de là, la main s'est fortement libérée, l'esprit à nouveau léger et satisfait d'avoir poussé une nouvelle porte. L'humour est parfois grinçant, l'amour
tendre ou violent, la famille composée ou décomposée, les voyages dans la tête et dans la vie, le temps qui passe et ce qu'il en reste, la mémoire et le présent pour l'avenir, le bien et le mal, l'oeil celui des peintres et le nôtre, sa vie et celle des autres... font partie de la musique de son écriture picturale. C'est sa route aujourd'hui, le voyage au bout du pinceau et de la couleur se poursuit... le carrefour nous rapproche
peut-être là où il faudrait reprendre un nouveau départ pour un autre voyage à partager".
On peut être Tunisien et universel. En Tunisien authentique,
HALIMI traverse la culture française pour atteindre l'universel. Il arrive à un moment où l'humanité est en panne d'humanisme. Que se passet-il? Quelle est donc l'archéologie du désastre qui serait capable d'expliquer comment le culte primitif du choc des civilisations a remplacé le noble objectif du dialogue des cultures? C'est dans les moments de grande crise que l'humanité accouche des hommes providentiels qui sont capables de mourir d'amour pour sauver le monde.
Que reste-t-il de nos rêves? Que reste-t-il de nos humanismes?
Toutes ces questions sont assumées avec gravité mais aussi avec humour par HALIMI. Il n'a pas traversé que la Tunisie et la France. Il a également traversé l'Afrique et d'autres territoires inconnus. Il a traversé la légende biblique, le kamasutra, les diverses faces et fesses de la condition humaine. Le hasard de la vie l'a conduit un peu partout,
jusqu'à avoir la conviction que tous les hommes sont frères et qu'il n'y a aucune différence entre un juif, un chrétien et un musulman. Chaque être humain doit aujourd'hui se transformer en un chapitre, sinon en une page, ou voire un mot du grand livre de la Paix.
Je me demande si toute la production picturale de HALIMI n'a pas été conçue dans le seul but de protéger l'homme de la barbarie.
HALIMI n'a-t-il pas dit un jour:" Les enfants d'Abraham se livrent la guerre alors qu'ils sont frères. Combien de morts faut-il compter avant de changer les fusils en fleurs?". La faim de la peinture si souvent déclamée par HALIMI exprime en réalité la faim de l'homme. Plus HALIMI met le monde à l'envers et plus il le met à l'endroit. Ce grand visionnaire mérite d'être entendu. HALIMI apporte à la peinture un
souffle de fraîcheur dont elle avait besoin et il apporte au monde une énergie d'amour qui devient de plus en plus nécessaire pour l'humanité.
Chelbi
Impressions_d'Art N°16 31/01/05 8:18 Page 11

 

 

 

 

 

 

 

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