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LE CLAN DES TUNES


   

                       Le clan des « Tunes »

Nés en Tunisie, ils y passent la majorité de leurs vacances. Et sont les meilleurs avocats, à Paris, de ce morceau du Maghreb.
La Tunisie ne possède pas seulement des ksour, des châteaux ancestraux, mais aussi un lobby d'aficionados aussi solide qu'une citadelle aux murs épais. Lobby est en fait un bien grand mot : il s'agit plutôt d'une confrérie, d'une amicale des inconditionnels des rivages tunisiens. Un réseau informel fait de complicités, de vieilles relations, de souvenirs d'enfance et surtout d'un attachement sans faille à ces rivages-là.

Vaste alliance ! Qu'on en juge : dans ce sérail, on trouve des politiques de tous bords, comme le socialiste Claude Bartolone, originaire de Tunis, ou l'ex-président du RPR Philippe Séguin. Né à Bizerte où il loue une maison, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, retourne régulièrement dans son fief. Et ne manque pas de vanter les charmes de son deuxième pays. Pour le plus grand bonheur des autorités.

Car Tunis a trouvé dans ce vivier les chantres de ses charmes. De quoi réconforter le régime de Zine el-Abidine Ben Ali après l'attentat de Djerba, en février 2002 - 21 morts, dont 14 touristes allemands et 2 Français. Qui a relancé le tourisme après le drame de l'île du Sud ? Le même réseau, Delanoë et Séguin en tête, suivis de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, de son compère Christian Jacob, ministre délégué à la Famille, de Jean-François Copé, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, et de Charles Pasqua.
Certains défenseurs de la « cause tunisienne » ont même préparé la visite en France de Ben Ali. Et Séguin ne s'est pas caché d'avoir participé à un débat en l'honneur de la victoire du président, le soir même de sa réélection par son parti... avec 99 % des suffrages.

Bonne princesse, la Tunisie a su rendre grâce à ce cercle d'amis. D'autant qu'un tel réseau n'a pas manqué d'encourager aussi la prochaine visite officielle de Jacques Chirac en Tunisie, en décembre prochain. Bref, si les relations sont au beau fixe entre les deux pays, c'est aussi grâce à ce réseau informel de la bonne entente aux vastes motivations - retour aux origines, nostalgie de l'enfance ou charme des vacances d'été.

FRÉDÉRIC MITTERRAND
Commissaire d'Une saison tunisienne en France, surnommé « Monsieur Tunisie » au temps d'Antenne 2 pour laquelle il prépara durant un an une émission spéciale, « Tunis chante et danse », Frédéric Mitterrand fut décoré par Ben Ali grand officier de l'ordre du 7-Novembre pour sa contribution au rapprochement franco-tunisien. Il regrette que la presse parle plus des dysfonctionnements que de la richesse de cette « terre d'élection » où il dit se sentir comme chez lui. « La Tunisie a un niveau de vie élevé par rapport aux autres pays musulmans et une grande culture musicale et théâtrale héritée de Bourguiba. J'aime ses cafés-concerts, son cinéma qui produit quatre films par an. » Et celui qui dit détester les vacances se rend à Hammamet pour les congés scolaires : « Depuis vingt ans, j'y vais pour écrire et préparer ma rentrée. J'ai parcouru ce pays dans tous les sens. J'aime son calme, sa chaleur familiale, son charme méditerranéen indéfinissable qui évoque plus l'Italie ou la Grèce que le Maghreb... Cet été, je dois y terminer mon dernier livre. » Marie Audran

BERTRAND DELANOË
Le jour de son élection, il est monté au perchoir qui surplombe la salle du Conseil de Paris. Il a mis la main sur son coeur. « Cela veut dire : je te salue, c'est un signe de fraternité », explique Bertrand Delanoë. Les Tunisiens ont d'emblée reconnu ce geste qui leur est si familier. Le maire de Paris a passé les quatorze premières années de sa vie à Bizerte. Il y retourne chaque été dans sa « cabane ». Une petite maison, qu'il loue à l'année, entourée d'un jardin touffu. Delanoë n'en fait pas des tonnes. Mais il en parle souvent. Par allusions. Dans une interview où on lui demande les noms qu'il préfère, il répond « Barbara, Paris, Bizerte ». Son occupation préférée ? « Nager dans la Méditerranée. » Il ne brandit pas la Tunisie comme un étendard. Mais il la porte discrètement en bandoulière

PIERRE BESNAÏNOU
Petit, rond, chaleureux, le cheveu gominé, l'oeil toujours aux aguets, Pierre Besnaïnou, 49 ans, n'a jamais quitté la Tunisie. Il l'a dans ses tripes et dans son coeur. Président de l'Association des juifs de Tunisie en France, il y effectue de fréquents séjours. Et quand il n'y pense pas, il a en tête mille projets de business à lancer. Mais, chut, il ne vous dira rien. C'est comme une superstition chez lui : dévoiler un projet avant l'heure, c'est risquer de le faire capoter.
Débarqué en 1972 de Tunis, « en short et en sandales », sans diplôme, Besnaïnou se lance très vite dans le commerce des casques ou des gadgets venus de Hongkong... Mais sa véritable épreuve du feu, il la subit en défiant l'ogre Thomson. Lui, le petit, s'était mis en tête de fabriquer des téléviseurs très bon marché. Il lance Kaïsui, une marque à consonance japonaise pour faire sérieux, et ouvre une usine à Sablé, dans la Sarthe. Commerçant avant d'être industriel, il plaçait ses télés dans les circuits de la grande distribution. Mais l'affrontement avec Thomson tourne mal. Il met la clé sous porte, souvenir amer.
Qui ne dure pas très longtemps. Deux ans plus tard, Besnaïnou, avec un flair incomparable, sent qu'il y a des affaires à faire dans l'Internet. Il lance, associé à Bernard Arnault, LibertySurf, fournisseur d'accès gratuit au Net. L'action va s'envoler avant de retomber comme un soufflé, provoquant la colère de petits porteurs. Mais, cette fois, Besnaïnou se retire à temps avec un magot (plusieurs millions d'euros). Pour l'heure, il s'amuse à le faire fructifier. Entre deux bons repas pris au Rendez-vous, un couscous tunisien installé avenue de Wagram, à Paris, où il se trouve bien, comme là-bas...Patrick Bonazza

PIERRE LELLOUCHE
Un soir, en rentrant de l'école, il a ôté ses souliers et ses chaussettes. On l'avait traité de « pied-noir », il voulait vérifier. Pierre Lellouche, aujourd'hui député UMP de Paris, est arrivé en France à l'âge de 5 ans. De Tunis il se rappelle « les odeurs, la musique et la douceur de vivre ». Il revoit aussi le déchirement de ses parents et leur nostalgie du temps passé là-bas. Eux n'y sont plus jamais retournés. Lui a attendu 1994 pour fouler à nouveau sa terre natale.
Aujourd'hui, Pierre Lellouche profite de ses passages sur le sol tunisien pour pratiquer la plongée sous-marine à Tabarka, une petite ville près de la frontière algérienne. En Tunisie, il a « des amis très chers qui ont fait l'objet de répression » et pour lesquels il avoue s'être parfois « frité avec le gouvernement tunisien ». Pour autant, le député croit ce pays, « où existent l'égalité homme-femme et la séparation du religieux et du politique», capable d'incarner « un modèle pour le monde arabe »A. R.

MICHEL BOUJENAH
« Avant de partir, j'ai cassé au lance-pierre tous les carreaux de ma rue, j'aurais tout détruit de colère. J'abandonnais mes repères, ma maison, ma vie... » Né à Tunis en 1952, Michel Boujenah a quitté à 11 ans ce qui est pour lui « le plus beau pays du monde ».
« Après quarante ans à Paris, ma terre natale coule toujours dans mes veines. La matière première la plus précieuse de la Tunisie, ce sont les Tunisiens, leur douceur, leur inventivité, leur humour... » Dès son premier spectacle, « Albert », Boujenah, qui se définit comme « un pur Méditerranéen, juif-tunisien-arabe-français », parle de la Tunisie synonyme d'enfance : « Elle est une représentation imaginaire de ce que je suis, comme la Provence pour Pagnol. » Quatre mois par an, il allait alors à Kheredine, près de La Goulette, « le plus grand port international devant New York... puisque mon père y est né ! ». Boujenah se levait à 6 heures pour nager avant de filer au cinéma en plein air. Ah, les repas festifs sous la véranda ouverte sur la mer ! Quand il quittait Tunis, c'était pour Carthage et ses ruines où il jouait avec les copains, « une ville magique avec ses eucalyptus, sa lumière qui fracasse les yeux, les hirondelles qui rasent le sol, l'odeur de la mer qui remonte le soir...Vous savez pourquoi les Romains ont brûlé Carthage ? Elle devenait trop puissante ».
Pour Boujenah, on l'a compris, la Tunisie est « le nombril du monde », titre du film d'Ariel Zeitoun tourné durant cent jours de Tunis à Bizerte (1993). « Pour la première fois, j'ai travaillé avec des Tunisiens. Dès que mon emploi du temps le permet, je reviens en touriste, chez des amis, à Sidi Bou Saïd ou dans le désert ou à Salammbô... Et surtout ne me dites pas que Salammbô, c'est Flaubert, il se prend pour qui, celui-là ? » Quant à son accent... « Pourquoi voulez-vous que je le perde? C'est ma langue maternelle ! Je le masque parfois, mais le naturel... »Marie Audran

PHILIPPE SÉGUIN
Il lui dédie un chapitre entier dans son livre « Itinéraire dans la France d'en bas, d'en haut, et d'ailleurs ». Sans compter les pages consacrées à son enfance. Les mots de Philippe Séguin s'habillent d'une étonnante tendresse dès qu'il évoque « sa » Tunisie. Emu par sa « piété filiale », le président Ben Ali avait même voulu lui offrir l'appartement où il passa son enfance, jusqu'en 1956. Philippe Séguin l'a légué à une association, mais il continue de passer ses vacances en Tunisie.
Il sait aussi s'y faire mandater par Chirac pour aller porter la bonne parole aux Français de Tunisie, lors de la précédente campagne présidentielle.
Séguin est un amoureux du monde arabe. Un sentimental à qui viennent les larmes aux yeux quand résonne la chanson de Bruel « Le café des délices », mais aussi et surtout un virulent défenseur de la civilisation musulmane, dont il dit qu'elle est « de la fin du Ier millénaire au début du IIe non pas la civilisation la plus brillante du monde, mais la civilisation à elle seule ». Souvent, il cite son professeur d'histoire médiévale, Georges Duby : « Si nous avions perdu la bataille de Poitiers en 732, la Renaissance aurait eu lieu trois ou quatre siècles plus tôt. » A. R.

CLAUDE BARTOLONE
C'est une déflagration de souvenirs. Une « image de plaisir et de douceur », dans laquelle il retrouve « les couleurs blanches et bleues, l'odeur des orangers, les piments qui sèchent sur les terrasses ». Quand on parle de la Tunisie à Claude Bartolone, tous ses souvenirs d'enfance resurgissent. Et cette « tour de Babel où chaque religion célébrait les fêtes des autres ».
L'ancien ministre de la Ville du gouvernement de Lionel Jospin, aujourd'hui député PS de Seine-Saint-Denis, a quitté Tunis à l'âge de 10 ans. Quatre ans plus tard, il y retourne en vacances, chez un oncle curé resté là-bas. Avec le « sentiment de rentrer chez soi » et de retrouver « le côté apaisant des goûts de l'enfance ».
« La Tunisie a beaucoup compté, y compris dans le développement de ma personnalité. On m'appelle encore ''le Tune'' quand je parle avec les mains, ou quand j'ai un comportement un peu méditerranéen. » « Ça fait partie de mon patrimoine génétique », conclut-il en riant A. R.

SERGE MOATI
Pour évoquer la Tunisie, les mots du réalisateur coulent comme une mer tranquille... après la tourmente : « La tendresse, la Méditerranée, cette odeur de jasmin qui vous entête depuis les côtes quand on arrive en bateau, la mémoire aussi... J'ai été arraché de la Tunisie à 11 ans, à la mort de mes parents. Longtemps, ce pays fut pour moi frappé d'interdit. Des fantômes y rôdaient. La communauté juive qui a tant marqué son histoire disparaissait peu à peu... J'y suis revenu à mes 18 ans pour retrouver la Tunisie paisible et fraternelle. »
A 24 ans, il y tourne son premier film. Sur la villa blanche de son enfance qu'il s'est décidé à revoir après mille détours. Aujourd'hui, il est fier d'être fils de La Goulette, « le quartier popu où les restaurants se frôlent comme les passants » et où il file dès qu'il revient à Tunis pour les vacances. Etape n°1 : le Café vert pour son poisson arrosé de vin rosé et de piment. Il en rêve l'hiver à Paris : « Partir en Tunisie, c'est rentrer à la maison, je la connais par coeur et par le coeur, c'est poétiquement vrai. » Il aime pêcher au matin, « sur une mer lisse impeccablement bleue, une estampe japonaise, le bonheur sur terre, la quintessence de la Méditerranée ». Il savoure son café dans les verres, là, dans l'agitation des ruelles du port. Il se souvient de la fête de la Madone, le 15 août, avec ses cortèges joyeux de juifs et d'Arabes.
« La Tunisie est une enclave de paix grâce à l'extrême gentillesse de ses habitants. On trouve toujours un moyen de s'arranger. J'y ai appris l'art de négocier, la philosophie du souk, qui est un formidable exemple de tolérance. » Et pour l'écrivain Moati, qui vient de publier « Villa Jasmin », puzzle d'une histoire familiale brisée par l'Histoire, la Tunisie est aussi une terre de conquêtes : « Juifs, Arabes, Turcs, Romains, Français... Ses envahisseurs y sont restés. Elle est plus forte que ceux qui la traversent. Elle colonise ceux qui la colonisent, elle les absorbe... » Marie Audran

SERGE ADDA
Dans le cercle compassé des présidents de chaîne, le patron de TV5 détonne. Car Serge Adda, 54 ans, petit, brun, sourire éclatant, sait être chaleureux comme un Tunisien. « Le seul parfaitement bilingue en français et en arabe » des Tunes, revendique ce haut fonctionnaire atypique, fier d'être un pur produit du collège Sadiki, lycée prestigieux de Tunis qui formera plusieurs générations de l'élite locale. « J'y étais le seul non-musulman », précise-t-il. Avant de partir étudier à Paris et d'enseigner l'économie à la Sorbonne. La Tunisie ? C'est « plus que la moitié de moi-même ». Et, s'il n'y possède pas de maison, c'est surtout parce que son père et sa soeur demeurent encore à Tunis. D'ailleurs, quand vous le croisez à Paris, soit il part, soit il revient de Tunisie. Pour le travail, certes. En fait, ce fils d'une mère juive de Livourne et d'un père juif arabe se sent comme un poisson dans l'eau dans les deux cultures. Il se dit « l'homme de la frontière » : le seul non-musulman qui fut vice-président d'une Ligue des droits de l'homme dans un pays arabe (entre 1985 et 1994) et un des rares juifs de Tunisie proches des Palestiniens. Il servira même d'interprète entre Yasser Arafat et Mme Mendès France quand celle-ci transmettra des messages secrets au leader de l'OLP exilé à Tunis. Et Leïla Shahid, l'actuelle représentante de l'Autorité palestinienne en France, est la marraine de son fils. On l'aura compris, Serge Adda est de ces Tunisiens de France ou Français de Tunisie dont le coeur refuse de choisir. Un de ses mille liens indispensables quand la tempête s'élève entre les deux capitales. Mireille Duteil

source: www.lepoint.fr  

 

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