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Le conflit israélo-palestinien
Quelques repères historiques pour mieux comprendre


La présence du peuple d’Israël en Palestine, Terre de Canaan, remonte pour le moins à 1200 av. J-C et sa souveraineté sur cette Terre date de l’établissement du Royaume d’Israël en 1005 environ av. J-C.
Pour ceux, que le récit biblique laisse sceptiques, on rappellera que ce sont là des faits attestés également par des vestiges archéologiques, tels que la stèle du Pharaon Méneptah datée de 1210 av. J-C. ou celle de Mesha, roi de Moab, datée de 830 av.J-C ou encore celle de Tell Dan datée du 9eme siècle av. J-C.
Dans tous ces témoignages écrits il est fait mention, comme dans la Bible, d’Israël parmi les Etats de cette région, avec ses rois et ses combats, pratiquant la même religion et parlant la même langue qu’aujourd’hui.  
 
La destruction du Premier Temple par les Babyloniens en 586 av. J-C. et celle du Second Temple par les Romains en l'an 70 de notre ère, ne mirent pas fin à la présence juive en Terre d'Israël.
Depuis, la reconquête du pays devint l'aspiration suprême du peuple juif dispersé. Le "retour à Sion” est resté le fervent souhait exprimé dans les prières quotidiennes et à l’occasion de toute célébration nationale ou même familiale (la formule de condoléances: “Puisse la reconstruction de Jérusalem t’apporter réconfort “ étant caractéristique de cet état d’esprit ).
 
Après l'invasion arabe, en 636, les juifs devinrent certes, pour la première fois, minorité dans leur propre pays. Mais au XVIIe siècle déjà, la population juive se renforça à la suite de l'immigration provoquée par le faux messie Shabbtai Zvi, de sorte que dès 1868 les juifs constituaient la majorité de la population de Jérusalem.
 
Avec l'affaiblissement, puis l'effondrement de l'Empire ottoman, les perspectives de “reconquête” de la Terre d'Israël devinrent concrètes. Les espoirs frustrés de la période des Lumières et l’aggravation de manifestations d'antisémitisme en Europe (l’affaire Dreyfus étant parmi la plus connue), convainquirent de nombreux juifs et notamment Herzl, de la nécessité d’¦uvrer activement pour le retour à Sion.
 
L'immigration juive en Terre d'Israël, qui s'intensifia dès 1881, contribua à un essor économique sans précédent. Cet essor attira une immigration arabe massive en provenance des autres provinces de l'Empire ottoman.
Avant ces grands mouvements migratoires de la fin du XIXe siècle, la Terre d'Israël, rebaptisée "Palestina” par l'Empire romain (en référence à la présence des Philistins douze siècles auparavant), était quasiment dépeuplée.”Un désert parsemé de quelques bourgades”, c’est là le témoignage de tous les archéologues, historiens et écrivains qui la visitèrent à l'époque.
 
Après la première guerre mondiale, le Proche Orient qui était jusqu’alors sous l’emprise de l’Empire ottoman fut découpé pour créer les pays que nous connaissons aujourd’hui (la Syrie, le Liban, l’Irak). Pour ce qui était de la Palestine, sur ses deux rives du Jourdain, la Société des Nations (source de la légitimité internationale avant la création de l’ONU), décida en avril 1920, de la destiner à la création d’un Foyer
 National Juif “compte tenu des liens historiques du peuple juif avec la Palestine“. Elle fut donc, à cette fin, confiée en Mandat à la Grande-Bretagne qui devait mener à bien la mise en application de cette décision.
 
C’est alors que commencèrent les pressions du monde arabe pour torpiller ce projet : il était impensable pour ce monde arabo-musulman que “les juifs puissent être souverains en Terre d’Islam”, et qui plus est, en référence à” leurs liens historiques à la Palestine “, liens que ce monde dénie purement et simplement.
Le Temple juif par exemple n’est qu’un “mythe” pour les Arabes et ils sont tout à fait sincères quand ils l’affirment. Comme le fait remarquer Eric Marty (dans son livre ”Bref séjour à Jérusalem”, Gallimard 2003), le Coran en effet ne parle pas du Temple juif, il l’assimile à la “Mosquée très éloignée “ (al-Aqsa). La Mosquée du même nom, construite quelques siècles plus tard, en tient donc lieu et place puisque la seule nommée. Cette torsion, ce retournement du temps des événements bibliques sont d’ailleurs fascinants pour tout lecteur non musulman du Coran, conclue Eric Marty. 
 
En 1922, à la suite de ces pressions politiques, les Arabes palestiniens se virent octroyer un Etat sur 80 % du territoire de la Palestine mandataire, toute la partie à l’Est du Jourdain qui pris le nom de Jordanie. Le feu roi Hussein lui-même le répétait en toute occasion : "La Jordanie est la Palestine”.
Il ne restait donc pour l’établissement du Foyer National  Juif que la partie Ouest de la Palestine, entre le Jourdain et la mer.
Mais les pressions politiques arabes ne cessèrent pas pour autant. Elles devaient s’accompagner désormais d’actes de violences sanglants contre la population juive, le cas le plus tragique étant le pogrom de 1929 contre la population juive de Hébron.
 
Décimés par la Shoah, les Juifs durent se résigner à une deuxième amputation de leur pays en 1947 : bien que le plan de partage de l'ONU ne leur attribuât que 10 % de la Palestine mandataire, ils acceptèrent le compromis onusien. Mais constants dans leur refus de toute possibilité d’une souveraineté juive, les Arabes le rejetèrent et lancèrent une attaque concertée pour  détruire, le minuscule Etat juif qui venait de naître.
Sûres de leur victoire, les armées arabes sommèrent leurs frères palestiniens de quitter leurs maisons en attendant leur imminent et victorieux  retour. Ceux qui suivirent ce conseil et  ceux qui fuirent  les combats menés par Israël pour sa survie, se groupèrent dans des camps de réfugiés dans les pays arabes voisins. Conscient de l’arme politique que constitue la souffrance et la misère de ces réfugiés, le monde arabe s’est refusé à faire quoique ce soit pour améliorer leur sort. Israël pour sa part a donné asile à des centaines de milliers de réfugiés juifs provenant de pays arabes.
 
A l’issue de cette guerre furent fixées les frontières de cesser le feu de l’Etat d’Israël, l'Egypte s'emparant de la bande de Gaza et la Jordanie de la partie occidentale du Jourdain (rebaptisée "Cisjordanie”).Cette situation durera de 1948 à 1967 mais  aucun pays arabe n’accepta pour autant de faire la paix avec Israël. C'est d’ailleurs en 1964, trois ans avant la guerre des six jours, que le Président égyptien, Nasser, créa l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) non pas pour "libérer" la Cisjordanie et la bande de Gaza (alors, comme précisé plus haut, sous occupation jordanienne et Egyptienne), mais pour raser l'Etat juif et le remplacer par une Palestine arabe sous égide égyptienne.
En 1967 l’Egypte pris l’initiative d’une attaque armée contre Israël avec le concours de la Syrie et de la Jordanie dans le but déclaré de le détruire. Israël réussit à contenir cette offensive concertée, repoussant ses attaquants au-delà du Jourdain et des hauteurs du Golan ainsi que de la péninsule du Sinaï.
 
C’est alors que l’opinion publique occidentale adopta, dans son ensemble, une attitude critique vis-à-vis d’Israël, substituant à l’analyse des racines véritables du conflit, une structure de pensée pertinente aux universaux occidentaux en vogue, à savoir: colonialisme, invasion, occupation, violation des droits de l’homme etc.
Un doigt accusateur était pointé sur Israël (qui n’avait fait que se défendre contre une attaque qui visait à le détruire), passant  sous silence le refus permanent des Arabes de négocier un quelconque accord de paix avec l’Etat juif. Et pourtant, s’il en fallait confirmation, en septembre 1967, le Sommet  arabe réuni à Khartoum décidait, officiellement et ouvertement, des fameux trois "NON": non à la négociation, non à la réconciliation et non à la reconnaissance d'Israël.
 
En 1974, l'OLP approuva le "plan par étapes", autrement dit, accepter dans un premier temps l'établissement d'un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza pour faciliter la destruction d'Israël.
En 1993, le chef de l’OLP, Arafat signa les accords d'Oslo puis expliqua peu après, dans une mosquée de Johannesburg, que pour lui, Oslo n'était que la répétition du pacte signé entre le prophète Mohammed et la tribu qurayshite en 629 : une trêve (houdna) signée en position de faiblesse pour mieux vaincre l'ennemi, le temps venu. Fayçal Husseini, dirigeant  palestinien, célébré par les médias pour sa “modération”, ne déclarait-il  pas au journal égyptien,”Al Arabi” du 2 juillet 2001 que les Accords d'Oslo étaient “un cheval de Troie”, destiné à pourvoir les Palestiniens d'une base territoriale pour conduire une guérilla permanente qui devrait aboutir à la création d'un Etat palestinien sur les ruines d'Israël ?  
 
En effet l'Autorité palestinienne qui, en 1995, devint souveraine sur la totalité de la population arabe de Judée-Samarie et de la bande de Gaza, confirma très vite ses véritables intentions : constitution d'une force armée, incitation à la haine anti-juive et délégitimation de l’existence même d’Israël dans les médias et dans les écoles
 
La propagande arabe n’a pas eu grand mal à convaincre l’opinion publique occidentale que les implantations juives étaient la cause principale du conflit.
Mais voilà, c’est précisément après qu'Ehoud Barak alors premier Ministre se soit engagé en Juillet 2000 à les démanteler, acceptant  l'établissement d'un Etat palestinien sur 97 % de la Judée-Samarie et 100 % de la bande de Gaza que les Palestiniens  déclenchèrent “l’Intifada al-Aqsa”, une guerre utilisant des bombes humaines  explosant dans les concentrations de population civile en Israël…. Les Palestiniens ne pouvaient accepter la seule condition posée en contre-partie par Barak : ”La fin du conflit”.
 
Rien donc d’étonnant que le retrait israélien de la bande de Gaza en Août 2005, n’ait rien changé à l’attitude Palestinienne. Le Hamas, faction dominante de la société palestinienne, déclare depuis et avec plus de force que jamais: “le combat continuera jusqu’à la libération de toutes les terres palestiniennes”.  
Son dirigeant Mahmud E-Zahar, précisait au quotidien israélien “Haaretz” (26/10/05): ”Les frontières de 1967 ne sont qu’une étape dans notre combat, notre but est toute la Palestine qui est Terre Sainte de l’Islam
 
Il est donc clair que c'est ce refus de l'existence même d'Israël qui est la véritable racine du conflit Israélo-palestinien. Eric Marty, dans son livre cité plus haut, définit ce refus en ces termes : "L'un des scénarios - et pas le moindre -de la guerre que livrent les Palestiniens aux Israéliens a pour noyau métaphysique l'effacement absolu de l'être juif en tant qu'insupportable rival parce que dépositaire de l'origine."
 
C’est dire combien ardu semble être le chemin vers une solution pacifique avec les Palestiniens. Il n’est cependant pas démuni de toute ouverture d’espoir, les accords de paix avec la Jordanie et l’Egypte en sont la preuve.
Mais pour cela il faudrait que se créent des circonstances qui conduisent également les Arabes palestiniens à une vision réaliste concernant la présence incontournable d’Israël dans la région.
Ce processus pourrait, sans nul doute, être encouragé et accéléré si, aussi bien en Israël que dans l’opinion publique occidentale, ceux qui s’acharnent à considérer ce conflit comme “une lutte anticolonialiste contre l’occupation et l’oppression”, prenaient enfin conscience des véritables données du conflit et les faisaient valoir, clairement et sans ambages en toute occasion.
N’est-il pas prouvé que, c’est là, la façon la meilleure de s’acheminer correctement vers la solution de tout  problème aussi complexe soit-il ?
 
Zvi Tenney
Ancien ambassadeur d’Israël


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