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A PROPOS DU DROIT AU RETOUR |
A
propos du « droit au retour »
L’épuration ethnique des juifs en pays arabes, par Emma Dressou
« Judenrein », nettoyés de toute présence juive ! Voilà ce que sont
devenus les pays arabes. Qui réclame le « droit au retour » des juifs sur
leur terre natale ? Qui demande le partage de ces « territoires » ancestraux
qu’ils occupaient avant même la présence arabe ? Qui s’est préoccupé
de leur immense détresse psychique et financière lorsqu’ils ont débarqué
en France ou ailleurs, dispersés aux quatre vents, acculturés, arrachés à
leur terre, abandonnant leurs morts, dépossédés de leurs moindres biens ?
L’attentat de la synagogue de Djerba, la guerre en Irak (et la découverte
de ces quelques juifs vivant comme des Troglodytes), ou plus récemment les
attentats de Casablanca, auraient pu être l’occasion pour les médias de
s’interroger sur la quasi-disparition de ces populations juives. Mais non !
il est tellement plus facile et islamiquement correct de nous resservir
sempiternellement l’antienne de la merveilleuse entente des juifs et des
arabes en pays arabes !
Pour ne prendre que la Tunisie, où la Ghriba suffit à attester une présence
juive plusieurs fois millénaire (ne dit-on pas qu’elle fut construite sur
une pierre datant de la destruction du second Temple de Jérusalem ?), il est
clair que le Protectorat n’a été qu’une « parenthèse » de
l’histoire, car avant et après celui-ci la relation juifs-arabes était
tout sauf idyllique
- Avant le protectorat : pogroms et brimades
Comme s’exclame Albert Memmi, lui-même juif tunisien « Allons je vois bien
qu’il faut parler plus net : la fameuse vie idyllique des juifs dans les
pays arabes, c’est un mythe ! La vérité, puisqu’on m’oblige à y
revenir, est que nous étions une minorité dans un milieu hostile ; comme
tels, nous avions toutes les peurs, les angoisses, le sentiment constant de
fragilité des trop faibles …la cohabitation avec les Arabes n’était pas
seulement malaisée, elle était pleine de menaces, périodiquement mises à
exécution…J’ai vécu les alertes du ghetto, les portes et les fenêtres
qui se fermaient, mon père arrivait en courant après avoir verrouillé son
magasin en hâte parce que des rumeurs sur l’imminence d’un pogrom s’était
répandues. Mes parents faisaient des provisions dans l’attente d’un siège,
qui ne venait pas nécessairement d’ailleurs, mais cela donnait la mesure de
notre angoisse, de notre insécurité permanente. Nous nous sentions alors
abandonnés de toute la terre, y compris hélas des autorités du Protectorat
» Albert Memmi « juifs et arabes » éd. Gallimard, 1974 p.50
Quant aux brimades, il suffit de rappeler la touchante coutume de la chtèka,
ou « coup sur la tête » que n’importe quel arabe avait le droit de donner
sur un passant juif, ou encore celle qui obligeait les juifs à descendre du
trottoir dès lors qu’il croisait un arabe…
-Après l’Indépendance : spoliation et nettoyage ethnique
Dès la proclamation de l’Indépendance, une méthode d’épuration « soft
» très au point permit de se débarrasser des juifs (qu’ils soient de
nationalité française ou tunisienne) tout en les spoliant :
Alors qu’une partie de la population juive avait cru possible de continuer
à vivre dans leur pays devenu Etat tunisien, « qu’ont fait les Tunisiens ?
Tout comme les Marocains et les Algériens, ils ont liquidé-avec intelligence
et souplesse- leurs communautés juives. Ils ne se sont pas livrés à des
brutalités ouvertes comme dans d’autres pays arabes ; ce qui d’ailleurs
aurait été difficile après tant de services rendus, l’aide d’une partie
de nos intellectuels ; à cause aussi de l’opinion mondiale…mais ils ont
étranglé économiquement la population juive. Pour les commerçants c’était
facile : il suffisait de ne pas renouveler les patentes, de refuser les
licences d’importation ; en même temps, on avantageait leurs concurrents
musulmans. Dans l’administration, ce n’était pas plus compliqué : on
n’engageait pas les juifs ; ou on mettait les anciens agents dans des
difficultés linguistiques insurmontables que l’on n’imposait pas aux
Musulmans. De temps en temps, on envoyait en prison un ingénieur, ou un grand
commis, sur des accusations mystérieuses, kafkaïennes, qui affolaient tous
les autres. » op. cit.p.54
Sans compter, qu’à l’occasion de tel ou tel événement extérieur, les
flambées de violences, avec comme point culminant l’incendie de la Grande
synagogue de Tunis en 1967, continuaient à dissuader ceux qui « résistaient
» et devenaient, privés de protection, l’objet de défoulement privilégié
des foules haineuses.
Et c’est ainsi que poussés à l’exil, sans un dinar en poche –partir
avec le moindre argent était passible de prison !-, les juifs tunisiens quittèrent
leur pays abandonnant tout ce qu’ils avaient construit par leur seul travail
: les maisons dans lesquelles ils étaient nés et dans lesquelles leurs aïeux
étaient morts, -maisons aussitôt investies par des familles arabes-, leurs
commerces –commerces sur lesquels firent aussitôt main-basse leurs
concurrents, ou leur cabinet médical ou juridique -cabinet sur lequel
louchait l’ami ou confrère arabe et qui, à force de harcèlement, les
avait poussés dehors.
Aujourd’hui déni et révisionnisme
Bien sûr 1500 juifs environ restent à Djerba et Tunis et à peu près autant
au Maroc. « Protégés » par le pouvoir comme au temps de leur « dhimmitude
», espèce en voie de disparition, ils constituent une sorte de zoo à la
fois caution morale sur la scène internationale « voyez comme chez nous les
juifs sont bien traités » et argument révisionniste : « les autres n’ont
pas été chassés, ce sont eux qui ont voulu partir » (et pour cause !!!)
Le « droit au retour », voire la création d’un état « judéo-tunisien
», les juifs tunisiens seraient largement en droit de les réclamer !
Serait-ce si incongru ? Nettement moins que ce que les palestiniens réclament
: un état « palestinien » dans une partie de la Palestine historique « la
Cisjordanie », plus Israël dans lequel devraient revenir les « réfugiés
»…palestiniens !….Pas très logique tout çà ? Très logique au
contraire ! Pour préciser : un pays arabe « pré-inexistant »,-la
Cisjordanie- mais déjà « néo-judenrein » (les habitants des colonies de
Judée-Samarie, berceau du peuple juif, devraient quitter les lieux sans que
l’on exige la moindre réciprocité pour le million d’arabes israéliens
!) plus un autre état arabe (Israël) livré « clés en mains » celui-là,
et avec une population juive presque aussitôt minoritaire…En clair le
dernier avatar du projet d’épuration ethnique en « terre arabe »
Emma Dressou
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