Entre 1975 et 1984 une opération de fouilles archéologiques a été menée sous les auspices de l’UNESCO dans le cadre d’un programme intitulé: « Pour sauver Carthage »..Le travail a été réalisé par plusieurs équipes d’archéologues du monde entier . Les fouilles du secteur dit 90 ont été confiées à  une équipe danoise sous la direction des professeurs  Soeren Dietz et E. Andersen dans un secteur délimité au nord-est de la ville et au sud de la plage d’Amilcar. Ce secteur avait déjà été exploré au début du XIXème siècle par Christian Tuxen Falbe , passionné d’archéologie et représentant à l’époque le Gouvernement danois comme consul général de la Tunisie auprès du Bey. Fable commença ses fouilles en 1833  et même si aucun rapport sur son travail ne fut jamais publié, on a récemment retrouvé une certaine quantité de documents laissés par celui-ci   à la Bibliothèque royale de Copenhague. Le rapport publié aux éditions du « Journal of Roman Archives (Août 1995) P245-262 »  rédigé par John Lund  nous permet aujourd’hui d’aborder un sujet d’un intérêt considérable sur la découverte d’une série de lampes en terre cuite avec des représentations de chandeliers à neuf, sept et cinq branches. Ce rapport  pourrait nous donner les premiers indices de la localisation sur ce site d’une ancienne synagogue datant du quatrième ou du cinquième siècle à Carthage.

La découverte de ces douze lampes sur ce secteur est  exceptionnelle. La représentation de la ménora sur chacune d’entre elles confirme leur caractère juif. La forme de ces lampes a été étudiée avec précision et des similitudes ont été établies avec des modèles identiques trouvés dans déférentes régions de Tunisie et autour du bassin méditerranéen (en Sicile à Syracuse, à Atipalda, près de Naples, à Barisni en Sardaigne et aussi à Rhodes).

La structure du site est orienté N.N.Est  et S.S.Ouest face à la mer et a été étudié sur différentes couches datées du 1er au 6ème siècle. Ces couches nous dévoilent une série de trois pièces et d’une terrasse aménagées sur différentes périodes. John Lund nous fait remarquer dans son rapport de recherche que Tertullien habitant Carthage dans les années 160 à 240 écrivait sur les juifs qu’ils célébraient le « Yom Kipour » en plein air, en bord de mer et sur des terrasses.

L’existence d’une synagogue à Carthage ne serait pas étonnante. Les savants ont toujours supposé que de tels bâtiments ont dû exister, compte tenu de l’importante population juive (les nécropoles juives de Gamarth comptent  plus de trois mille tombes).

Si l’archéologie nous a apporté beaucoup de lumières sur la ville de Carthage chrétienne, elle n’a pas porté d’intérêt sur le rôle de la communauté juive et sur  son importance dans la ville. Un silence très étonnant!... On remarquera que les études du professeur Yann Le Bohec ont mis en évidence l’intérêt des nécropoles (« Inscriptions juives et judaïsantes de l’Afrique romaine » – Ant Afr 17 pages 165-207//1981).

Des découvertes au nord du Mur Théodosien laissent à penser que le quartier juif devrait être cherché dans la partie nord de la Carthage romaine. Certains indices sont peu connus du public, notamment des inscriptions tombales juives trouvées près de Damous El Karita et une autre près de la basilique Ste Monique au dessus de la plage d’Amilcar. Une épitaphe à été trouvée aussi dans la région supposée du « Forum » et des lampes avec ménorah du côté sud ouest de la colline de St Louis et aussi dans la zone dite « Le terrain de la salle de cinéma ». Ces découvertes  récentes tendraient à démontrer que la population juive n’était pas concentrée seulement dans la partie nord de la ville mais répartie dans plusieurs quartiers et qu’il y avait probablement plus d’une synagogue à Carthage.               

Étude réalisée par Bernard Allali  (juin 2001)

 
"Bernard ALLALI" bernard.allali@wanadoo.fr