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Ma Djerba l’insolite


   

 

 Nous apprécions beaucoup cette communauté juive, de Djerba, qui a défié le temps et qui continue à vivre son histoire comme elle l’a fait depuis des siècles. Nous nous identifions aux légendes millénaires sur son établissement dans cette île. Nous admirons leurs talents artisanaux, leur bijouterie et nous nous remplissons d’émotions quand nous visitons la Ghriba.

 

 
Djerba a été et est toujours un peu différente, même le vêtement des femmes juives de Djerba n’est pas le même que celui porté dans le sud de la Tunisie, ou de l’Algérie. Leur habit se rapproche plutôt de celui  des Libyennes. Si elles emploient la même pièce d’étoffe, la Melh’fa (ou H’rèm ou Fouta), les Djerbiennes ne portent pas de ceinture (H’jèm) à la taille et n’utilisent qu’une seule broche pour attacher la partie du dos à celle de devant. Elles se couvrent la tête d’une des extrémités de cette étoffe et leur coiffe diffère de celle des autres femmes de Tunisie. Les Gabèsiennes emploient 2 broches (Khellas ou fibules), portent le H’jèm et se couvrent la tête d’un grand châle qui ne fait pas partie de l’étoffe.


 

Certains Tunes éprouvent à l’égard de cette île et de ses chefs spirituels, un sentiment ambivalent. D’un coté, ils admirent leur attachement au judaïsme, à la religion et au Sionisme, de l’autre  ils regrettent leur hostilité à l’égard de tout ce que la culture française a offert de meilleur. Les rabbins de Djerba avaient interdit à l’Alliance Israélite Universelle, tout accès à leur communauté.

Je n’ai jamais caché, surtout dans certains milieux orthodoxes, le fait qu’un des grands rabbins de Djerba, R Shoushan Hacohen (fils de R Khalfoun Hacohen)  était  le cousin germain de ma mère. Pourtant cette relation ne m’avait pas empêché de concevoir, à ma maturité, une philosophie un peu différente envers les interdits dictés par la ‘Halakha’. Il n’a pas été facile de concilier une passion pour les traditions juives, qui se célébraient dans la famille depuis des générations, et un doute omniprésent  pour les dogmes, en général.

Je regrette, des fois, cette époque remplie de solides convictions et de règles qui ne laissaient pas trop de place à l’incertitude.

 

Après l’exode de nos communautés (années 50 et 60) et leur dispersion dans différentes nations, nous constatons que nos chères traditions se perdent petit à petit. Nos petits-enfants se souviendront-ils de nous, comme nous le faisons pour nos grands-pères ?

Les groupes sédentaires qui vivent dans des ‘serres’, comme à Djerba, sont de nos jours les derniers bastions de ces traditions.

Nous déplorons la disparition presque totale du Ladino, la langue judéo-espagnole parlée récemment par les ressortissants des pays Balkans, et nous nous réjouissons du fait que le Yiddish continue à vivre dans les agglomérations juives, homogènes, de New York, Anvers ou Jérusalem.

 

Si les rabbins Djerbiens s’étaient farouchement battus contre l’influence laïque judéo-française, ils n’ont pas eu la même témérité devant celle d’origine Juive-est-européenne.

J’ai entendu certains descendants, de ces djerbiens, regretter de ne plus pouvoir porter les habits (introuvables) de leurs grands-pères ; et de devoir revêtir la tenue des orthodoxes venus du Nord. Peut-être les envient-ils un peu, d’avoir pu la garder durant des siècles ? Leurs parents avaient troqué leurs habits traditionnels, pour un manteau  noir longueur 7/8 et un chapeau feutre qui ressemble plutôt à celui que portent certaines sectes américaines. Ceci est valable pour tous les juifs ressortissants des pays islamiques, de l’Iran au Maroc. Ils portent aujourd’hui le même ‘uniforme’.

 


 

Je me rappelle ce burnous et ces habits bleu- roi, que mon père portait le Shabbat, avec leurs broderies noires ‘à  l’Andalouse’ et sa Chéchia rouge avec un panache, de fils noirs, comme une queue de cheval. Ils étaient  beaux les habits de nos anciens rabbins ! Depuis des siècles, ils ont été portés avec amour, jusqu'à ce qu’un autre costume, non moins anachronique, vienne les détrôner.

Les Racines, même si elles paraissent extérieures, nourrissent aussi le sommet de l’Arbre.

Assister à certains événements familiaux, mariage ou autre, peut des fois être importun quand on voit toute une foule habillée de costumes et chapeaux noirs, photo-copies dont l’original vient d’un autre temps et d’autres places.

Non, s’ils ne désiraient pas adopter l’habit moderne de notre époque laïque, autant continuer à porter celui de leurs ancêtres.

 

 


Arrivée à l’île.  Djerba est un aéroport international. Des vols directs de Paris ou d’autres villes européennes atterrissent quotidiennement. On peut aussi rejoindre l’île en voiture. Une route rattache le sud de  l’île au continent. On y accède aussi en ferry-boat. Il y a généralement une longue file de voitures qui attendent sur l’embarcadère. L’attente du départ a créé un commerce de souvenirs qui fleurit des 2 cotés de la file de voitures en station. Notre bac avait même chargé des chameaux et des poteries.

 

 On peut encore voir des forteresses bien conservées, témoins des invasions  des puissances qui avaient régné sur cette région de la Mediterrannee, comme le Borj (XVe siècle). Ailleurs c’est un puits pittoresque qui trône sur une place publique.

 


 

 

 Il y a, bien sur, un casino où les touristes (et certains autochtones) viennent se débarrasser de quelques dollars. Mais une grande partie de l’île est de couleur argile, avec une quantité considérable de clôtures de figues de barbarie, on trouve aussi des palmiers et des oliviers.

 

La poterie.  La terre de Djerba doit contenir une très bonne argile, l’île contient plusieurs fabriques de poterie. Il faut se rappeler que les matériaux modernes (alu et inox) et surtout les matières plastiques ont mis du temps pour arriver au sud du pays et  être adoptés par les djerbiens.

 


Au Sud de l’île, il y a un village qui s’appelle GUELLALLA, qui veut dire potiers.

 

 

La terre cuite servait à tout faire. Pour ne citer que quelques ustensiles :

Le Canoun dans lequel on allumait des braises de charbon. C’est comme un récipient qui aurait à sa partie supérieure entre 3 à 5 crêtes, sur lesquelles repose la marmite. Tout autour, il a des trous de ventilation qui servent à attiser le feu avec la Mraouh’a (éventail tunisien). Il remplissait toutes les fonctions de cuisson et chauffage. On y brûle aussi du Bkhour (encens). Il a  été détrôné, au début par le Primus, ensuite par le gaz et peut être, l’électricité.

 

 

La Barma une marmite en terre cuite émaillée à l’intérieur et qui était utilisée pour cuisiner, exactement comme les marmites modernes .

La H’albia, le  bocal dans lequel on met l’eau qu’on veut rafraîchir. Le liquide filtrait très lentement à travers sa porosité, s’évaporait en arrivant à la surface extérieure et en refroidissait le contenu.

La Kolla, cette jarre qui se fait en plusieurs formes et dimensions. Elle servait depuis des millénaires comme récipient-réservoir bon à tout usage. On y gardait des fluides et des graines. Je me rappelle que mon grand-père scellait des dattes dans une Kolla afin qu’elles fermentent durant des mois. Une fois décapsulée, on pouvait les déguster. Elles avaient un goût que je n’ai jamais retrouvé depuis.

On a vu, à Djerba, que ces Kollas étaient utilisées d’une façon très originale. Le potier se servait des rebuts de sa production comme matériel de construction pour les murs de son entreprise et de sa baraque. Il les remplissait de sable, les mettait l’une à coté de l’autre et même superposées en étages. Il remplissait ensuite les interstices de débris et liait le tout avec de la terre glaise. Il les utilisait aussi comme Base pour la colonne qui supporte le toit.

Ce toit peut être plat et ‘lourd’, comme tous les toits, et supporté par des poutres faites de troncs de palmier ou bien ‘léger’, en forme conique comme celui d’une hutte et qui est entièrement fait de palmes.

 


 

Djerba exporte ses poteries vers toutes les régions avoisinantes et on peut voir les ferry-boats les transporter vers le Continent .

Le développement touristique a du  amener les potiers, de Djerba, à fabriquer des céramiques  peintes, dessinées et émaillées.

 

Le quartier Juif

Il y a bien sur, les synagogues. Parmi les 11 qui existent , nous décrirons 3 :  la Ghriba et 2 autres. Leurs murs sont couverts de beaux carreaux de céramique colorée. Quelques points communs aux synagogues de Djerba : les bancs de bois sont couverts de nattes (h’sssira) comme avant les matières plastiques, elles ont 7 Heikhalot et la Téiva est accessible de 3 cotés.

Dans la Synagogue tunisienne, El-Ghriba de Acco, ils ont repris les 2 derniers attributs.

 

 

La plus déconcertante était « la synagogue-à-ciel-ouvert ». Comme dans les maisons antiques romaines, elle avait une sorte d’atrium : la partie principale de la salle n’avait pas de toit. Seul un large couloir couvert, encadrait 3 de ses cotés: le coté des Héikhalot et les murs  qui lui sont perpendiculaires. La Téiva  était ‘sous les étoiles’, au milieu du patio. Il paraît qu’il ne pleut que 7 jours par an à Djerba, et quand cela se produit, on pousse la Teiva sous le couloir couvert. Les murs autour de ce ‘patio’ sont assez hauts, et créent de l’ombre pendant plusieurs heures de la journée. C’est un grand avantage dans cette île où il fait très chaud.

Parmi les poutres du plafond du couloir central il y en a une très ancienne, faite en bois brun, avec une inscription en Hébreu, gravée sur toute la longueur. On dit qu’elle date de plusieurs siècles et qu’elle fut transposée ici.

 


 

 

La grande entrée de la Téiva de la 2ème synagogue est un beau portail de bois sculpté. Les murs de la partie centrale du temple sont rehaussés d’une claire-voie avec des vitrages tout autour.

 

Tandis que les 2 premières synagogues sont situées dans le quartier Juif, la 3ème, la Ghriba est un peu isolée. Les touristes, juifs ou non-juifs viennent la visiter en grand nombre, même en dehors de la saison des pèlerinages. Il faut souvent se blottir à l’ombre, dans l’attente  de pouvoir y entrer.

 


 
 

Le complexe de la Ghriba comprend 3 éléments :

Le caravansérail qui sert à héberger les pèlerins.

La grande salle, dont la photo est toujours présentée comme celle de la Ghriba. Dans cette belle nef on voit toujours ces juifs djerbien qui lisent les psaumes et bénissent les visiteurs. Ils tiennent et entretiennent le Flambeau, on les appelle en hébreu les Batlanim (les désœuvrés). Ce sont presque des fonctionnaires de la communauté.

 


 


 

La Synagogue de la Ghriba avec sa claire-voie de fenêtres à  vitrages. Elle est plus petite que les 2 autres synagogues et sa Téiva est acculée vers le mur arrière. Il n’y a pas de banc derrière elle. Cette Téiva a 3 portails, un pour chaque entrée.

On ne peut ignorer les riches Kandils accrochés partout, ni la rangée des 7 Heikhalot qui occupent toute la largeur de la synagogue. Leurs portes ont été transformées en vitrines où sont exhibés des objets sacrés de Judaica, rassemblés de plusieurs autres temples de la région. Les communautés des villes, qui s’étaient vidées de leurs juifs, ne pouvaient sortir ces trésors du pays. Ils les ont amenés à Djerba , qui était restée le dernier refuge actif du culte Juif.


 
 

La vie au quartier se passe comme sur une autre planète. Les choses ont peu changé depuis des années. Nous avons assisté à un charmant ‘défilé’ de jeunes filles qui tenaient leurs plateaux et allaient vers le four de l’arabe pour cuire leur Halla du Shabbat.

  

 

 

Après la cuisson, le boulanger a bien nettoyé les cendres de ces pains, que les filles étaient venues chercher plus tard.

 


 

 

Elles ne portaient pas l’habit traditionnel, mais une robe longue comme dans les quartiers orthodoxes de Jérusalem

Ces filles parlaient assez couramment l’hébreu. Elles nous ont raconté qu’il y avait une école juive où des élèves juifs apprenaient l’hébreu moderne.

 

Il y a aussi un bon restaurant Cacher en ville, où nous avions pu déjeuner.

A l’hôtel, ceux qui le désiraient pouvaient avoir un repas Cacher, le Shabbat, en payant un supplément. Pour la prière du vendredi soir, nous avions pu nous joindre à un groupe de touristes français. La Havdala, à la sortie du Shabbat, a été célébrée dans la chambre d’hôtel.

 


 

 

A Djerba, la Ménora n’était pas exclue. Ce candélabre à 6 branches (la H’anoukyia en a 8) était un accessoire sacré du Temple de Jérusalem. Sa reproduction se retrouve sur presque toutes mosaïques des synagogues antiques (de Hammam-Lif à Jéricho), et sur le bas-relief de l’Arc de Triomphe de Titus, à Rome. Cet emblème, qui est aujourd’hui celui de l’Etat d’Israël, a été vu une fois, dessiné en bleu, sur la façade blanche d’une maison, avec des poissons (contre le mauvais œil). Il parait que c’était à l’occasion d’un mariage futur dans la famille. Une autre fois, dans un magasin de souvenirs où le marchand arabe vendait, aux touristes, des Ménoras en terre cuite.

 


 

Je n’ai pas insisté sur tous les beaux sites  touristiques de Djerba : les hôtels, les plages, les mosquées ou les vieux quartiers de l’île. J’ai retenu ce qui m’a impressionné le plus, et qu’on ne montre pas souvent, tout ce qui m’a semblé différent, insolite.

 

 

Avraham Bar-Shay (Benattia)

 

absf@netvision.net.il

           

 

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