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Pèlerinage de la Ghriba : Un hymne à la tolérance
Le pèlerinage de la Ghriba de la communauté juive s’est
déroulé dans d’excellentes conditions avec la présence de quelque 3.500
pèlerins. Alors que sous d’autres cieux, la religion est un facteur de division,
la Ghriba continue à démontrer à tout le monde que toutes les communautés,
quelle que soit leur confession, peuvent vivre ensemble en toute quiétude dès
lors que chacun se respecte et respecte l’autre. A méditer….
Comme ses prédécesseurs à ce poste, M. Tijani Haddad, ministre du Tourisme, a eu
droit à un bain de foule avec cris et youyous à son arrivée à la synagogue de la
Ghriba, haut lieu du pèlerinage (depuis près de 2.500 ans) de la communauté
juive. Un bain de foule à travers lequel ses acteurs affirment et réitèrent
toute leur gratitude au représentant du Président Ben Ali pour cette politique,
cet appui constant et ces sincères sentiments envers la communauté juive de
Tunisie. Et au milieu de ce bain de foule, où il est accompagné par le
Gouverneur de Médenine, M. Kamel Ben Ali, le Ministre ne peut que se réjouir de
voir autant de gens témoigner au reste du monde que la Tunisie est et restera un
carrefour de civilisations où toutes les communautés, quelle que soit leur
confession, peuvent vivre en paix et sans escarmouches.
C’est une réalité de notre pays qui fait partie de ses constantes nationales et
qui gagnerait à en contaminer d’autres. “ La religion qui nous sépare doit être
le lien qui nous unit, “déclare dans ce sens le Grand Rabbin de Tunisie. Que
chacun ait sa religion et que l’on travaille tous la main dans la main dans
l’intérêt de notre pays ”.
La Ghriba (signifiant “L’étrangère”, est une légende. C’était une femme pétrie
d’amour et de sainteté, et dont le miracle qu’elle a vécu, en sortant indemne
d’un incendie dévastateur, symbolise le triomphe de l’esprit et de l’amour sur
les instincts destructeurs. Ce sont les réfugiés de la première vague qui ont
trouvé refuge sur cette terre et qui ont érigé ce sanctuaire de l’espoir et de
la fraternité pour éterniser le miracle de la Ghriba. En rappelant cette légende
au début de son allocution, M. Tijani Haddad ne pouvait mieux transmettre le
message : il faut éterniser ce miracle où l’esprit et l’amour triomphent de la
destruction.
Pour la Tunisie, ce miracle est une réalité palpable au quotidien et est
rappelée au moins une fois par an à l’occasion de ce pèlerinage. La communauté
juive tunisienne ne le sait que trop et, loin d’être ingrate, réitère chaque
année ses remerciements au Président Zine El Abidine Ben Ali “ pour sa politique
et son respect des Droits de l’Homme, qui a fait de la Tunisie un pays respecté
partout dans le monde pour ces valeurs ”, a déclaré le Grand Rabbin.
Loin des micros, des youyous et des slogans à la gloire du Président, les
pèlerins témoignent : “C’est la première fois que je viens à Djerba, et je suis
impressionnée par l’accueil qui nous a été réservé et par le respect voué à
notre religion. Je croyais à tort qu’il n’y avait et qu’il n’y avait eu que des
Musulmans en Tunisie ”, déclare cette quinquagénaire française, encore plus
surprise quand elle apprend que la synagogue date de 2500 ans, bien avant
l’arrivée de l’Islam dans le pays.
Et l’Islam en Tunisie n’a chassé ni les autres religions ni leurs adeptes. “ La
Tunisie reste un pays du dialogue des civilisations, du dialogue des religions
”, rappelle le ministre du Tourisme, indiquant que cette richesse culturelle
diversifiée, avec une histoire plusieurs fois millénaire, “ fait de la Tunisie
une terre de prédilection de nobles valeurs de solidarité, d’entraide, de
compréhension entre les personnes et les cultures et plus encore entre les
religions ”. C’est le message du Président de la République, qui a initié la
création de la chaire Ben Ali de dialogue des cultures et des religions,
rappelle encore M. Haddad avant de clore son allocution par un autre message du
Chef de l’Etat quand il a déclaré que la “ Tunisie restera, comme elle l’a
toujours été depuis des millénaires, un pays de tolérance, de fraternité et de
concorde dans lequel coexistent, dans la sécurité et la quiétude, les trois
religions révélées. ”
Un autre pèlerin, au fait de la chose politique en Tunisie, n’a pas manqué de
rappeler la nomination, sur la liste du Chef de l’Etat, d’un Conseiller issu de
la communauté juive tunisienne à la Chambre des Conseillers, ou encore l’accueil
bienveillant réservé à l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères, en
novembre dernier, M. Sylvain Shalom (originaire de Gabès) lors de sa
participation au Sommet Mondial sur la Société de l’Information, organisé par
l’ONU en Tunisie.
Cette politique a porté depuis longtemps ses fruits, et les pèlerins de la
Ghriba ne peuvent qu’en témoigner. Invité de marque de cette année, le député
français Pierre Lelouche a visité une école et il semble avoir été surpris de
découvrir des enfants juifs et musulmans jouant ensemble. Ce qui pourrait
sembler impossible ailleurs se trouve être une réalité banale en Tunisie. “ Sur
1,5 milliard de Musulmans dans le monde, c’est la petite Tunisie qui donne
l’exemple de l’égalité des droits entre hommes et femmes, de la tolérance et du
droit à l’éducation à tous, déclare-t-il, faisant remarquer que bien avant la
France, la Tunisie a déjà interdit les signes religieux à l’école afin
d’affirmer au mieux cette égalité des droits. Et de témoigner : “ Vous êtes la
preuve que la paix est tout à fait possible entre Juifs et Musulmans ”.
Le député ne sera pas le seul à témoigner de cette politique puisque le
pèlerinage de 2006 a été couvert par quelques dizaines de journalistes venus de
l’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie.
Les mêmes témoignages seront réitérés le soir, après le rite du pèlerinage, à la
synagogue quand M. Tijani Haddad s’est rendu, toujours accompagné par M. Kamel
Ben Ali, dans trois hôtels de l’île où l’on organisait des soirées spéciales à
l’occasion de la Ghriba 2006. M. Haddad voulait s’assurer de lui-même des
conditions d’accueil réservées aux 3.500 pèlerins. Et là où il allait, on tenait
à l’applaudir, à le remercier, à lui demander de remercier le Chef de l’Etat et
de lui transmettre leurs sentiments de gratitude. A Djerba, en ce 17 mai,
l’ambiance était à son top, les chansons juives se mêlaient aux chansons
tunisiennes d’antan, on riait, on dansait, on criait et on se bousculait pour
poser aux côtés du “ charmant jeune ministre ” (dixit une jeune touriste juive).
C’est ainsi que l’on vit à Djerba. C’est ainsi que l’on vit en Tunisie et on est
bien loin des images de haine véhicules par les satellites.
Nizar Bahloul
redaction@realites.com.tn
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