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' Bourimna…'
(Fouchik ou bani-bani)
'Yè hassra ââlla bourimnè…Ekèl wakt éhdèk…'
'Ils furent nos pourims….En ce temps là…')
J'avais entre dix et onze ans dans mes shorts anglais. Je fréquentais parallèlement
l'école française et l'école hébraïque de l'O.S.E ( Œuvre de Secours de
l'Enfance) Le jeudi et dimanche. Dans cette institution juive, à l'approche
de la fête de Pourim, quelques semaines bien avant la date, on nous apprenait
la pièce d'Esther. J'avais le rôle ingrat d'Aman.
Nous étions mes camarades et moi, vêtus comme des 'princes', le Roi 'A
HACHVEROCH ( 1m 52 ) assis sur un fauteuil maquillé en trône. Il avait les
pieds qui pendaient à 10 cm au-dessus du sol. ):
Dans sa fausse barbe et moustache, il se donnait un air imposant. De temps en
temps, il regardait du côté de son souffleur. Aman, moi ):
): en sarwel blanc, sur lequel on ajouta une camisole ample. J'avais un de ces
airs comme je vous dis pas. Bref, nous étions très beaux.
Au matin de ce jour là, la salle de la cantine était transformée
provisoirement en espace théâtrale .Quelques tréteaux supportaient des
planches recouvertes de diverses couvertures.
Les 'dignitaires de la communauté 'de Tunis venaient assister quelques fois
au spectacle en présence de nos maîtres, maîtresses et directeur Monsieur
Habib.
La triste fin d'Aman, sa pendaison se faisait par un jeu d'ombre chinoise, je
n'avais qu'à pousser un cri de derrière le rideau pour faire comprendre que
j'étouffais. En réalité, je riais.
Vers les 14 heures, nous étions invités, par groupe, pour visionner un film
projeté à notre intention au Cinéma Rex. Un film toujours le même; les
images en souffraient à force de les faire passer et repasser. Les Zorro et
les Tarzan projetés à la sauce Dario, nous donnaient la nausée après dix
bonnes années de fidélité.
Dans notre quartier, dés les premières heures de la journée, les pétarades
commençaient. Quelques amis donnaient déjà le coup d'envoi sans aucun
respect pour ceux qui dormaient.
Des petits bâtons de dynamite, à mèche courte, disposés sur le bord du
trottoir, s'enflammaient sous les doigts habiles de l'enfant devenu
'artificier en culotte courte' pour un jour. Projeté en l'air, ce petit bout
de cigare une fois allumè, n'était plus qu'un amas de résidus de papier
multicolore réduit par l'explosion, en miette, tournoyant dans l'air avant de
se poser en confettis sur le macadam dans un bruit sec et assourdissant.
Parfois, nous posions sur le bâton de dynamite une boite de conserve vide que
l'on voyait bondir en l'air par le souffle.
Certains mal avisés, introduisaient un pétard dans la' hofra' d'une bouche
d'égout. Et là, nous voyons la trappe en fonte se déplacer par le souffle
de l'explosion. Ce qui soulevait la joie des enfants, une fois l'opération réussit.
Mon père nous achetait la veille, un petit revolver en fer avec son embout un
clou. Nous enfoncions une 'cartouche' puis une fois la détente enclenchée,
il en sortait un bruit assourdissant fouchika.
Nous avions aussi une petite boule en pierre que l'on projetait avec force sur
le goudron de la chaussée pour en faire naitre quelques étincelles, à notre
grande joie.
Souvent, nos oncles et tantes, venaient nous rendre visite, et nous refilaient
quelques pièces d'argent qui allaient remplir, vite fait, la caisse du
quincaillier, notre pourvoyeur de bannis-bannis, des munitions en tout genre.
'Yè baba, lââjij….! Bourimnè ouffè méli mchit fèl
dényè lékhra..! Ehnè tèwè fi blastèk nââtiou bourimèm èl loulèdnè…!
Twè'hèchtèkyè baba…!'
('Papa, chéri…Notre obole de Pourim est terminée depuis que tu es parti
dans l'autre monde...Aujourd'hui c'est nous qui, à ta place, offrons le
Pourim à nos enfants..
Nous t'avons langui….
Anecdote..
Le quartier du Cinéma Rex, était le lieu de rendez-vous branché d'une
grande bande d'amis qui, tout en sirotant un cafè ou un thé debout, flirtait
sur le spectacle de la rue. Arrive un ami qui sort de sa poche un accordéon
de dynamites, qu'il pose sur tout le long du trottoir, environ deux mètres.
Ces petits bâtonnets étaient collés les uns aux autres. Il alluma une de
ces mèches devant nous afin que la première, en principe, mette le feu aux
autres 'mèchèttes. Il s'en éloigna de quelques mètres et, nous attendions
fébrilement l'explosion en série lorsque' au bout de cinq minutes, rien ne
se passa. L'un de nous lui cria ' Féchiè' c'est à dire 'long feu' et ajouta
'Borico…! Tu peux aller t'asseoir dessus …!'. Enérvè, il se rapprocha de
la 'mitraille' sans précaution aucune, pour vérifier la chose et écoutant
le 'con seilleur', posa son derrière par- dessus, bravant ainsi le danger qui
l'attendait. Et voilà que l'irréparable se produisit sous nos yeux surpris,
toutes les mèches prirent feu instantanément sous son c… glacé. Il monta
en l'air par la douleur et s'en est sortit avec un trou béant dans son short
anglais, 'gesti culant' comme un forcené, et quelques innocentes égratignures
entre ses fesses.
Laissant les autres exploser de rire…
Merci ….Ishak..
ALBERT L ENFANT DE LA GOULETTE
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