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Chronique des Lotophages


   


Le judaïsme tunisien, installé depuis vingt cinq siècles pour les Israélites de Djerba, et depuis vingt siècles pour le reste de la Tunisie, a conservé son identité malgré le passage des Phéniciens, des Romains, des Vandales, des Espagnols, des Turcs, des Arabes et des Français.

Pour cela, il a fait preuve de tolérance et a su discerner l'essentiel de l'accessoire, acceptant ou supportant le compromis pour ce qui est accessoire et se refusant à se compromettre sur l'essentiel.

Il suivait ainsi l'enseignement de Maimonide et l'exemple des Israélites espagnols et portugais qui, dans certains cas, ont adopté la foi imposée quitte à récupérer leur judaïsme en lieu sûr contrairement aux Israélites d'York qui ont préféré la mort, un choix qui a servi la politique de l'adversaire et affaibli d'autant le judaïsme vivant.

Cette tolérance du judaïsme tunisien a engendré, au contact avec les éléments ambiants, une joie de vivre intérieure et familiale qui se retrouve aujourd'hui dans les communautés tunisiennes.

Il est à craindre que le judaïsme tunisien ne finisse par se dissoudre dans les communautés d'accueil. Cependant, à Paris. Sarcelles, Strasbourg ou Marseille se sont formés des groupements attachés à l'héritage du passé.

À Marseille, notre communauté Keter Thora pratique le particularisme judéo-tunisien, enrichi de ce breuvage qui s'est imposé en France, la Boukha ; ne dit-on pas que le judaïsme tunisien, c'est Torah et Boukha ? Ce serait si dommage que la diversité construite dans des pays différents et à des siècles différents se termine dans l'optique feutrée des musées.


Depuis la haute antiquité, notre île de Djerba était une terre d'accueil connue. Elle avait reçu moult visiteurs : Grecs, Phéniciens et autres.

Mais le plus célèbre fut le roi d'Ithaque, Ulysse. Celui-ci, ballotté par la tempête, découvrit au 8ème siècle av. J.C., fortuitement, l'île enchanteresse des Lotophages.

Cette histoire est longuement et savoureusement contée dans l'Odyssée par le grec Homère:
"Poussé par les forces du dieu Eole, Ulysse tira les nefs fatiguées sur le sable fin de l'île des Lotophages. A peine arrivé et débarqué, et après avoir satisfait faim et soif, Ulysse envoie des hommes reconnaître les lieux.

Mais à peine en chemin, ses envoyés se lient avec des Lotophages qui, loin de méditer le meurtre de ces étrangers, leur servent du lotos. Et aussitôt qu'ils eurent mangé de ce fruit, quelques uns oublièrent tout ce qui n'était pas cette île.

Ulysse eut du mal à rassembler ses marins mêlés à la population de l'île car, sitôt que l'un d'eux gouttait à ces fruits de miel, il ne voulait plus rentrer ni donner de nouvelles. Ulysse dut les ramener de force, tous en pleurs, et les mettre aux chaînes, allonéges sous les bancs au fond de leur vaisseaux.

Puis il fit rembarquer ses marins fidèles. Pas de retard! A bord! s'écria Ulysse, le rusé, qui craignait qu'à manger de ces fruits, les autres - les fidèles - n'oubliassent aussi le jour du retour".

Entre le 8eme siècle av. J.C. et l'ère chrétienne, l'île des Lotophages fut fréquente par une multitude de visiteurs.

Parmi les plus connus, on peut citer le navigateur Pseudo-Scylax qui explora au 5eme siècle "le golfe de Syrte et l'île - jardin des hauts fonds". Au 4eme siècle, l'historien grec Hérodote, qui séjourna chez Garmantes et les Libons, parla dans ses récits des Lotophages de l'île de Phla...

Au 3eme siècle av. J.C., l'observateur Polybe donna des détails précis sur cette île qu'il désigna, cette fois-ci, par le nom Meninx que les Carthaginois donnèrent a cette île dépourvue de sources et de rivières.

D'origine phénicienne, ce toponyme Meninx, qui dérive du mot "me-nages" - signifie "manque d'eau". L'île garda cette appellation punique, Meninx, jusqu'au 3eme siecle ap. J.C.

A cette époque, romaine, elle prit le nom de DJERBA, vocable qui dérive de Girba, un lieu-dit antique situe prés de la forteresse et du port de Houmt-Souk.



Très tôt, l'île de Djerba connut le développement de plusieurs activités qui faisaient non seulement la richesse de sa population, mais aussi sa renommée. Ainsi, au 3eme siècle av. J.C., les Carthaginois qui connaissaient, comme leurs ancêtres les Tyriens, le murex, surent-ils utiliser ce coquillage à la chair rouge, très abondant jadis sur l'île, afin d'en extraire le pourpre.

D'ailleurs, la cape de pourpre de Djerba, symbole de la dignité, fut longtemps réservée et portée uniquement par les empereurs et les hauts dignitaires théocrates et aristocrates.

Certes, sous les Carthaginois, l'île connut un sort heureux; mais avec la fin des guerres puniques et la destruction en 146 av. J.C. de la splendide citée de Carthage, l'île fut abandonnée momentanément par les Romains.

Il fallut attendre le 1er siècle pour que cette île connaisse un nouvel essor et retrouve son rôle économique d'antan. En effet, des le 2eme siècle ap. J.C., des commerçants et des colons romains s'installèrent sur l'île qui devint rapidement une importante place de négoce et de commerce et un vaste entrepôt d'huile d'olive et d'autres produits: ivoire, plumes d'autruche, or, peaux en provenance des pays du sud du Sahara...

Nœud de commercialisation entre l'Afrique et l'Europe, Djerba vit sous les Romains ses activités s'accroître. Et ce fut, jusqu'a la fin de la domination des Byzantins, l'époque d'une extraordinaire apogée. Car, dans ses ports de Meninx, de Ghizen, de Tipasa, d’ Hadrien s'entreposaient les marchandises les plus diverses et, en particulier, les fameuses pommes de l'île, avant d'être redistribuées et vendues sur les places de grandes métropoles : Carthage, Rome, Alexandrie, Constantinople...

Cette formidable prospérité permit alors d'édifier de grandes citées et d'urbaniser même la campagne de l'île, afin de loger et de distraire une population en croissance constante, d'autant que Djerba était déjà devenue le siège d'un évéché. Partout des basiliques, des temples, des thermes et des demeures se pressaient, luxueux ou modestes selon les lieux.



Le visiteur d'aujourd'hui peut être surtout frappé par un sentiment saisissant, poignant, qui se dégage de tous ces hauts lieux historiques jalonnant l'île.

Avec le 7eme siècle, les Byzantins oppresseurs et champions des discussions interminables, aux prétextes les plus futiles, furent chassés et remplacés par les cavaliers arabes porteurs d'un nouveau message : l'Islam.

La nouvelle et brillante civilisation arabo-musulmane modifia complètement les structures existantes à Djerba. Dés lors, l'île, qui cessa d'être une plaque tournante, vit peu a peu l'importance de ses activités commerciales changer, voire même diminuer, alors qu'elle connut, en même temps, un important brassage de races.

Ainsi, l'arrivée massive au 10eme siècle des Kharejites-Ibadhites sur l'île, marqua-t-elle le début de querelles intestines au sein de la communauté, scindée à la suite d'une dispute d'ordre dogmatique, en deux factions : Wahabites et Nakkeriens, diamétralement opposés.

Leurs conflits furent suivis par des guerres ruineuses et continues. Evènements dramatiques pour l'île de Djerba qui, suivant toutes les fluctuations, fut, un millénaire durant soumise aux soldats que le sort des armes favorisait.

Pendant tous ces siècles, l'île fut harcelée par les attaques et les agressions permanentes d'assaillants et d'envahisseurs venus de l'extérieur : les Fatimides de Kairouan, les Bédouins de Beni Hilal, les Germains et les Normands de Sicile, les Aragonais, les Chevaliers de Malte, les Génois, les Espagnols en lutte contre les Turcs, les nomades voisins et, enfin, les corsaires, les Barbaresques dont les razzias balayèrent les côtes de l'île, à partir du 14eme jusqu'à la fin du 18eme siècle.

Cet épisode douloureux fut le plus meurtrier de toute l'histoire de Djerba, pourtant riche en évènements tragiques.

Pendant toute cette période, l'insécurité fut telle que la population abandonna toutes les fameuses cites antiques situées sur la côte. Ces célèbres agglomérations entrèrent désormais dans une irrémédiable décadence, puis dans l'oubli et, enfin, dans un silence absolu.


Comme pour toutes les îles de la Méditerranée, la mer a joué le rôle d'élément répulsif. Les Djerbiens ont reflué vers l'intérieur, se groupant dans leurs "châteaux", dans leurs menzels fortifiés, afin de pouvoir mieux résister à la horde des envahisseurs venant de la terre ou de la mer.

Vigilants, ces insulaires ont crée, à l'instar des Carthaginois, une ceinture de tours de guet et d'observation, le long du littoral. Remarquons que la transmission de l'information se faisait, à cette époque, par signaux lumineux. Ainsi, le sémaphore, la fumée dans la journée et le feu la nuit étaient-ils le seul moyen efficace, rapide et signifiant.

Symbole de la perpétuelle menace, ces petites tours à couples blanches, séparées de 2 à 5 km, ont survécu. Leur conservation vient du fait que ces petits édifices sont devenus, curieusement, en temps de paix, des lieux de culte. Toutes ces petites constructions très caractéristiques, auxquelles la population a donne un nom de saint, sont encore très nombreuses sur les rivages tels Sidi Slimane, Sidi Bakkour, Sidi Mahrez, Sidi Saad, Sidi Salem, Sidi J'mour, Sidi Slim, Sidi Garous, Lella El Hadhria, et j'en oublie.

Signalons que "sidi" signifie saint. Bref, tous ces lieux de culte sont animés chaque année par la présence de maintes familles venant à dates fixes, en été, pour accomplir le pèlerinage rituel : ezziara.

A cette occasion, des manifestations collectives sont organisées autour des mausolées. Les pratiques rituelles, sacrifice du mouton, repas en commun... rappelant les cérémonies de fêtes païennes du solstice ou d'Aoussou en août, seul mois de l'année qui était, jadis, consacré au bain de mer traditionnel.

Cependant, nombreux sont à Djerba les sites archéologiques vides et pourtant vivants, comme celui de la célèbre cité de Meninx, reparti sur 5 ha. Avec tant d'autres, ces monuments historiques charment ceux qui veulent retrouver le cadre quotidien de la vie antique de notre île.

Rien de plus intéressant et de plus enrichissant, de ce point de vue, qu'une promenade à travers des ruines dévastées, certes, mais qui présentent les vestiges de toutes les civilisations anciennes juxtaposées à savoir: punique, romaine, byzantine et islamique. Parmi les vestiges, on remarquera, près du rivage, jonchant le sol, les colonnes et les chapiteaux en marbre blanc, granit rouge ou gris et porphyre vert, et les débris du fort beau fronton d'un gigantesque temple.

D'autres détails rappellent ce que fut, à l'époque, le luxe et la prospérité de la cité Meninx: des énormes citernes, des thermes, des basiliques et des demeures somptueuses, dont le sol est revêtu de très belles mosaïques portant signes et symboles de toutes les croyances d'alors.

La géographie de l'île de Djerba

A cinq cents kilomètres de Tunis et à 2H30 de vol de Paris, Djerba est la plus grande île de la Tunisie. Située sur la côte sud-est, elle baigne dans les eaux du golfe de Gabès, encore appellé Petite Syrte.

Djerba a une superficie de 514 km2 et 125 km de côtes. Son relief est presque totalement plat, la colline la plus élevée ne faisant que 54m de haut...

Ni sources, ni rivières à Djerba ; on trouve par contre de nombreux puits. Hélas! ceux-ci ne fournissent en grande majorité qu'une eau saumâtre, impropre à la consommation. Le génie inventif des Djerbiens a remédié à cet inconvénient par la construction d'immenses citernes recueillant l'eau de pluie. De plus, des aqueducs acheminent l'eau du continent vers l'île.

Bien sur, Djerba est une île, mais si proche du continent que les Romains purent construire une route la reliant à la presqu’île de Zarzis. L'actuelle route, longue de 7km, suit de près la trace de l'ancienne chaussée romaine et sert également à l'acheminement de l'eau. D'autre part, à l'ouest, Djerba n'est séparée de la terre ferme que de 2,3 km et des bacs y assurent la traversée.

Le Climat de Djerba a fait sa renommée. En effet, l'influence du climat désertique, qui sévit à cette latitude sur le continent, est tempérée par la présence de la mer. Et donc un climat doux, méditerranéen qui domine. Descendant rarement en dessous de 10° au plus froid de l'hiver, la température ne dépasse généralement pas les 36° au cœurs de l'été. Les pluies sont rares, il est vrai, mais l'humidité de l'air compense le manque de précipitations.

Tout cela concourt à asseoir la réputation de "douceur de vivre" de l'île de Djerba.

Propos Recueillis

Berdah                                   

           

 

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