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 Le marchand de ‘Malhe ou bninè…’


   

          
Marchand ambulant. Souvent, il proposait sa marchandise, agenouille, sa ‘ jebba grise ’, coincée entre ses jambes, presque jamais assis sur le sol, le couffin calé toujours entre ses jambes et rempli de cette précieuse denrée ‘salée et douce’, nourriture des oiseaux, à toute une clientèle férue de moudre entre les molaires, ces petits losanges de couleur marron.

Il choisissait toujours un endroit stratégique, posté en face de notre cinéma Rex, aux prémices des beaux jours, entre le café Rex et notre pâtissier italien Curatolo, et toujours aux rentrées et sorties de séances de film à la Goulette, soit alors sur les trottoirs jouxtant les cafés publics bondés en été. Une fois installé dans son carré de vente, il nous propose sa ‘came’

Il vous verse d’abord dans le creux de la main, avant achat, une pincée chaude de son produit afin de nous appâter.

Souvent, on succombait à l’envie. Puis, il nous proposait ses petits cornets fins prêts bien remplis et fermés, dont certains sont debout comme des guetteurs, enfoncés dans le tas, à raz le bord de son couffin.

Bien souvent, méfiants, nous préférions le voir verser une mesure bien fraîche et chaude dans ces petits cônes de papier journal déjà prêts et engoncés les uns dans les autres , afin d’en apprécier la fraîcheur et la chaleur.

Cet achat d’un ou de deux cornets à 5 millimes pièce, le portait à vanter sa marchandise en criant ‘MALHE OU BNINE… !’

Ces portions servies, nous entrons avec nos menus paquets brandis dans la main, au cinoche, comme on entre dans une synagogue, pour une veillée de fête avec des bougies allumées pour nos vœux.

Une fois assis à nos places, nous plongions, bien avant le film, nos index mouillés par notre salive, pour en coller quelques grains ; grains qui iront se coller à nos palais gourmands.

Souvent, quelques uns d’entre eux allaient se coincer dans les interstices de nos molaires et là, nous faisons passer mille fois nos langues, par dessus nos dents, pour en détacher la matière moulue. Et incrustée.


Je vous dis, c’était un kif…..MALEH OU BNIN….

 

Albert Simeoni
 

  

 

 

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