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 Souvenirs du Kettab


   

 L'année passée mon premier petit fils, qui venait de passer à Kitta Beth (2e année de l'école primaire), avait été invité de raconter le passage de son grand père au Hédér, où il  avait appris la Thora, pour la première fois. C'était à l'occasion de la réception du Livre de Bereshitt (premier livre du Pentateuque) et du début de son étude.

Dans une école laïque, après avoir appris l'alphabet, les voyelles et les premiers pas de  Lecture à Kitta Aleph, on étudie la lecture de la Thora.

C est avec plaisir que je répondis à sa demande, d'autant plus que je m'acquittais, avec cela, d'une dette envers mes illustres Maîtres, Z"TsL.


Le premier qui m'apprit à lire était Rebbi Braminou Demri, de Slatt Djara à Gabès. Après 3 ans nous déménagions dans un autre quartier et le Maître fut Rebbi Massliah, mieux connu, à Béer Shéva, sous le nom de Rebbi Moshé Mimoun (Z"TsL).

 

                                    

 

 

 

 

 

 

 

 

Rebbi Braminou était aussi Shohétt et on lui apportait souvent des poules à immoler, dans la A'zara . Il avait une étrange coutume, après avoir tué la poule, il lui arrachait la bile et venait ensuite l'ecraser sur le front d'un de ses meilleurs élèves. On gardait les traces de ce liquide vert et visqueux sur notre front, même après qu'il eut séché, pour le montrer à notre mère qui le lavait avec amour et fierté.

Personne n'a pu m'expliquer, jusqu'à ce jour, l'origine de ce rite que je ne pus jamais oublier. Le Maître disait que ça nous "ouvrait" la tête à la Thora.

Un autre souvenir, il nous interdisait  d'abandonner un livre ouvert, il disait que le Strah'ra n'attend que ça pour s'instruire et renforcer son influence maléfique.

Sans me rendre compte, je continue à respecter cette règle jusqu'à ce jour.

 

Quand mon second petit fils entra, cette année en 2e classe, la maîtresse lui demanda le texte que son frère avait présenté l'année passée.

La prochaine fois ce sera dans 5 ans quand le 3sera dans la même classe.

  

 Le texte en version originale    

 

 

 


 

           

 

                                          

 

 

 

 

              

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      TRADUCTION

      

     Souvenirs du Kettab (Heder), par le grand père de….

 

J'étais né à Gabès, une ville située sur un très beau Golfe, au Sud de la Tunisie, qui porte le même nom. Là-bas aussi nous avions la mer Méditerranée, mais contrairement à Haïfa où le soleil s'y couche le soir derrière les vagues, à Gabès il en sort chaque matin.

Nous n'avions pas de jardin d'enfants; et ma mère qui était née dans une famille de rabbins m'envoyât dès l'age de 4 ans au Kettab. C'est ainsi qu' on appelait le Hédér. C'était comme un jardin d'enfants et une école primaire combinés.

L'enseignement dans un Kettab Juif se passait à l'intérieur de la Synagogue et le maitre était le Rabbin du quartier. Des enfants de l'age de 4 à 11 ans environ étudiaient dans la même salle.

Après les études élémentaires; de l'alphabet et des voyelles, on enseignait la lecture des prières et de la Thora avec les Téa'mim, les mélodies de la lecture.

Mes souvenirs commencent au stade auquel on passa à la traduction des versets de la Parasha de la semaine, qui fut, pour moi, la base de l'hébreu.

 

Notre maître était un Rabbin extraordinaire et très respecté dans la communauté. Même si les punitions corporelles étaient admises et même recommandées, il n'en usait jamais. Il suffisait de savoir qu'une mauvaise conduite menaçait de nous sortir de la liste de ses élèves.

 

La phase de la compréhension de la lecture était basée sur la traduction des versets, de la Parasha de la semaine, de l'Hébreu archaïque de la Thora en un dialecte judéo arabe qui était parlé par nos parents. Ce dialecte était un peu différent de celui parlé par les voisins arabes.

 

Chaque dimanche, la semaine débutait quand le maître assis, est entouré de tous ses élèves, tous ages compris. Il expliquait en détail tous les sujets traités dans la Parasha de la semaine et la divisait en 5 chapitres, un pour chaque jour; le vendredi était consacré la Haphtara de la semaine et à l'examen des textes étudiés.

 

Ensuite le maître s'asseyait sur un fauteuil, qui était attaché à la Teiva  et tous les élèves qui apprenaient à traduire commençaient à étudier, tout en tournant autour de ce pupitre.

La Teiva est un des éléments les plus importants de la Synagogue,  lieu  surélevé (comme un autel) d'où le H'azan  dirige les prières.

Chaque enfant lisait, tout en marchant autour de la Teiva, un verset de la Thora et essayait de le traduire. A chaque fois qu'il rencontrait un problème ou un mot nouveau, il continuait à marcher jusqu'à ce qu'il atteigne le niveau du Rabbi. Alors il s'approchait de lui et demandait des explications, puis retournait dans la ronde et continuait jusqu'à la prochaine difficulté. Et ainsi de suite, il apprenait tout le chapitre du jour. Les meilleurs élèves étaient récompensés, en fin de semaine par des bonbons ou autres bonnes choses.

Et c'est ainsi que j'appris l'hébreu, un peu différent de celui d'aujourd'hui, mais les bases étaient très bonnes.

L'écriture vint après qu'on eut appris toutes les Parasha de l'année. L'alphabet était, aussi, différent de celui que vous étudiez en classe; on l'appelait Ctav Rashi, car il devait nous permettre de lire les Piroushim de Rashi, qui étaient le degré qui venait après la Traduction. C'est aussi l'écriture qui était utilisée par tous les savants juifs en Espagne, au Moyen Age. Elle était encore utilisée dans notre communauté, comme écriture de tous les documents de la vie religieuse, quotidienne et commerciale.

J'avais environ 10 ans quand je passai ce stade, alors mes parents décidèrent de me transférer dans une école Juive laïque où j'ai pu compléter les matières qu'on ne m'avait pas enseignées, comme le calcul, les leçons de choses, la géographie et autres.

Mais je me rappellerai toujours du premier Rabbi qui m'avait appris à lire et à écrire.

 

 

 


                          

                         

 

 

 

 

 

 

 

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 D'autres souvenirs du Kettab

 

A Slat Hébron, il y avait des adolescents qui avaient dépassé la Bar-mitsva et qui comme tous les garçons de leur age ne manquaient pas de transgresser certaines lois. Je les revois encore découper le bout d'une des cordes de la natte qui couvrait les bancs de la Synagogue, et l'enrouler de papier journal pour aller le fumer, comme une cigarette, derrière les toilettes.

C'est là aussi que j'ai appris à "boire" le jus de la grenade, sans la découper. On roulait le fruit sur le sol, tout en le pressant de toutes nos forces. On écrasait ainsi les grains jusqu'à  sentir que le fruit n'est plus qu'un ballon rempli de liquide. Ensuite on piquait un trou au centre de la couronne pour pouvoir en sucer le jus.

Je ne peux oublier ce vieil homme qui venait nous vendre des cornets de grains de Malh'a Oubnina. Ces petites graines de couleurs ocre marron et de goût salé qui calmaient un peu notre faim.

 

Le jour de Simhat Thora était un jour très attendu.

A la prière du matin, on lit ce jour là, la dernière Parasha de la Thora suivie de la première Parasha , l'une se trouvait à la fin du rouleau et l'autre au début. C'était pour accentuer la continuité. Pour ne pas perdre du temps à dérouler le parchemin d'un bout à l'autre, on sortait 2 Sepharim.

 

La dernière Parasha est celle qui décrit les bénédictions que Moshé a données à chacune des 12 Tribus, juste avant de mourir. Ce jour là tous les enfants, qui savaient déjà lire, avaient l'occasion de "monter" à la Thora pour présenter, pour la 1ère fois en public, leur voix et leur savoir. Nous avions à peine 7 ou 8 ans, nous étions appelés, un à un, pour lire 3 versets, directement à partir du Rouleau Sacré. Ces moments culminaient l'effort de plusieurs semaines de préparations, au Kettab avec le Rebbi.

Etant donné que personne ne savait quelle partie de la Parasha allait lui être achetée (aux enchères) par le papa, et que le Rouleau était écrit sans voyelles et parfois,sans espace entre les mots, on devait apprendre toute la Parasha par cœur. Pour la fierté de la famille on devait chanter sa "partition" sans fautes, avec tous les Téa’mim et bien sur avec notre belle voix aiguë d’avant la puberté. Ce qui nous valait la bénédiction du papa et les baisers de la maman. Quelle joie et quelle fierté pour tout le monde! 

 


 

 

 

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Explication de quelques mots;

 

H'édér,  école primaire dans la tradition des juifs européens

Kettab,  la même école chez les Tunes, de l'arabe Kouttab

Z"TsL; initiales prononcées après citation du nom d'un sage disparu, en sa mémoire

Sla(tt),  Synagogue en judéo arabe

Djara; un des faubourgs de Gabès

Shoh'ett; personne autorisée à immoler selon les religion juive. 

A'zara; cour, derrière la synagogue ou lieu de prière réservé aux femmes 

Strah'ra,  de l'araméen SITRA AH'RA (l'autre coté) le démon

Téa'mim;  notes de musique traditionnelle placées au dessus ou en dessous d'un mot

Haphtara;  chapitre du Livre des Prophètes qu'on lit après la lecture de la Parasha

H'azan; chantre qui dirige la cérémonie

Teiva;  pupitre du H'azan, généralement placé au centre de la synagogue

Parasha;  chapitres de la Thora attribués spécifiquement à chaque semaine   

Ctav Rashi; alphabet (écriture) des textes des commentaires de Rashi

Rashi, commentateur juif français XIIe siècle (voire Larousse)

Piroushim; commentaires

Malh'a Oubnina; graines de lin grillées et salées

Simh'at Thora; le dernier jour de le fête de Souccoth qui commémore la joie d'avoir fini de lire un cycle de la Thora

Sepharim;  Livres (au pluriel); ici il s'agit des rouleaux de la Thora

 

 

Texte et photos,      Avraham Bar-Shay (Benattia)

Absf@netvision.net.il

 

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