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LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

 

ALAIN GIAMI


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SOUVENIRS DE TUNISIE


Mes parents sont originaires de Tunisie de même que toute ma famille.
Du coté de ma mère ce sont les Mamou, et du coté de mon père les Giami.
Je ne suis pas né en Tunisie, mai j'y suis arrivé en 1939 à l'âge de 2 ans lorsque la guerre a commencé. Bien sur je n'ai pas de souvenirs de ce moment là. Je sais que nous habitions à l'époque en banlieue parisienne à Villiers sur Marne où mon père s'était installé en tant que Médecin Généraliste. Compte tenu des événements de l'époque et du fait que nous n'avions aucune famille en France, il était bien naturel que mon père nous emmène en Tunisie auprès des parents de ma mère.

NONO

Comme famille j'avais :
Isaac et Marie Mamou à Nabeul, les parents de ma mère, que j'appelais Nono et Mémé. Nono je l'ai toujours connu avec une longue barbe blanche et un air sérieux. J'avais beaucoup de respect pour lui bien qu'il ne soit pas sévère. Il habitait sur la place principale
de Nabeul, et on accédait à la maison en empruntant une ruelle d'une trentaine de mètre de long. On empruntait ensuite un escalier qui menait à la partie habitable dont je me souviens. Nos voisins immédiats étaient des juifs et des arabes.
Je n'ai jamais vraiment su à cette époque si Nono avait une profession ou un travail. Il avait une sorte de bureau près de l'entrée de la ruelle, qui donnait sur la place, et souvent il était assis devant l'entrée de ce bureau. Il recevait des gens, régulièrement des mendiants et des gens très pauvres venaient recevoir de l'argent. C'était une sorte de rituel. Je savait aussi qu'il était une sorte de sage, et qu'il recevait des gens qui avaient des conflits entre eux, pour essayer de résoudre leur problème avant d'aller devant un juge.
Je me souviens aussi que Nono coupait le cou aux poulets et aux canards, c'était certainement parce qu'il était très religieux et qu'il savait faire cela dans les règles de l'art et de la religion. Cela m'a beaucoup frappé car j'ai le souvenir que lorsque des gens lui apportaient l'animal vivant, l'opération était très rapide, une fois le cou du volatile coupé, il le jetait dans la ruelle, et bien que n'ayant plus de tête l'animal se mettait à courir à toute allure dans la ruelle en se cognant contre les murs ! .
Ce n'est que lorsque j'ai eu 6 ans, peut avant de quitter la Tunisie que j'ai su que Nono était rabbin. Sur la place de Nabeul, je me rappelle d'une pharmacie, d'un café et que la place était ovale, avec un terre plein en son milieu où il devait y avoir des grand palmiers. Il y avait aussi les calèches. Elles avaient une capote pour protéger les passager du soleil, et nous permettait de nous cacher du cocher lorsque nous nous accrochions derrière pour se faire promener gratuitement. Mais, souvent le cocher s'en rendait compte, et il donnait un grand coup de fouet en arrière à l'aveuglette, qui bien souvent nous obligeait à nous décrocher.

Lorsqu'il se mettait à pleuvoir assez fort, l'eau commençait à monter dans la rue, sans doute faute d'égout, et les calèches avaient pratiquement de l'eau jusqu'à l'essieu.

Nono était riche ( il avait dû hériter de ses parents ), il possédait beaucoup de maisons et d'immeuble en dehors de Nabeul, des vergers, des magasins... Je me souviens que je passait prendre des gâteaux dans un magasin sur la place et que je ne payais pas, car le marchand savait que j'étais le fils de Nono.

ALAIN MANGE!
Le matin passait le marchand de beignets à l'huile en criant quelque chose - c'était un délice. Mais souvent aussi j'avais droit au petit déjeuner à une sorte de poudre blanche mélangée à de l'eau et qui était je crois du 'draw'''', qui était sensée me fortifier et que je haïssais par-dessus tout. D'une manière générale je n'était pas facile à faire manger. Bien souvent au moment du repas plusieurs personnes se tenaient autour de moi, et on me donnait à manger à la cuillère. Au fur et à mesure que l'on m'enfournait la nourriture dans la bouche, celle ci se remplissait car je n'avalais pas. On me disait 'une cuillère pour maman', 'une cuillère pour mémé ' etc. , tandis qu'une autre personne se mettait à taper dans les mains en esquissant une danse du ventre, mais souvent il fallait insister, et la phrase qui revenait le plus souvent était 'Alain Man...ge', 'Alain Man...ge' .... et ce à tel point que lorsque je sortais dans la ruelle,
les voisins arabes qui ne comprenaient pas bien le Français, me disaient 'bonjour alainmange'.

LA MAISON DE NABEUL
La maison à Nabeul était très grande. Il y avait beaucoup de pièces. Certain endroits de la maison m'étaient interdit et bien sûr c'est surtout là que je voulais aller. La maison était à la fois une maison et un appartement. Il n'y avait pas de jardin, mais à coté de la cuisine il y avait une cour à ciel ouvert avec des poulaillers. Le matin ma grand-mère allaient y chercher les œufs - j'adorai l'œuf battu avec beaucoup de sucre. Il y avait une énorme salle de bain, qui en fait était une chambre dans laquelle avaient été installés une baignoire, une douche et un lavabo. Comme il y avait beaucoup de place, on y avait installé des grandes tringles auxquelles étaient suspendus tous les costumes de Nono, et il en avait beaucoup. Si bien qu'un jour avec la douche j'ai arrosé tous les costumes soigneusement rangés, puis je suis allé voir ma grand-mère pour lui dire naïvement qu'il pleuvait dans la salle de bain....

La salle à manger était au centre de l'habitation. Le seul jour où je mangeais à la même table que Nono était le vendredi soir et le samedi. Bien sûr je n'avais qu'une envie, c'était de quitter la table pour aller jouer. Alors que tous les autres essayaient de me faire manger, mon grand-père lui, s'en fichait royalement, et je crois que c'est la raison pour laquelle quand j'étais à table je mangeais sans problèmes.

A partir de la salle à manger on pouvait aller dans une pièce dont je me rappelle parfaitement, car c'est là que ma mère et mes 2 tantes ont été mises en quarantaine lorsqu'elles ont attrapé la typhoïde. Une très grande pièce encore avec tout autour des
banquettes qui faisaient le tour complet de la pièce, et sur lesquelles je courrait à toute vitesse pour m'amuser. En plus lorsque je montais sur ces banquettes je me trouvais à la hauteur des fenêtres pour attraper les mouches sur les vitres. Je les coinçais dans un coin du carreau puis délicatement je leur arrachais les ailes pour les remettre ensuite par terre et les regarder marcher. Pour ma défense je dois préciser que c'est mon oncle Archimède qui m'avait appris cela. Donc je n'étais pas responsable.....

LES ALLEMANDS - LA RUE DES ALLIES

A une certaine période nous habitions dans une rue qui s'appelait la rue des alliés. Je me rappelle que nous n'étions pas loin de la gare de Nabeul, et qu'à l'entrée de la rue il y avait des fils barbelés que nous étions obligés de contourner à pied pour arriver à la maison.
Je devais avoir 6 ans à l'époque et mon père n'était pas à Nabeul et il était à l'armée.
Bien sûr j'étais très fière de savoir que mon père était à la guerre et je savais que les Allemands étaient les ennemi. Mon cousin José Kayat devait avoir seize ans à l'époque. Je me souviens que nous étions sur le chemin qui conduisait de la maison de mon grand-père à notre appartement dans la rue des alliés. Je lui tenais la main et de loin nous voyons approcher à notre rencontre un officier allemand dans son bel uniforme avec ses bottes en cuir. Alors que nous sommes sur le point de le croiser le je m'arrête soudainement en face de lui, je lâche la main de José, je pointe mon doit vers l'officier et je lui dis : "Sale boche.. Quand mon père
reviendra de la guerre il te tuera avec son gros pistolet !". Je pense que l'Allemand n'a rien compris et qu'il à poursuivi son chemin.
Mais ce dont je me rappelle bien c'est que voulant reprendre la main de mon cousin, je ne l'ai plus trouvée, car José, lui avait bien compris et avait pris les jambes à son cou pour aller se cacher.  Il faut dire que le fait que mon père soit absent n'arrangeait pas les choses quant à mon éducation du fait de l'absence d'une autorité paternelle et en plus comme il était à l'armée, toute la famille avait envisagé que je puisse devenir orphelin et que par conséquent il
fallait me ménager. Donc si quelqu'un me grondait, il y avait toujours quelqu'un d'autre pour dire " le pauvre, son père n'est pas là...".
J'avais très bien compris le parti que je pouvais tirer de cette situation et je ne m'en privais pas. C'est pourquoi je faisais tellement de bêtises et qu'il n'y avait pas de réprimandes.... .
Je fouinais partout, et j'avais remarqué qu'il existait une cachette dans la maison. Elle se trouvait sous le carrelage dans une des pièces, et il suffisait de soulever 2 ou 3 carreaux par terre pour accéder à un trou où l'on pouvait cacher des choses. Je suppose que cela pouvait être des bijoux par exemple. J'avais aussi remarqué qu'on utilisait cette cachette lorsque les Allemands étaient dans les parages. Et bien sûr, un jour que l'on me refusait quelque chose que j'avais demandé j'ai menacé de révéler la cachettes aux allemands... Quel sale gosse !

L'OUED SAHIR
Mes grands-parents avaient une maison de villégiature ou nous allions passer l'été et qui se trouvait à l'Oued Sahir.
Là il faisait beaucoup plus frais qu'à Nabeul et il avait un peu de vent. Bien sûr l'oued était vide et à sec. Par contre des qu'il y avait un orage Il se remplissait rapidement et parfois même arrivait à déborder. Nous étions à quelques kilomètres à peine de Nabeul..

Pendant la guerre nous allions souvent la bas non pas pour la fraîcheur mais parce qu'il y avait des tranchées pour se cacher lors des alertes. Je me rappelle parfaitement y être descendu à plusieurs reprises surtout pendant la nuit et immanquablement c'est toujours à ce moment là que j'avais envie de faire pipi. Peut être à cause de la peur... . Il y avait avec nous à l'époque mon oncle Archimede. Il n'était pas très courageux à ce moment là, car une fois ma mère avait oublié de prendre ma sœur Michèle âgée alors de 3 ans ( à quoi pensait-elle ?) et mon oncle avait refusé d'aller la chercher. (Cette anecdote n'est pas un souvenir mais m'a été
rapporté par ma mère.)
Je ne me rappelle pas avoir entendu de bombes tomber, par contre nous avions retrouve un jour une sorte de véhicule militaire blindé abandonné parce qu'il s'était enlisé dans les sables de l'oued.
Vers la fin de la guerre , nous étions à l'Oued en été. Mon cousin José Kayat et moi dormions dans la même chambre que mon grand père Nono. A cette époque pour une raison dont je ne me souviens plus , José avait droit à une grosse cuillère à soupe miel tout les soirs avant de se coucher. Peut être était il anémique ou avait-il maigri ... bref, le fait est que lui avait droit au miel et moi non. Dans la chambre nous dormions chacun sur une banquette. Donc ce vendredi soir, dans la pénombre, (c'était chabat et il n'y avait aucune lumière allumée dans la chambre.) mon grand père prend le grand pot de miel sur une étagère au-dessus de son lit,
remplit une cuillère à soupe et l'enfourne dans la bouche grande ouverte de José qui attendait la bouche grande ouverte évidemment.
Moi, de mon coté je les regardais avec le yeux grand ouverts et envie. Nono remet ensuite le pot de miel à sa place sur l'étagère au-dessus de son lit. Puis dans la pénombre nous nous couchons. Quelques heures plus tard au milieu de la nuit, je me réveille et qu'est ce que je vois dans la pénombre ? Le pot de miel sur son étagère, auquel je n'ai pas droit. C'est donc en tâtonnant et avec précaution que je monte sur le lit de Nono pour attraper le pot de miel, et bien sûr arrive ce qui devait arriver, le pot de miel m'échappe, se renverse sur la grande barbe blanche de mon grand-père allongé au-dessous de l'étagère. Catastrophe, car il ne peut même pas allumer la lumière pour se nettoyer et a dû attendre la lumière du jour avec le miel dans sa barbe et sur sa peau. Je ne me souviens pas avoir été puni, mais je n'ai pas eu droit au miel non plus!

TUNIS - RUE DE ROME
Pendant une certaine période nous habitions aussi à Tunis. Nous étions hébergés par une de mes tantes ( Gilberte ou Georgette ) dans un immeuble au n° 1 de la Rue de Rome. C'est immeuble qui appartenait à mon grand-père avait 3 ou 4 étages et se trouvait au croisement le la Rue de Rome et de l'Avenue Jules Ferry. Du balcon on pouvait voir le tramway tourner. De l'autre coté de l'Avenue Jules Ferry on voyait la résidence du Bey je crois. Non loin de l'immeuble se trouvait le lycée et l'église. En bas il y avait une pâtisserie et un magasin de photo.

C'est dans cet immeuble que ma soeur Michèle est née. Ce jour là le Dr Corcos était venu pour faire accoucher ma mère. Pour que je me tienne tranquille on m'avait donné des bonbons et une boite ronde en métal remplie de Halva. Sans que l'on puisse me voir, j'avais malgré tout caché le chapeau du docteur sous un lit. Quelques minutes plus tard, on est venu me chercher pour me montrer ma nouvelle petite soeur, dans la chambre, et que l'on avait placé dans un berceau. "Regarde comme elle est belle ta petite soeur, Alain!". Et je n'ai rien trouvé de mieux que de lancer la boite métallique de halva sur elle. Heureusement j'avais raté ma cible. Par contre le docteur est resté très longtemps chez nous ce jour là. Il ne trouvait plus son chapeau!

MON ONCLE ALBERT
Albert le mari de ma tante Gilberte avait un très beau magasin de chaussure dans l'Avenue de Paris. Ce jour là, ma mère m'avait confié à mon oncle pour se reposer de moi. J'étais donc dans son beau magasin de chaussure, sous la garde et la responsabilité d'Albert. Dans un premier temps j'ai réussi à mélanger les chaussures homme avec les chaussures pour femme, puis à mélanger les tailles ensembles. Après j'ai commencé à m'ennuyer et j'ai demandé à mon oncle de m'acheter une glace. Enervé par les mélanges que j'avais fait dans les chaussures il a refusé. Le pauvre. Car quelques minutes plus tard ayant constaté un
attroupement devant sa vitrine il est sorti pour voir et il a vu. Il m'a vu debout dans la vitrine, la braguette ouverte, prêt à faire pipi dans les belles chaussures exposées. Le chantage était trop dur pour lui et j'ai eu ma glace. Par contre il n'a jamais plus accepté de me garder par la suite.



Alain Giami giami@docteurs.com


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