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‘.....LA FUITE....’

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LES MEMOIRES D’UN GOULETTOIS

L’ENFANT DE LA GOULETTE

PAR ALBERT SIMEONI(  BEBERT )

 

Dans la série noire….                                                                                                                                                                                                                             

  ‘.....LA FUITE....’

                       Leurs valises reposaient sur le trottoir. Les trois enfants Cohen et la maman, Myriam, patientaient sous le chaud soleil de l’été.

                   ‘Attendez-moi ici un instant juste le temps d’ héler un taxi......’

dit le papa Édouard en s’adressant à sa famille en partance pour la France .

Il se dirigea vers la grande avenue H.Bouguiba à la recherche de ce moyen de locomotion. Un quart d’heure ...une demi heure ..... une heure passa alors que la smala attendait avec beau coup de nervosité leur père et époux. Le départ du bateau  était prévu pour 16 heures 30 et il était déjà  15 heures 30. Prise de panique, Myriam dit à ses enfants:

                        ‘......Gil.......fais attention à tes frères....je vais voir ton père.’

Elle pressa le pas à la rencontre de son mari. Rien....pas l’ombre d’Édouard.....la sueur perlait sur son visage. Las d’attendre, les enfants et les valises remontèrent vers l’appartement. Ils attendirent  chez eux le retour du père jusqu’à une heure tardive de la nuit...

Le mystère s’épaississait et devant ‘la disparition’ soudaine et énigmatique de son époux  Myriam décida, vers les deux heures du matin, à franchir le seuil du commissariat.

                        ‘....Mais madame... ‘lui dit le planton. ‘ Vous avez vu l’heure qu’il est ... ? .et puis un début de recherche ne peut se faire que dans les 48 heures.....’

                       ‘....48 heures… ?  mais ce n’est pas possible....C’est énorme.....’

                       ‘....Avez -vous téléphoné aux hôpitaux......’

                       ‘...Non.. ! . pourquoi les hôpitaux... ?...Vous pensez qu’il est arrivé quelque chose à mon mari... ?’

                       ‘...Je n’en sais rien madame…. ! Mais faites le....on ne sait jamais.!’

Myriam, complètement déboussolée composa tous les numéros des hôpitaux de Tunis…. mais en vain....sans succès.

Des idées morbides l’assaillirent pendant la nuit. Au petit matin, elle se rendit chez Georges le patron -restaurateur de son mari...

                        ‘Bonjour Georges. est - ce  que mon mari   est venu travailler ce matin.....?

                        ‘Non ! Myriam......il a pris son congé annuel.....pourquoi....?’.

                        ‘Je suis complètement embrouillée Georges.......on devait partir hier après midi en vacances à Paris chez mon frère Jacob.......Il devait nous apporter un taxi .....et depuis.....léh taxi ou lè ouah....’ ( Ni taxi..ni lui..)

           Georges écoutait ébahi la version de Myriam. Il tombait des nues. Il réconforta Myriam.

             ‘Peut être qu’il est parti chez sa sœur.... ?’

             ‘J’ai déjà été la voir à l’O.S.E ....Ils .....l’ont transférée à Tunis ..... ‘

Il fit asseoir la pauvre femme, toute tremblante, et lui tendit un verre de limonade bien ‘frappée’.

 Édouard Cohen était chef cuistot chez Georges à la Goulette .....Honnête...Travailleur...

Rigoureux....et  20 ans de carrière sans interruption. Son patron n’a jamais eu à se plaindre de son ami de quartier.

       ‘Écoutes Myriam...va voir mon ami Abderrazak le commissaire et racontes lui ce qui s’est passè......ne t’angoisses pas .....il n’a  pu être kidnappé par des fantômes ton mari...ya rabbi..?

Elle saisit la recommandation au vol et alla dare - dare au commissariat de police. Elle demanda à rencontrer le patron.....Si Abderrazak.

Le commissaire l’écoutait attentivement et notait mentalement tous les détails énumérés par Myriam saisie par  des sanglots.

     ‘Yè  Madame   Myriam.......sebbar rouhôk.....mè yenddou ouine mchè rajlék....Je vais entreprendre des recherches.....’

                                        ( ‘ ...un peu de patience.....il n’a pu aller loin ton mari.....’)

Myriam se leva, sécha ses larmes et prit congé de l’aimable commissaire. Sur le chemin de retour l’écho de mille et une question, sans réponse, résonnait  dans sa boite crânienne .

Myriam Assous la quarantaine, pas très grande  était  née à Sousse mais élevée à la Goulette. Elle portait des lunettes de myopie sur son visage rond comme un beignet de 20 millimes.

Quelques vieilles taches de variole, comme si elle était ‘madrouba bel cheffout’ (pincée avec l’aiguille du  breiykeji) , enguirlandées ses joues  grasses. Cheveux longs mais frisés ....elle ressemblait à presque toutes les mamans goulettoises.....cuisine, ’sabboun’( linge), repassage ....attentive aux études des enfants ......bref une vraie femme de ménage d’autrefois avec seulement ...(euchkoun kèmél fèl dènyè hédi..=qui est parfait dans ce bas monde)....un caractère très....très autoritaire et impulsive  ......Bref, elle tenait sa maison d’une poignée de fer ...... avec des crises de nerfs et hurlements qui s’entendaient jusqu’à la Municipalité de la Goulette (Mahboula). 

Elle ne tolérait aucune dérive. Édouard, son mari, était un homme simple,  pondéré....grand avec cheveux grisonnants ....un bel homme.....au caractère ‘guimauve’ (c’est toujours comme ça le Mèzèl....une folle avec un doux et vice versa..)

35 ans. Le couple n’était pas assorti aux dires des ‘mauvaises langues goulettoises -et il y en avait à la Goulette). C’est Niké Dourouatou qui, pour 5 dinars de ‘semsriè = courtage ‘ mit en relation les deux familles ‘bourgeoises’ modestes. Un mariage de raison est né avec 3 gosses plus tard.  Les heures de bonheur se comptaient en demi- seconde. et le silence entre eux ....en heures .L’amour de raison....s’était transformé en amour d’indifférence et de lassitude ....comme presque tous les couples qui n’ont pas mis leur cœur ‘en batterie ‘. Attention, je ne généralise  pas.

Édouard était très doué en cuisine depuis son jeune âge. Son père, Chmiyan le plaça chez son ami Georges ......le restaurateur très en vogue à la Goulette, vers l’âge de 18 ans. 20 ans de cuisine à lever des marmites.....à casser des œufs....remuer des ragoûts....faire des omelettes et frire du poisson....et à respirer les vapeurs épicées de l’akoud et  pkailas....jusqu’à ce fameux premier jour de son mois de congé, après 20 ans de service.

Myriam ne comprenait plus rien....elle ne pouvait rester seule à la maison avec ses enfants à vivre cette angoisse permanente. Elle décida d’amener sa maman Tweyréh lui tenir compagnie et ainsi attendre la suite des évènements qui n’allèrent pas tarder à venir. Une semaine s’écoula sans nouvelle. Un R.A.S. .....complet sans poisson.

Puis au 10 ième jour...on frappa à la porte ....Touyera ouvrit .Un homme en uniforme de la police se tenait devant elle.

                          ‘Bonjour madame......Mme Myriam s’il vous plait...’

                          ‘Myriam.........ijjà en salla khiér = bonne nouvelle ‘

                          ‘C’est le commissaire Abderrazak qui m’envoie....il vous demande de passer le voir .....’

                         ‘Il a des nouvelles de mon mari...monsieur..?’

                         ‘Je ne peux rien vous dire madame.....’

Ni une , ni deux....Myriam jeta son tablier de cuisine par terre.....se donna un coup de peigne,

changea de robe et de chaussure.....un brin de fard à joues  et un coup de rouge à lèvres

(tà elli yé krani ou  habelli douni = de celui qui me détestes et me veut du mal) ......bref  elle se donna un air convenable et suivit le policier dans la voiture.

              ‘Bonjour madame Myriam.....les nouvelles en ma possession ne sont pas bonnes ......’

              ‘...Il est mort...... mon mari...?’

cria la pauvre femme dans le bureau du commissaire.

               ‘Non....non....calmez vous......’

Il hésita un instant avant ....   

              ‘Édouard est parti.....’

              ‘Parti..... ?..comment ça parti....’

              ‘Nous avons vérifié dans les ports et les aéroports....et  avons trouvé une fiche de police en son nom signalant un départ de Tunis par ‘ HABIB’  en date du 15/7/..à 16 heures 30 à destination de Marseille....’    

La femme faillit  s’évanouir.....ses joues blêmes et son regard perdu dans le vague fit craindre le pire au commissaire qui craignait que ‘sa cliente ‘ne tomba en syncope.

            ‘Parti.... ?.parti.....à  Marseille..... ? ouallia.....kifféch = comment....’

Elle répéta cette phrase au moins dix fois sans interruption.

Le commissaire avec précaution ajouta....

 

                 ‘Et pas seul....’mouch ouahdou....’

                 ‘Ahh.....comment pas seul commissaire...?

                 ‘Le personnel à l’accueil ....nous a indiqué qu’il était accompagné d’une jeune femme....une certaine Mlle Lydia Ben Mahmoud El Ayari......les billets de voyage portaient les deux noms....’

                 ‘Lydia...... ?.Ayari.... ? .mais je ne connais pas ....ya Rabbi.....Édouard ...arrab mè téflè...(sauvé avec une fille)....ce n’est pas possible commissaire .....il y a erreur......’

                  ‘Et pourtant madame.......j’ai poussé mes investigations jusqu’à téléphoner à la police des frontières de Marseille.....ils ont vu le couple  enlacé comme des amoureux.....’

La nouvelle s’abattit sur la tête de la pauvre Myriam comme un mur de béton qui tombe dans la rue. Elle ne croyait pas ses oreilles qui bourdonnaient comme si une mouche volait dans ses pavillons . Les larmes coulaient sur son visage comme une fontaine dont le robinet avait perdu ‘la tête’.  

Que s’est  t’ il donc passé, pour qu’Édouard , le mou , le gentil ait fui sa famille après 20 ans  d’un mariage morose et insipide..?

Revenons trois mois en arrière.....avant sa fuite. Sa femme Myriam , pour un prétexte futile , lui avait lancé en pleine figure , en présence de ses enfants ;

                 ‘Toi.....tu n’est pas un homme tout le monde le sait à la Goulette.....je vais aller voir ta soeur  la ‘pute’ et lui faire un scandale.....’

Mettant à exécution sa promesse et menace .....elle alla le lendemain traiter sa soeur de......

Une soeur orpheline et célibataire qui vivait à l’OSE, sans ressource ......Édouard, son seul frère , pourvoyait, de temps à autre ,à ses menus dépenses et argent de poche.

Édouard le sage, la guimauve, avait connu Lydia , au restaurant comme plongeuse. Elle était née d’un père musulman et d’une mère française. A force de se côtoyer, il finit par confier ses déboires conjugaux à celle qui allait devenir sa maîtresse. Ils échafaudèrent un plan de fuite ,en secret. Et c’est ainsi qu’Édouard et Lydia s’envolèrent vers leur ’bonheur’..... qu’ils croyaient réel et durable. L’idylle dura ce que dure la vie des papillons.....Devant les exigences et les caprices de sa ‘belle de nuit’.....Édouard finit par la quitter.

Lydia , sans ressource et sans papier se retrouva  sur le macadam, comme les valises ‘Cohen’,

à user ses talons , la nuit, du coté de la Porte de la Chapelle. La police l’embarqua un soir ,

l ors d’un contrôle de routine ...et l’expulsa vers son pays d’origine. Quant à Édouard ,il trouva une place de ‘casse-croutier ‘ à Belleville ‘chez.....’Mac Ascher’...

Un jour de forte neige, il glissa sur les pavés de Paris....sa tête est venue heurter le bord graniteux du trottoir.......triste fin.

Le fait est vrai......il abandonna réellement sa famille sur le trottoir ......sans jamais revenir....

Les noms cités dans cette nouvelle ne sont que pure imagination et ne peuvent prêter à aucun malentendu.

 

albertsimeoni <albertsimeoni@wanadoo.fr


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