| Accueil | Annonces | Arts | Calendar | Cartes | Chat | Commentaires | Communautés | Coutumes | Culture | Délires
| Enregistrement | e-Souks | Forum | Fun | Galerie Photo | Genealogie | Harissatheque | Histoire | JRencontre
 | Kandil | KesTuCherch | La bouffe | Links | Loterie | Medias | Musique | Objectif | Paracha | Plan du site | Portail
| Recherche | Religion | Sommaire | Sondages | Souvenirs | Telecom | Tunes Célèbres | Voyages  |
 

 

LE WEB DES JUIFS TUNISIENS

 

LA VIE A LA GOULETTE, PART XIII


jukeboxcaption.jpg (16941 bytes)

getfreerealaudio.jpg (1879 bytes)


   dinoiabaji1.JPG (3550 bytes)

Georges Hayat et sur la droite c'est Pierre Auguste Guetta (mon pere) (surnomme Bagi, Bagino ou Fraji.)



Comment s'habillait-on a La Goulette ?
Il y avait deux styles bien distincts : Le style tunisien et le style francais.
Nos bonnes venaient chez nous avec un voile blanc qui les couvrait de la tete aux pieds. C'etait comme un drap blanc, elles le mettaient d'abord sur la tete, puis tournaient les coins tout autour du visage en mettant le drap en dedans puis elles attachaient le drap autour de leur taille sur une ceinture ou en noeuf et cela les couvrait completement.
En sortant, elles couvraient la moitie de leur visage et tenaient le voile avec leur main, ne devoilant que les yeux. Sous le voile blanc, elles avaient une jupe ou une robe plutot longue.  et c'est comme ca qu'elles travaillaient chez nous. C'etait des femmes tres courageuses et tres fortes physiquement. Quand je dis fortes, je ne veux pas dire grosses, je veux dire que de faire le menage leur donnait des muscles dans les bras et les jambes. Elles etaient en tres bonne forme physique. On les nourrissait avant qu'elles ne commencent a travailler le matin. Elles prenaient un cafe avec du pain et discutaient avec ma mere des travaux a attaquer pour la journee. Comme il y avait toujours des bebes chez nous, chaque jour il fallait laver les langes (a la main) et ca faissait partie de la routine journaliere. En hiver, elles devaient aussi faire le parterre et  tout le reste car on etait a l'ecole. Elles travaillaient tres tres vite, car elles avaient d'autres clientes a aller voir. Elles dejeunaient puis partaient rapidement. Elles n'etaient payees que deux ou trois francs (200 ou 300 millimes)
Nous, on ne mettait pas le voile ou quoi que ce soit pour sortir ou pour aller a l'ecole car on n'etait pas musulmans mais meme les jeunes musulmanes allaient a l'ecole habillees comme nous, en vetements modernes et sans voile.  On suivait plus ou moins la mode de France car les vetements etaient faits avec les modeles des derniers magazines francais.   Comme en France, les jeunes sont passes par la mode du mini, du courege blanc et noir, du rouge, des chemisettes transparentes puis l'ete d'apres des chemisettes froissees puis l'annee d'apres des chemisettes a carreaux, etc, etc.
Les hommes s'habillaient en costume et cravate pour aller a Tunis. On repassait regulierement leurs chemises. Le samedi, certains hommes mettaient la Djebala blanche pour aller a la synagogue ou tout simplement pour etre a l'aise a la maison. Les Djebalas s'achetaient aux souks de Tunis et moi meme j'en avais achete une tres belle pour moi que j'ai laissee en Tunisie, a mon depart. Les meres s'habillaient en robe jusqu'aux chevilles pendant tres longtemps et apres c'est passe jusqu'aux mollets puis au dessous du genou et apres au genou et apres un peu au dessus du genou.
Les femmes adultes adoraient les robes a motifs fleuris et aux couleurs gaies. En ete, on voyait beaucoup plus de couleurs dans les rues. En hiver, bien sur, on sortait en manteau, marron ou gris. Les femmes ne mettaient pas du noir comme en France. Le noir etait reserve pour les deuils. Par contre, en France, la robe noire du soir, c'est classique. En Tunisie, c'etait inacceptable de porter du noir pour le soir ou les soirees de fete. Adulte, je suis allee chez ma mere en robe noire, elle a ete choquee. Elle ne comprenait pas pourquoi je mettais du noir si je n'etais pas en deuil et m'a demandee de l'enlever. Psychologiquement elle ne comprenait pas pourquoi quelqu'un mettrait du noir. J'ai essaye de lui expliquer que c'etait a la mode. Ca n'a pas colle.
D'acheter dans un magasin des habits tout fait, c'etait considere un luxe et d'acheter les tissus et de les faire soi-meme ou chez la couturiere du coin, etait considere economique.
De nos jours, c'est l'oppose, ca coute tres cher de faire quoi que ce soit sur mesure.
Lorsque j'etait jeune fille, des fois, je prenais les patrons dans les magazines et je faisais quelques robes d'ete moi-meme. C'etait tres simple a faire et comme j'avais pris des cours de couture a l'ecole, il me suffisait de suivre les instructions. A l'ecole Pigier, on enseignait la coupe, et les cours etaient complets. Une des instructrices etait une jeune francaise. Elle etait petite avec des cheveux blonds tres longs et elle etait fille unique.  Je m'en rappelle car j'etais allee chez elle un jour a Tunis et elle me disait que tous les matins elle prenait un bain. Elle me disait "si je ne prends pas un bain chaque jour, je me sens mal". Comme, je n'avais pas de salle de bain chez moi, j'ai trouve ca excessif. Nous, on ne prenait des bains que trois fois par semaine et c'etait plutot des douches dans la cuisine. On devait chauffer l'eau sur le Primus puis la rendre tiede avec un peu d'eau froide puis se laver et se rincer.
Maintenant bien sur, je la comprends, car je me sens mal si je ne prends pas une ou deux douches par jour. C'est ce a quoi on est habitue qui nous semble "la normale" et en changeant nos habitudes on change nos perceptions des choses.
Pour les habits, tout le monde avait des habits pour l'interieur, pour faire le menage, etc.., et des habits pour sortir qui etait repasses et  bien entretenus. A moins de travailler a Tunis, avant de sortir, on se changeait pour aller au cafe. On savait qu'on allait rencontrer des jeunes gens et on faisait tout pour pouvoir leur plaire. On se maquillait, on achetait les chaussures les plus sexy et on essayait d'attirer leur attention.
C'etait tout un defile de mode sur la rue principale. Les hommes aussi, ils mettaient de belles chemises a la mode et ils sortaient bronzes et prets a aller draguer les filles. Beaucoup mettaient de l'eau de cologne. Pour les cheveux, les hommes dans les annees 50 peignaient leurs cheveux avec un gel qui les faisait briller et qui leur donnait le "WetLook". Ils avaient des cheveux tres courts, coupe classique avec une raie sur le cote.
Les femmes allaient regulierement chez le coiffeur surtout le vendredi apres midi et ca coutait 5 ou 6 F (500 ou 600 millimes) pour shampooing et mise en pli. Il y avait un style assez standard pour les femmes avec boucles sur le cote et variations et ca tenait avec un "spray".
Les permanentes etaient plus cheres mais comme elles voulaient faire comme leurs amies, elles essayaient ca de temps en temps. Nous les enfants, on avait la coupe carre et on allait chez le coiffeur une fois par mois ou tous les deux mois. On gardait les cheveux courts jusqu'a ce qu'on devenait jeune fille et ou on pouvait choisir nos styles plus librement et les laisser pousser. Les jeunes hommes bien sur, continuaient a aller regulierement chez leur coiffeur pour garder leurs cheveux courts.
Je n'ai jamais vu les cheveux tres tres longs chez les hommes comme on le voyait dans les annees 70s dans d'autres pays.
J'ai oublie, le soir, certaines musulmanes portaient le voile noir pour sortir et certains hommes sortaient avec des Djebalas en couleur dans le cafe de la Goulette Vieille qui donnait sur la plage. Bien que La Goulette n'etait qu'une petite ville de 25 000 habitants, chaque section de La Goulette avait son style.
Dans les annees 50, toutes les femmes avaient un tailleur gris classique qu'un tailleur leur faisait et c'etait devenu une mode. Elles le mettaient pour le samedi ou pour aller a Tunis.
D'aller a Tunis, etait un expedition pour ma mere car elle devait trouver quelqu'un pour garder les enfants et puis avoir assez d'argent pour le faire car elle allait a Tunis pour faire quelques achats de tissus ou choses qu'elle ne trouvait pas a La Goulette et pour voir sa cousine. Je me rappelle je pleurais et je hurlais jusqu'a ce qu'elle m'emmene avec elle mais des fois elle partait sans moi malgre mes pleurs et mes cris car elle n'avait pas assez d'argent pour payer le train pour moi.
Elle me rassurait qu'elle rentrerait vite. Je ne payais pas jusqu'a l'age de 4/5 ans je crois et apres il fallait que je paye moitie prix jusqu'a douze ans je crois.
Dans l'apres midi, le train etait plus ou moins vide et etait complet a la rentree des travailleurs de Tunis vers La Goulette et la banlieue comme le Kram et Carthage qui se trouvent juste apres La Goulette Casino et Kheredine. Le terminus du train etait  La Marsa. Il y avait deux classes. 1ere et seconde. et on achetait les billets au guichet de Tunis ou dans le train. Quelquefois il y avait un controleur. Une fois, je ne trouvais pas mon billet et j'ai explique au controleur que je l'avais perdu et que je ne voulais pas repayer. Il a explique ca a son surperviseur et ils ne m'ont pas fait repayer. C'est rare cette confiance des gens. Dans d'autres pays, il n'y a pas de confiance ou de discussion: si on ne trouve pas son billet, on repaye et on a meme une amende.
Ca c'est, dans certains cas, l'infinie bonte de certains tunisiens, que je n'oublierai jamais.
Pour en revenir aux habits, en hiver, les pulls et les layettes etaient tricotes. C'etait un tres grand business. On achetaient des pelottes de laine et on les donnait a la
dame qui nous les tricotait a la main. Pour faire des motifs sur le pull, c'etait plus cher. Puis la machine a tricoter est apparue dans les annees 60s et certaines femmes l'on achetee. Elles vendaient aussi la laine qu'elles achetaient en gros. Elles nous tricotaient des pulls ou des robes beaucoup plus rapidement, en un jour je crois.
D'autres, avaient des machines pour refiller les bas. Si un bas avait une fillure, c'etait reparable et le bas etait rendu tout neuf pour 1 franc (100 millimes). De nos jours bien sur, on ne repare pas les collants, on les jette des qu'ils se maillent.
Les femmes de La Goulette, faisaient des robes de soiree a chaque occasion qu'elles pouvaient: Bar Mitzva, fiancailles, mariage.
Elles achetaient des tissus brilliants ou soyeux de tres belles couleurs et elles engageaient des couturieres a la journee c'est a dire que la couturiere n'etait pas payee a la piece et faisait autant de robes que possible pour toute la famille en une journee et elles aidaient la couturiere a coudre les ourlets et tout ce qu'elles pouvaient.
La couturiere faisait surtout la coupe et les parties difficiles. Certaines femmes avaient des machines a broder et elles faisaient ca pour elles et pour leurs amies.
Bien sur, les plus pauvres ne pouvaient pas se permettre de faire ca et s'habillaient. des habits des autres qui leur etaient donnes.
Les habits de mariage des maries juifs et francais etaient robe blanche avec le voile pour les femmes et les hommes en costume ou toxedo et les habits de mariage des musulmans etaient de tres belles robes avec des pierres brillantes ou de belles broderies et les hommes je ne m'en rappelle pas car on ne voyait pas tellement les hommes dans leur fete.
Surement des costumes traditionnels ou des costumes modernes. Les hommes musulmans s'habillaient des fois avec des pantalons large un peu bouffants et attrappes autour de la taille avec une sorte de bandeau en tissu. Certains mettaient la chechia rouge, qui, on m'a dit, est un signe de croyance en Dieu. D'autres plus ages mettaient des fois la chechia plus grande, noire avec un pompon en haut.
On pouvait bien sur, trouver de tres beaux habits traditionnels dans les souks de Tunis.
Je me souviens aussi que petite, je mettais des bottes ou plutot des bottines tres confortables et souples, en hiver. Apres, il y a eu la mode des bottes jusqu'aux mollets et meme jusqu'aux genoux. Tout le monde en achetait.
A Tunis, presque tout le monde s'habillait style europeen a part je crois dans les souks. Il ne faut pas oublier que beaucoup aussi s'habillaient a la frippe qui etait tres bon marche et pret a porter. Certaines personnes n'achetaient des habits neufs que pour Kippour et Paque.
Mais je me rapppelle que les meres de famille donnaint les habits qu'elles n'utilisaient plus pour leurs bebes ou enfants a leurs amies. Si une mere avait besoin d'habits pour ses enfants, elle en parlait autour d'elle et elle en trouvait tres vite. Les communications etaient plus rapides que par l'internet : les messages passaient de bouche  a oreilles au marche et tout le monde savait ce qui se passait. Peut etre que je dois ajouter quelques mots sur les costumes de danse. Dans les fetes on dansait habilles normalement et quelquefois on ajoutait un echarpe autour des hanches, les danseuses sur scene s'habillaient en costumes traditionnels, couvertes de la tete aux pieds avec la ceinture autour des hanches si elles dansaient le malouf. Certaines savaient danser avec la derbouka sur la tete. Les groupes comme Raoul Journo et co. apportaient des danseuses qui s'habillaient en style egyptien que vous connaissez tous, en deux pieces de plusieurs couleurs et style. Les hommes pouvaient aussi s'habiller en costume traditionnel avec une sorte de bandeau sur la tete et ils dansaient ou en s'acompagnant d'une canne ou d'un sabre ou meme d'un serpent. Dans les fetes juives, c'etait surtout des femmes danseuses, et apres, tous les invites remplissaient la scene et dansaient. Moi, j'aimais beaucoup danser en arabe. Un jour j'enverrai une cassette video pour Harissa.com

A la prochaine

aline@french-american-tv.com


| Accueil | Annonces | Arts | Calendar | Cartes | Chat | Commentaires | Communautés | Coutumes | Culture | Délires
| Enregistrement | e-Souks | Forum | Fun | Galerie Photo | Genealogie | Harissatheque | Histoire | JRencontre
 | Kandil | KesTuCherch | La bouffe | Links | Loterie | Medias | Musique | Objectif | Paracha | Plan du site | Portail
| Recherche | Religion | Sommaire | Sondages | Souvenirs | Telecom | Tunes Célèbres | Voyages  |
 
Pour toutes informations, critiques et commentaires, envoyez un email a : jhalfon@mediaone.net
copyright 1999. J. Halfon. All rights reserved.