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LE WEB DES JUIFS TUNISIENS


LA VIE A LA GOULETTE PART VII


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L'interieur du Rex a l'ouverture


On peut dire que la vie a la Goulette etait une vie heureuse. On n'avait pas de telephone ou television, On avait une radio qui tombait souvent en panne (on la reparait en frappant dessus de plusieurs cotes ou en manipulant quelques pieces) et on ecoutait la musique arabe de temps en temps et le top 50 des chansons francaises pendant l'heure de dejeuner
dans les annees 60s.
C'etaient des radios pleines d'ampoules a l'interieur et ca se cassait quand les enfants les faisaient tomber.
A part ca, il n'y avait rien d'autre a la maison. Notre vie se passait surtout a l'exterieur. Si on voulait parler a quelqu'un, on allait les voir en personne. De nos jours, si on faisait ca sans d'abord appeler, on nous prendrait pour des fous. Les contacts humains etaient donc tres developpes
Sur l'avenue Habib Bourguiba, le matin, toutes sortes de marchands circulaient avec leur charettes pleines de legumes, de fruits, de tissus, ou d'autres marchandises et les menageres sortaient voir ce qu'il y avait et marchandaient pendant des heures. Elles ne payaient jamais le prix demande initialement par les marchands alors c'etait des discussions a n'en plus finir et personne n'achetait quoi que ce soit au meme prix. Et apres, c'etait les discussions entre les menageres sur les prix qu'elles avaient payes et elles comparaient et disaient tel marchand est un voleur ou tel marchand leur a vendu quelque chose de mauvais et qu'il fallait l'eviter ou encore tel marchand est bon, retournez chez lui....
On apportait tout a dominicile. Les menageres payaient 50 centimes a des petits arabes pour transporter les couffins de nourriture a la maison.
En ete, c'etait les marchands de glaces l'apres midi qui venaient chanter sous nos fenetres et les enfants  sortaient acheter des glaces ou des citronades. Le matin c'etait  les marchands de beignets ou de cidre ou de legumes. En hiver, c'etait un peu moins actif car les enfants etaient a l'ecole et il faisait froid.
Les meres allaient au marche chaque jour pour acheter le dejeuner et le diner. C'etait un immense marche avec un tres grand choix de fruits et legumes. Les poules etaient tuees devant nous. C'etait horrible : les menageres choisissaient une poule dans une cage et le rabin leur coupait la gorge et la poule sautait pendant quelques instants puis mourrait par terre
et tout de suite apres quelqu'un la deplumait. C'etait cruel.
Petite, j'evitais de manger de la viande, meme le vendredi je sortais acheter un sandwich au thon et ma mere se plaignait que le vendredi il fallait manger un peu de viande et qu'apres tout son travail de la journee, j'allais manger dehors. En effet, c'etait beaucoup de travail, car il fallait allumer les canounes au charbon et tout faire cuire pendant des heures. On avait un primus mais on ne pouvait y mettre qu'une casserole a la fois dessus. On y faisait cuire les choses qui n'avaient pas besoin de cuisson lente. La cuisson au conoune permettait aux aliments de cuire lentement et donc la viande devenait tres tendre et les legumes y laissaient toute leur saveur. Les desserts n'etaient jamais des gateaux mais des fruits frais. Les gateaux, c'etaient pour les gouters du samedi apres midi. Tout etait achete au jour le jour car la majorite n'avait pas de frigo. Ce qui etait tres bien car on mangeait toujours des choses fraiches et rien en boites.
Tous les jours c'etait un mini-thanksgiving avec des repas meilleurs que ceux de thanksgiving.(fete americaine ou les americains cuisinent un peu).
Les bouchers juifs, comme Claude, etaient les endroits de rencontre car en attendant leur tour d'etre servies, les femmes parlaient et apres elles rentraient raconter a leur bonne ou a leur mari les derniers cancans.
Les gens n'achetaient le journal qu'a Tunis et de lire le journal n'etait pas une pratique chez les Goulettois.
Donc leurs sujets de discussion consistaient a echanger des recettes et les essayer le lendemain, a parler des derniers evenements comme mariage, naissance ou deces et a parler de leurs enfants et mari.
Alors la plupart des conversations commencaient comme ca :

"Bonjour comment ca va? et ton mari? et tes enfants? et ta tante? etc. etc.. puis quelqu'un se plaignait que quelqu'un de la famille a ete malade. C'etait le moment des lamentations, l'autre personne repondait: oui, moi aussi j'ai ete malade ou telle personne de la famille a eu telle maladie, etc.. pour eviter le coup d'oeil, il fallait se plaindre de quelque chose,....  et apres un peu de commerage sur telle ou telle voisine et apres au revoir et a demain". Elles portaient toutes un poisson ou une main de Fatma sur un collier ou dans un sachet plein de je ne sais pas trop quoi, contre le coup d'oeil, dans leur soutien gorge, attrape avec une epingle a nourice.
Quelquefois, les conversations s'allongeaient et les meres rentraient en retard a la maison pour faire le manger et se depechaient avant que les enfants et le mari rentrent pour manger. Dans l'apres midi, c'etait le linge et le repassage. Le repassage se faisait regulierement apres chaque lessive ou chaque 2 ou 3 jours quand le linge a repasser s'accumulait. Les gens passaient des heures et des heures a repasser tout en ecoutant la radio et en s'occupant des gosses. C'etait des ferres a repasser en metal, certains etaient tres lourds. Quelques annees plus tard, les fers electriques remplacerent ces fers archaiques. Certaines menageres repassaient meme les draps. Les seules choses qu'elles ne repassaient pas c'etait les habits en tergal. Elles parlaient du tergal comme de l'invention du siecle car ca ne se froissait pas.
Comme il n'y avait pas de television, tout le monde allaient au Cinema Rex
Moi, j'allais au moins 3 ou 4 fois par semaine car ce n'etait que 10 sous
pour les enfants et souvent je rentrais avec un/une adulte et je ne payais
pas. Les enfants allaient avant l'entree et cherchaient quelqu'un qui voulait bien les faire rentrer avec eux. Les adultes pouvaient apporter un enfant ou deux avec eux gratuitement.. Les peres de grande famille faisaient rentrer toute la famille avec un ou deux billets. Et le cinema etait complet rapidement. Comme les films restaient quelquefois une semaine, on revoyait les memes films souvent. Moi, j'aimais Tom et Jerry et les films de Walt Disney. J'aimais les comedies avec Doris Day ou Gary Grant ou les films Western avec Burt Lancaster, John Wayne, Kirk Douglas, etc..
Quand j'avais 6 ans, j'ai revu le film Psycho avec Anthony Perkins 6 fois et a chaque fois je fermais les yeux pendant la partie du meurtre dans la douche. Je l'ai vu autant de fois non pas parce qu'il m'interessait comme film mais parce que cette semaine la, il n'y avait rien d'autre a l'affiche.
Je me rappelle quand le film les 10 commandements est arrive, la salle etait pleine pendant deux semaines. Les gens revoyaient ce film 3 ou 4 fois.
Et apres il y a eu le film "La Bible" qui n'avait pas eu autant de succes. Je me rappelle qu'un jeune juif avait dessine a la craie ou a la peinture des murails pour ces films a l'entree et sur les murs de l'interieur du cinema.
Il etait le Leonard de Vinci de la Goulette. Le propietaire du cinema l'a
engage a faire ces peintures quelques fois et apres, ca s'est arrete.
Les films arabes etaient surtout des film egyptiens et les meres allaient quelques fois le samedi apres midi ou la nuit.
Le proprietaire du Cinema Rex etait tres gentil et il faisait tout pour
ne refuser personne. Il y en a meme qui rentraient a credit.
Quand il y avait un film qui avait du succes, les gens se precipitaient a l'entree et poussaient et beaucoup d'enfants et meme des adultes rentraient sans payer. La personne qui prenaient les billets a l'entree ne pouvait pas controler la foule qui se ruait, et tout verifier et dans le cinema, les gosses s'assayaient sur les marches quand toutes les places etaient prises, comme pour les films de Jerry Lewis qui avaient un succes fou et etaient ouverts a tous les ages. Les gosses riaient a n'en plus finir et frappaient des mains quand le film se terminait.
Apres le film, la salle etait couverte d'ecorses de glibettes et cacahuetes, et ca puait car il n'y avait pas tellement de ventilation alors entre 2 seances
ils ouvraient les portes et aeraient la salle.
Le dimanche matin, les enfants s'alignaient et attendaient l'ouverture du
cinema a 11h pour voir des dessins animes. Les prix etaient tres bas et tous les enfants de la Goulette etaient la. Quelques fois il y avait des seances gratuites pour tous les enfants. C'etait le proprietaire qui offrait ca aux enfants et les adultes n'etaient pas admis.
La pub au cinema c'etait pour la lessive OMO. Les menageres achetaient ca le lendemain avant tout. Puis c'etait le dentifrice Colgate. Tout le monde commencait a en acheter mais la plupart des gens n'avaient pas encore de brosses a dents. Tout le monde avaient des caries et n'allaient chez le dentiste que lorsqu'ils avaient tres mal.

On parlera de ca une prochaine fois.

 

ALINEDI@aol.com

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L'entree du Rex dans les annees 80's

 


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