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Je réponds finalement a ta question "Les Uniformes Des
Travailleurs" sujet qui a été d'abord provoqué par Mr Tahar directeur de l'ecole
de Malta Srira l'Alliance ) il fallait trouver comment habiller les travailleurs de toutes
classes, certains étaient volontaires de travailler pour les allemands (40 francs par
jour) c'était énorme pour ceux qui n'avaient pas le sou, la classe moyenne composée
d'artisans, patrons de petits magasins etc.. et puis il y avait la haute classe, il a
été décidé que tous devaient porter un uniforme, le meme pour tous, ceux qui venaient
cravatés et les autres avec des espadrilles en hiver, je m'excuse mais j'ai été mélé
a toutes les sauces, je ne me rappelle d'aucun nom sauf ceux dont on parlait sans arret,
Paul Ghez, Mr Tahar, Mr Hakim (directeur de la hafsia) qui était le pere de mon ami Max,
les Borgel, Bessis de la soukra et je passe, meme si je connaissais les noms, cela
remplissait plus qu'une page, j'essaie d'abréger parce que rien que sur les uniformes il
y a de quoi écrire un livre. Donc a l'unanimité tout a été décidé en quelques
heures, couleur une seule a retenu l'attention, proposée par Mr Sebag de la Briqetterie
de El Omrane, "BRIQUE" pour l'uniforme, la casquette, les chassures montantes,
et il y avait meme des gants en flanelle, chemises aussi étaient de la meme couleur ainsi
que les chaussettes. Le dessin a été fait par Mr Henri Farion qui était au dessus des
Darmouni et Bokobza au 4 et 6 rue de Bordeaux, comme Dessinateur le dernier étage avec
verriere, il n'était pas juif mais sa cervelle l'était, ses dessins ont été approuvés
par tous. C'était la réplique de l'uniforme allemand. depuis les chaussures jusqu'a la
casquette, les tissus ont été offerts par certains grossistes de souk el grana, les
tissus de provenance diverses n'avaient pas tous le meme ton, les flanelles et tissus pour
chemises, les cuirs, tout a été offert, quelques noms dont je ne me rappelle que
quelques uns, Bismuth et d'autres pour les cuirs et peaux, les Halfon, Simon de la
Société Cotonia et Victor la rue Malta Srira, les coupeurs et entrepreneurs les Uzan:
Jacques beau frere de Douieb Sport et Sauveur beau fils des Barouk( de Nabeul ) et
Beausite, toutes les femmes avec machine a coudre ont participé et le tout a été
terminé en une quinzaine de jours.
Une fois habillés d'une réplique de l'uniforme allemand de couleur
"BRIQUE" sans aucune distinction entre la haute classe et la classe ouvriére,
le but s'est avéré bien clair et bien net, d'abord gagner le maximum de quoi nourrir
leur famille et la somme de 40 ou 60 francs par jour n'était pas énorme, tout était
rationné, un pain de un Kilo coutait 40 francs au marché noir, on n'avait en ration
quotidienne que 100 grammes, et en viande il n'y avait d'abord 100 grammes par semaine,
qui sont devenus 50 apres, naturellement du marché noir de tout, de partout, beaucoup ont
fait un argent fou, et d'autres n'arrivaient a survivre avec les bons de rations. Tres
rares étaient les boulangers Juifs, un a la rue du Voile ou a grandi Raymond Gozlan qui
finissait sa vente apres moins d'une heure, des queues il y en avait de partout pour
n'importe quoi, l'huile, le savon, le sucre, les cigarettes et tout ce qui était de
consommation courante, les femmes aussi avaient droit aux cigarettes,les non fumeurs
vendaient leur ration, les échanges de n'importe quoi marchait de partout, la seule chose
qui était tres difficile a trouver ou a acheter meme au marché noir la viande Cacher
était tres rare, par contre dans tous les quartiers arabes il y en avait plein malgré le
rationnement, les trains étaient pleins de voyageurs de l'intérieur depuis Sfax et tout
le Sahel, Ain Draham, Nabeul, Le Kef jusqu'a Tunis avec de l'huile et du savon, du pain de
la banlieue et les villes qui disposaient de blé. eux ils n'ont pas souffert comme
les vrais Juifs Tunisois, les riches ont souffert le plus (financierement) ils avaient
pourtant plein de relations dans les administrations mais ils avaient peur de se faire
attrapper malgré leur classe.
A l'arrivée, a la gare de Tunis personne n'avait plus ni bidons, ni paniers et ni sacs,
lls se débarrassaient de toutes marchandises destinées au marché noir depuis les
marches des que ralentissaient les trains aux tournants quelques km avant l'arrivée
a la gare, les sacs de blé doublés subissaient le meme sort, les pauvres Juifs Tunisois
ont meme appris a faire du savon a la cuisine, je peux conclure que personne de la
campagne, des fermes, du sud ou de l'interieur n'ont eu a subir les privations, la famine
et l'angoisse des ceux qui habitaient la Hara, la Hafsia etc.
Les Policiers en majorité Corses et Arabes surtout se faisaient un kif personel de fermer
les magasins des Juifs avec des scellés avec une pancarte énorme ROUGE lisant
"FERME POUR HAUSSE ILLICITE" ou "MARCHE NOIR", ils se faisaient
attrapper des qu'ils ouvraient leurs magasins, surtout dans les souks et les quartiers
pauvres. La plupart des commercants juifs avaient fermé leurs magasins, la plupart des
patrouilles d'Allemands étaient aussi accompagnés de Tunisiens portant casques et
uniformes de boches, de ce coté soyez tranqilles tous ces Tunisiens volontaires
dans les unités allemandes ont payé vendredi le 7 Mai 1943 au soir ou au plus tard le 8
malgré que c'était SHABBATH et qu'il ne fallait pas se servir d'armes a feu.
Les travailleurs ont sauvé leurs peaux et celles des leurs en fraternisant avec les
Allemands, ils se sont conduits en diplomates, ils ont dompté, amadoué, et converti meme
ceux qui étaient fraichement arrivés décorés de Stalingrad, sans leurs escortes de
travailleurs juifs les soldats isolés ou les patrouilles se faisaient accompagner par des
jeunes voyous de Tunis, les juifs en uniforme "Brique" se proposaient de les
accompagner pour ne pas les laisser aller seuls vers et dans les maisons juives,
commettre. vols et souvent viols, lorsque les travailleurs juifs étaient avec eux ils les
orientaient ailleurs, leur faisant des fois perdre des et leur enlever de la tete ce
qu'ils prévoyaient faire, connaissant a l'avance leurs heures de retour a la caserne, ils
les promenaient la plupart du temps dans les quartiers pour leur faire déguster les
patisseries arabes, et souvent meme dans les Synagogues de la Hara et de la Hafsia,
beaucoup de patrouilles étaient accompagnées au moins de un soldat qui parlait français
(Alsacien ou Lorrain) on reconnaissait de suite d'apres leur accent et cela a duré
pendant presque toute l'occupation de Tunis, ils se sont servis des soldats pour les
éloigner ou les occuppaient vers autre chose.
Au kiosque de l'avenue Jules Ferry face a la rue de Grece, il y avait toujours un
orchestre en uniforme qui jouait de la musique surtout du Wagner, les petits(juifs)
marchands de cakes salés et macarons aux cacahuetes étaient toujours la, grace a la présence et la protection des Uniformes de couleur Brique.
A suivre...
Simon Barouk
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