Prend les ailes de la colombe,
Me dis-je parlant a moi meme, et fuis dans le desert
Que la solitude des contrees arrieres de ce monde
Me separe enfin des pervers.

Que ferait un agneau espiegle et paisible
Parmis des loups cruels, des tigres devorants ?
Quelle force, quel miracle invisible
Peut me defendre des tyrans.

De ces cœurs soupconneux, suceptible et avares,
Je redoute leurs fureurs et meme leurs bienfaits
Ils ont reussi a me rendre barbare
Puis, a ce que je demande forfait.

Ils ont viole mon independance
Ils m’accusent d’etre vulgaire, C’est leur droit.
Mais, si la bassesse et l’impudence
Succedaient a l’orgueil des maladroits ;

Si la grace d’une main charmante
Pouvait guider mes pas
Pour pouvoir retrouver d’autres variantes
Quand leurs bras enfoncent mon trepas.

Grace a la muse qui m’inspire
Je me battrais a tout moment
Et nul ne pourra me detruire
Ni la hargne, ni le flot d’ecrits ecuments.

Je braverais ces tyrans avides
Plus hardis que les pyramides.
Qu’atteste leurs masses insensees ?
Rien qu’un neant ombragé.

L’ouvrage de la suceptibilite
Semble sombre et brumeux.
On pense qu’on est deshonorés
Et d'un coup, tout devient orageux.

Naif,je croyais que la generositee des cœurs
Etait donne a tout le monde.
Moi qui voulait vanter vos douceurs
Je n’emet qu’un cri amer fendant les ondes.

Victor Cohen.

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