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"Arafat n'a pas prepare son peuple a la paix" (Dennis Ross, ancien emissaire de Clinton au Proche-Orient . Liberation 2/6/01)

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Dennis Ross, ancien émissaire de Clinton au Proche-Orient : "Arafat n'a pas préparé son peuple à la paix"

Recueilli par Pascal Riché, Libération

Dennis Ross a été pendant quatorze ans le principal négociateur américain dans les pourparlers de paix entre Palestiniens et Israéliens. Il a quitté ses fonctions à l'arrivée de l'administration Bush. Il a rejoint depuis le Washington Institute for Near East Policy, un centre de recherche dédié à la situation au Proche-Orient, considéré comme pro-israélien.

Libération : A votre avis, comment les Etats-Unis peuvent-ils arrêter la violence?

Dennis Ross : Le gouvernement américain s'efforce de changer la situation en s'appuyant sur le rapport Mitchell qui fait une série de recommandations, mais il faut maintenant construire un
plan opérationnel. Les deux parties ont chacune déclaré qu'elles acceptaient le rapport, mais elles l'interprètent différemment. La question est de savoir s'il est possible de réconcilier
leurs interprétations. C'est ce que Bill Burns (l'émissaire du secrétaire d'Etat Colin Powell, ndlr) essaye de faire. C'est un type bien et j'ai une grande confiance en ses capacités.

L. : Les Palestiniens ont accepté le rapport Mitchell, mais les Israéliens ont émis des réserves, notamment sur la question du gel des colonies...

D.R. : Ce n'est pas vrai. Les Israéliens disent: "Nous acceptons le rapport Mitchell, mais ce dernier dessine une séquence. Commençons donc par la première étape, à savoir l'arrêt des
violences." Les Palestiniens, de leur côté, disent: "Nous voulons savoir si vous acceptez l'intégralité du rapport Mitchell avant d'engager la première étape." Les Israéliens ne veulent
pas que la question des colonies soit isolée du reste du rapport, qu'ils sont prêts à accepter comme un tout. Si vous demandez aux Palestiniens s'ils sont d'accord sur tel ou tel point
précis du rapport, par exemple le désarmement des Tanzim (les milices du Fatah ndlr), croyez-vous qu'ils diraient sans hésiter "oui nous sommes d'accord sur ce point"? Ce n'est
qu'en commençant à discuter qu'on peut peu à peu donner du sens aux mots "accepter le rapport Mitchell."

L. : Arafat a-t-il l'autorité suffisante pour arrêter les violences?

D.R. : Oui, mais plus le temps passe, plus cela sera difficile. Aujourd'hui, rien ne me fait penser qu'il cherche à arrêter les attentats terroristes. Au contraire, il continue à libérer
des gens. Il a des moyens d'agir, mais il ne veut pas le faire tant qu'il n'a pas une justification. Voici l'équation à résoudre: d'un côté, Arafat ne veut pas donner l'impression d'agir sans rien avoir obtenu en retour, et, de l'autre, Sharon ne veut pas faire une concession à Arafat, car cela démontrerait que la violence est payante.

L. : Que pensez-vous de la façon dont l'administration Bush s'implique - ou plutôt ne s'implique pas - dans la résolution du conflit?

D.R. : Lorsqu'ils sont arrivés, les membres de la nouvelle administration avaient la ferme volonté de se distinguer de l'équipe précédente. A leurs yeux, le président Clinton était
personnellement trop impliqué, et sa méthode n'a pas abouti. Par ailleurs, il était impossible de rivaliser avec lui en termes d'effort, d'engagement, de temps passé, de ressources, d'idées... Mais le Proche-Orient a fini par s'imposer à eux, comme il s'est imposé à toutes les administrations américaines. Il est très important d'être très présent lorsque les deux parties ne peuvent plus se parler. Et quand, au contraire, des décisions fondamentales sont à portée de main, il faut se retirer de la scène et rester en coulisse: se tenir prêt à aider, à donner des garanties, des assurances, des montages financiers, et laisser les deux camps décider de leur destin.

L. : Bush a reçu Sharon. Pensez-vous qu'il ait eu tort de ne pas inviter Arafat à la Maison Blanche?

D.R. : La nouvelle administration a voulu montrer qu'il n'y avait pas de situation acquise. Il était important pour elle de faire comprendre à Arafat que, s'il venait, cela devait signifier
quelque chose. Mais je pense qu'il est nécessaire de montrer à Arafat ce qu'il peut gagner, pas seulement ce qu'il peut perdre. L'administration Clinton insistait sur les gains, pas sur les
pertes; la nouvelle administration fait le contraire. Il faudrait trouver un juste milieu.

L. : Les travaillistes israéliens expliquent aujourd'hui qu'ils ont fait, sous le gouvernement Barak, des propositions extrêmement importantes aux Palestiniens, que ceux-ci ont refusé, signe
qu'ils ne sont pas prêts à faire la paix. Est-ce votre sentiment?

D.R. : Un mois avant la fin de son mandat, le 23 décembre, Clinton a avancé de nouvelles idées. Celles-ci allaient très loin, beaucoup plus qu'à Camp David. Elles étaient sans précédent. Elles auraient conduit à donner aux Palestiniens un Etat viable, qui aurait couvert presque toute la Cisjordanie et la bande de Gaza. Cette dernière aurait même été élargie à la suite d'un échange de territoires. La capitale de cet Etat aurait été à Jérusalem-Est. Les réfugiés palestiniens auraient eu un droit au retour illimité dans leur propre Etat. Il ne s'agissait pas de propositions israéliennes, mais d'idées américaines. A reculons, Barak les a acceptées. Mais les Palestiniens ont posé tellement de réserves qu'ils les ont vidées de leur sens. C'était une occasion historique, Arafat ne l'a pas saisie. L'occasion ne reviendra pas de sitôt: il sera désormais très difficile de trouver un gouvernement israélien qui acceptera d'aller si loin.

L. : Pourquoi Arafat n'a-t-il pas été capable de saisir cette occasion?

D.R. : La raison du blocage est à chercher dans sa propre psychologie. Je ne pense pas que ce soient les pressions de son entourage qui l'ont arrêté. Par le passé, Arafat a signé cinq
accords limités. A chaque fois, des Palestiniens ont tenté de l'en dissuader, mais il ne les a pas écoutés. Aucun de ces accords, toutefois, ne mettait un point final au processus, au conflit, aux revendications, au combat... Arafat n'avait donc pas à se redéfinir lui-même. Mais là, fin décembre, il fallait qu'il se redéfinisse. Il n'y était pas prêt.

L. : Son peuple était-il prêt?

D.R. : Arafat ne s'est pas préparé et n'a pas préparé son peuple à la paix. Il n'a jamais expliqué qu'on ne pouvait pas, dans une négociation, tout obtenir. Barak, lui, quelles que soient toutes les erreurs qu'il ait pu faire, avait préparé son public aux choix les plus difficiles.

L. : Quand diriez-vous que le processus de paix a déraillé?

D.R. : Un épisode, cela n'a pas été assez souligné, a eu un très fort impact sur les Palestiniens, et sur Arafat: le retrait israélien du Sud-Liban. Plutôt que de l'accueillir comme un événement encourageant, comme une initiative positive prise par le gouvernement israélien, ils l'ont perçu comme un signe de faiblesse des Israéliens. Certains Palestiniens ont commencé à parler du "modèle Hezbollah": "Vous voyez, la violence, ça marche." Mais le Sud-Liban n'a rien à voir avec la Cisjordanie et Gaza. Israël n'a pas d'histoire au Sud-Liban, de colonies, de liens religieux... Ce que les Palestiniens devraient garder en tête, c'est que quand les Israéliens se sentent en sécurité, ils sont capables de discuter et de faire des concessions.


[Le rapport Mitchell

Rendu public le 21 mai, ce rapport a été rédigé par une commission composée de personnalités internationales, et présidée par l'ancien sénateur américain George Mitchell. Le rapport avait été commandé par Bill Clinton en octobre dernier.

Il propose:

1) L'arrêt "immédiat et sans condition" de la violence, et la reprise du dialogue sur la sécurité.

2) Des mesures pour restaurer la confiance: lutte "à 100 %" contre les terroristes côté palestinien, gel de la construction des colonies israéliennes, etc.

3) La reprise des discussions politiques. Selon Dennis Ross, les deux parties devraient officiellement accepter dans les jours prochains les conclusions du rapport dans sa globalité, ce qui permettrait un arrêt de la violence, avec une date butoir, d'ici quatre à six semaines, pour se mettre d'accord sur les points du rapport les plus sensibles.]

© Libération, 2-3 juin 2001. 

 


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