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Shlomo Ben Ami sur les negociations israelo-palestiniennes (Passages, mai-juin 2001)

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Shlomo Ben Ami : « Tout doit être fait pour aboutir à un accord avec le monde arabe »

Propos recueillis par Emile Malet, Passages n° 109-110, mai-juin 2001


Quel bilan tirez-vous des premiers mois du gouvernement Sharon ?

S'il est difficile d'établir un bilan, ce qui commence à être clair, c'est que ce gouvernement n’a pas de sortie politique. Il existe un projet de réduire le niveau de violence, de créer une certaine stabilité mais sans qu'il y ait une idée claire de la sortie politique. Cette situation entre les Palestiniens et nous ne peut être résolue sans actionner un bras politique, avec le seul bras militaire ce sera impossible de trouver une solution, d'aller vers une
sortie politique. L'idée de Sharon d'obtenir un accord définitif avec les Palestiniens qui leur donnera un état palestinien sur 42% des territoires sans évacuer aucune des implantations est de la science-fiction. C'est à mon avis hors de question. Quant à son idée d'accord intérimaire sur une durée de 15 ans sans établir de vision claire de la solution définitive, elle ne pourra être acceptée par la partie palestinienne. Tout cela ne peut pas marcher.
En, somme, le plus gros problème qui m'apparaît de la part de ce gouvernement, c'est le manque de vision politique. Seulement, il me faut être sincère avec vous et avec moi-même et vous dire que tant qu'Arafat persistera dans son attitude actuelle, les Israéliens répondront en m'interpellant: "Mais vous, monsieur Ben Ami, qui avez donné presque tous les territoires, vous n'avez pas abouti à un accord avec Yasser Arafat, par conséquent il n'y a aucune différence entre vous (NDLR: l'ancien gouvernement Barak) et Sharon." Et ce raisonnement est exact, c'est vrai que Sharon propose moins et que nous proposions plus de restitutions territoriales. Ce qui démontre que le blocage ne vient pas des propositions israéliennes mais de l'attitude palestinienne, de l'attitude d'Arafat. Nous en venons à la question principale et je vais vous livrer ma pensée profonde, mes pensées de post mortem : est-ce qu'on peut arriver à un accord avec Arafat? 


Plus que l'arrêt de la violence, c'est dans l'attitude d'Arafat que vous situez l'obstruction. Est-ce bien ce que vous pensez ? 

J'irai encore plus loin. Je pense qu'Arafat n'est pas la personne qui signera la paix avec Israël. La paix définitive. Peut-être parce qu'il ne veut pas. Peut-être parce qu'il n'en est pas capable. Peut-être parce qu'on n'est pas en train de négocier avec un leader, on est en train de négocier avec une espèce de mythe. On sait qu'au cours de négociations avec un leader politique, il arrive un moment où sera choisie une opinion, où une décision sera prise et cette décision provoquera une "coupure" avec le peuple et va créer une crise interne inévitable. C’est le prix à payer si on veut vraiment la paix, nous Israéliens nous avons créé une crise interne parce que nous souhaitons la paix. Avec Arafat, le problème est qu’il veut la paix avec le consensus total de son peuple. Or nous savons très bien que c’est impossible, parce que nous sommes une démocratie, d’avoir en même temps la paix avec les Palestiniens et un consensus interne total avec le peuple israélien. Dans des situations conflictuelles
comme celle là, le dilemme politique d’un leader est de prendre la décision solitaire, la décision visionnaire, que le peuple peut refuser, et que le leader assume comme la vision du futur. C’est ce que Sadate a fait. Ce que De Gaulle a fait. Ce que Rabin a essayé de faire. Il s’agit de payer le prix dans le présent pour ouvrir la voie du futur. Arafat n’est pas ce genre de leader, c’est un leader mythologique de la « volonté générale », pour utiliser
une expression rousseauiste, du peuple palestinien. J’ajouterai qu’il n’est pas excessivement courageux. Pour arriver à la paix, ce que nous avons tenté de faire avec le gouvernement Barak, nous devons nous confronter à notre propre mythe : le mythe des implantations, le mythe de Jérusalem. Or Arafat veut la paix sans sacrifier aucun de ses mythes, notamment le droit au retour… Ca ne peut fonctionner. 

Arafat est votre partenaire dans la négociation au moins dépuis les accords d’Oslo (1993) et c’est aujourd’hui que vous prenez conscience qu’il n’est pas un leader raisonnable, un mythe dite vous…

Personnellement, j’en ai pris conscience au cours des contacts, des négociations avec lui, avec ses collaborateurs, son entourage. Je voulais savoir si c’était un homme d’Etat capable de prendre des décisions. Je me souviens d’une conversation avec lui à Naplouse et où il me déclarait : « Moi, je suis un général et un politicien. » Je fus surpris de l’emploi du terme politicien et non un homme d’Etat dans des pareilles circonstances. Aujourd’hui et à la réflexion, je ne suis plus surpris, je pense qu’il a raison, c’est un politicien et non un homme d’Etat. Un politicien réfléchi dans des termes d’équilibre interne, l’homme d’Etat pense à un autre niveau dialectique. Nous n’avons pas rencontré d’homme d’Etat prêt à prendre des décisions de « coupure » et Arafat a au contraire échappe à ce type de décision de responsabilité qui caractérise l’homme d'Etat. Ehoud Barak, lui, est allé à la rencontre de cette responsabilité de l'homme d'Etat. En prenant ce genre de décision, la "coupure" de l'unité de son pays, l’homme d'Etat démocratique dispose d'un instrument pour résoudre la crise : le recours aux élections. Où est l'instrument d’Arafat qui rompt avec l'unité de son pays et de son mouvement, il n’a pas d'instrument démocratique avec une majorité et une minorité. C'est le péché additionnel de l'Autorité palestinienne, qui a été créée et s'est développé durant sept ans sans instruments authentiques de débat politique pour arriver à une solution politique. On nous demande à nous Israéliens de faire un accord aujourd’hui, vous comprenez que c'est impossible.

A propos des implantations, Ariel Sharon laisse entendre qu’Israël ne saurait les restituer pour des raisons stratégiques. Partagez-vous ce point de vue ?

Je suis tout à fait en désaccord avec Ariel Sharon. Il s’agit d’une vision anachronique et archaïque du sionisme, sans imagination ni perspective. Le nouveau sionisme doit chercher à se développer ailleurs que dans les implantations, il doit se concentrer et prendre son élan dans le sud du pays. Il nous faut assurer le développement du désert du Négev que nous avons abandonné après la guerre de 1967, une manière de faire un retour à la vision « bengourioniste » de développement du sud du pays. Ce sera à faire après la paix avec les Palestiniens. Je n’accepte pas du tout l’idée que les implantations constituent un patrimoine stratégique, c’est à mon avis tout à fait le contraire. Souvenez-vous, au commencement de la guerre du Kippour, nous avons commencé par évacuer les implantations dans le Golan qui constituaient un obstacle aux opérations militaires contre la Syrie.
Aujourd’hui les implantations situées au cœur de la Judée et de la Samarie (NDLR : en Cisjordanie), je ne parle pas des implantations le long de la ligne verte dont nous avons demandé au cours des négociations l’intégration dans des blocs, ont créé une situation bosniaque. C’est une véritable situation bosniaque créée au cœur des territoires, une situation de guerre ethnique, nationale, religieuse. En quoi ces implantations constituent la ligne du défense d'Israël ? En quoi contribuent-elles à la sécurité d'Israël ? Israël doit penser en termes de défense stratégique et non de défense tactique. 

Mais alors pourquoi n’avez vous pas procéde à l’évacuation de ces implantations avec le gouvernement Barak ?

Je suis contre tout retrait unilatéral. Il faut créer des situations légitimes, c’est l’objectif même du processus de paix que d’arriver à une nouvelle légitimité entre nous et le monde arabe. En procédant à une retraite unilatérale on aurait crée un état palestinien hostile, ennemi et qui n’aurait aucune raison de ne pas s’allier avec un autre pays arabe pour créer une coalition régionale hostile à Israël. Tout doit être fait pour aboutir à un accord avec le monde arabe. La centralité du problème palestinien réside dans le fait que cela doit être perçu comme le canal pour stabiliser notre relation avec le monde arabe, peut être même le monde musulman. 


Il ne s'agit plus de s'en tenir à des négociations israélo-palestiniennes, mais de les élargir au monde arabe. Est ce bien ce que vous dites ? 

Ne voyant pas la possibilité d'arriver à un accord avec Arafat, pour les raisons que je vous ai données, et parce que les négociations avec lui s'inscrivent toujours dans un processus infini, comme s'il y avait toujours quelque chose de plus à obtenir, et qu'aucun équilibre diplomatique n'est envisageable de sa part, parce qu'il mettrait à mal son consensus interne, cela nous conduit aujourd'hui à rechercher un autre cadre diplomatique. 


Qui vous dit qu'un accord intérimaire n'est pas envisageable ? 

Je ne voudrais pas que mon propos puisse paraître comme une philippique contre Arafat C'est la personnalité la plus importante du monde palestinien, peut-être l'un des responsables les plus importants du monde arabe. J'aurai aimé que nous puissions arriver à signer la paix avec lui mais cela m'apparaît quasiment impossible. J'ai un grand respect pour l'homme qui à créé un mouvement national en partant de rien et l'a fait figurer comme un élément central de l'agenda international. Alors, si avec Arafat c'est presque impossible, quelle alternative reste-t-il ? Un accord intérimaire tel que le prévoit et le propose l'actuel gouvernement israélien dirigé par Sharon ? Dans ce cas je suis totalement sûr que ça ne marchera pas parce qu'Arafat ne respectera pas cet accord intérimaire, parce qu'il ne le voudra pas, parce qu'il n'a pas une idée claire de l'accord définitif. Et le monde occidental lui donnera raison de ne pas respecter cet accord intérimaire pour la simple motivation que l'Occident donne raison à ceux
qui sont occupés et leur reconnaît la légitimité de ne pas respecter des accords avec le pays qui les occupe. La communauté internationale n'acceptera pas que le Moyen-Orient soit le seul endroit du monde qui ne réponde pas aux attentes des temps nouveaux. Pas plus qu'elle n'a accepté l'instabilité dans les Balkans. Et cet accord intérimaire n'est pas plus une solution à l'instabilité qu'il n'est porteur d'un espoir. 


Alors qu'envisagez-vous pour débloquer la situation et reprendre les négociations ? 

La seule solution envisageable serait de créer une enveloppe internationale autour des paramètres du président Clinton, lors des négociations de Camp David. Ces paramètres représentent la sagesse accumulée au cours de ce processus de paix pendant sept ans, un équilibre raisonnable qui ne donne pas satisfaction à tous les désirs mythologiques des parties. Mais qui accorde une satisfaction raisonnable aux intérêts vitaux des deux parties.
Cette enveloppe internationale structurée par les Etats-Unis, soutenue par les Européens et les pays arabes modernes (Egypte, Jordanie, Maroc, pays du Golfe. ..), cette espèce de Madrid II doit donner une légitimité nouvelle aux paramètres du président Clinton qui ont été acceptés par la communauté internationale, des Egyptiens aux Européens. Et cela doit être vu comme la traduction complète des résolutions 242 et 338. Cet
accord doit être canalisé par cette enveloppe internationale et accepté par les deux parties.

Avec Ehoud Barak, vous avez perdu les élections et Ariel Sharon a gagné en devenant Premier ministre. Diriez-vous que la société israélienne a profondément changé ?

La seule chose qu'Arafat est capable de faire c'est de changer le Premier ministre en Israël mais il n'est pas capable de faire la paix. On ne peut pas dire que la société israélienne a véritablement changé parce que les changements résultent de ce pendule démocratique international. La société israélienne a changé quand elle a donné le pouvoir à Rabin, puis à Netanyaou, puis à Barak et aujourd'hui à Sharon. Il ne s'agit pas d'un changement structurel mais de modifications superficielles qui répondent à des situations de crise, à des conjonctures. Je
reviens à ce pendule qui peut à nouveau sourire à la gauche et au camp de la paix israélien à la condition d'avoir un véritable partenaire, que les Palestiniens se prononcent et disent à quel point les négociations peuvent se terminer et qu'ils en viennent à se confronter à leurs mythes essentiels. Si les Palestiniens ne sont pas capables de se confronter à ces mythes de façon pédagogique et politique, ils ne seront pas capables de faire la paix avec Israël. 


Vous les invitez à changer... 

Le mouvement national palestinien doit se poser la question : qu'est-ce que signifie la création d'un état palestinien en vue d'inviter les diasporas palestiniennes, comme le demande Arafat, à s'installer dans un état voisin ? Dans l'histoire politique des mouvements nationaux d'indépendance, je n'ai jamais observé pareille attitude. Peut-on imaginer que Ben Gourion en 1947, en acceptant le plan de partage donnant naissance à un état juif de 10,000 km2, aurait demandé à tous les juifs du monde de se disperser un peu par tout sur la planète.
Ben-Gurion a invité les juifs à venir en Israël créer une société moderne, à se regrouper dans un foyer national.


Tel n'est pas le cas d'Arafat

Il ne me paraît pas être capable de changer d'attitude. Reste que tout le monde peut changer. Rabin a changé à l'âge de 73 ans. Alors même si je n'y crois pas, je n'émets pas de jugement définitif. Il me semble très important d'expliquer la différence structurelle entre le mouvement palestinien et le mouvement sioniste pour tenter de comprendre les obstacles les plus sérieux rencontrés par la négociation. Des mouvements qui sont en compétition et ont parfois tendance à s'imiter. Avant la création de l'état juif, nous avions le yichouv, cette idée juive qui habitait les Israéliens qui étaient sur place, et la diaspora. C'est pareil pour les Palestiniens, entre ceux qui habitent les territoires et la diaspora palestinienne. La grande différence réside dans le fait que chez nous, ceux qui habitaient ici et leurs leaders élus, toujours élus même avant la création de l'état d'Israël, avaient la souveraineté totale, sans équivoque, qui leur permettait de prendre les décisions. Toutes les décisions y compris celles engageant le futur. La diaspora accordait un soutien économique, stratégique, mais ne participait pas à la prise de décision. Nous observons le contraire chez les Palestiniens: les leaders de la diaspora prennent la décision au détriment des Palestiniens de l'intérieur. Avec cette mythologie diasporique palestinienne, c'est impossible de négocier. 


Que pensez-vous des Israéliens nés à l'extérieur et qui, hier comme aujourd'hui exercent le pouvoir ?

La question du lieu de naissance est secondaire. C'est un élément technique, même Ben Gourion est né dans la diaspora mais il a tourné le dos à la dynamique diasporique, il a pris des décisions comme s'il était né en Israël, il a pensé pour le futur de ceux qui vivent ici. Ben Gourion n'a pas été l'esclave de la logique diasporique, toute son action et sa vision étaient tendues vers l'intérieur.


Que répondez-vous a ceux qui disent que le mouvement national palestinien pense et agit en "miroir" du sionisme ? 

Je viens de vous donner un exemple où le mouvement palestinien n'agit pas en miroir. Si c'était le cas, le mouvement palestinien se serait séparé de cette mythologie diasporique : que le dernier réfugié du dernier camp de réfugiés palestiniens soit satisfait avec l'accord israélo-palestinien, c'est impossible et complètement irréaliste. 


Les gouvernements israéliens successifs ont tenté, sans succès, de négocier avec des notables palestiniens de l'intérieur. 

Je ne veux pas changer le cours de l’histoire, nous devons continuer à négocier avec l'Autorité palestinienne. Je ne choisis pas avec qui je dois négocier, je ne cherche pas à développer une vision néocolonialiste dictant avec qui nous devons négocier. Il est simplement question de mettre l'accent sur les difficultés actuelles et d'indiquer aux Palestiniens qu'il leur faut abandonner leur vision mythologique de l’histoire qui est sans futur. Nous changeons tous, nous l'avons montré personnellement avec Rabin et Barak. A eux de changer à leur tour.


Pourquoi les Israéliens n'ont-ils pas respecté à la lettre les accords d'Oslo, en se soustrayant par exemple au calendrier des redéploiements territoriaux ?

Je suis d'accord avec ce que vous dites, mais les Palestiniens n'ont pas plus respecté leurs engagements. Les accords d'Oslo étaient une structure de négociations qui a échoué parce qu'elle était fondée en partie sur un groupe de leaders palestiniens de la diaspora chargés de prendre le contrôle et de recevoir des Israéliens, par étapes, des territoires. En contrepartie, cette diaspora nous donnerait sécurité et stabilité et tout cela sans avoir une idée claire de l'accord définitif. Et sans même avoir des mécanismes d'application, pas même de supervision de ce supposé accord. En somme un accord de gentlemen's agreement qui s'est avéré à l'usage incapable d'établir la confiance mutuelle. Contrairement à ce qui se dit, ce n'est pas "Camp David" qui à échoué, c'est "Oslo" qui a échoué parce qu'il n'intégrait aucune vision d'un accord définitif. Les deux parties n'ont pas respecté leurs engagements, ils ont cherché à influencer ce qui serait la nature d'un accord définitif, les Israéliens en créant des implantations et les Palestiniens à travers le terrorisme. Israéliens et Palestiniens n'ont pas "acté" de manière sincère les engagements contenus dans les accords d'Oslo.


Mais "Camp David" a également échoué 

Les idées qui étaient débattues à "Camp David" étaient les plus généreuses, celles permettant un maximum de flexibilité dans la négociation. Si nous n'avons pas abouti, il faut persister dans cette voie qui incarnait dans le contexte où nous étions l'esprit du dialogue et de l'espoir. 


Votre parti participe au gouvernement d'union nationale d'Ariel Sharon mais vous ne semblez pas y croire.

C'est une situation très difficile. Je pense que le parti travailliste s'est trompé en allant au gouvernement, mais j'étais minoritaire pour penser qu'il ne fallait pas entrer dans ce gouvernement Sharon. D'ailleurs, le rôle des travaillistes dans ce gouvernement est secondaire. C'est triste qu'il existe encore des personnalités travaillistes qui sont incapables de résister à la tentation du pouvoir à tout prix. Pour ma part je continuerai à défendre la position qu'il ne fallait pas participer au gouvernement et la réalité et l’histoire me donneront raison. 

 


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