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Les prémisses du "nouvel" antisémitisme 


             Les prémisses du "nouvel" antisémitisme (info # 010508/3) [analyse]

Par Raphaël Lellouche © Metula News Agency



J'ai lu récemment deux articles de Michel-Louis Lévy, publiés sur le site de Primo-europe.org, qui sont les compte-rendus de deux livres importants:



- Pierre Hebey, Les disparus de Damas (Gallimard, 2003),

- Emmanuel Todd, Après l'Empire, essai sur la décomposition du système américain (Gallimard, 2002)



Je voudrais exprimer mon accord profond avec ces deux comptes-rendus (qui sont publiés sur le site de Primo), qui ont le mérite de souligner, très justement à mes yeux, deux points importants concernant certaines continuités et permettent de comprendre des évolutions récentes: la fonction du ciment idéologique anti-américain dans la nouvelle idéologie de l'Europe (Todd), et le rôle ancien du catholicisme dans la diplomatie française au Proche-Orient (Hebey).

Pour en prolonger l'esprit, les réflexions suivantes, que ces commentaires m'inspirent, soutiennent la thèse selon laquelle ces deux points ont partie étroitement liée l'un à l'autre, et qu'ils sont, de conserve, fondamentaux à la compréhension de notre situation actuelle, celle d'une "planification idéologique" (des médias) visant à construire une certaine "identité culturelle européenne":

D'abord, l'attitude profonde de la France n'est pas une nouveauté. Ce n'est pas une "nouvelle judéophobie" d'essence anti-sioniste d'extrême gauche, qui serait sans rapport avec l' "ancien antisémitisme" de droite, comme on l'entend souvent dire. Elle fait fond avec le vieil antisémitisme catholique français (et même par-delà le nazisme). Elle est d'autre part indémêlable d'une tradition diplomatique de la France vis-à-vis de l'Orient. Elle s'inscrit en effet dans une tradition ininterrompue qui s'est aussi bien exprimée dans le pétainisme anti-anglo-saxon (celui des années 40 ou ‹ C’est le même › celui du conflit sur la dernière guerre d'Irak), de rivalité avec les "empires" maritimes (Grande-Bretagne et Etats-Unis) pour l'influence sur le Proche-orient (et, plus anciennement, sur l'Inde mais ça, C’est dépassé). La conjonction que l'on observe aujourd'hui dans la volonté pro arabe française de "paix" avec le monde islamique, contre Israël et les Etats-Unis, accusés d'être des "fauteurs de guerre" (vieille thématique pétainiste), et dans l'axe de laquelle la France voudrait construire "l'Europe-puissance", se révèle avoir des racines anciennes dans la culture coloniale de la diplomatie française, essentiellement liée au "protectorat" des chrétiens d'Orient dans un compromis très ancien avec l'Islam. Et cela, sur le dos des juifs d'Orient, comme le montre cette célèbre affaire de "crime rituel" à Damas en 1840.

Bernard Lewis l'avait déjà longuement analysée, et il avait montré que C’est bien par l'intermédiaire des Français, et à Damas (!) que, pour la première fois à l'époque moderne, les thématiques fondamentales de l'antisémitisme chrétien allaient être transplantées dans l'Orient musulman, où elles n'avaient pas de racines (car le crime rituel et l'usage du sang par les juifs sont un mythe chrétien qui n'ont aucun fondement religieux dans l'Islam), mais où, comme on le sait, elles ont fait florès depuis. Toute la propagande de l'Intifada est basée là-dessus (Tsahal, armée tueuse d'enfants !). Ainsi, C’est la France qui est initialement, dès 1840, responsable de la nouvelle synthèse (non nazie) d'un vieil antisémitisme catholique et de l'hostilité arabo-islamique contre les communautés juives du Proche-Orient, puis évidemment contre celle qui, depuis, s'est constituée en État souverain sous le nom d'Israël. Une nouvelle synthèse idéologico religieuse antisémite s'élabore donc, et non pas simplement une nouvelle "source" de l'antisémitisme en France sans rapport avec l'ancien !! Je pense effectivement, comme Michel-Louis Lévy, que le Vatican est impliqué dans cette résurgence européenne d'une vieille modalité d'antisémitisme, et qui est le prix de ce que les forces politiques et religieuses, en Europe, appellent le "dialogue des cultures" (Cf. le long texte de Chirac, dans Le Monde, au lendemain du 11 Septembre), qui n'est au fond que la confirmation du pacte entre le Catholicisme et l'Islam, gage culturel du pacte politique de l'Europe avec le monde arabe. C’est une des dimensions de ce que j'appelle la "nouvelle identité européenne".

Le protectorat de « Grande Syrie » est toujours dans l’axe (traditionnel) de la politique néo-coloniale française au Proche-Orient. Il implique l’effacement discret de l’indépendance libanaise, une politique délibérée de « tension » régionale par le maintien des milices du Hezbollah à la frontière israélienne (la France est le seul État européen a avoir refusé d’inclure le Hezbollah dans la liste des organisations terroristes qualifiées), et des « pressions » pour affaiblir autant que possible le « robuste » petit État hébreu, qui ne s’inscrit pas dans la sphère d’influence française de ce concept de Grande Syrie, initialement étendue à un soutien à l’Irak de Saddam. La politique d’influence française s’accommode de soutenir des dictatures sanglantes tout en invoquant l’alibi du « dialogue des cultures », qui n’a pas d’autre signification qu’un relativisme culturel permettant de faire litière des droits de l’homme, C’est-à-dire de toute défense de la validité universelle des principes démocratiques libéraux. Ce soi-disant « dialogue » n’est-il, aussi, que la couverture idéologique d’une realpolitik de « conciliation » se parant seulement d’attributs « humanistes » de façade. Et lorsqu’il invoque le « droit international», il est indifférent à la nature des régimes. Question de la nature des régimes qui, étrangement, n'a plus l'air de faire partie de la philosophie politique française, qui cherche plutôt à casser le "camp démocratique". On comprend alors qu'elle reproche amèrement aux États-Unis leur « messianisme » démocratique ! Ce n’est certes ni la démocratie ni la liberté que la France exporte en "Grande Syrie", pour ne pas parler d'un messianisme des droits de l’homme, qui paraît bien éloigné de ses horizons dits « humanistes ».

L’Europe a toujours été agacée par les prétentions de l’idéalisme et de l’exemplarisme moraliste américain, lui opposant la patine de sa vieille culture, faisant les choses en douceur, donnant du « temps au temps » et parvenant finalement à ses fins par la diplomatie, à force de ruse, de réalisme et de négociations. Le Quai d'Orsay se targue d'avoir le réseau diplomatique le plus étendu du monde ! Mais curieusement, désormais, il faut y prêter attention, la tonalité des valeurs a changé, et ce n’est plus un réalisme que l’on oppose au messianisme démocratique américain, c’est un « humanisme ». Et ce n’est plus simplement au style « idéaliste » du messianisme américain qu’on prétend opposer cet humanisme, mais à sa supposée agressivité d’ « Empire » (voir Joxe, Todd, Negri, Védrine). À l’opposition idéalisme-réalisme, s’est substituée une nouvelle opposition messianisme-humanisme, considérée comme l’affrontement de deux valeurs culturelles fondamentalement antagonistes. Un antagonisme supposé plus profond que le partage historique en commun, depuis les Déclarations de 1776 et de 1789, de la culture politique démocratique. C’est cela la nouvelle chanson de l'idéologie européenne !! C’est elle qui informe la structure de base des messages politico culturels des médias dominants. Et elle trouve des échos jusque chez des intellectuels européens jusqu'ici très radicaux dans la défense des valeurs démocratiques (Cf. le "Plaidoyer pour une politique extérieure commune" de Habermas, co-signé par Derrida, dans Libération du 31 Mai dernier).



Le livre d'Emmanuel Todd est parmi les plus représentatifs de la nouvelle idéologie des constructeurs de l'Europe-Puissance anti-atlantiste. Et le compte-rendu de Michel-Louis Lévy en est pertinent et perspicace. Accuser les États-Unis de double insuffisance, dans le domaine social économique (en tant que puissance économique improductive, et en tant qu'État non social) et, surtout, sur le plan d'un déficit d'universalisme (!!), est tout a fait caractéristique de la nouvelle idéologie européenne, et vaut d'être relevé. D'abord Michel-Louis Lévy a raison de souligner que la seule base théorique sur laquelle prétende se fonder Todd est son anthropologie de la famille. Or celle-ci est hautement conjecturale. Pour avoir moi-même pas mal travaillé sur les problèmes de l'anthropologie de la famille, je peux dire que les hypothèses de Todd, sur ces questions, lui sont très personnelles, pour ne pas dire arbitraires. Qu'en tout cas, elles ne recueillent pas le moindre consensus dans la communauté scientifique, et elle relève d'un "déterminisme socio-anthropologique" peu acceptable. Quant à ses affirmations sur les limites de l'universalisme américain du fait de son supposé "racisme anti-arabe", elles sont proprement choquantes et absurdes. Il est clair que s'y mêle une pointe d'antisémitisme.

Mais il est surtout important de repérer dans ce genre de littérature l'un des concentrés les plus exemplaires de la nouvelle idéologie européenne en construction. Ses traits principaux sont: (a) la dénégation de la menace islamiste liée à la défense apologétique du monde arabe; (b) un patriotisme politico-économique européen anti-atlantiste, fondé sur la prospérité économique et le compromis social de l'État-providence; (c) un antiaméricanisme virulent, rénovant les thèses marxistes sur le "Capital financier" improductif et parasitaire. Sur ce point, Todd partage avec Alain Joxe et Noam Chomsky l'idée que C’est l'impérialisme américano sioniste qui constitue en fait la seule véritable menace s'exerçant sur le monde ‹ et notamment sur les "nations arabes" ›, et qui a intérêt à y entretenir le "chaos" de la guerre perpétuelle (autant de thèses que l'on retrouve à l'identique chez tous les rédacteurs du Monde et du Monde Diplomatique). Le mot d'ordre central de la "Paix" est censé être la valeur de regroupement de cette nouvelle idéologie, laquelle s'appuie essentiellement sur deux autres valeurs-clé, "l'Humanisme" et le "Dialogue" culturel. J'explique plus bas leur économie. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si l'on nomme du même nom "camp de la paix", ceux qu'on suppose, en "Palestine-Israël" s'opposer aux "généraux sionistes" et, en Europe, aux "faucons" américains. Ce soi-disant "camp de la paix" dessine une alliance stratégique incluant l'Europe, la Russie, le monde arabe (terroristes, dictatures, et islamistes charitablement et euphémiquement incorporés). N'ayant pas de moyens militaires ad hoc, ce "camp" se construit essentiellement par l'arme d'une propagande médiatique massive et mondiale.

On a intérêt à approfondir ce que dissimule cette nouvelle théorie de l’« Humanisme diplomatique », car C’est autour de cette nouvelle doctrine que cherche à se redéfinir l’identité européenne tournant le dos à l’atlantisme. Car C’est bien ainsi que les stratèges français désignent l'Europe qu'ils veulent construire. Ils appellent ça "L'Europe, Puissance humaniste" !! Il l'opposent à l’idée de « messianisme américain », où C’est désormais le messianisme qu’on souligne, en insistant de plus en plus fortement sur sa nature non plus morale, mais, curieusement, « religieuse ». Or qu’y a-t-il derrière cette allusion au messianisme, à une « religion du Messie » ? Il n'y a pas de doute que ce soient des tendances anti-judaïsantes.

Ce sont ces accusations fondamentales que, dans une fusion entre l'anti-impérialisme de la gauche et l'antiaméricanisme traditionnel pétainiste-catholique, les nouveaux idéologues de l'Europe-Puissance, tels Emmanuel Todd, Alain Joxe, et toute une lignée d'intellectuels (bien plus dangereux que le ridicule Boniface, qui a le désavantage de l'inculture et la candeur de trahir les intentions trop ouvertement et vulgairement) orchestrent dans les médias les plus influents des élites françaises (le groupe de presse Le Monde et toutes ses déclinaisons, Le Monde Diplomatique, Le Courrier International, etc. y occupent une place centrale).

Aussi, je tiens absolument à signaler, comme éminemment symptomatique de ce qui se cache derrière ce glissement, cette extraordinaire page publiée dans le Courrier International ‹ Cf. n° 652, 30 avril 2003, extraits choisis par la rédaction d’Enric Juliana, dans La Vanguardia, de Barcelone › sur « Le Dieu de vengeance de George W. Bush » (C’est le titre de l'article) dans le cadre d’un Choc des christianismes (C’est le surtitre, allusion au « choc » de Huntington entre les civilisations). Je cite :

« Les leçons que nous pouvons tirer de la tragédie irakienne que, de l’autre côté de l’Atlantique, les gens ont une conception de Dieu très différente de la nôtre. Une idée qui refait en sens inverse le chemin de Paul de Tarse pour retomber sur l’irascible Jéhovah de l’Ancien Testament, qui avait fait égorger tous les premiers-nés d’Égypte pour que son peuple élu entre à nouveau dans l’Histoire ».

Tous les ingrédients de la suggestion antisémite sont là. Qu’est-ce que « refaire en sens inverse le chemin de Paul de Tarse », à savoir le chemin de sa conversion du judaïsme au christianisme, sinon régresser au judaïsme ? Le Courrier International suggère donc à ses lecteurs que George W. Bush n’est pas vraiment chrétien, mais qu’il s’est en quelque sorte reconverti à rebours à une sorte de judaïsme ! Contrairement à Chirac, en effet, il préfère le chemin de Jérusalem à celui de Damas. Et quelle vision du judaïsme le magazine appartenant au groupe Le Monde nous offre-t-il là ? L’antijudaïsme se colore nettement d’antisionisme avec cette phrase hallucinante aujourd’hui, dans un magazine contemporain, pour déchiffrer la politique proche orientale des Etats-Unis : « faire égorger tous les premiers-nés d’Égypte pour que son peuple élu entre à nouveau dans l’Histoire » ! Quand on sait combien les médias insistent quotidiennement sur l’image d’une armée israélienne « tueuse d’enfants », cette conjonction terrible de la notion de « peuple élu » (Israël), « d’entrer à nouveau dans l’Histoire » (sionisme), et « d’égorger les enfants d’Égypte » (ou de Palestine peut-être, comme Mohamed Al-Dura), est transparente au sujet des transferts de l’imagerie antisémite sur l’antisionisme contemporain qui se projette sauvagement dans l’américanophobie des médias.

Si je tiens à relever cet exemple empesté entre tous, C’est qu’il ne s’agit là en aucun cas d’un antisémitisme populaire des « banlieues ». Il s’agit là d’un antijudaïsme pernicieux qu’on peut relever aujourd’hui dans une presse très branchée et progressiste, supposée être d’un haut niveau intellectuel, et appartenant au groupe de presse qui fait idéologiquement la pluie et le beau temps dans les élites cultivées de la nation. Et qu'il émane quasi-directement de l'Église catholique (il s'agit de la communauté de Sant'Egidio, vouée à la diplomatie du "dialogue" évangélique). Il trahit du même coup le véritable sens de cet axe de communication stratégique des médias français, insistant infatigablement sur le thème de la mort des « enfants palestiniens ». De cet antijudaïsme politique (néo-marcionite), réanimant les clichés meurtriers du vieil antisémitisme chrétien, on peut relever mille occurrences égrenées dans les médias français aujourd’hui. L’article du Courrier International se conclut ainsi. Je cite :

« Elle oblige aussi à s’interroger sur la vigueur du catholicisme, sur sa capacité à véhiculer le message universaliste du Nouveau Testament et ses potentialités comme "cadre de référence" d’un humanisme capable de dessiner des horizons mondiaux, face aux élans diviseurs de la "destinée manifeste" ».

Cette chute nous confirme, s’il en était besoin, à propos du sens véritable de l’ « humanisme » et du « dialogue des cultures » sur lesquels Chirac prétend construire l’axe idéologique de son Europe anti-atlantiste depuis l'après 11 Septembre. Ce genre de prose nous donne en effet une idée des fondements sur lesquels, consciemment ou inconsciemment, repose l’« humanisme » antiaméricain que l’Europe veut opposer aux « choc des civilisations ».

La rupture et le déni des liens civilisationnels évidents qui rattachent l’Europe et l’Amérique passent en effet par une nouvelle construction idéologique exigeant, que l’on accentue des différences internes au christianisme en le présentant comme un abîme plus profond que ce qui pourrait séparer l’humanisme catholique de l’Europe et la Oumma arabo-islamique.

Du coup, le rejet simultané du « messianisme » démocratique américain et du sionisme juif prend tout son sens, assimilés comme expressions d’une religion du « Dieu violent ». C’est-à-dire qu’un antijudaïsme néo-marcionite va devenir la condition idéologique préalable d’un rapprochement avec le monde arabe. Pour reprendre le titre fabuleux du Courrier International, on choisit de privilégier un « choc des christianismes » à un « choc des civilisations » (avec l’islamisme) qu’on cherche à éviter à tout prix!

Ce qui reprend du service dans le cadre du "dialogue avec l'Islam", C’est le marcionisme, une hérésie chrétienne des premiers siècles qui séparait radicalement l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, comme étant les religions de deux Dieu distincts, le Dieu juif (Jéhovah), dieu de vengeance cruel et particulariste, et le Dieu chrétien (Jésus), Dieu d’amour universel. C’était une forme hérétique du christianisme dont l’antijudaïsme virulent est l’une des sources importantes de l’antisémitisme chrétien tout au long de son histoire. Mais l’Eglise catholique, depuis Saint Augustin, avait réaffirmé constamment l’ancrage et le lien inséparable du Nouveau et de l’Ancien Testaments, et évidemment l’identité de leur Dieu, contre cette hérésie marcionite. On voit qu’aujourd’hui, dans certains secteurs catholiques prônant le soi-disant « dialogue » universel, on assiste à une résurgence d’un christianisme hérétique libéré de la tradition judéo-chrétienne, aux nouvelles couleurs marcionites, parce que les impératifs du dialogue avec l’islam supposent une rupture avec le judaïsme "messianique".

Je crois que cette élaboration idéologique sur fond de judéophobie, c’est-à-dire dont les juifs vont derechef faire les frais, n’a pas seulement une base négative. Elle ne sert pas seulement à cimenter en creux un front d’opposition antiaméricain permettant de rallier à la politique étrangère néo-gaulliste de Chirac la gauche anti-impérialiste, anti-libérale et anti-mondialiste, avec l'anti-américanisme "continental" du bloc franco-germanique, au sens où elle désigne ‹ en négatif › un ennemi commun.

Je crois qu’elle a aussi une base positive, au sens où c’est une construction en cours, qui se cherche dans le monde catholique (la démocratie chrétienne est le courant politique majoritaire en Europe), pour bâtir un socle idéologico religieux à l’alliance politique de la vieille Europe catholique avec le monde arabe et musulman. Ma conclusion est donc que la "nouvelle" judéophobie n’a pas seulement sa source dans une contamination de l’islamisme des banlieues. Mais qu’elle a également sa source indépendante dans la doctrine française, d’inspiration néo-catholique, du très hypocritement nommé « dialogue des cultures ». C’est le socle idéologique de la conciliation avec l'islam radical. Je l’ai dit, cette doctrine est contestable aussi bien d'un point de vue catholique orthodoxe, parce qu’elle mutile le christianisme de son lien spirituel interne avec le judaïsme, que du point de vue du rationalisme des Lumières et de l’esprit démocratique, puisqu’au nom d’une « paix » opportuniste, elle nie, par son relativisme des valeurs, tous les principes d’universalité de la raison et des droits de l’homme qui fondent l’unité du monde démocratique, c’est-à-dire, le véritable socle de la communauté civilisationnelle de l’Europe avec l’Amérique, pour le briser en deux selon la ligne de fracture atlantique.

Ces courants sont assez puissants en France pour nourrir les médias de « curiosités » qui peuvent étonner et surprendre ponctuellement, mais qui font vite sens lorsqu’on les examine dans leur récurrence, et qu’on en découvre la cohérence discursive.
                    


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