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Quelques Perles du Judéo-arabe tunisien  


   

Non ! Ce ne sera pas encore un dictionnaire du Judéo-arabe mais un mélange de mots Tunes dont nous avons révélé la spécifité par rapport aux autres dialectes arabes. Ce ne sont pas non plus des mots empruntés à d’autres langues courantes.

 

Quand on a parlé cette langue au jour le jour, pas seulement avec la grand-mère, mais avec ses parents et avec ses amis, on s’aperçoit plus tard, qu’elle n’était pas comme les autres dialectes.

 

Ceux qui avaient choisi Israël comme domicile l’ont vu assez vite, au contact de certains immigrants qui étaient originaires d’autres pays arabes. Ces différences commencent d’abord par notre accent marqué par une nonchalance musicale qui fait le succès de Michel Boujnah et a fait celui de Elie Kakou. Parmi mes connaissances, j’ai remarqué que les traces de cet accent subsistent aujourd’hui, beaucoup plus, chez les Tunes de France que chez les autres.

En Israël par exemple, on en retrouve très peu. Il y a beaucoup de tunisiens qui sans le vouloir ont pris un accent presque marocain, sûrement à cause du nombre de voisins ressortissants de ce pays.

On sait que dès qu’un Tune commence à parler l’Arabe, on peut tout de suite deviner s’il est Juif ou Arabe et s’il est de Tunis ou d’ailleurs. Certains disaient qu’ils peuvent exactement nommer la ville d’où il vient. Par exemple si vous dites ‘BABAILLE’ pour dire papa c’est que vous venez du Sud, parce qu’à Tunis on dit ‘BABA’.

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L’accent n’étant pas exactement le sujet principal ici, voyons certains mots qui n’existent que chez nous, indépendamment de leur exactitude linguistique ou de leurs origines.

 

C’est la vie avec les différentes communautés en Israël qui a permis d’entendre toute la palette de dialectes parlés par les autres immigrants. Bien sur le plus entendu était l’Arabe des marocains. Pour nous il était le moins compréhensible de tous les autres.

Submergés par cette communauté, certains tunisiens l’ont bien assimilé.

Ce creuset de presque tous les dialectes arabes nous a montré que notre langue contient des mots qui lui sont bien à elle.

 

Certains peuvent même fâcher votre interlocuteur. J’ai pu m’en apercevoir personnellement quand j’étais en route pour Israël. C’était au camp d’Arénas, en 1957. Ce camp, près de Marseille où l’Agence Juive rassemblait les juifs d’Afrique du Nord, avant de les embarquer vers Israël. Il y avait une majorité de marocains dont, le rabbin temporaire du camp. Le Shabbat, ce monsieur avait refusé d’inviter un Cohen tunisien à lire la Thora, parce qu’il se prénommait H’OUANI. Il s’est avèré que la racine de ce verbe, en marocain, voulait dire « faire l’amour ». On nous expliqua que ‘H’OUANI se traduisait : ‘il a couché avec moi’. Ainsi que pour les prénoms qui veulent dire ‘petit poisson’ ‘HOUITA’ (j’ai couché avec elle) et celui de ‘H’OUATOU’ (elle a couché avec lui). Ces prénoms étaient très populaires dans le Sud tunisien.

Ma mère a du rebaptiser le four tunisien des FTAYER, qu’elle avait construit à la Maa’bara, de:  TABOUNA (en marocain : le sexe féminin) en FARN qui veut aussi dire four.

Un autre malentendu avec les marocains est le verbe A’ABBI qui en tune veut dire ‘remplir’ et en marocain c’est ‘prendre’.

 

Le mot TAH’ANNA, (‘cocue’ chez les Tunes), veut dire en Hébreu, ‘station’. Ce qui a mené de nouveaux immigrants Tunes,  à éviter de demander à un étranger « où se trouve la station des autobus ? »

 

Les boulettes qu’on appelle MAH’SHI à Tunis, sont des KEFTAS au Sud, là où le boyau  farci s’appelle MAH’SHI au lieu de A’SBANNA dans la capitale. La A’SBANNA du sud, est une botte de petites pièces intérieures du mouton, liées par un cordon d’intestin grêle. Allez vous retrouver dans tout cela quand vous déménagez à Tunis, venant du Sud.

 

Mais notre langue fait aussi sourire les autres communautés. Nous possédons plusieurs mots en forme de 2 syllabes dont seules les consonantes varient, tandis que les voyelles sont toujours #A#OU. Pour ne citer que quelques-uns : A’LLOUCH (mouton), H’ALLOUF (cochon), CARMOUCH (figue), FAKOUCH (concombre), KATTOUCH (chat)…

 Il y a aussi ceux de 3 syllabes et dont le son est : #A#OU#A comme : DABOUZA (bouteille) H’ARBOUCHA (pilule), KHANFOUCHA (hanneton) MAGHMOUMA (ratatouille) etc…

 

D’autres noms ont un peu perdu leur position par rapport à l’origine arabe, à l’Hébreu ou à la plupart des autres dialectes, comme par exemple :

Le potiron (en tune) KRAA’, (en arabe) dallaa’ (en hébreu) delaa’t

La pastèque (en tune) DALLAA’, (en arabe) batikh  (en hébreu) avatyah’

Le melon, (en tune) BATIKH, (en arabe) shammam (en hébreu) melon

Au Sud on appelait SHAMMAM, les petits melons très odorants de la taille d’une pomme.

 

Mais à mon avis, le mot le plus étrange qui n’existe dans aucun autre dialecte (et dont l’origine m’a beaucoup intrigué) est le verbe qu’on emploie uniquement à Tunis (et chez les juifs). On dit AKSHAA’ pour dire : regarde.

 

Pour le verbe ‘connaître’ (ou ‘savoir’), on dit à Tunis YAA’KAL dont la source viendrait plutôt du mot sage   A’AKAL. Peut être voulait-on accentuer le fait que la connaissance rend sage ? ! On dit par exemple : ‘ENTI TAA’KAL FLENN ?’ (connais-tu Untel ?).

 

Il y a une petite injure qu’on adresse généralement aux fanfarons ou autres emmerdeurs, YA BA’AYBAK.

L’antipathique n’est pas très aimé, on l’appelait le RKIK, le BLID, ou celui qui a le sang lourd DAMOU TKIL.

S’il avait du toupet, on disait A’ANDOU BLATTA.

 

Certains emploient souvent le mot ZEKSH sans savoir, peut être, que ce mot est une façon de travestir un gros mot dont le suffixe ‘B’ a été remplacé par ‘KSH’.

 

De même on appelle le zizi, ‘MANGALA’ comme la ‘montre’ (va savoir pourquoi ?). D’où le fait que certains larrons, à qui vous demandez l’heure, vous répondront MANGALTI OUAKFA (dans un sens, ma montre est arrêtée, dans l’autre : je suis en érection).

 

Une autre perle c’est le nom qu’on donne au train. Si certains disent TRINOU, d’autres ont adopté le nom français et disent CHMENDIFIR (chemin de fer).

 

L’automobile porte plus d’un nom entre autres, TOUNOUBIL, ou CARAHBA qui fut sûrement umprunté à l’Arabe, où ‘cahraba’ veux dire ‘électricité’, qui se dit en Tune, TRICHITI.

 

La Syrie se retrouve dans quelques noms : H’ALBIYA (littéralement originaire de Alep, Syrie) est la gargoulette. H’ALWA SHAMIYA (h’alwa Syrienne) est la Halva. 

SOURY (personne qui habite la Syrie) veut dire en Tune : européen, moderne.

ROUMY (Romain) veut dire Chrétien.

 

Notre chère HARISSA ( de la source ‘moudre’) représente, en Tune, au moins 3 sortes d’éléments, tous liés à la bouffe. La plus connue est bien sure cette pâte de piments rouges, épicée, que nous ajoutons ‘à toutes les sauces’. La 2e c’est le déjeuner du samedi qui a cuit toute la veille au four et qui contient des grains de blé, qui ont été ‘frappés’ au pilon pour en soustraire l’écorce.. La 3e c’est HARISSAT-ELLOUZ, qui est un gâteau fait d’amendes moulues et de semoule, baigné de miel et, des fois, du beurre.

 

SHEBALA est le nom que nous donnons à une fontaine, qu’elle soit privée ou publique.

 

Nous appelons le citron KARESS (aigre), en Arabe ‘Lamoun’  et le citron doux :

LIM-AH’LOU.

BOUTAKALA (lourde) est le chou-rave, en Israël Colorabi

 

Un Tunisois dira A’ARBA pour le chiffre 4 et non ARBAA’A comme les gens du Sud ou d’ailleurs.

On comptait surtout par ‘douzaines’, TOUZINA, ou bien par des multiples de 4, qui se dit H’ARA. Par exemple pour dire 30, on dit, SEBA’A HYAR OU ZOUZ. (7X4+2).

 

Les plus belles perles sont celles qui se relatent à la superstition et surtout au mauvais œil.

On y croyait beaucoup, et tout compliment devait être précède par une phrase de ‘protection’, autrement il serait considéré comme un effet d’envie et de jalousie et pourrait nuire à celui qui le reçoit. Si vous oubliez cela, votre interlocuteur ne vous laissera pas passer et il vous le montrera.

Les meilleures protections contre le mauvais œil sont surtout le chiffre 5 et le poisson, la KHAMSA et la H’OUTA.

Si vous devez quand même utiliser le chiffre 5 ou l’un de ses multiples, vous direz A’D-YEDDEQ ( compte ta main), tes 5 doigts. Pour 10, on dira A’D-YEDDEQ MARTEIN (2 fois les doigts de ta main), pour 15, A’D-YEDDEQ TLAT MARRATT etc…

Pour le poisson, on dira toujours FIJLAA’DOU (raccourci de FI OUJ LAA’DOU, sur le visage de l’ennemi).

Certains sont sensibles au mot ‘œuf ’qu’on appelle A’DMA, il vaut mieux utiliser KALB-LAA’DOU, le cœur de l’ennemi.

 

Dans la période pré-TV-Satellites nous entendions, à la radio, l’Arabe littéraire, ou bien celui parlé en Egypte, de par les films et surtout les chansons.

Des vagues d’immigrations de Juifs Libyens, venus à Tunis, nous ont montré qu’on y parlait un arabe  peu différent du notre, et qui ressemblait à celui des gens du Sud. Il devait sûrement contenir quelques-unes de ces perles.

 

Il y a plusieurs autres curiosités linguistiques de ce genre dans la langue des Tunes, toute contribution serait la bienvenue. 

 

A suivre….

                                    Avraham Bar-Shay (Benattia)

                                    absf@netvision.net.il 

  

 

 

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