Par Albert (Albert) le dimanche 02 avril 2006 - 11h52:

Cukierman et les incidents antisémites tunisiens


Vois-tu, chère amie, M. Cukierman me fait vraiment de la peine surtout par son attitude suite, il y a quelque temps, à la déclaration de M. Sharon sur l'Alya et suite à sa déplorable décision de recevoir l'UOIF, réception à la suite de laquelle lui et son entourage se retrouvèrent comme les dindons (peut être cachers) d’une sinistre farce. Il eut tout faux ! Quant à son discours lors du dîner du CRIF 2005, j'ai toujours considéré, et considère encore, qu'il se conduisit comme un vulgaire goujat : on n'invite pas des gens pour les injurier. Pour reprendre l’expression de M. Finkielkraut, ce fut un « tribunal dînatoire ».

Mais, tout compte fait, à mon sens, il est plus à plaindre qu'à blâmer, le pauvre, même si « ce n’est pas bon pour nous ». Laissons-le donc continuer à se donner « l’air d’avoir l’air ».

Il en est tout autre pour les Juifs tunisiens qui décidèrent de faire don d'une bibliothèque aux Arabes tunisiens et de participer à un colloque scientifique. A mon sens, et toujours à mon sens, ils sont plus à blâmer qu'à plaindre, eux. Pour reprendre une interrogation célèbre: Mais que diable allaient-ils faire en cette galère ?

Je ne suis certes pas originaire de Tunisie mais ai cru cependant savoir que les Juifs durent quitter ce pays où ils vivaient depuis des générations avec une valise et quelques dinars en poche, abandonnant tout aux Arabes, honteusement spoliés, humiliés et fouillés (hommes, femmes et enfants) à leur passage en douane. Il faut croire qu'ils ont la mémoire courte, très courte même !

Ont-ils oublié les Synagogues et les commerces saccagés en 1967 et 1973 ? Ont-ils oublié qu’au moment de l’affaire dite de Bizerte, ils furent persécutés et durent précipitamment partir ? Pour quelles raisons plus de 95% des Juifs quittèrent-ils leur pays ?

Ne crois-tu pas que cette bibliothèque, qui tôt ou tard risque d’être saccagée, aurait eu plus sa place en Israël, au musée de la Diaspora à Tel Aviv ou dans une bibliothèque de Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa ou Beer Sheva ? Ou, à la rigueur, et par exemple, à l’Alliance Israélite Universelle à Paris ?

Quel plaisir d’aller chez les Arabes pour se faire insulter et injurier ? Tout cela étant d’ailleurs presque prévisible. Car on ne me fera pas croire que ces manifestations d’hostilité n’avaient pas été prévues par un régime aussi policier que celui de M. Ben Ali ? Et laisse-moi te dire que je ne crois pas tellement à la sincérité des regrets et excuses des autorités universitaires. Des sanctions ont-elles été prises contre les auteurs de ces propos antisémites ? Quelles sont ces sanctions ?

Ah, il faut malheureusement croire que certains Juifs sont vraiment incorrigibles. Ils sont bien mal récompensés, à tout le moins pour certains d’entre eux qui avaient lutté aux côtés des Arabes pour l’indépendance de la Tunisie s’attirant les foudres des autorités françaises du protectorat !

Ce très regrettable incident, et le mot est faible, ne suscite chez moi ni douleur pour les Juifs ni colère particulières envers les Arabes car je sais que c'est toujours à sens unique. Je ne leur fais aucune confiance jusque et y compris aux éléments cultivés de ce pays que certains présentèrent comme « tolérant et ouvert » comme crurent bon de le déclarer le Grand Rabbin de France et le Ministre israélien des Affaires étrangères parce qu’il leur fut offert quelques dattes et gâteaux au miel lors de leur visite en Tunisie.

Les Arabes jouent sur la nostalgie que les Juifs ont pour les pays où ils sont nés. C'est pour cette raison que je suis contre tous ces voyages en pays arabes et, sans faire aucun amalgame, contre toutes ces coutumes arabes, musique et you-you, qu'on entend de plus en plus sur nos radios juives, dans nos fêtes familiales, ainsi que, scandaleusement, dans nos Synagogues et même....…..dans des salles de mariages de Mairies.

Il y a quelque temps, je me suis laissé entendre dire que, lors d'une ligne ouverte sur une radio arabe, un auditeur aurait déclaré quelque chose du genre « Les Juifs ne savent plus quoi faire pour venir dans nos pays; ils sont en permanence à nous lécher le… (mot censuré par moi)..... Ils (les juifs) disent qu'il pleut lorsqu'on leur crache à la figure ».

Il serait bon que les Juifs finissent une fois pour toutes par tirer les conclusions qui s'imposent et qu'ils sachent à quoi s'en tenir.....pour l'instant à tout le moins, c’est à dire tant qu’il n’y aura la paix en Israël.

A mon gré, tous ces pays arabes devraient maintenant faire partie d’un passé révolu. Restons-en à penser aux tombes de nos proches laissées en terre d’islam en priant qu’elles ne soient jamais profanées !

Surtout, qu’on ne se méprenne pas. Lorsque je tiens ces propos, certains ont le front de me dire que je « renie mes origines ». Naturellement, il n’en est rien. Je ne renie rien, je n'oublie pas mon passé et me fais même un devoir de toujours le rappeler. C’est ce que je fis lorsque, en activité, je représentais la France dans le domaine cartographique sur le continent latino-américain.

Cependant je dis, répète et insiste sur le fait que je n'ai rien à faire avec des gens ingrats de mon pays natal. Je n’ai rien à leur donner et, encore une fois sans faire d’amalgame, je n'ai surtout pas à les imiter comme le font encore beaucoup (trop) de Juifs parmi lesquels se trouve toute une jeune génération. Je sais de quoi je parle, j'ai ce genre d'individus dans ma propre famille.

Naïvement, je pensais que cette « nostalgie » et ces « coutumes arabes » disparaîtraient avec les gens de ma génération et de celle qui me précéda. Il n'en est malheureusement rien, la « relève » est assurée et je crois que les radios juives ont leur part de responsabilité.

Je pense que tu me pardonneras d’avoir été aussi long et de t’avoir (peut être) donné l’impression d’être quelque peu radical et extrémiste.

Chavoua tov et amitiés.
Charles Etienne NEPHTALI

De ma correspondante spéciale.