Par Email (Email) le lundi 20 décembre 2004 - 03h26: |
Pour les fans de Guy Milliere
Guy MILLIERE sur RMC, dans "les grandes gueules" de 11h à 13h:
lundi 20 décembre
mardi 28 décembre
vendredi 31 décembre
Guy MILLIERE sur RMC, dans "BOURDIN &CO" de 10h à 11h:
mercredi 29 décembre sujet: politique de George W Bush
Cordialement
Keltoum
Par Mena (Mena) le lundi 20 décembre 2004 - 03h22: |
Puis vint l’ère de la banalisation (info # 011812/4) [analyse]
par Guy Millière © Metula News Agency
La chaîne du Hezbollah, Al Manar, a, comme on le sait, reçu une autorisation de diffusion du CSA avant que, quelques jours plus tard, sur demande du même CSA, le Conseil d’Etat décide d’interdire la chaîne. Cette décision ne changera strictement rien pour Al Manar, dès lors qu’il suffira de réorienter sa parabole, pour continuer à la recevoir dans toutes les banlieues de l’islam. Pour faire passer la pilule amère de son acceptation de la chaîne terroriste dans le PAF, le CSA avait parlé d’une Al Manar « light » et de conditions de diffusion très strictes. En entendant cela, je me suis dit qu’une Al Manar light ne pouvait être qu’une Al Manar dépouillée d’images et de son ; que les seules conditions sensées que l’on pouvait imaginer étaient que l’écran de quiconque cherche à capter Al Manar en France reste noir et que le téléviseur émette un son si désagréable qu’on ait envie de zapper immédiatement. Quoi ? On pouvait toujours fantasmer une seconde, juste pour se détendre dans une atmosphère peu propice à la rêverie…
J’ai du constater, au contraire, que d’un bout à l’autre de « l’affaire Al Manar » l’organisation Hezbollah a été qualifiée de parti politique, de mouvement activiste ou de mouvement tout court, mais jamais, où que ce soit dans les médias de mon pays, d’organisation terroriste. J’ai remarqué aussi qu’on a accusé Al Manar d’incitation au racisme ou d’incitation à la violence, mais jamais d’incitation à l’antisémitisme ou à la haine des Juifs. J’ai remarqué, enfin, qu’à ma seule exception près, tous ceux qui se sont indignés de l’autorisation accordée à Al Manar et de la pitoyable et sinistre pitrerie qui s’en est suivie étaient des Juifs. Seuls des Juifs, et quelque dissident comme moi, peuvent vraiment se sentir mobilisés par des incitations directes à la haine des juifs dans la France d’aujourd’hui.
Et le lugubre Dieudonné, acteur noir tenté par le néo-nazisme, pour peu qu’il soit repeint aux couleurs du gauchisme, a été reçu par Thierry Ardisson qui, ô surprise heureuse, a critiqué ses excès de façon déterminée. Mais Dieudonné, le mal surnommé, a su profiter de son passage à « Tout le monde en parle » pour cracher son venin et distiller à ceux qui regardaient l’émission une idée parfaitement ignoble : et si le Sida avait été conçu par les Juifs aux fins de détruire les Noirs ? Je ne dis pas que c’est exact - a cru bon de préciser l’énergumène, dans un lancer de rumeur cathodique façon 2004 - mais cela demande débat, non ?
Il ne faut pas laisser cette question dans les airs sans lui consacrer, au moins, les remarques qu’elle mérite : disséminez une infamie absolue ; laissez infuser dans des esprits affaiblis par la dose quotidienne de désinformation made in France, et attendez le résultat. C’est exactement ainsi que l’on procédait sous Adolf dans l’Allemagne des années 1930.
Dieudonné n’a pas manqué non plus de raviver un parallèle particulièrement odieux : on parle tout le temps de la Shoah, a-t-il dit, mais qui parle du racisme subi par les arabes en Europe, qui parle de la souffrance des noirs, victimes d’un génocide autrement plus grave, celui résultant de la vente d’esclaves venus d’Afrique en direction des Amériques ? Thierry Ardisson aurait pu avoir l’à propos de rappeler à Dieudonné que les marchands d’esclaves en Afrique étaient africains ou arabes et que l’essentiel du trafic d’esclaves africains s’est fait en direction du monde musulman, ce pendant une période largement plus longue que l’esclavagisme euro-américain. On peut aussi légitimement penser, qu’en Mauritanie et au Soudan, ce commerce n’est pas terminé. La présence de minorités significatives d’Africains de couleur au sein de la société arabe, que ce soit en Arabie Saoudite ou parmi la population palestinienne, par exemple, apporte un témoignage suffisant de l’existence de ces pratiques jusqu’à une période relativement récente.
Je suis devenu chroniqueur des Grandes gueules de RMC, où je sévis désormais trois ou quatre fois par mois. Cette semaine, je me suis fait fort de rappeler le caractère à la fois abominable et unique de la Shoah. En présence d’un autre chroniqueur français, d’origine arabe musulmane, j’ai pu très vite constater que les arguments de Dieudonné n’étaient pas tombés dans l’oreille de sourds. Et mon interlocuteur, après avoir dit deux mots sur le génocide perpétré par les nazis à l’encontre des Juifs, est rapidement passé au sort que le monde occidental a fait subir aux noirs réduits en esclavage. Mon camarade, bien sûr, n’a pas pipé un seul mot sur le trafic d’esclaves en direction du monde arabe musulman. Il n’a pas dit, non plus, que si le monde occidental avait, pour un temps assez bref, utilisé l’esclavage pratiqué par d’autres, c’est aussi le monde occidental qui a initié l’abolition de l’esclavage.
Je m’attends à ce que, dans les mois à venir, la Shoah se trouve de plus en plus relativisée. Je m’attends à ce qu’on dise qu’il y en a assez d’entendre les Juifs parler de leur souffrance passée et qu’il y a d’autres populations sur la planète qui ont souffert autant, sinon davantage que les Juifs. Ce sera un négationnisme plus subtil que le négationnisme précédent. On ne dira plus qu’Auschwitz n’a pas existé ou que dans les chambres à gaz on ne gazait que les poux ; on dira : bien sûr, il y a eu Auschwitz, mais il y a eu plus abominable qu’Auschwitz, l’esclavage pratiqué par les Occidentaux à l’encontre des noirs, et les victimes, là, ont été autrement plus nombreuses. Elles furent des dizaines de millions, pendant des décennies, alors cessez de nous parler d’Auschwitz !
Je crains ce négationnisme par la « banalisation » d’Auschwitz bien davantage que le négationnisme ancien, précisément parce que, étant plus subtil, il est moins voyant, et qu’il permet de mieux faire passer, en direction des opinions française et sans doute européennes, l’idée que les Israéliens se comportent aujourd’hui comme des nazis vis-à-vis des Palestiniens. Dès lors qu’Auschwitz n’est qu’un épisode, pas plus saillant que d’autres, voire plutôt moins, dans la longue histoire des crimes de l’Occident, l’armée israélienne, en tant qu’armée occidentale, est capable de commettre des crimes aussi abominables que ceux du temps d’Auschwitz et cela n’aura rien d’étonnant.
Tout l’Occident est devenu coupable, en gros et en détail. L’Allemagne nazie, la France de Louis XV et de Louis XVI, la Grande-Bretagne de la Glorious Revolution, les Etats-Unis de Washington et Jefferson, donc ceux de Bush et Israël, de sa naissance à Ariel Sharon. Le fait que mon interlocuteur français d’origine arabe musulmane, sur RMC, ait été un président d’association « républicaine », donc quelqu’un qui a forcément l’habitude de réfléchir, m’a paru inquiétant. Si quelqu’un comme lui, qui ne cesse d’invoquer la république, banalise à ce point la Shoah, qu’en est-il pour les français d’origine arabe musulmane qui n’ont pas son niveau de culture ? Je n’ose y penser, étant quasiment certain de connaître la réponse.
Je penses sans enthousiasme non plus à ce qui est l’état mental de la jeunesse européenne aujourd’hui. Un sondage a été effectué récemment dans une dizaine de pays d’Europe, dans lequel on demandait à des jeunes gens âgés de 18 à 25 ans ce qu’était Auschwitz. Selon les pays, seuls vingt à vingt-cinq pour cent des jeunes gens répondaient de manière adéquate. Le reste, soit les trois-quarts des personnes sondées, semblait n’avoir jamais entendu parler de ce qui s’était vraiment passé à Auschwitz. Seulement soixante ans après ! Qu’en sera-t-il dans dix ans, dans vingt ans, au train où vont les choses ?
Un philosophe américain du début du vingtième siècle, George Santayana, a écrit que « quiconque n’étudie pas scrupuleusement les erreurs de l’histoire se condamne à les laisser se répéter ». Je préciserai, pour ce qui me concerne, que quiconque n’étudie pas scrupuleusement les crimes de l’histoire se condamne à les laisser se répéter. Quand je vois la façon dont, en France, on parle aujourd’hui du passé de l’Europe et de la Shoah, quand je vois comment, dans la foulée, on parle d’Israël, quand je vois que la mémoire s’efface, je m’inquiète et me dis que de nouveaux crimes se trouvent rendus très possibles.
Une seconde Shoah, prenant la forme de la destruction d’Israël et de ses habitants, est en voie de devenir environnementalement envisageable. Dans le contexte pesteux, qui est devenu le nôtre, l’holocauste d’Israël serait observé de loin, dans la passivité, et risquerait d’apparaître simplement comme un épisode parmi d’autres dans la fatalité du mal ; un aléas si banal sur la planète, et que l’Occident, dont Israël fait partie, mérite bien de subir…
Dans ces prolongements inévitables du complot de la Parenthèse, les Etats-Unis se dressent comme le rempart ultime de l’Occident, la puissance dont dépend sa survie, en ce que notre civilisation peut avoir de digne et d’émancipateur. La puissance de l’Oncle Sam, ultimement tributaire de la survie d’Israël, aussi, en sa qualité de fragment essentiel du même Occident.
Plus que jamais, je vis mal mes identités de Français et d’Européen. L’année qui va commencer bientôt nous dira, je pense, s’il y a un sursaut de rationalité à attendre, ou s’il est déjà temps de faire ses valises et de s’en aller. Et ce n’est pas ici l’expression d’un poète, ni celle d’un prédicateur mais celle d’un homme, qui essaie de vivre son époque difficile les yeux ouverts.
Par Douda (Douda) le dimanche 19 décembre 2004 - 23h54: |
La Douda : ( Hak El Ouet International Tracking Station )
Le Ftileur : Turquie ?
Quelle idée avait donc derrière la tête, l’Oncle Sam de conseiller à la Vieille Europe, d’accueillir la Turquie en son sein ? Etait ce un bis répétita de l’odyssée du Cheval de Troie ?
Il nous semble que notre Ami Emile était plutôt pour cette hypothèse.
Bonsoir les Amis.
Wnessou El Douda
Par Shira (Shira) le dimanche 19 décembre 2004 - 21h03: |
A Emile (et a tous les harissiens), j'esperais par ces photos montrer des paysages differents de ceux transmis aux journaux televises . Une facon de mettre l'eau a la bouche aux futurs touristes. Si ces photos ont donne l'idee a nos amis Albert et Breitou de poster les splendides photos sur Tunis, La Goulette et le Saf-Saf, m'en voila ravie!
Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le dimanche 19 décembre 2004 - 18h53: |
Shira, que voulez-vous nous montrer de la publicite sur Israel? Ou quoi ? je ne saisi pas votre message.
Par Nao (Nao) le dimanche 19 décembre 2004 - 02h42: |
Un petit passage tres significatif de interview de Claude Goasguen realisee par Primo.
Claude Goasguen est député, ancien ministre, conseiller de Paris, et également , depuis octobre 2002, Président du groupe UMP au Conseil de Paris.
PE- Que pensez vous de l’Europe avec la Turquie et le Maghreb ?
CG- Je suis réellement attaché à la culture méditerranéenne, la judéité est complètement intégrée à ma culture, je regrette que les musulmans deviennent fondamentalistes, le vieux côté historique le plus pénible de l’Islam, alors qu’on a connu le temps du partage et de l’échange…La culture méditerranéenne, c’est une grande partie de mon combat.
C’est pourquoi je dis haut et fort : pas de Turquie, pas de Maghreb. Partenariat privilégié mais pas dans l’Europe. Quand j’ai entendu le président me dire qu’on était tous descendants de Byzance ! on a promis n’importe quoi aux Turcs qu’on ne pourra tenir. Je ne crois pas que les Turcs entreront un jour dans l’Europe.
PE – Ça n’est donc pas la peine de se battre ?
CG – Si, mais cela me paraît tellement aberrant que, s’ils rentraient, ça ne serait plus dans l’Europe.
PE- Que répondez vous aux femmes turques émancipées qui nous supplient de les prendre avec nous en Europe pour sauvegarder leur émancipation ?
CG- Mais alors dans ce cas, il faut accepter les femmes chinoises, les javanaises, il faut prendre tout le monde. L’Europe n’a pas pour destinée de transformer la planète entière en intégrant dans son territoire. Imaginez… La Turquie devient état membre. Elle compte alors cent millions d’habitants. Elle est donc le premier Etat d’Europe.
Son poids électoral est tel qu’elle peut créer à elle toute seule des majorités, c'est-à-dire qu’on n’arriverait à ce paradoxe d’avoir un pays musulman (dont le président a une épouse voilée et des enfants à l’école coranique) qui ferait la majorité en Europe ! Le vrai combat qu’on a perdu est le refus d’affirmer le judéo-christianisme. Et tous les nouveaux entrants étaient d’accord, même les Polonais l’étaient …c’est la France qui a refusé et je trouve que c’est une grave erreur. Non que l’Europe ne doive pas être laïque, elle doit l’être absolument et elle peut l’être sans pour autant renier l’histoire de ses origines.
Del Valle le dit: Non a la Turquie ds Communaute Europeene. Je suis d'accord!
Par Shira (Shira) le samedi 18 décembre 2004 - 23h54: |
Vues en 3D d'Israel a partir de:
http://www.inisrael.com/3disrael/index.html
Shavoua tov!
Par Maurice (Maurice) le samedi 18 décembre 2004 - 09h41: |
Eaigle Club vous n'avez pas laissé votre adresse votre Unoversité et adresse Mail De plus nous avons une societé d'Histoire des Juifs de Tunisie qui coopere avec des Universitaires Tunisiens Musulmans puisque nous en sommes encore là au 21 siecle dans une communautarisation de la recherche historique Peut etre faut il passer par là pour arriver à l'Unité de la defense de l'Homme au delà de son cheminement Historique chacun ayant conscience que de sa propre frustration a laquel l'autre n'en a pas la sensibilité ne l'ayant pas ressenti
Par Nani (Nani) le samedi 18 décembre 2004 - 03h57: |
je reviens aujourd'hui de Tunis ,j'ai eu la bonne surprise en entrant au cimetiere du Borgel de voir une centaine d'ouvriers à l'oeuvre .
Le president Ben ali ,suite à la visite du grand Rabbin Sitruck a fait envoyér une equipe pour nettoyer
je remercie Le president et l'etat Tunisien pour ce geste
Nani Boublil
Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le samedi 18 décembre 2004 - 03h20: |
Michka, enfin voila quelqu'un qui met de l'ordre
dans la phobie.
Hazaak Veematz
Par Mailroom (Mailroom) le samedi 18 décembre 2004 - 00h25: |
AMIT
Bonjour,
Enfin et "Mieux vaut tard que jamais", nous avons le plaisir de vous annoncer que le site AMIT a ete cree voici 15 jours.
Nous profitons de l'occasion pour vous remercier de votre soutien et de votre desponibilite envers notre association ainsi que pour l'enorme travail que vous consacrez dans l'interet des "TUNES".
Nous vous serions reconnaissant de bien vouloir communiquer notre adress: http://www.amit4u.net
Cordial chalom dans l'attente de vous voir a Natanya – veuillez croire cher ami a notre houte consideration.
Maitre Eyal Ortal
Fondateur du site
Tresorier d'AMIT
Claude Nissim Taitou
Directeur general
Par Michka (Michka) le vendredi 17 décembre 2004 - 20h36: |
Souvenirs, souvenirs....
L’exode tunisien
par Daniel Gerson
L’Arche n°93, octobre 1964
Gare de Lyon. Dans le petit matin déjà froid de l’automne parisien, le train de Marseille verse son flot de voyageurs harassés et pressés. Chargés de valises mal ficelées, de ballots informes, un groupe composé de nombreux enfants titubant de sommeil, d’hommes et de femmes de type méditerranéen, se dirige d’un pas incertain vers la sortie, à la manière désabusée de ceux que personne n’attend, et pour qui le temps ne compte pas : ce sont des réfugiés de Tunisie.
Moins spectaculaire que l’afflux algérien, le grand exode de la communauté tunisienne démarre en 1955 à un rythme relativement modéré : une centaine de familles par mois. Il s’accélère avec la crise de Bizerte en 1961 : de septembre à décembre 1961, 1 500 familles, soit environ 4 000 personnes, se font connaître de notre communauté ; 6 000 personnes en 1962, représentant quelque 1 800 familles ; 3 500 personnes en 1963.
Depuis quelques mois enfin, l’exode s’est transformé en panique, puisqu’en un peu plus d’un semestre on aura enregistré autant d’arrivées que pour toute l’année 1963. Bien entendu, ces statistiques ne tiennent pas compte des personnes qui n’ont pas fait appel à la communauté, soit environ une sur cinq.
Ces émigrations successives ont réduit à moins de 20 000 (25 000 selon certaines sources) la communauté juive tunisienne qui comptait 70 000 âmes : et l’on peut affirmer sans risque d’erreur que plus de trois quarts des émigrants sont venus en France et plus précisément à Paris.
Les causes de la panique récente sont multiples : politiques, économiques, familiales. Pendant longtemps, Bourguiba a été cité en exemple pour sa modération vis-à-vis du problème israélien, comme pour son intelligence avisée en ce qui concernait ses compatriotes de religion juive, dont il était le premier à louer le rôle dans l’économie, l’administration et la culture du pays. Considéré comme un « jaune » par les autres pays arabes, et en particulier par la RAU [union éphémère de l’Égypte et de la Syrie - NDLR] qui interprétait l’absence de mesures de rétorsion à l’égard des Juifs tunisiens comme une approbation implicite de l’existence de l’État d’Israël, Bourguiba a jugé nécessaire de se dédouaner. Ce furent tout d’abord des discours incendiaires, et des mises en garde à l’égard de la communauté juive accusée d’être « tunisienne d’esprit, mais israélienne de cœur », puis ce furent des actes. (...)
Si quelques-uns restent à Marseille, l’écrasante majorité des réfugiés montent à Paris, la capitale aux mille mirages, où l’on désenchantera rapidement.
Le drame, dans toutes ses dimensions tragiques, commence en effet à Paris.
À l’exception de ceux qui possèdent la nationalité française (rares, car la plupart de ces derniers sont restés en Tunisie), les Tunisiens ne sont pas considérés comme des « rapatriés » mais comme des étrangers au même titre que les Espagnols, Portugais ou Italiens. Non seulement, ils ne reçoivent en conséquence aucune aide de l’État, mais ils sont soumis à la législation sur les étrangers. Pour obtenir une prolongation de leur permis de séjour, qui expire au bout de trois mois, ils doivent justifier et d’un contrat d’embauche et d’un logement.
Si l’on estime à 20% le nombre de ceux qui se « débrouillent » par leurs propres moyens - qu’ils aient transféré une partie de leurs capitaux à temps, qu’ils aient un point de chute chez des parents ou amis ou qu’ils retrouvent un emploi immédiatement chez leur ancien employeur qui possède son siège social à Paris -, tous les autres sont dans le dénuement le plus complet.
Par Email (Email) le vendredi 17 décembre 2004 - 19h55: |
Shalom from Sweden.
My name is Anders and im looking after a woman in France Isabelle Boublil from Lille. She must be 43 to 44 years old. I
met her in London 1979. We wrote to each other after this scholltrip. I wonder if you knew if she would write to me like a friend? I know that
she lived in Paris i know also that she traveld to Tunisia when we wrote to each other. Is she the same as Isabelle Sitbon Boublil?
Shalom from Anders
(i have discoverd that i have jewich roots)
Par Michka (Michka) le vendredi 17 décembre 2004 - 19h33: |
L'an passé, j'avais poussé un coup de gueule parce que j'en avais assez d'entendre les journalistes employer le mot "islamophobie" dans un sens qui n'était pas du tout approprié.
Aujourd'hui Daniel Sibony remet les pendules à l'heure, il était temps.....
Mon coup de gueule
Par Michka (Michka) le mardi 18 novembre 2003 - 17h29:
Je crois qu'il serait temps de rétablir la véritable signification du mot " islamophobie". Personne jusqu'à ce jour n'en a donné le sens juste. En psychiatrie la phobie est une manifestation de la PEUR et non de la HAINE. On a peur de la foule, des araignées, des souris, des microbes etc....
Des psychanalystes ont très justement fait remarquer que même Taguieff n'avait pas employé le bon mot en écrivant son livre sur la nouvelle judéophobie.
Voilà comment on manipule les foules avec des mots que l'on vide du sens réel et qui créent la confusion dans les esprits.
Peut-être devrions-nous faire tout un travail dans ce sens car vraiment les journalistes nous démontrent chaque jour le degré de leur inculture. Serait-ce leur stratégie de perversion???
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Rebonds
Homophobie, xénophobie, judéophobie... Autant de mots détournés de leur
sens.
Ne pas aimer n'est pas phobie
Par Daniel SIBONY
Libération
jeudi 09 décembre 2004
Daniel Sibony psychanalyste et écrivain.
A paraître : Fous de l'origine. Journal d'Intifada (Bourgois).
Le mot phobie est bizarrement utilisé dans des termes comme homophobie,
xénophobie, judéophobie, islamophobie, américanophobie... La bizarrerie
consiste à mettre «phobie» chaque fois qu'on n'aime pas une chose. Or,
si on n'aime pas l'islam ou le judaïsme ou «les Américains», ça ne veut
pas du tout dire qu'on en a peur. ça veut dire qu'on n'aime pas ; pour
des raisons qu'il reste alors à formuler, discuter, réévaluer ; ou des
raisons informulables,
«irrationnelles», qu'on peut tenter d'analyser.
Quel rapport y a-t-il entre ne pas aimer une chose et en avoir peur ?
En général, ce dont on a peur, on ne l'aime pas. Et encore : il y a des
êtres remarquables, les «phobiques» justement, qui sont très attirés
par ce qui leur fait peur ; notamment par la peur elle-même. Car souvent,
quand ils n'ont pas d'objet-de-peur précis (objet qui, une fois écarté,
les soulagerait), on peut dire que leur objet, c'est la peur elle-même.
Si on les prive de cette transe qu'ils ont dans leur moment phobique,
ils sont très angoissés et ils poussent
cette angoisse assez loin jusqu'à retrouver la peur ; là, ils se
sentent non pas tranquilles mais dans leur élément. Ils s'y retrouvent. Nous
ne dirons donc pas qu'ils aiment la peur mais qu'ils sont attirés par
elle, très attirés. On peut dire qu'ils carburent à la peur.
Mais enfin, mis à part ces êtres singuliers (plus nombreux qu'on ne
pense), en gros, on n'aime pas ce dont on a peur. Mais dire qu'on a peur
de ce qu'on n'aime pas est faux. Le plus souvent, on s'éloigne de ce
qu'on n'aime pas, on prend des précautions pour n'en être pas victime ; si
certains n'aiment pas le froid ou le travail, dire que ça leur fait
peur est abusif.
Comment alors expliquer cette confusion où l'on met sous le signe de la
phobie des choses qu'on n'aime pas -¬comme par exemple le
judaïsme,l'islam,l'Amérique, l'homosexualité ? C'est qu'on opère en silence un
curieux raccourci : on se met, par la pensée, à l'instant fictif où ce qu'on
n'aime pas aurait pris le pouvoir et nous ferait la loi. Et en effet,
si l'on était sous le pouvoir de
l'Amérique, de l'islam, ou du judaïsme, cela pourrait faire peur. Si on
n'aime pas l'american way of life, ce serait terrible s'il prenait tout
le pouvoir sur nous. De même pour l'islam. De même pour l'homosexualité
: si on n'aime pas ce type de sexualité, si même on a pris la peine de
refouler en soi des tendances homosexuelles qu'on a pu ressentir dans
l'enfance ou l'adolescence, on aurait sans doute peur d'avoir à élever
ses enfants ou petits-enfants dans l'idée qu'au contraire c'est très
bien, et que l'avenir est aux familles homo-parentales, par exemple. Or
rien de tel n'est à l'ordre du jour. De même, si quelqu'un n'aime pas le
judaïsme, religieux ou laïc, parce que ça lui rappelle la Bible (et
«tout le mal qu'ont fait les monothéismes») ou parce que ça lui rappelle
l'élitisme qu'ont certains juifs, en écho à l'idée de peuple «élu» ¬ si
quelqu'un n'aime pas ça, c'est son droit ; c'est même plutôt banal :
les élèves d'une classe n'aiment pas le chouchou du prof, et si le prof
c'est Dieu, ce n'est guère plus facile, même s'il harcèle constamment
son chouchou pour qu'il s'améliore.
Certes, celui qui n'aime pas ça chez les juifs ferait déjà un gros
glissement s'il n'aime pas «les juifs» pour ça, et un autre glissement s'il
se place à l'époque fictive où «les juifs» domineraient le monde avec
«ça». Mais là encore, rien de tel n'est programmé. Et peut-être que ceux
qu'on nomme antisémites sont ceux qui pensent, de façon irrationnelle,
que justement, c'est programmé.
Bref, un peu de bon sens devrait permettre de dire, sereinement, qu'on
n'aime pas le capitalisme américain, ou qu'on n'aime pas
l'homosexualité ou le judaïsme ou l'islam, sans être pris pour un phobique de ces
choses, ni pour un haineux ; car cela n'implique même pas qu'on ait de la
haine pour ces modes d'être, ni de la haine pour ceux qui les prônent,
sauf s'ils prennent le pouvoir. On peut ne pas aimer leur religion ou
leurs idées, mais libre à eux de les avoir, pourvu que ça ne vienne pas
nous faire la loi ; pourvu que de
solides mesures nous protègent de leur emprise éventuelle.
Or, au lieu de cela, que fait-on en parlant de «phobie» ? On prétend,
en pointant ces «phobies», interdire aux gens d'avoir telle ou telle
peur. Mais peut-on interdire d'avoir peur ? En l'occurrence, on leur
interdit de donner des signes de cette peur, par des propos, par exemple,
homophobes, xénophobes, judéophobes, islamophobes (pas américanophobes :
c'est mieux porté ici). Mais
s'ils ont peur, la violence de cette peur en sera-t-elle amoindrie du
fait qu'ils en répriment les signes ? Et s'ils n'ont pas peur, comme
c'est sans doute le cas, s'ils se contentent de ne pas aimer ceci ou cela
sans forcément en avoir peur, à quoi rime donc de le leur interdire ?
En fait, cet interdit, s'il semble inutile ou absurde, c'est qu'il a
une autre fonction. Elle n'est pas simple à dire, car elle suppose
plusieurs confusions. C'est que le discours du consensus feint de confondre
ne pas aimer avec haïr et avec avoir peur. Il se peut que ce consensus
(et le discours qu’il organise) se donne pour tâche de briser les
réserves que certains peuvent avoir envers telle différence, faite d'idées
religieuses ou de pratique sexuelle, qu'il veuille casser ces réticences
en les pointant comme des signes de haine ou de peur extrême.
L'intention est sûrement bonne, mais les effets sont surprenants,
presque contraires à ce qu'on attend. Car très peu supportent qu'on leur
dise ce qu'il faut aimer ou ce qu'on a tort de ne pas aimer. Et surtout:
ce combat préventif vise l'attitude qu'auraient certains si ce qu'ils
n'aiment pas prenait le pouvoir. Et l'aspect préventif n'est pas simple à
faire admettre ; il impute aux gens une violence qu'ils n'ont pas, une
posture limite qu'ils n'auraient, à la rigueur, que dans des cas
limites peu vraisemblables.
Tout cela est curieux, et peut éclairer les confusions renversantes
qu'on observe aujourd'hui, notamment autour du mot «racisme» ; puisque,
semble-t-il, certains deviennent «racistes» par... «antiracisme». Cela
veut dire que ce mot et quelques autres, devenus très confus, finissent
par perdre le peu de sens qu'ils avaient. Et qu'il faudra en trouver
d'autres.
© Libération