Archive jusqu'au 08/février/2005

Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2005: Commentaires Fevrier 2005: Archive jusqu'au 08/février/2005
Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mailroom (Mailroom) le mardi 08 février 2005 - 18h42:

Juifs et musulmans : divorce ou remariage


Jean-Pierre Allali, journaliste et écrivain, donne une conférence sur le thème, Juifs et musulmans : divorce ou remariage en collaboration avec l’Institut musulman de la mosquée de Paris à l’Institut Maïmonide universitaire euro-méditerranéen le mercredi 9 février à 20h30 dans la salle Pétrarque.

Pour tout renseignement : 04 67 02 70 11 ou bien par mail : institut.maimonide@cegetel.net
Site Internet : www.maimonide-institut.com

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Bazooka (Bazooka) le mardi 08 février 2005 - 16h43:

AGENCE LACANIENNE DE PRESSE
Paris, le samedi 5 février 2005,

* AUSCHWITZ

« Vous ne pensez-pas qu’on en parle trop ? »

Paris, le 5 février (ALP) — À l’occasion du 7ème Forum des psys, qui s’ouvre tout à l’heure à la Maison de la Mutualité à 14h, nous avons
reçu le texte suivant de Catherine Lazarus-Matet, psychiatre et psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne :

Un silence. Un silence radio. Un silence à la radio, soudain. Quel silence, monsieur Klarsfeld ! Votre silence en réponse à ce journaliste qui vous a lancé cette phrase, cette phrase sinistre : « Vous ne pensez-pas qu’on en parle trop ? ».

Vous qui n’êtes pas avare de paroles pour dire ce qui a régi vos actions et votre vie, à cet indélicat – le mot est bien doux-, vous
avez dit, par votre silence : « Je me tais », ou plutôt « Il n’y a rien à dire devant l’épouvante de cette question, son indignité ».

On a donc pu dire ça à un homme qui a perdu les siens, et qui a inlassablement parlé, nommé, dit, répété, pour tous les autres !

Était-ce une question ? Pas vraiment. On l’a beaucoup entendue, cette phrase, et souvent lue, ces derniers jours de janvier où la libération
d’Auschwitz fut commémorée. Non, ce n’était pas une question. Mais une réponse. Une réponse pas nette, pas nette du tout, une réponse à une
autre question, une vraie celle-là qui s’est levée, plus claire, soixante ans après.

Oui, on parle de tout aujourd’hui à jet continu, en boucle, comme on dit. L’ogre a chaque jour besoin de son festin d’informations. Le pape,
l’Irak, Pau, Sarko, le foot, l’anorexie, la barbarie, le tsunami.
Pourtant on entend rarement, même jamais, poser cette question. Certes, on en a parfois assez, ras-le-bol, la coupe est parfois pleine, mais ça
ne déborde pas. Pour Auschwitz, ça déborde. C’est trop !

Cette phrase n’a l’air de rien. Polie, simple, de bon sens. Applicable à tout, la sécurité, les embouteillages, les soldes.

Pour certains, règne comme une superstition. Si l’on en parle, ça va réveiller l’antisémitisme. Se taire a pu être salvateur. Ils savent
d’où leur vient cette angoisse.

« Vous ne pensez-pas qu’on en parle trop ? ». Trop ? Qu’est-ce qui est en trop ? Trop de paroles ? Trop de Juifs ? Trop de baratin pour cette histoire vieille de soixante ans ? Trop de bruit pour rien ?

Avec le recul de ces décennies, avec ce « trop », on saisit encore mieux le si long silence des survivants, le désir d’assimilation, les troubles d’identité des enfants cachés, les plaies à jamais ouvertes, les blessures intimes, les cauchemars secrets. Cinquante ans pour
parvenir à parler. Après soixante ans, après les récits, les témoignages, s’est formulée une autre question, glaçante.

Elle était déjà là, elle avait déjà été posée, on se la posait à soi, entre nous. Cette fois elle a été posée plus largement. Ceux qui ont
témoigné, qui ont écrit, déportés ou historiens, et bien d’autres encore se sont demandé avec plus de force, d’une façon plus vibrante,
plus épouvantée, comment ce pays avait pu contribuer à cette monstruosité : livrer ceux qui croyaient être ici chez eux ?

Comment ? Pourquoi ? La banale et sinistre question du journaliste contient la réponse : TROP !

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Bekhor (Bekhor) le mardi 08 février 2005 - 12h58:

EPHRAIM KISHON, Que j'avais connu dans les années 1970 était considéré comme le plus grand caricaturiste d'Israël.

Nous lui devons beaucoup de caricatures célèbres qui ont étaient éditées dans les années 1990 dans une belle brochure en Hébreu.

J'essaierais de la retrouver et d'éditer quelques une sur Harissa.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Henri (Henri) le mardi 08 février 2005 - 10h48:

Omega Chalom,
Ce que je pense,
J'espere de tout coeur, comme tous les Israeliens de gauche, de droite, et de toutes les directions, que la paix tant attendue arrivera enfin....
Sans payer le prix tres lourd de plus de mille morts suite aux accords d'Oslo qui se sont averes une erreur grossiere, et dont jusqu'a present personne n'a eu le courrage d'en prendre la responsabilite et de demander pardon aux victimes de cet accord.
Repond franchement, es tu pres a quitter TA maison TON travail pour une Promesse de paix ?
C'est ce que veut faire Sharon, et la il m'est dificile de comprendre ce qui se passe dans sa tete.
Et comme Emile je concluerais "nehaké ve niré".

Chalom et brakha.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Meyer (Meyer) le mardi 08 février 2005 - 08h59:

Haaretz du 8 février 2005

Surveille-le !

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Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mailroom (Mailroom) le mardi 08 février 2005 - 05h37:

A la mémoire de Ephraim Kishon,

le plus grand humoriste israélien decede cette semaine

Traduction française de Hesi Carmel,

journaliste à l'Express et écrivain

Le seul pays

C’est le seul pays au monde où le gouvernement finance l’éducation sectaire et ou l’éducation gratuite est financée par les parents des élèves.

C’est le seul pays où les chômeurs font la grève

C’est le seul pays qui a deux ministres du trésor et pas un rond.

C’est le seul pays où chaque mère a le numéro du portable du sergent de son fils à l’armée.

C’est le seul pays qui importe de l’eau par bateaux citernes au moment où le pays est inondé par les pluies.

C’est le seul pays où la chanson la plus populaire dans les clubs de musique transe s’intitule : « fleurs dans les fusils et filles dans les chars ».

C’est le seul pays qui a envoyé un satellite de communications dans l’espace, où on ne vous laisse jamais terminer une phrase;

C’est le seul pays où sont déjà tombées des fusées de l’Irak, des katyouchas du Liban, des Qassam de Gaza et où un appartement trois pièces coûte plus cher qu’a Paris.

C’est le seul pays où on demande une star porno : qu’en dis ta mère ?

C’est le seul pays où on va dîner chez les parents le vendredi et on occupe le même siège qu’à l’age de 5 ans.

C’est le seul pays où un repas Israélien est composé d’une salade arabe, d’une pita irakienne, d’un kebab roumain et d’une crème bavaroise.

C’est le seul pays où le gars avec la chemise pleine de taches est le ministre et le gars au complet gris, son chauffeur.

C’est le seul pays où des musulmans vendent des articles religieux aux chrétiens en échange de billets portant l’effigie du Rambam.

C’est le seul pays où les jeunes quittent la maison à l’age de 18 ans pour revenir y habiter à l’âge de 24.

C’est le seul pays où aucune femme n’est en bons termes avec sa mère mais où elles se parlent néanmoins trois fois par jour – de vous.

C’est le seul pays où on vous montre des photos des enfants alors qu’ils sont présents.

C’est le seul pays où on peut connaître la situation sécuritaire selon les chansons à la radio.

C’est le seul pays où les riches sont à gauche, les pauvres sont à droite et la classe moyenne paie tout.

C’est le seul pays où on peut obtenir en dix minutes un logiciel pour diriger des véhicules spatiaux, où il faut attendre une semaine pour réparer la machine a laver.

C’est le seul pays où la première fois qu’on sort avec une fille, on lui demande dans quelle unité elle a servi a l’armée, et on découvre qu’elle était parachutiste alors que vous n’aviez été que caporal à la cantine militaire.

C’est le seul pays où le décalage entre le jour le plus heureux et le jour le plus triste n’est souvent que soixante secondes.

C’est le seul pays où lorsque vous détestez les hommes politiques, les fonctionnaires, les taxes, la qualité du service et la situation en général vous prouvez que vous aimez le pays et qu’en fin de compte c’est le seul pays dans lequel vous pouvez vivre

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mailroom (Mailroom) le mardi 08 février 2005 - 05h12:

Les leaders Sharon et Abbas devront tous deux affronter leurs extrêmes pour bâtir l'avenir.

Panser le Proche-Orient

Par Nissim ZVILI

lundi 07 février 2005

Nissim Zvili, ambassadeur d'Israël en France.

Un débat pour le moins surréaliste agite, ces derniers temps, Israël. «Faut-il se suicider pour éveiller l'opinion publique ?» se demandent certains Israéliens extrémistes qui sont contre le plan de désengagement de la bande de Gaza et du nord de la Samarie. Ils sont convaincus que cette terre appartient au peuple juif et que son évacuation mènera Israël à sa perte. Il y a vingt ans, leurs rabbins les enjoignaient de tout faire pour lutter contre ceux qui auraient voulu les déloger. Aujourd'hui, alors que ce plan a bel et bien été voté et qu'il a été mis en route, des dizaines de rabbins fanatiques ont signé une pétition pour inciter à la désobéissance. Ils se demandent s'il leur faudra affronter leurs concitoyens, les soldats israéliens, s'il faudra lutter l'un contre l'autre avec des armes.

Dans l'armée aussi, certains soldats hésitent à mettre en oeuvre le plan de désengagement. Ariel Sharon a donné des ordres très clairs pour que Tsahal soit en mesure de contrer ce phénomène de désobéissance avant l'évacuation, prévue au printemps. Il a compris le danger que représente une politisation de l'armée. Des Israéliens tireront-ils sur des Israéliens pour faire respecter la loi ? Pour désobéir à la loi ? Des illuminés iront-ils jusqu'à mettre à exécution leur menace contre la vie du Premier ministre d'Israël ? Personne ne peut oublier l'assassinat de Rabin. Et, comme alors, les débats sont tumultueux et les tensions grandes dans la société israélienne, mettant à jour des fractures qui laisseront des traces sans doute pour longtemps.

Ariel Sharon, en rupture avec ses convictions d'antan, a pris un virage déterminant. Il a d'abord affronté les durs de son parti, puis ceux de son gouvernement, pour faire passer ce plan de désengagement qui paraissait impensable de sa part il y a peu. Le Premier ministre israélien a fait le choix d'agir en chef de gouvernement qui oriente la politique. Cela comporte des risques, mais l'espoir réside dans le fait que la démocratie israélienne est solidement enracinée, elle est consubstantielle à la renaissance de l'Etat. La période qui s'ouvre sera rude, mais les décisions démocratiquement adoptées en Israël ont toujours trouvé le chemin du concret pour devenir effectives.

La société israélienne, agitée de l'intérieur, n'en est pas moins harcelée de l'extérieur. Plus le départ israélien approche, plus les extrémistes palestiniens ont intérêt à bombarder les villes israéliennes de roquettes, tuant un gamin au hasard d'une rue. Trois bombes humaines se sont fait exploser au point de passage de Karni le 13 janvier, tuant six Israéliens et en blessant cinq. Karni est un point de contact entre Palestiniens et Israéliens. C'est par là qu'arrivent nourriture, médicaments et matières premières destinés aux Palestiniens, c'est d'ici que partent les exportations palestiniennes, et c'est à Karni que viennent les Palestiniens cherchant un travail en Israël.

Les terroristes qui ont visé l'endroit le savent très bien. Mais frapper la vie quotidienne des Palestiniens leur importe peu. Les mouvements extrémistes sont indifférents au bien-être des Palestiniens. La misère leur sert au contraire de terreau fertile de recrutement. Les points d'échange sont des failles dans lesquelles les terroristes se sont toujours engouffrés pour miner les forces de réconciliation et de partage. Ces mouvements terroristes ­ qui s'en prennent délibérément et de façon massive aux civils ­ n'ont rien de mouvements de libération nationale. Toute approche par la négociation ne les intéresse pas. Tout au long du processus d'Oslo, chaque fois qu'un accord israélo-arabe intervenait, un attentat anti-israélien le suivait de peu. Aujourd'hui encore, les organisations terroristes ne sont pas intér! essées par la paix et ses avancées. Ils ne sont pas dans le champ du politique mais dans celui de la guerre.

Cependant, et peut-être au grand désarroi des terroristes, c'est bien par un processus politique que Mahmoud Abbas a été élu président de l'Autorité palestinienne. Le mandat qu'il a reçu est très clair : mettre fin au terrorisme «envers les Israéliens où qu'ils se trouvent», reprendre la voie des négociations et améliorer les conditions de vie des Palestiniens. Ce mandat ne lui a pas été confié par les extrémistes, qui se sont massivement abstenus de voter, mais par une forte majorité qui est généralement réduite au silence.

Mahmoud Abbas est désormais investi d'une responsabilité qu'il lui reste à exercer pleinement. Il y a urgence. Il y a un risque permanent de nouvelles victimes, il y a un culte de la mort sur lequel les islamistes font croître la haine et la violence, il y a des enfants palestiniens dont on contamine l'esprit pour longtemps. Pour que la réalité change, les mots doivent être suivis d'action, les actions doivent être suivies d'effets. Sans quoi le mot «responsabilité» se videra de son sens et l'espoir s'effondrera, étouffé dans l'oeuf.

Mahmoud Abbas a rendez-vous avec son peuple. S'il doit en premier lieu se préoccuper de lui construire un avenir, d'investir dans l'économie, la santé et la justice, s'il doit endiguer la corruption et le trafic d'armes, ses responsabilités le placent aussi face aux extrémistes et aux groupes terroristes. Affronter une partie de son peuple est une tâche ingrate mais incontournable lorsque le projet commun est menacé par une minorité. Gouverner, c'est faire des choix difficiles.

Mahmoud Abbas a aujourd'hui deux possibilités : soit convaincre les mouvements terroristes de quitter leur idéologie destructrice et se transformer en force politique, ce qui impliquerait pour eux de s'intégrer à son gouvernement et de se soumettre aux règles démocratiques, en renonçant aux armes et au chantage. Soit, en cas d'échec, utiliser la force pour contrer les manoeuvres des extrémistes et assumer aussi ses engagements vis-à-vis de son peuple. Il n'y a pas de troisième choix. Ces premiers pas sont irréductibles. La «feuille de route» le stipule on ne peut plus clairement : l'arrêt du terrorisme, assorti de la fin de l'incitation à tuer et du démantèlement des mouvements terroristes, n'est pas une étape comme une autre, mais un préalable à toutes les étapes ultérieures de ce plan agréé par les deux parties et pa! r la communauté internationale.

Pour le moment, Mahmoud Abbas a opté pour la négociation avec les mouvements radicaux. Il démontre par là son réel sens politique et sa détermination. Sur le plan de l'action, le changement stratégique est également enclenché. Alors que l'attentat de Karni impliquait des Palestiniens des forces de sécurité ­ des employés de l'Autorité palestinienne donc ­, Mahmoud Abbas a désormais pris l'initiative de déployer des policiers palestiniens le long de la bande de Gaza pour empêcher des attaques anti-israéliennes. Et on voit bien que «ça marche» : les civils retrouvent une vie là où le terrorisme a levé son emprise.

Des policiers palestiniens qui font régner l'ordre, c'est ce qu'on appelle du «jamais-vu», à la grande surprise des Occidentaux, qui les croyaient détruits par Israël. Cette bouffée d'oxygène n'est pas du goût de tout le monde : le Jihad islamique déclare que cela «pourrait être le déclencheur d'une crise interpalestinienne». Certes, après plus de dix ans de «laisser-faire», d'encouragement et de financement du terrorisme au plus haut niveau, la menace est réelle. Face à elle, l'Autorité palestinienne doit s'affirmer comme la seule autorité légitime. Ni le Hamas, ni le Jihad, ni le Hezbollah ou son mentor iranien ne doivent dicter leur loi. En 2003 déjà, Mahmoud Abbas déclarait que la seule source d'autorité est celle de l'Autorité palestinienne.

Le premier défi du président de l'Autorité palestinienne sera d'opposer une volonté farouche à ces extrémistes. Si la négociation échoue, il lui faudra du courage politique pour confisquer toutes les armes illégales, arrêter les terroristes et démanteler leurs infrastructures. La fin de l'incitation à la haine (dans les médias, les mosquées, les écoles) est une mesure qui peut être entreprise dès maintenant. Si le président élu ne peut exercer son pouvoir, ce sont les éléments extrémistes qui le feront tomber.

Depuis la mort de Yasser Arafat, on a épuisé tous les termes pour évoquer cette fameuse «fenêtre des opportunités». Mais, quand la vanne des possibles est ouverte, il faut garder à l'esprit que le pire aussi devient une possibilité. Il faudra encore beaucoup de volonté, de courage et d'action politique de la part des deux leaders, l'Israélien et le Palestinien, pour, ensemble, faire évoluer les choses et éviter le chaos. Face à leurs extrêmes, les deux leaders n'affrontent pas des situations tout à fait parallèles. Israël possède une culture démocratique qui lui permet d'opérer des changements de fond pour le bien de tous. Malgré la période critique et difficile qu'Israël aborde, les extrémistes ne pourront que suivre le mouvement, avec, nous l'espérons, le moins de dégâts possibles. L'Autorité palestinienne doit, quan! t à elle, se désembourber d'une situation où une multitude de factions armées, belliqueuses et jusqu'au-boutistes ­ y compris dans ses rangs ­ veulent déstabiliser le pouvoir pour faire émerger le seul ordre qu'elles tolèrent : le leur. Mais Mahmoud Abbas et de nombreux leaders palestiniens sont véritablement habités par un esprit démocratique et la volonté de remettre enfin de l'ordre.

Sharon et Abbas sont tous deux armés d'une forte légitimité démocratique, soutenus par la majorité des Israéliens et des Palestiniens pour bâtir un avenir meilleur. Derrière le bruit de ceux qui disent non à tout compromis, il y a le murmure de ceux qui veulent partager, échanger, créer un Proche-Orient prospère, respectueux des identités de chacun.

Et, pourquoi pas, heureux.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le mardi 08 février 2005 - 02h29:

Omega. A propos comment allez-vous? on n'a plus entendu de vous depuis un bon moment. Apres ce long silence c'est tout ce que vous avez a dire? Il ne faut pas tirer hativement des conclusions.

On dirait que vous attendiez la revanche! Attendons la fin, mon pere disait. Puis il disait: c'est toujours la fin d'un episode, car dans la vie il n'y a pas de fin et la revanche n'est pas saine. Ce que je voudrais esperer c'est que tout se passera bien et qu'Israel et les Arabes trouveront leur paix ne serait-ce que temporaire, car il n'y a pas de paix certaine dans la vie.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Francois (Francois) le mardi 08 février 2005 - 00h52:

Les nouveaux Zola?

Charles Enderlin et France 2 aux abois, ou la Vérité en marche…

Même les menteurs les plus invétérés disent parfois la vérité… Ainsi Charles Enderlin, acculé par ses accusateurs dans l'affaire de l'imposture Al-Dura, n'a pas trouvé de meilleure défense que de contre-attaquer, en annonçant qu'il allait porter plainte pour "diffamation"…

Il n'a pas menti, pour une fois, j'en suis témoin : je viens en effet de recevoir une convocation en bonne et due forme de la préfecture de police de Paris, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour "diffamation publique envers un particulier"… De quoi suis-je accusé ? D'avoir été un des organisateurs de la grande manifestation du 2 octobre 2002, devant les bureaux de France 2, au cours de laquelle avait été projeté le film d'Esther Shapira (je me souviens encore d'avoir vu, se détachant comme une minuscule ombre chinoise, la silhouette d'Olivier Mazerolle dans son bureau, observant les milliers de manifestants en contrebas qui réclamaient la vérité…).

Nous serons nombreux sûrement à recevoir une telle convocation, puisque M. Enderlin a jugé utile de porter plainte contre tous ceux qui ont relevé ses mensonges, et la liste est longue… Je plains les policiers de la brigade de répression des atteintes aux personnes, qui vont passer des journées entières à entendre les personnes accusées d'avoir… dit la vérité, et de ne pas avoir pris pour argent comptant les mensonges de France 2 et de Charles Enderlin. Et je souhaite que ces procédures soient conduites jusqu'à leur terme, c'est-à-dire jusqu'au procès.

Certes, il n'est pas du tout certain que la justice française, qui depuis quatre ans relaxe à tour de bras les antisémites de la pire espèce, les nazis déguisés en humoristes et leurs émules dans les banlieues, fasse triompher dans cette affaire emblématique la Vérité, si souvent bafouée dans les médias… Mais le simple fait qu'Enderlin et France 2 portent plainte pour diffamation (plus de deux ans après les faits incriminés !) montre dans quel état lamentable ils se trouvent aujourd'hui. Face à la courageuse campagne menée par la MENA - qui n'a pas faibli depuis quatre ans dans sa lutte pour la vérité et la justice - et par tous ceux qui ont pris part à ce combat, il semble que M. Enderlin commence à perdre pied… Sa réaction ressemble plus à celle d'un homme aux abois, qu'au cri d'indignation d'un journaliste honnête diffamé.

Il semble que nous soyons enfin parvenus à un tournant dans cette affaire, et qu'après le temps des Esterhazy, soit enfin venu celui des Zola. M. Enderlin peut bien prendre la posture de la vertu diffamée, mais il ne fera pas illusion bien longtemps encore. La Vérité est en marche, et ni France 2, ni Charles Enderlin ne pourront l'arrêter.

Pierre Itshak Lurçat. Jérusalem

Source: http://www.a7fr.com/article.php?id=3113


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Puisqu'Ishak Lurçat fait référence à l'affaire Dreyfus, on est quand même en droit de s'étonner que les nouveaux Zola soient tous juifs et que l'autoproclamé axe du Bien qui a récupéré l'affaire Dreyfus à son profit est du côté de Fange 2.

Il est assez probable que la vérité sur al-Dura va éclater et il est aussi assez probable qu'Enderlin va payer pour ce qu'il a fait.

Pourtant, Enderlin n'est certainement pas le seul à avoir trempé dans cette affaire. La volonté de fabriquer une image symbolisant la "barbarie" israélienne n'était pas qu'arabe et il est clair qu'il y a eu d'autres complices en France. Il faut donc faire en sorte de remonter la chaîne de responsabilités.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Omega (Omega) le lundi 07 février 2005 - 23h12:

Bonsoir,

A toutes celles et ceux qui ont critique la gauche Israelienne et les accords d'Oslo, nous traitant de naifs, d'imbeciles et meme parfois de traitres, je voudrais demander ce qu'ils pensent de la "paix" telle qu'elle va etre imposee par Mme Condoleeza Rice et son patron Mr Georges Bush.

Il apparait de plus en plus clair ici en tous cas que le futur va passer par une solution qui ressemble etrangement aux accords d'Oslo.

OMEGA

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mena (Mena) le lundi 07 février 2005 - 18h48:

Apprendre le voisinage (info # 010702/5) [analyse]

Par Sami el Soudi © Metula News Agency



Gros changement d’orientation dans les medias de l’Autorité Palestinienne. Le moins que l’on puisse dire de ce changement, c’est qu’il ne passe pas inaperçu. Jusqu’au début de la semaine dernière, les émissions de la télévision palestinienne ouvraient sur des clips encourageant la population au "shahydat" : les terroristes y étaient présentés comme des héros de la cause, leurs noms étaient portés aux nues ; des enfants de douze ans affirmaient vouloir suivre la voie de Mohamed Al-Dura et se sacrifier "pour la libération de Jérusalem" ; des mères de jeunes martyrs étalaient leur fierté et appelaient les autres femmes à lancer leurs enfants, transformés en bombes humaines, contre l’occupant sioniste.



Depuis quelques jours, pour nos téléspectateurs, il n’y a plus d’occupant sioniste, mais des "voisins israéliens". L’armée d’occupation d’Israël est devenue "l’armée israélienne" et les clips abominables ont été remplacés par des scènes de chants et de Debka, notre danse folklorique nationale. Je pense qu’il sera difficile pour des non Palestiniens d’apprécier toute la symbolique de cette conversion. C’est ici qu’il convient de rappeler à bon escient que nous n’avons jamais eu de tanks ni d’avions et que la lutte armée se traduisait, d’abord, dans la communication officielle de notre appareil politique.



Avec cette télévision différente, c’est la Palestine qui a changé. Le message qui passe, désormais, est celui de la volonté de vivre en cohabitation pacifique avec nos voisins et non plus de les détruire, au besoin, par le sacrifice de deux millions d’entre nous, comme l’a préconisé Yasser Arafat jusqu’à son dernier souffle.



Mais, cette rectification nécessaire - car il n’était pas question d’engager un dialogue de paix sérieux avec l’ennemi dans un tel environnement de haine - entraîne d’autres processus qui la suivent naturellement. Car c’est aussi une invitation faite aux gens à imaginer l’avenir dans une dialectique qui n’est plus "ou eux ou nous de la rivière à la mer", mais eux et nous, dans une relation de voisinage obligée. Cela implique aussi, parce que le rapport de force militaire ne laissait aucune place au "nous" et certainement pas à un "nous vivants", de commencer justement à nous projeter dans un avenir qui ne passe ni par l’enfer ni par le paradis. Dans un avenir où nous sommes appelés à imaginer notre place en temps que personnes et en temps que société de personnes.



C’est également que le pouvoir a brusquement cessé d’être le pouvoir nourricier, sévère et discrétionnaire, assimilé uniquement à la "cause" et au leader de la cause, pour devenir un véritable gouvernement. Une autorité. Du même coup, nous avons cessé d’être un peuple-cause pour devenir un peuple tout court, doté d’une télévision qui n’est plus principalement un organe de propagande, mais aussi d’information, de divertissement et d’éducation.



Avec cela, le pouvoir prend de l’espacement avec les gens et il s’agit d’un phénomène tout à fait remarquable et salutaire. Un gouvernement, au plein sens du terme, est enfin né. Cela se voit également dans la rue, où commence à exister un ordre public, illustré par la présence de forces de l’ordre – et non plus de clans armés et divisés – qui prennent leurs distances avec les habitants. Voici quinze jours, cette police a détruit les dizaines de constructions illégales qui avaient pris racine dans le sable de la plage de Gaza. Il y avait là des boutiques, des restaurants et même des hôtels, qui, s’acquittant du prix d’un racket sous couvert patriotique, donnaient l’impression qu’ils allaient rester en place pour l’éternité.



Bon voisinage rimerait ainsi avec juste distance, dans un concept qui n’est pas pour me déplaire. Et qui pense voisinage avec les Israéliens, doit penser aussi à prendre ses distances avec eux. Voisinage, voudrait donc dire : "Tu as ta maison, j’ai ma maison. Lorsque j’ai envie de te voir ou de commercer avec toi, je t’invite chez moi. Lorsque je veux rester en famille, je garde ma porte fermée". Il me semble que cette image, pour toute naïve qu’elle puisse être, matérialise assez bien l’idée même de paix, telle que l’on peut la concevoir dans notre région. J’ajouterai, quitte à en faire sursauter quelques uns, que pour peu que le mur que les Israéliens construisent ne réduise pas davantage notre portion de Palestine, je pense qu’il peut être une bonne chose. C’est que nous avons à faire, de ce côté-ci du mur. Nous avons à construire tout ce qui n’a jamais existé ici et que nous n’avons jamais eu. A commencer par des institutions, un authentique système judiciaire ; nous avons à édicter des lois applicables et à façonner les moyens de les appliquer.



Pour que la paix existe dans la durée, il faudra, bien sûr, établir un système de vases communicants avec les Israéliens. Mais ce système ne fonctionnera pas tant que notre vase sera vide. Alors, nous avons besoin de la "distance" nécessaire à remplir notre vase, afin qu’à l’ouverture du robinet, il n’y ait qu’une vague que l’on puisse endiguer et pas un raz-de-marée. Il faut qu’on nous aide à imaginer la vie, après tant de décennies durant lesquelles nous nous contentions de vieillir.



Sur le plan diplomatique, dont les soubresauts m’ont soudain l’air moins intéressants, les choses se cristallisent autour de la visite de la nouvelle secrétaire d’Etat américaine dans la région et du sommet de Sharm-el Cheik demain. Tous conviennent qu’après la pacification relative des organisations terroristes et le déploiement de notre police dans la bande de Gaza, il faudra récupérer les armes illégales. Des hauts émissaires venus d’Egypte discutent avec Mahmoud Abbas de la mise sur pied d’un plan de sécurité palestinien exhaustif, qui inclut le désarmement des organisations extrémistes. C’est le second du chef du renseignement de Moubarak, Omar Suleiman, qui mène les discussions, le général Moustafa Al-Bouhayri. Les choses sérieuses, sur le terrain, devraient débuter dès la fin du sommet dans le Sinaï, tous les responsables sécuritaires palestiniens en sont parfaitement conscients.



Les Israéliens vont annoncer qu’ils se retirent de nos villes de Cisjordanie et qu’ils en confient le contrôle aux officiers d’Abbas. Ce sera Ramallah et Jéricho d’abord : Ramallah, pour permettre à notre gouvernement de ne pas siéger sous occupation étrangère. Et Jéricho, parce que c’est une ville paisible, qui ne présente pas de problème de sécurité épineux. Il faut tout de même rappeler que ce sera la troisième fois que les Israéliens se retirent de nos cités. La dernière fois, c’était il y a deux ans, ils avaient commencé par Bethlehem. Yasser Arafat avait immédiatement, dès que le dernier soldat de "l’armée israélienne" eût quitté la ville de la Nativité, donné l’ordre aux Tanzim de Barghouti d’ouvrir le feu sur le quartier juif de Gilo. Il ne voulait pas de la situation du "eux et nous" et de tout ce qui en prenait l’apparence. Arafat avait obligé les Israéliens à nous réoccuper, prolongeant notre état victimaire aux yeux de la planète. Mahmoud Abbas désire un Etat de Palestine et il a à cœur de montrer au monde que son exécutif est capable de gérer les territoires libérés. Ce sera un test majeur pour un homme intelligent. Qu’il échoue et nous ne serons allés nulle part, mais qu’il réussisse et la libération effective des terres du premier Etat palestinien de l’histoire aura effectivement commencé.



Simultanément, les services de Mohamed Dahlan sont sur les dents. Ils ont reçu des informations précises sur un possible attentat commandité par les Iraniens contre Abou Mazen en marge du sommet égyptien, dans le but de faire exploser le renouveau de l’espoir. L’idée "d’apprendre le voisinage" ne plaît décidément pas à tout le monde. Les agents iraniens offrent désormais 25'000 dollars par mois aux recruteurs de candidats aux attentats-suicide. Du temps d’Arafat, ils étaient payés mille dollars. Y a-t-il quelque chose à ajouter à la vérité de la bourse ?

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Mounia (Mounia) le lundi 07 février 2005 - 18h44:

Juifs et arabes : histoire d’une symbiose
Par Leïla Salam


Les relations entre juifs et arabes remontent à l’époque préislamique, mais c’est pendant l’âge d’or de la civilisation musulmane que leurs liens vont se renforcer pour donner naissance à une symbiose judéo-arabe exceptionnelle.


L’orient de cette époque était celui du délice, des merveilles et de l’harmonie, mais aussi celui de la passion du savoir et de la connaissance, « alors que l’Europe se débattait dans un moyen âge de conflits et de blocage, le monde arabe était le théâtre d’une admirable civilisation » écrit Sigrid Hunke. Et c’est en Andalousie, lieu de nostalgie et d’enchantement, que la civilisation arabe avait atteint son apogée. Et c’est également en Andalousie que la symbiose judéo-arabe a été au zénith de sa splendeur.


Lorsque en 711 le soleil d’Allah brilla sur l’occident, les juifs d’Espagne accueillirent les musulmans en libérateurs. A l’époque, ils vivaient des périodes difficiles sous le règne des rois wisigoth. Ils subissaient les spoliations, les conversions massives et les expulsions. La conquête musulmane va non seulement les libérer du joug de leurs oppresseurs mais va permettre à « l’histoire juive de connaître sa période la plus florissante - celle qui exerça une influence exceptionnelle sur la destinée des juifs et du judaïsme » affirme Eliyahu Ashtor.


Cette rencontre de l’islam et du judaïsme a été facilitée d’une part du fait des grandes similitudes entre les deux religions et d’autre part grâce à la tolérance musulmane de l’époque.


En effet, les deux religions reposent sur la communication directe entre Dieu et l’homme et sur la loi (Shari’a pour l’islam et Halakha pour le judaïsme). Si le judaïsme a pour source la Torah écrite (Pentateuque) et la Torah orale (Mishna et Talmud), l’islam se base sur le Livre (Coran) et les traditions prophétiques (Sunna). Les deux religions possèdent aussi de multiples similitudes comme le manger, le vestimentaire, la circoncision et autres rites.


L’autre raison de la réussite de la rencontre judéo-arabe se trouve dans les prescriptions coraniques mêmes « Il ne doit pas y avoir de contrainte en matière de foi » sourate n°2 Al Baqara (la vache) verset 256, et « Vous avez votre religion et j’ai la mienne » sourate n°109 Al Kafiroun (les mécréants). Les musulmans n’ont essayé ni d’imposer leur religion par la coercition aux peuples soumis à leur pouvoir ni de s’immiscer dans leurs vies privées. Chacun pouvait pratiquer librement sa religion et conserver ses lieux de culte.


En plus de cette tolérance religieuse, la générosité légendaire de l’homme arabe du désert des temps préislamiques a fait émerger « un sentiment d’humanité universel, qui ignore les frontières, une générosité dont bénéficient jusqu’aux ennemis » rappelle Sigrid Hunke. « Ils (les musulmans) sont équitables, ne nous font aucun tort et ne se livrent à aucun acte de violence envers nous » écrit le patriarche de Jérusalem à celui de Constantinople au IXe siècle.


Les arabes refusaient toute logique d’assimilation ou d’enfermement communautariste. Cette tolérance a permis aux juifs de conserver leur identité tout en étant une partie active de la société. Ils s’ancrèrent dans la société arabe, en participant avec enthousiasme et loyauté à la réalisation de cette prestigieuse civilisation. Des poètes, des musiciens, des philosophes, des médecins, des talmudistes coopèrent avec les scientifiques et les philosophes musulmans.


Même si les juifs furent fortement enracinés dans la culture arabe, ils restèrent fidèles à leurs traditions et donnèrent un nouvel essor à leur langue et à leur culture « cette exceptionnelle symbiose excluait tout danger d’assimilation. Si les juifs d’Espagne adoptèrent la langue des conquérants arabes et, inévitablement, leurs schémas de pensée et leurs idées, il reste que les juifs préservèrent, voire enrichirent, leurs singularités avec une vigueur et une détermination inconnue jusqu’alors » ajoute Eliyahu Ashtor.


Averroès-Maïmonide : un modèle du « vivre ensemble »


« Au début, c’étaient [les musulmans] des gens simples, sans intérêt pour les arts. Mais, peu à peu, avec le développement de l’état, ils adoptèrent une culture sédentaire, tel que nul jusqu’alors n’en avait connu. Ils devinrent versés dans maints arts et maintes sciences [...] Des missions étaient chargées de trouver les traités scientifiques grecs et de les mettre en arabe[...] Ils excellèrent dans différentes disciplines, au point que nul n’aurait pu faire mieux » rapporte ibn Khaldoun dans sa Al muquaddima.


Le travail de recherche et de traduction des traités grecs fut colossal. A cet effet de nombreuses écoles « Baït Al Hikma (maison de la sagesse) » ont fleurie, permettant de restaurer et de conserver les œuvres d’Aristote, de Platon, de Porphyre... et de donner naissance à la philosophie arabe : Al falsafa


Parmi les plus grands philosophes arabes ( falasifas), on citera Al-Kindi, Al-Farabi, auteur de plusieurs études sur l’œuvre d’ Aristote. Puis plus tard, les deux maîtres à penser de générations d’Orientaux et d’Occidentaux : Abû-Ali Ibn Sîna (Avicenne) pour l’Orient musulman à tendance néoplatonicienne et le cadi Abû-I-Walid Ibn Rushd (Averroès) pour l’occident musulman à tendance aristotélicienne.


Les falasifas ont confronté la religion à la raison et la révélation à la philosophie. Pour eux la vérité de la raison doit en définitive retrouver celle de la foi car la vérité est une, quelque soit son origine arabe ou non, révélée ou obtenue par la raison.


Ces derniers ont expliqué qu’une lecture littérale au premier degré d’un texte révélé ne permet pas de déceler son sens profond et caché. Seul le raisonnement et la réflexion du philosophe peuvent éclairer un texte et expliquer ses contradictions. De ce point de vue la philosophie et l’interprétation sont, aux yeux de la loi musulmane obligatoires.


Dans ce foisonnement de la pensée et sous l’influence de la falsafa, la pensée juive qui est restée jusqu’ici hors de la philosophie (à l’exception de Philon D’Alexandrie) sort de sa léthargie pour atteindre son summum. La falsafa fut décisive dans la constitution de la philosophie juive et le Kalam (théologie musulmane) influença des penseurs juifs notamment ceux dont s’inspira le Karaïsme[4]. Parmi les plus grands philosophes juifs, on retient David Al-Muqammis, Sa’adya Gaon, Abraham ibn Daoud et surtout Abu Imran Musa ibn Maymun dit Maïmonide.


Les rencontres entre les philosophes musulmans et juifs furent particulièrement fécondes et fructueuses. Le plus bel exemple est donné par les deux précurseurs de la libre pensée, de l’esprit scientifique et du dialogue interreligieux : Avérroès[12] et Maïmonide[13].


Ces deux philosophes ont tenté de concilier la foi et la raison, le texte révélé et la philosophie grecque. Respectueux et tolérants « chacun [Avérroès et Maïmonide] parlait avec vénération de la religion de l’autre, qu’ils considéraient comme la forme la plus haute du monothéisme » et « chacun considérait le vieil Abraham comme le père commun de leurs religions jumelle et Aristote comme le maître fascinant » comme nous l’explique Jacques Attali. Ils débattirent de politique et de philosophie, firent avancer les sciences et la médecine et affrontèrent les attaques de leurs coreligionnaires qu’ils nommèrent les marchands de la religion.


Avec amour et intelligence, les deux philosophes ont su surmonter toutes les contradictions en prouvant que l’islam et le judaïsme sont parfaitement compatibles. Ils ont su contourner l’exclusivisme et la « compétition » qu’entretiennent habituellement les religions, permettant ainsi une meilleure connaissance de l’autre et une coexistence harmonieuse.


La langue savante et la langue du cœur


Le travail de traduction entrepris par les musulmans était loin d’être passif. Il fut accompagné de la création d’un vocabulaire technique et d’une terminologie philosophique et théologiques de telle sorte que l’arabe est devenue la langue savante par excellence et fut pratiquée par les philosophes et autres savants musulmans (arabes ou non) et juifs. Ainsi, Maïmonide, comme la plupart des ses coreligionnaires, a rédigé la plupart de ses oeuvres en arabe y compris son ouvrage monumental « le guide des égarés ». L’amour et l’enthousiasme des juifs pour la langue arabe n’a pas empêché l’émergence du renouveau de l’hébreu « en écrivant en arabe, en pratiquant les méthodes et les terminologies arabes, les érudits juifs se livrèrent à une investigation minutieuse de l’hébreu biblique, qui fut rapidement suivie de celle de l’hébreu michnaïque et post-biblique. Pour la première fois, la prononciation de l’hébreu, la grammaire et le vocabulaire hébraïque eurent droit à un traitement scientifique[...]. Ainsi, sous l’influence de l’arabe, l’hébreu devint un moyen d’expression structuré et raisonné » écrit Goitein.


La maturité culturelle atteinte dans certains centres juifs de l’Andalousie est frappante, explique Esther Benbessa et l’effervescence poétique juive en Espagne musulmane fut l’une des caractéristiques de cet âge d’or. Le contact avec la culture musulmane a donné naissance à une nouvelle poésie juive où le profane côtoya le sacré contrairement à la période préislamique où la poésie profane hébraïque était inexistante et la littérature juive se limitait à des textes liturgique. Les modèles arabes furent repris par les poètes juifs et les chants des plaisirs, de l’amour ou du vin s’ajoutèrent aux poèmes liturgiques. Même si elle fut composée en hébreu « la poésie hébraïque en Espagne fut un produit de la civilisation musulmane » conclut Goitein.


Une transformation profonde et irréversible


Selon Michel Arbitol, la transformation du judaïsme à la suite de sa rencontre avec l’islam fut profonde et irréversible. Elle ne se limita pas aux aspects littéraires et intellectuels mais affecta les autres domaines de la vie économique et sociale. Les juifs pratiquèrent divers métiers et certains, comme Hasdai Ibn Shaprut et Samuel Ibn Naghdela, occupèrent des postes importants dans le gouvernement du calife.


En plus de sa position d’homme d’Etat, Ibn Shaprut fut un grand mécène et aida de nombreux hommes de lettres juifs dont les œuvres comptent parmi les plus belles créations. Parmi les bénéficiaires, on retrouve Menachem b. Saruq, auteur du premier dictionnaire hébraïque ainsi que Dunash b. Labrat, le premier à introduire la métrique arabe dans la poésie hébraïque.


Sur le plan économique la situation des juifs a radicalement changé. En effet, la plupart des juifs méditerranéens qui étaient agriculteurs avant l’islam se convertirent à l’artisanat et au commerce.


De gros commerçants et banquiers, dont les opérations s’étendirent à tout le bassin méditerranéen et à l’océan indien, émergèrent. Certains accédèrent à des fonctions politiques et financières très importantes et eurent une grande influence sur les gouvernants et sur l’administration de la vie communautaire juive.


Les juifs des autres parties de l’Europe


Pendant que les juifs Andalous menaient une vie libre, raffinée et savante, leurs coreligionnaires dans les autres contrées de l’Europe subissaient des mesures antijuives draconiennes. Il n’y eu aucun âge d’or pour eux : ni philosophes, ni poètes, ni savants. Rarement épargnés mais souvent chassés, pillés, convertis de force et même massacrés : ils ne connurent aucun répit. Tantôt accusés de tuer des enfants chrétiens, tantôt mis responsables de l’expansion de la lèpre ou de la peste ; ils furent traqués, humiliés et finirent, dès la seconde moitié du XIVème siècle, isolés dans des quartiers séparés qu’on allait appeler par la suite « ghettos ».


Il faut « restreindre les excès des juifs afin qu’ils ne lèvent plus la tête, sur laquelle pèse le joug de l’esclavage perpétuel [...] Ils doivent se reconnaître comme les esclaves de ceux que la mort du Christ a libéré alors qu’elle asservissait les juifs » écrit le pape Innocent III.


Malheureusement, les juifs d’Espagne ne tardèrent pas à subir le même sort que leurs coreligionnaires d’Europe et l’ère de tolérance et de liberté s’acheva au XIIIe siècle avec le déclin de l’islam en Espagne.


Après la bataille de 1212, les musulmans ne conservèrent que le royaume de Grenade et la majorité des juifs d’Espagne allait vivre désormais sous des régimes chrétiens. L’élite juive dans l’Espagne chrétienne se détourna des sciences et de la philosophie, en se consacrant à l’étude des textes sacrés et versa dans la mysticité. Les juifs s’éloignèrent progressivement de la religion rationnelle. Les anti-maïmonidiens dénoncèrent les œuvres du maître auprès des ecclésiastiques qui n’hésitèrent pas à brûler « le guide des égarés » et « le livre de la connaissance » sur la place publique.


Néanmoins, à cette époque la vie des juifs était plus ou moins foisonnante comparée à celle des autres juifs d’Europe et le Sefer ha-Zohar, grand ouvrage du courant ésotérique de la Kabbale, fut écrit à cette époque.


Cependant le zèle religieux croissant combiné à la crise économique des années 1380, raviva l’hostilité des chrétiens envers les juifs et les violences s’accentuèrent. Désormais, les juifs n’avaient guère le choix qu’entre la conversion ou le bûcher.


L’Espagne d’inquisition ne s’arrêta pas à une intolérance religieuse et glissa progressivement vers un racisme d’Etat qui finit en une déportation et en une épuration ethnique. Ainsi tous les « marranos » (« porc » en espagnol pour désigner les juifs convertis de force) et tous les morisques (musulmans convertis de force) furent déportés hors du royaume d’Espagne avec des pertes humaines considérables[14].


La plupart des juifs se réfugia dans les pays musulmans où les portes leur restaient grandes ouvertes : en Afrique du nord, en Turquie, en Palestine, en Egypte, en Syrie... Ils s’y installèrent, constituèrent les foyers de séfarades et conservèrent leur langue, la liberté du culte et leur culture d’origine.


Nostalgie et espoir


La période florissante judéo-arabe est « à coup sûr la plus profuse, la plus vaste et la plus créative peut-être des vingt siècles d’histoire [du judaïsme] » affirme G. Bensussan. L’essoufflement de la pensée juive qui s’ensuivit a laissé place à des sociétés closes, superstitieuses et renfermées : il n’y eu aucune philosophie juive de la Renaissance.


Après l’expulsion ibérique, la kabbale Sefer Zohar, qui était limitée à un cercle restreint d’érudits et de savants, se popularisa et se transforma en un courant messianique : la kabbale de Safed (ou le lourianique).


Ce courant donnait un sens aux malheurs et aux tragédies des exilés comme une rédemption divine. Le Lourianisme se mua ensuite en mouvement Sabataïsme, une forme pervertie et dévoyée qui menaça l’existence même du judaïsme.


Puis, le désespoir de ne voir le messie Sabataï renverser le sultan turc et lui prendre Eretz-Israël pour sauver les Juifs des persécutions de Pologne du XVIIIe siècle détourna les juifs vers un autre mouvement : le Hassidisme.


Ce courant mystique se répandit très vite parmi les Juifs polonais et renforça leur sentiment religieux. En même temps il obscurcit les esprits, s’opposa à tout enseignement profane et à la culture européenne et enferma les juifs dans un autre type de ghetto maintenu par les rabbins.


La relève de la philosophie juive de la période arabo-médiéval ne fut assurée que beaucoup plus tard par la Haskala (lumières juives allemande). Ce mouvement hostile au Hassidisme fut initié par Mendelssohn qui s’est inspiré de Maïmonide pour concilier la religion et la raison.


Les tenants de la Haskala étaient, d’une part favorables à l’émancipation des juifs et à leur dissolution complète dans le reste du monde, mais ils prônaient par ailleurs l’établissement d’un Etat juif, qui selon eux, était la seule garantie de liberté et de sécurité pour les juifs opprimés. Cependant l’assimilation des juifs à la société allemande a fini par un divorce tragique et l’établissement de l’Etat d’Israël n’a pu apporter aux juifs ni sécurité ni liberté puisqu’il les a emmurés dans un nouveau ghetto.


La réussite de la coexistence judéo-arabe reste donc un modèle du « vivre ensemble » à méditer.


Toutes les civilisations ne sont pas éternelles et la civilisation musulmane n’échappa pas à cette règle. De cette période reste la nostalgie et l’espoir d’une reconnaissance de la splendeur d’une période qui a marqué profondément les consciences et le cours de l’aventure humaine.


Le dénigrement voire la négation des apports civilisationnels arabo-musulmans dans l’essor de l’Europe moderne est une entreprise non sans arrières pensées colonialistes. Ce négationnisme tente de légitimer les conquêtes coloniales comme une œuvre civilisatrice. Et comment peut-on civiliser un peuple si ce même peuple vous a guidé vers la lumière de la civilisation !





Bibliographie


[1] Jews of Moslem Spain Vol 1/2/3 by Ashtor, Eliyeah., Jewish Pubn Society/1993


[2] Jews And Arabs : A Concise History Of Their Social And Cultural Relations de S. D. Goitein Dover Publications / 2005


[3] La Confrérie des Eveillés de Jacques Attali chez Fayard


[4] Qu’est-ce que la philosophie juive ? Gérard Bensussan, Midrash,2003


[5] Le soleil d’Allah brille sur l’occident, Sigrid Hunke, Albin Michel, 1963


[6] Histoire des juifs sépharades, Esther Benbessa et Aron Rodrigue, Histoire, 2002


[7] Le passé d’une discorde, Michel abitol, Perrin, 2003


[8] Le judaïsme moderne, Maurice-Ruben Hayoun, Presse universitaire de France, 1989


[9] AufklärungLes lumières allemandes, Gérard Raulet, Flammarion, 1995


[10] Les grandes questions juives, Encyclopédie planète,


[11] Al Muqaddima Ibn Khaldoun Traduction par Vincent Monteil, Sinbad, 1967


[12] Avvéroès : http://fr.wikipedia.org/wiki/Averro%C3%A8s


[13] http://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AFmonide


[14] http://www.oulala.net/Portail/article.php3 ?id_article=1157

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Meyer (Meyer) le lundi 07 février 2005 - 17h48:

Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme et l’association Charles Mopsik vous prient d’assister à :

Hommage à CHARLES MOPSIK

Coordination : Jean Baumgarten et Aline Mopsik

Jeudi 10 février 2005, à partir de 18 h

Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme
71, rue du Temple, 75003 Paris

RSVP indispensable au 01 53 01 86 47 ou invitation@mahj.org

La disparition de Charles Mopsik le 13 juin 2003 à l'âge de 46 ans a bouleversé ceux qui l'ont connu ou lu. Tous avaient conscience de l'extraordinaire singularité de sa recherche et du caractère strictement irremplaçable de sa parole. Charles Mopsik a beaucoup semé et fait découvrir en langue française des textes majeurs et des aspects encore peu connus de la mystique juive. Ces deux dernières années, trois ouvrages de lui sont parus : une édition et traduction de la Sagesse de Ben Sira (éd. Verdier), Le sexe des âmes et Les Chemins de la cabale, (éd. de l'Éclat), et deux recueils d’essais. Ces textes donnent la mesure de l'extraordinaire richesse de sa recherche comme de la très grande liberté avec laquelle il l'a menée, depuis ses premières publications dans le cadre de la collection "Les Dix Paroles" qu'il a créée et fait vivre aux éditions Verdier, à partir de 1979, jusqu'à ses dernières expériences de conférences diffusées sur le site du "Journal des études de la cabale" et ses derniers ouvrages aux éditions de l'Éclat.

Rencontre organisée en collaboration avec l'association Charles Mopsik et les éditions de l'Éclat.

PROGRAMME

18h - 19h30

- Tony Lévy, chercheur au CNRS : « Comment dire l'infini. Hommage à Charles Mopsik»
- Rivon Krygier, rabbin : « Charles Mopsik, virtuose de la pensée subversive » : à propos de son ouvrage posthume Chemins de la cabale, éd. de l'Éclat, 2004
- Alessandro Guetta, professeur à l'INALCO : « Autour de Philosophie et souci philosophique »

20h30 - 22h30

- Moshe Idel, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem : « Le statut du féminin dans la pensée de Charles Mopsik” »
- Projection de Charles Mopsik - Lekhayim ! - , un film d'Aline Mopsik (extrait)
- Cyril Aslanov, professeur à l'université Hébraïque de Jérusalem : « La méthode de Charles Mopsik: entre empathie et détachement »
- Claude Birman, philosophe : « Actualité de la cabale »Isy Morgensztern, cinéaste, lira des extraits de textes de Charles Mopsik au cours de cet hommage.