Archive jusqu'au 14/avril/2005

Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2005: Commentaires Avril 2005: Archive jusqu'au 14/avril/2005
Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le jeudi 14 avril 2005 - 06h54:

Monsieur Fangar, tout d'abord vous êtes le bienvenu dans ce site et je vous prie de vous sentir à l'aise, même si de temps à autre, certains se plaignent encore de ce qui leur fait mal. Croyez-moi,
nous les Juifs tunisiens nous ne souhaitons aucun mal à personne et nous espérons qu'il y aurait plusieurs Tunisiens comme vous, qui nous joigneront et contribueront à l'entente de ces deux peuples frères. Comme on dit en tunisien "CHAY MA IDOUM" Rien ne dure, donc à nous de faire tous les jours des bons efforts pour l'entente.

Je suis convaincu que ce site a été créé dans une bonne intention, d'abord de permettre à tous les Juifs tunisiens de s'exprimer librement, ensuite de permettre aux Juifs comme au non Juifs de petit-à-petit développer un dialogue sans crainte ni contrainte. C'est dans ce cadre que chacun de nous avait pu exprimer ses joies, ses soucis, ses peines et ses souvenirs. Je pense que plusieurs ont pu user à bon escient ce site et d'autres ont étalé leur peine à outrance. Grâce à l'esprit de tolérance personne n'a été limité. Mais comme ce site ne doit pas servir uniquement dans une direction, nous n'avons nullement l'intention d'éloigner ceux qui veulent le dialogue ni d'aliéner nos compatriotes tunisiens musulmans. Au contraire,ce n'est pas par la force ni par le boycottage que l'on obtient les meilleures résultats. Par contre la communication libre permet une meilleure compréhension et conduit plus facilemet à une entente et au rapprochement des personnes et des peuples.

Si certains politiciens ou même si tout le gouvernement avait commis des erreurs ou des abus, je pense que nous ne devons pas souhaiter du mal au peuple et encore moins à la nouvelle génération de Tunisiens musulmans. Il est de notre devoir d'éclairer le peuple tunisien et surtout la nouvelle génération avec laquelle nous désirons créer des bons rapports. Ce n'est pas du caractère juif tunisien de faire du mal au peuple tunisien ni à la terre qui nous a hebergés pendant des siècles. Autant plus qu'aujourd'hui le peuple juif a retrouvé son pays perdu depuis des milliers d'années, il est de l'intérêt du peuple tunisien comme du peuple juif d'aspirer aux rapprochement entre le pays de nos ancêtres qui est Israël, et le pays que nos ancêtres ont su adopter et y vivre pendant des millénaires qui est la Tunisie.

A mon âge, il est de mon devoir d'agir pour l'entente et le rapprochement de ces deux peuples si chers à mon coeur. Je suis conscient, qu'il y avait dans le passé des abus durant les années qui suivirent l'indépendance, mais je me demande qui est parfait dans ce monde? Une chose est claire, que nous avons plus en commun avec le peuple tunisien qu'avec n'importe quel autre peuple. Les progrès que le président Zine El Abidine Ben Ali avait fait depuis qu'il est au pouvoir indiquent la présence d'une bonne volonté, à voir, le Produit National Brut de la Tunisie a atteint deux fois celui de l'Algérie et cinquante pour cent de celui d'Israël, et ceci malgré le manque de pétrol et de gaz. La scolarité des filles est devenue obligatoire, l'école communale est le bâtiment le plus neuf dans chaque village. La culture a entrainé que les familles se limitent à deux enfants en moyenne. Un système médical, exemplaire. Le développement du tourisme a pris une essort que de mon temps on n'avait jamais vu. Et même du point de vue politique nous sentons un certain rapprochement entre la Tunisie et Israël et comme m'avait dit un diplomate tunisien, tous ceux qui sont nés en Tunisie et leur progéniture seront toujours les bienvenus en Tunisie indépendamment de leur religion, c'est leur pays.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Email (Email) le jeudi 14 avril 2005 - 01h24:

TUNES CELEBRES

salut,

il manque dans cette liste des celebrités tunes de france:

-David Jemmali ( footbaleur-girondins de bordeaux )
-rudy haddad ( footbaleur au PSG )

Asly

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le jeudi 14 avril 2005 - 01h19:

Yedioot Ahronot

If what Kurtzer is saying that there is no agreement between US and Israel in reference to the Westbank block then Israel should suspend the road map until an understanding is reached.

Emile Tubiana , USA (03.26.05)

Recommendation received. Thank you

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Davideden (Davideden) le mercredi 13 avril 2005 - 23h57:

Finzi,

Ton histoire est celle de nous tous. Il n'y aucun recours a part celui d'en parler dans le but de forcer au changement et a la reconnaissance de la spoliation.

Il faut faire toute personne que vous connaissez en savoir, il faut refuser d'acheter des produits de Tunisie, de prendre des vacances dans ce pays etc etc

le mythe d'un pays paisible et amical est dans le but d'attirer touristes et devises. Ne les laissons pas continuer a jouir de leur fausse image de pays tolerant alors qu'ils ont elimines notre presence et se sont empares de nos biens.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Douda (Douda) le jeudi 14 avril 2005 - 00h27:

La Douda : ( Hak El Ouet International Tracking Station )

Le Ftileur : Ya Bébert,

Chouf oma l’Yasmin fi Hak El Oued, ya khasra Zekch !1938

c:/


N’boussek ya Baabous

Wnessou El Douda

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Jeremyj (Jeremyj) le mercredi 13 avril 2005 - 23h30:

Bonjour à tous,

j'aimerais faire un appel à la communauté juive tunisienne pour me parler de mon papa...
Je recherche des personnes ayant connu Lucien "Nathan" Jaoui qui tenait la patisserie Nathan de Belleville et Nathan de Tunis à Montmartre au 34 rue Richer plus exactement..
Mon père nous a quittés il y à déjà 8 ans.
Si vous l'avez connu veuillez m'en faire part...
Merci
Jeremy Jaoui

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Finzi (Finzi) le mercredi 13 avril 2005 - 22h40:

Fangar,

J'ai lu avec plaisir ton message et je suis rassurée de savoir que les jeunes Tunisiens s'intéressent à leur histoire dans sa globalité. C'est essentiel. C'est un excellent début.

Il est important que ces jeunes soient également informés qu'il y a des choses assez tordues qui se produisent en Tunisie, encore aujourd'hui à l'égard des juifs tunisiens !

Ma famille a hérité de la maison de mes grands-parents ... maison qu'ils ont dûment payée après des années de dur labeur. Sache que selon la legislation tunisienne actuelle, ma famille ne peut disposer ni de cette maison, ni de l'argent en banque. Enfin, façon de parler : ma famille a le droit de retirer 100 euros par jour, sur place dans la banque tunisienne ....

Pour saisir, l'énormité de cette situation, il suffit de transposer cette situation en France ... il y aurait des manifestations dans la rue et tous les intellectuels, politiciens and Co. en discuteraient ... imagine un peu ... sous prétexte de leur origine maghrébine, voire de leur religion, les enfants français depuis plusieurs générations, ne pourraient disposer de leur héritage ... scandaleux, non ? un racket, non ?

Eh bien voilà comment aujourd'hui, le gouvernement Tunisien, reconnait et respecte « l'apport de la communauté juive » (sic). Non content de l'effacer de l'Histoire tunisienne, il leur ôte leurs biens ... Personnellement, ça me dégoute.

Que les jeunes soient bien conscients que leur curiosité historique ne suffit pas pour effacer l'offense incessante que le gouvernement Tunisien continue de faire subir aux juifs tunisiens.

Finzi

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Albert (Albert) le mercredi 13 avril 2005 - 22h32:

Emile…NOSTALGIE…

Je me souviens…

Du jour où debout sur le seuil de notre maison familiale à la Goulette au 7 Rue du Limousin, maman s’apprêtait à quitter définitivement sa terre natale. C’était en 1988.

Elle fermait définitivement plus de 68 ans de vie sur cette terre en tournant la clef dans la serrure abandonnant vieilleries et ustensiles usés comme elle.

Sa valise était prête lorsque je suis venu la chercher. J’étais intrigué car elle n’avais pas versée une seule larme en cours de route. Bizarre…

Je me hasardais à lui dire…en cours de route…

‘…Ech’biq me bkitch yè mââ…?
(Pourquoi tu n’as pas pleuré maman…?’)

‘…Bqit ââla ou’bouq bâ’dââ… ! Le yech’ouini… !’
(‘…J’ai déjà pleuré sur ton père , que D ieu garde mes enfants…)

Sa réponse me rassura. Je baissais la tête devant ce que j’appelle un exemple de détachement.

Elle allait rejoindre à Paris, mon frère Max, qui l’avait devancée un an plutôt.

Un an plus tard, ma femme et mes enfants prirent le même chemin pour des raisons personnelles sans que rien ne vienne troubler ma quiétude.

J’allais tourner une page fidèle de 45 ans de ma vie avec ma ville de naissance.

Ma famille dés les premiers jours s’installa chez ma belle mère.

Je restais donc seul pendant trois jours, juste le temps d’expédier quelques affaires urgentes.

Je me souviens de ce 30 Août 1989. Il y a deux choses qu’un déraciné n’oublie pas, le jour de sa naissance, la date où il perd ses parents, le jour de son mariage, les jours de naissance de ces enfants et le jour où il quitte son pays.

Il faisait beau. Tout le quartier somnolait en cet après midi bien ensoleillé.

Je me suis installé dans mon jardin et regardais la balançoire que j’avais faite pour mes enfants, les fleurs que j’avais plantées et le mur que j’avais construit pour jouer au ‘chistera’ mais sans pelote basque….LE SKOUATCH….

Ma valise était fin prête et elle attendait que je la prenne par son anse.

L’heure arrivait et avant de tout fermer, je jetais un dernier coup d’œil dans la chambre des enfants aux lits bien faits, à ma chambre, à ma cuisine dans laquelle tous les appareils ménagers étaient débranchés. Un filet d’eau s’échappait de dessous le frigo. Je le torchais consciencieusement. Je revoyais pour la dernière fois, mes cadres accrochés, les meubles de mon salon ; tout était en ordre.

L’heure de mon départ approchait. Personne pour me jeter le verre d’eau. Donc je ne reviendrais plus de si tôt. J’ai mis dix ans pour revoir mon pays.

Le temps de la déprime.

J’étais bien triste, je l’avoue.

La gorge nouée mais pas un brin de larmes à l’horizon. Ma maman m’est revenue en mémoire.

Enfin, je me décidais à lever l’ancre. Je fermais la porte de la maison puis je cadenassais le portail de fer forgée comme on cadenasse son âme.

J’avais l’impression de sceller définitivement ma vie ancienne à travers cette fermeture.

La rue était déserte et je regagnais la grande rue pour héler un taxi.

30 minutes plus tard, j’étais à l’aéroport.

Deux heures après, j’étais dans l’avion qui m’emmenait loin de mon pays, laissant mes ancêtres sous terre, loin de mon père z’al, loin de ma patrie de naissance, de ma jeunesse dorée, de mes terrains de jeux, de la plage et des filles que ‘j’avais connu…’ etc…Loin de …z…i…

L’immigré que je devenais en si peu de temps, l’apatride déplacé du moment mettait définitivement un terme à son vécu pour aller vivre en terre étrangère. Une terre avec laquelle je n’avais aucune affinité.

45 ans de vie commune, sans que rien ne vienne troubler mon esprit hormis les quelques évènements malheureux que j’ai supporté avec stoïcisme mais avec la peur au ventre.
Le divorce brutal a eu des séquelles dans ma santé mais grâce à D ieu je m’en suis remis et aujourd’hui j’écris avec aisance, l’écrit a expurgé ma NOSTALGIE.

Ma TUNISIE, ne fut que joie et bonheur.

….Tristesse car l’OUACH ouel ghorba…ne m’a pas quitté.

Albert.

...§§§§... Ya rayah win msafar trouh tââya wa twali..§§§§ Ch'hal nadmou lââbad él ghaflin qablak ou qualbi...§§§....

Ch'hal cheft al bouldan lâamrine wa lber al khali..§§§...Ch'al dhiyaât wqat ch'al tzid mazal ou 'tkhati..§§§§§Ya lghyèb fi bléd ennas ch'hal taâya ma tadjri tzi waâd el quoudra wala zmane wenta ma tedri..§§§§§§

...§§§§... Ya rayah win msafar trouh tââya wa twali..§§§§ CH'hal nadmou lââbad él ghaflin qablak ou qualbi...§§§....

Aâlach qalbek hzine waâlach hakda ki zawali..§§§....Matdoum achadda tzid taâlem ou tabni..§§§...Maydoumou layyam wala ydoum seghrek ou seghri..§§§... Ta hlil ou meskine li ghab saâdou ki zahri..§§§...

...§§§§... Ya rayah win msafar trouh tââya wa twali..§§§§ CH'hal nadmou lââbad él ghaflin qablak ou qualbi...§§§....

Ya msafer naâtik oussaayti addiha el bakri..§§§...Chouf ma yeslah bik qbal tbiî pu ma techri..§§§..Ya mnayem djani khabrek ma sralek ma srali...§§§....Hakdha rad el qalb bel djbine sabhane el âali..§§§§....

...§§§§... Ya rayah win msafar trouh tââya wa twali..§§§§ CH'hal nadmou lââbad él ghaflin qablak ou qualbi...§§§....

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Fangar (Fangar) le mercredi 13 avril 2005 - 21h37:

Bonsoir
Je suis nouveau sur ce forum. Je voudrai dire qu'un site comme Tunisie.info n'est pas une reference sur le plan historique et qu'il existe d'autres liens web ainsi que des ouvrages en vente en Tunisie ou ailleurs et écris par des tunisiens qui retracent l'Histoire de notre pays en incluant bien évidemment l'apport de la communauté juive. M Victor Cohen, les tunisiens arabo-musulmans ne sont pas entrain de detruire votre mémoire, bien au contraire il y a une remise en question recente sur cet abscenteîsme surtout au niveau culturel ou l'on remarque un renouveau et une curiosité de la part des jeunes sur les traditions judeo-tunisiennes. Ce n'est pas facile d'effacer de grandes plaies et de grandes incompréhensions mais le temps j'en suis sûr le permettra.

Cordialement

Fangar de Tunisie

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Albert (Albert) le mercredi 13 avril 2005 - 21h37:

AGNOSTIQUE…

Mon ami la Douda…Hérite ( ou hérétique… ? ) d’un nouveau…Chasuble…Il est agnostique…Il ne sera pas donc le PAPE DES JUIFS…Bléchi….Breitou l’est et c’est tant mieux comme cela….

Beaucoup sous entendent qu’il est IMPIE…lè din oullè méllè ( pas de foi ni de D ieu) saha li
Une charge en moins….

Que lui reste t’il donc pour toucher les bas fonds abyssiniens… ? Un petit doigt…

Lasserez le berbère, le barbare…. il restera toujours quelque chose….

Nombreux sont aussi ceux qui le caillassent, pourtant il n’a pas été à Ramallah, prêcher une autre religion… !

Soyez en sur, l’homme est vêtu d’une combinaison épaisse en latex et tous projectiles lancés avec violence, contre lui, rebondit à l’horizontale.

La Douda, mon ami, il m’en reste encore qq un, excusez du peu, mérite quand même un peu d’égard, de respect même si cela vous gêne beaucoup. Juste un peu un chwiyè….Juste pour ne pas le vexer et d’ailleurs, il s’emballe les casseroles de cela.

Que fait t’il au juste ??? Il vous confronte sur vos terrains, analyse, répond à bon escient poliment sans invectivez l’un de vous, se défend contre les volées de bois épicés à l’harissa
On lui assène des qualificatifs peu élogieux, il s’en moque, il en rit même sous cape, moi je l’entends, je dirais MESKINE…..On veut le crucifier mais l’homme ne se fera pas …CLOUER LE BEC….C’est sa philosophie…

Il kif, il est heureux, il est comme vers dans pomme, il vous remue les méninges et vous vous tournez en rond comme au manège….

Si la Douda est agnostique, à supposer en quoi ce choix peut t’il vous irriter… ?
Moi, je suis un mécréant ….. ! Juste pour me soulager…

Albert l’avocat de l’agnostique…

Henri, chey me doum…

Touba ou brekha..

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Francois (Francois) le mercredi 13 avril 2005 - 19h51:

Economie

Bibi Netanyahou a annoncé un projet économique ambitieux, hisser Israël, sur 10 à 15 ans, au même rang que les 10 dix pays les plus riches de la planète.

L'objectif parait presque irréaliste, pourtant sur la base des actuels taux de croissance du PIB, Israël dépasserait la France dans 15 ans. En fait, grâce à l'habile politique de Chirac, il est tout à fait possible que cela soit plus rapide puisque rien ne dit que sur le long terme, la France pourra continuer à avoir un taux de croissance d'environ 2%.

Bibi entend mener une politique identique à celle menée par l'Irlande et qui a permis à cet ex pays pauvre de se hisser en 15 ans au niveau des grands pays européens.

Source: http://www.a7fr.com/news.php?id=54731

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Pauline (Pauline) le mercredi 13 avril 2005 - 19h33:

Un pontificat marqué par des crises avec le judaïsme


By ELIAS LEVY
Reporter

Ancien Grand Rabbin de France, fonction qu’il a assumée de 1981 à 1987, universitaire renommé, brillant exégète de la Bible et fin connaisseur des Évangiles chrétiens, figure marquante du dialogue judéo-chrétien, le Grand Rabbin René-Samuel Sirat est une des personnalités religieuses juives qui ont le mieux connu le pape Jean-Paul II.

Il a rencontré huit fois le souverain pontife, dont plusieurs fois en audience privée au Vatican. Le Grand Rabbin Sirat a été aussi invité officiellement par Jean-Paul II à participer aux Journées du Dialogue entre les religions, organisées par le pape défunt à Assise.

Il a été membre de la délégation juive qui, au début des années 90, a négocié avec le Vatican le départ d’un groupe de religieuses polonaises qui s’étaient installées dans un Carmel construit dans l’enceinte du camp d’Auschwitz.

C’est avec une vive émotion que le Grand Rabbin Sirat nous a livré son témoignage sur Jean-Paul II, ses relations avec le judaïsme et le legs que ce pape a laissé aux tenants du dialogue judéo-chrétien.

Canadian Jewish News: Le pape Jean Paul II a joué un très grand rôle dans le rétablissement d’un climat d’amitié entre les Juifs et les Chrétiens.

Rabbin Sirat: Jean-Paul II a été l’artisan d’un rapprochement sans précédent avec ceux qu’il appelait les “frères aînés” des Chrétiens. On ne peut qu’espérer que la voie admirable tracée par ce pape puisse être poursuivie par son successeur immédiat, qui va être élu dans les jours ou le mois qui viennent. Les Juifs souhaitent ardemment que cette voie devienne irréversible. Je crois que si Jean-Paul II a multiplié les gestes forts à l’endroit des Juifs, c’est parce qu’il souhaitait que ses prises de position courageuses, surtout venant d’un pape polonais, soient définitivement celles de l’Église catholique. Dieu seul est Maître de l’Histoire. Mais, nous espérons que les politiques du prochain pape au chapitre des relations judéo-chrétiennes soient dans la continuation de celles initiées par Jean-Paul II.

C.J.N.: Les instances représentatives du judaïsme mondiale viennent de lui rendre un vibrant hommage. Jean-Paul II a été un pape très philosémite.

Rabbin Sirat: Ce pape opiniâtre, affable et valeureux a été un véritable ami des Juifs, du judaïsme et d’Israël. Il a été un très grand pèlerin de la paix. Il a oeuvré avec entrain pour l’oecuménisme entre Chrétiens. Le dialogue avec les autres religions était pour lui une nécessité, surtout en ces temps nébuleux. Aux rencontres d’Assise, qu’il a organisées en 1986 et 2003, et auxquelles j’ai eu l’auguste privilège de participer, Jean-Paul II a tendu une main fraternelle à ce que j’appellerais la majorité de l’humanité, c’est-à-dire les agnostiques, les non-croyants, tous ceux qui ne se réfèrent pas à une religion abrahamique.

Jean Paul II n’a pas été seulement le chef de la catholicité, mais aussi une imposante figure spirituelle qui a su tenir un langage de fraternité, d’amour du prochain, de solidarité, de lutte contre la pauvreté. Un langage qui dépassait très largement les frontières de la catholicité. La tristesse qui envahit aujourd’hui l’ensemble de l’humanité nous rappelle à quel point ce pape a marqué son temps. Il a été un des plus grands hommes d’État de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Peut-être même le plus grand.

C.J.N.: Il a été, du côté chrétien, le précurseur d’une nouvelle ère dans les relations, trop longtemps acrimonieuses, entre l’Église et le judaïsme.

Rabbin Sirat: Dans l’Histoire des relations entre Juifs et Chrétiens, Jean-Paul II aura une place prépondérante.

Il ne faut pas oublier que tout a commencé avec le pape Jean XXIII et le Concile de Vatican II, qui avec la déclaration Nostra Aetate a marqué un tournant dans les relations judéo-chrétiennes. Mais l’élection de Jean-Paul II à la tête de l’Église catholique a été déterminante. Il a fait un certain nombre de gestes qui n’avaient jamais été posés par l’Église pendant 2000 ans et qui marquent un moment particulièrement privilégié dans les relations entre Juifs et Chrétiens.

D’abord, sa visite historique à la Synagogue de Rome, en 1986. C’était la première fois, depuis 2000 ans, qu’un pape franchissait le seuil d’une synagogue. Pendant des siècles, les Juifs de Rome étaient offensés à la veille de la Pâque lorsqu’ils devaient se rendre au Vatican dans des conditions humiliantes. Là, c’est un pape qui a fait le chemin en sens inverse, du Vatican au ghetto de Rome, où se trouve cette magnifique Synagogue.

Il y a eu ensuite d’autres faits extrêmement importants. En 1904, Theodor Herzl rendit visite au Pape Pie X pour lui demander d’appuyer son projet, très utopique à l’époque, visant à créer un État juif. La réponse du souverain pontife fut claire, sèche et cinglante: Non posumus. Or, voici qu’à la fin du même XXe siècle, après les horreurs indicibles qui ont décimé une partie importante du peuple juif, il y a eu enfin un pape, Jean-Paul II, qui a eu le courage d’engager les pourparlers et d’établir des relations diplomatiques tout à fait normales et confiantes entre le Saint-Siège et l’État d’Israël.

Par ailleurs, on ne peut pas oublier l’aide décisive que Jean-Paul II a apportée au moment du dialogue entre les quatre cardinaux et les délégués de la Communauté juive, dont je faisais partie, sur le controversé Carmel d’Auschwitz. Nous avons trouvé un accord avec les cardinaux. Mais, les soeurs carmélites qui se trouvaient dans le camp d’Auschwitz refusaient d’obtempérer aux injonctions de l’instance supérieure en charge des carmes. C’est le pape Jean-Paul II qui est intervenu personnellement auprès de chacune des carmélites pour leur demander de quitter l’enceinte d’Auschwitz-Birkenau et de s’installer dans le carmel construit à leur intention à l’extérieur de ce camp d’extermination nazi.

Il y a eu aussi ensuite son discours absolument remarquable à Yad Vashem et son acte de repentance devant le Mur occidental, dernier vestige du second Temple de Jérusalem, où il a introduit son texte “entre les fentes du rocher”, pour reprendre l’expression du Cantique des Cantiques.

Un grand nombre de gestes qui font l’Histoire et qui ont, en l’espace d’un tiers de siècle -27 ans de pontificat-, profondément marqué l’évolution du dialogue judéo-chrétien.

C.J.N.: Mais il y a eu aussi durant son pontificat des moments de crise et de tension avec le judaïsme.

Rabbin Sirat: C’est vrai qu’il y a eu des moments difficiles pendant son pontificat. La canonisation de la religieuse Edith Stein, née juive, convertie au catholicisme et morte à Auschwitz, a exacerbé les tensions entre le judaïsme et l’Église catholique. La canonisation de Soeur Bénédicte de La Croix -c’est le nom que cette religieuse a choisi au moment de sa conversion au catholicisme- était une affaire de l’Église dans laquelle les Juifs n’avaient pas à s’immiscer. Mais, l’idée de choisir le 9 août comme date du rappel du martyr d’Edith Stein à Auschwitz et le fait de considérer cette religieuse chrétienne comme “une fille éminente d’Israël” -ce fut l’expression employée par Jean-Paul II-, fit prendre conscience aux autorités juives qu’il y avait là un sérieux risque de dérive et une christianisation de la Shoah.

J’ai fait à ce moment-là savoir à l’Archevêque de Paris, le cardinal Lustiger, et à d’autres prélats de l’Église combien j’étais bouleversé. J’ai même été tenté d’écrire un article remettant en question tout mon militantisme dans le dialogue judéo-chrétien.

Mais, se rendant compte de l’offense que cela aurait pu constituer pour les Juifs, le Vatican renonça à ce projet fortement critiqué. La commémoration de la mort d’Edith Stein un 9 août fut annulée. C’est dire combien le pape Jean-Paul II était attentif aux sentiments que pouvaient ressentir les Juifs face à la tragédie de de la Shoah.

C.J.N.: Il y a eu aussi toute la controverse sur le silence du pape Pie XII durant la Shoah. Polémique qui ne s’est pas encore atténuée.

Rabbin Sirat: Il faut comprendre que la politique du Vatican ne peut pas être uniquement fondée sur le problème des relations entre Juifs et Chrétiens. Il est évident que Pie XII est un pape controversé qui a fait des choix très discutables. Mais, nous, Juifs, n’avons pas à nous ériger comme juges suprêmes de l’attitude papale à partir du moment que c’est un problème qui concerne essentiellement l’Église. Par contre, nous pouvons exprimer la peine que cette affaire nous cause parce que nous savons que même si Pie XII a sauvé des Juifs à Rome, il aurait pu faire beaucoup plus pour les Juifs. Il a été personnellement informé, documents et témoignages irréfutables à l’appui, par les dirigeants du Congrès Juif Mondial du sinistre objectif de la Solution finale mise en oeuvre par les nazis. Churchill et Roosevelt ont été aussi mis au courant. Personne n’a rien fait pour sauver les Juifs. Mais, on ne peut pas réécrire l’Histoire. On ne peut pas faire perpétuellement un procès à l’Église catholique. Je ne sais pas si nous, Juifs, accepterions une ingérence permanente dans les décisions du judaïsme à l’échelon mondiale.

Dans la crise du Carmel d’Auschwitz, je peux vous dire, moi qui ai été un des acteurs de ce dialogue, que la Communauté juive n’avait pas beaucoup de chances d’obtenir satisfaction. Ce litige a pu être réglé en notre faveur parce que nous avions en face de nous des cardinaux tout à fait remarquables qui ont assumé leurs responsabilités. Jean-Paul II a suivi leurs recommandations. Très au courant de l’évolution de la négociation, il est intervenu à la toute fin de cette crise pour convaincre les carmélites de respecter l’entente conclue.

C.J.N.: La plus importante divergence subsistant entre le christianisme et le judaïsme n’est-elle pas de nature théologique? Jean-Paul II a déclaré à plusieurs reprises pendant son long pontificat: “La Nouvelle Alliance trouve ses racines dans la première. Quand le peuple de l’Ancienne Alliance pourra-t-il se reconnaître dans l’Alliance Nouvelle?”-réflexion que le pape a aussi étayée dans son livre “Entrez dans l’Espérance” (Éditions Plon, p. 37).

Rabbin Sirat: Je ne me souviens pas d’une déclaration de Jean-Paul II dans ces termes-là. On ne peut pas reprocher à Jean-Paul II d’avoir été un bon catholique. Il était pris par les engagements de la foi catholique. Dans la tradition juive, nous disons que tout homme et toute femme a droit au salut. Il suffit pour cela d’obéir aux sept lois noahiques transmises à toute l’humanité, puisque nous descendons tous de Noé depuis le début de la création du monde. C’est-à-dire, les lois fondamentales, telles que Maïmonide les a définies: ne pas tuer, ne pas blasphémer, ne pas adorer d’idole, ne pas voler, ne pas commettre d’adultère ou d’inceste, se soumettre à la juridiction des tribunaux et ne pas faire souffrir les animaux -ne pas manger un animal vivant-.

Pour le judaïsme, un être créé à l’image de Dieu qui observe ces lois a droit au salut. Mais il n’y a pas de nécessité de se convertir au judaïsme pour être sauvé.

Par contre, pour un Chrétien, la foi catholique et la foi chrétienne affirment qu’il faut croire en Jésus. Donc, il y a une volonté de convertir. Ce missionnarisme, une composante importante de la foi chrétienne, fait partie de la manière dont les Chrétiens conçoivent leur foi.

Vis-à-vis des Juifs, et en particulier pendant la Shoah, le cardinal Saliège de Toulouse, le père Karol Wojtyla -nom du pape Jean-Paul II- à Cracovie et quelques autres religieux catholiques -ils ne furent pas légion- ont refusé de convertir des enfants israélites pendant cette période lugubre où la situation des Juifs était tout à fait dramatique. Ils ont dit courageusement qu’ils ne pouvaient pas violer les consciences. C’est un pas énorme fait à une époque de bruit et de fureur. Ni le cardinal Saliège, ni le père Wojtyla ne s’étaient concertés. C’était donc un sursaut de la conscience religieuse chrétienne. Il faut le souligner.

Il faut aussi se rendre compte que les Juifs ne peuvent pas demander aux Catholiques d’avoir une autre conception de leur foi. Le pape Jean-Paul II a considérablement fait évoluer les conditions de la foi chrétienne. Par exemple, en minimisant ou en remettant en perspective les passages très critiques à l’endroit des Juifs que l’on trouve dans les Évangiles. Il a fait des déclarations très remarquées et courageuses pour condamner l’antisémitisme chrétien.

L’Église après Pie XII, en particulier à partir de Jean-XXIII, et surtout après Vatican II, a pris ses responsabilités. Des responsabilités que le pape Jean-Paul II a affirmées clairement et courageusement. Il faut rendre hommage à l’attitude de l’Église post-concilaire, qui est bien différente de l’attitude qui a prédominé dans l’Église cartholique durant le règne de Pie XII et de ses prédécesseurs.

Il est indéniable qu’il y aura toujours des divergences de nature théologique entre le christianisme et le judaïsme. Il ne s’agit pas d’envisager je ne sais quelle synthèse des deux religions. Il n’y a pas de synthèse possible entre le christianisme et le judaïsme. Ou on croit que Jésus fait partie de la Trinité, et alors on est Chrétien, ou on ne croit pas, et à ce moment-là on n’est pas Chrétien. Un Juif qui ne croit pas que Jésus fasse partie de la Trinité est fidèle à l’enseignement de ses Pères. C’est impossible d’établir un pont entre deux conceptions religieuses de la foi diamétralement opposées.

C.J.N.: D’après vous, le judaïsme et le christianisme devraient jouer un rôle plus important dans le dialogue interreligieux.

Rabbin Sirat: Tout à fait. Le XXIe siecle sera le siècle du dialogue interreligieux. Encore faut-il que ce dialogue capital soit bien préparé et mené pour qu’il puisse déboucher sur des voies de paix et de fraternité. Mais, pendant que les hommes de paix dialoguent, nous assistons impavides à la rencontre des extrémistes de toutes les religions et de tous les camps. Leurs desseins macabres mettent en danger le dialogue interreligieux et peut-être aussi, je ne veux pas être un prophète de malheur, le devenir de l’humanité. Nous devons oeuvrer sans relâche en faveur du dialogue interreligieux et développer des actions analogues à celles qui ont été menées par le pape Jean-Paul II au cours des trente dernières années.

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Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Messaoud (Messaoud) le mercredi 13 avril 2005 - 19h04:

Cher Shalom

ton pseudo deja est un signe qui veut tout dire ensuite ta remarque sur les CINQ inteventions de Douda prouve bien ta Tunicité.

Et enfin j'adhere absolument avec toi que la Tunisie de ma naissance existe c'est sur en tant que Sol -matiere - mais pas en tant terre de Vie . Cette vie que nous gardons en notre memoire par nos souvenirs que ce forum sait si bien nous restituer et j'en profites au passage pour remercier toutes ces personnes pour leurs temoignages leurs cartes postales leurs splendides photos ;en somme nous recreons une tunisie VIRTUELLE mais malheuresement valable que pour les ex (((Tunisiens?????)))