Commentaires du 10 Fevrier 2003
Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2003:
Commentaires de Fevrier 2003:
Commentaires du 10 Fevrier 2003
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AIDKOM MABROUK EKHEWENI EL MUSULMIN...FI EL DEL LILET AID...
BREITOU
aujourd'hui aid el kebir,tres mauvais jour pour les moutons.
bonne fete quand meme.....
Par Jpc (Jpc) le lundi 10 février 2003 - 19h44: |
Wnes
Si les USA ne font rien maintenant et qu'ils sont attaques plus tard, ils devront aussi etre juges sur ces non-actions.
La France aussi sera jugee par l'histoire pour le support inconditionnel qu'elle fournit a Saddam et Arafat.
La vie est faite de choix et de consequences.
Moi je choisis sans hesiter la position des USA face a celle de la France.
Jean-Pierre
La Douda : ( Agence de presse alternative )
Nos Ancêtres Les Aurassi : Epoque arabe 647 / 711
Après le court siècle (en fait 80 ans) vandale auquel succéda un bon siècle byzantin, les deux " dominations " n'auront que très peu marquée l'Afrique du Nord en général et l'Aurès en particulier. Au contraire, avec recul et bien plus tard, ce sont les cultures romaines et phéniciennes qui, dépassionnées, pénétreront, plus profondément dans le pays en s'intégrant ou en influençant la culture amazigh. Ceci semblant se faire sans complexe...
Comme si la culture amazigh, enfin libre et souveraine, sans contraintes ni menaces, assimilait en conscience et en connaissance de cause des notions qu'elle jugeait utiles à son épanouissement et à son ouverture sur l'universel.
L'Afrique du Nord, et les Aurès en particulier, hors quelques villes du littoral, est totalement autonome et, avec des fortunes diverses, poursuit une lente voie vers son indépendance politique et économique. On pourrait affirmer que nos ancêtres n'avaient aucune crainte des Byzantins, ce serait même par calcul qu'ils toléraient leur présence en certains endroits. En effet, pas plus au VIè siècle de notre ère qu'au temps des Carthaginois, y compris au temps de la splendeur de Massinissa, nos ancêtres Aurassi n'avaient su équiper, forger, maintenir une véritable marine aussi bien marchande que militaire.
Notre absence de la mer, et la maîtrise de celle-ci par des puissances étrangères, nous obligèrent toujours à recourir à autrui, et à en dépendre également pour nos échanges commerciaux.
En conclusion : une puissance " coloniale " byzantine déclinante, des Etats souverains en voie de constitution, des régions immenses échappant à tout contrôle, parfois quelques querelles entre roitelets locaux... Sur ces entrefaites arrivent les Musulmans en 647.
C'est la première incursion de ces adversaires nouveaux venus de l'Orient. Après un bref affrontement en Byzacène, à Sufetula (Sbeïtla) en Tunisie, les Musulmans repartent avec un important butin.
En 660/663, nouvelle attaque des Musulmans contre la Byzacène et victoire de ces derniers à Hadrumète qui se replient cependant avec leur butin sur leur base arrière de Libye.
De nouveau les Arabes repartent. Mais, à partir de 670, avec la fondation de Kairouan par Ocba Ibn Nafi, les Musulmans ne se contenteront plus de faire de brèves incursions-razzias. Ils vont se fixer à demeure et, grâce à cette base qui leur servira de point d'appui, ils vont entreprendre leur future conquête.
Dans sa soif de gloire et de pouvoir, mais également par avidité et par haine pour tout ce qui n'est pas arabe, Ocba, que l'on peut qualifier de précurseur des Bugeaud, Saint Arnaud et autres conquérants coloniaux de triste mémoire, va se déchaîner contre la Numidie et les Numides qui lui résistent. Et par sa tyrannie et sa cruauté, il commettra tellement d'atrocités et d'injustices qu'il sera rappelé en Orient.
Hélas pour l'Afrique du Nord, il reviendra quelques années plus tard et entreprendra sa soi-disant chevauchée glorieuse qui l'aurait menée jusqu'à l'Atlantique, ce que des historiens réputés contestent : l'Atlantique de Ocba, ne serait qu'un port méditerranéen de l'Oranie...
S'étant frotté pour la première fois aux Chaouis et essuyant un échec à Baghaï, Ocba évitera les grandes places fortes des Aurès telles que Khenchela, Lambèse, etc., et se lancera par les grandes plaines vers l'Ouest.
En tout état de cause, il traînera enchaînés derrière lui Koceila, roi amazigh de l'Aurès occidental et de la Maurétanie césarienne et Al Mohadjer, l'ex-gouverneur musulman, qui s'était montré modéré, juste et très correct envers ces nouveaux Musulmans, ces nouveaux convertis Byzantins et Numides.
A son retour, à Thubunae (Tobna vers Barika), Ocba divise ses troupes en deux, les plus nombreuses et les plus chargées en butins sont envoyées à l'Est en contournant les Aurès par le Nord, et lui-même, avec une faible troupe se dirige vers le Sud. Entre temps Koceila, qui a pu s'évader à l'approche des Aurès, organise la résistance et tua Ocba en 683 à la sortie de l'Oued el Abiod, au lieu-dit Tahouda, à cinq kilomètres de ce qui deviendra plus tard la ville de " Sidi Ocba ".
Dès lors Koceïla gouverna sagement la Numidie, sans persécution ni injustice envers les rares Arabes musulmans restés en Tunisie.
Malheureusement Koceila est vaincu par de nouvelles troupes venues de l'Orient menées par Zohaïr Ibn Qaïs lors de la rencontre à Mems (près de Kairouan) en 686.
La Douda
Conseil de Sécurité de l’ONU : Chambre d’enregistrement ?
L’oncle Sam ayant décidé qu’il passera outre les décisions du Conseil de Sécurité de l’ONU, la réunion de ce Conseil n’a donc plus d’objet, et chaque protagoniste de la guerre qui s’annonce, sera jugé par l’histoire, selon le nombre de tués ou de blessés, ( en majorité victimes expiatoires ), qu’il aura commis.
Berdah
sabah el khir!
je crois remarquer que ma presence succite des polemiques.pourquoi res tez sur les differences?travaillez plutot sur les points communs!!non?nous avons une partie de notre culture en commun:la cuisine,la langue(arabe ou française),la tunisie... .mais je suis comme vous,je vis en france je n'ai jamais vecu en tunisie et je n'y vivrai jamais.je n'y retourne qu'en été comme peut-etre certains d'entre vous,menaarafche.si vous ne voulez pas respectez le tunisien musulman alors respectez le français!!
merci a ceux qui me soutiennent;emile tubiana,berdah etc...
Le professeur Yohanan MANOR sera de passage à Paris ce lundi 10 février 2003
Le professeur Yohanan MANOR est co- fondateur et vice président du C.M.I.P. IL est l’initiateur du fameux rapport Appelé « rapport MANOR », sur la haine véhiculée à travers les manuels scolaires dans les pays arabes et notamment auprès des palestiniens ..
Nous aurons l’honneur de le recevoir ce lundi 10/2 /2003 à 20h30 à la
synagogue Buffault, 28 rue buffault 75009 Paris - salle des mariages ..
IL nous présentera les conclusions de son rapport et attirera notre attention sur la nécessité
de l'encadrement de l’enseignement.
NOUS VOUS ATTENDONS NOMBREUX AVEC VOS PROCHES ET AMIS.
michel TOBIANO
APPEL LANCE PAR L’ASSOCIATION B’NAI B’RITH DE GRENOBLE ET PAR Madame EDWIGE ELKAIM PRESIDENTE NATIONALE DU BBF
Chers Amis,
Le 12 février 2003 est la Journée Mains Rouges Mondiale. Journée anniversaire de la signature du protocole de l’O.N.U. condamnant l’utilisation des enfants dans les conflits armes.
Nous, B’nai B’rith de Grenoble, organisons une petition adressée à M. Chris Patten, Commissaire Europeen aux Relations Extérieures pour lui demander de faire tout ce qui est en son pouvoir pour arreter l’utilisation des enfants palestiniens dans le conflit actuel du Moyen Orient. Vous trouverez cette petition ci-jointe.
Nous vous prions de diffuser le plus largement possible cette information, ainsi que la petition.
Recevez, chers Amis, nos remerciements chaleureux pour votre participation à cette action.
B’nai B’rith de Grenoble
Cliquez ici pour la petition. http://halteenfantssoldats.free.fr
et faites signer vos amis
Bonjour,
Merci pour ce travail fort enrichissant et plein d'une saine nostalgie. Moi-même fils d'une juive d'origine livournaise née à la Goulette (Mme Marie Berdah épouse Mangogna, fille de M Berdah et de Mme Moraïs), j'ai retrouvé une part de mon enfance, et ma mère bien des souvenirs qu'elle croyait disparus.
Bien cordialement,
Xavier Mangogna
ATTENTION
Si vous recevez un email venant de la part d'Harissa intitule "Judeo-Arabe", n'ouvrez pas l'attachement car il s'agit d'un virus envoye par des personnes mal intentionnees. (L'email lui meme ne peut pas causer de dommages).
De facon generale, n'ouvrez jamais aucun attachement venant de chez Harissa car nous ne vous enverrons jamais d'attachements.
Merci de votre attention.
Visite en Tunisie. Si je peux offrir un conseil a
celui/ceux qui veut visiter la Tunisie??? apres
mon voyage en 2000 je pense qu'il ne faut pas y
aller pour retrouver le pays que nous avons
connu; tout a change; il etait tres difficile de
retrouver "ma" rue, mon apartement, et l'Avenue
de Paris n'est plus la meme avec le tramway au
milieu. Personne ne connaissait la rue d'Isly, ou
j'etais nee.
A mon avis un voyage juste pour voir le pays est
OK mais pour retrouver les souvenirs d'antan c'a
ne vaut pas la peine, c'est etre decu.
Personnellement je n'y retournerai plus.
Sincerement, luci
A l'occasion de l'anniversaire de ma mere, nous avons eu aujourd'hui une conversation telephonique.
Nous avons parle de Ilan RAMON Z''L
Ma mere m'a dit:
-Tu as vu ce qu'il a ecrit? "Je vois Jerusalem tres clair". Je pense qu'il voyait deja le "Olam Aba"
Ca m'a de suite saute en tete et j'ai repondu a ma mere:
-Oui, et il a aussi ecrit apres:"On se reverra bientot sur terre". Je pense qu'il voyait deja quand nous serons bientot tous reunis de nouveau.
Quel message si emouvant!
Yael
Cher Lapid, tout d'abord c'est moi qui te remercie pour ta considération et pour commencer voici mon adresse électronique qui est du reste ouverte à tout le monde (Mirodirect@aol.com.) Certes les autres points, la rationalité et la considération ne sont pas données à tout le monde. C'est pourquoi que la communication ne peut qu'élargir notre horizon et améliorer notre savoir. Personne n'est infaillible et personne ne peut tout savoir. Croyez-moi qu'à mon âge j'apprends tous les jours quelque chose et j'éspère qu'à la fin de mes jours sur terre je passerai l'examen de la vie.
Pour revenir à l'autre point de votre commentaire, heureusement que les Etats Unis existent, sinon je ne vois nullement de justice ni de stabilité dans le monde. Les Européens de l'est ont appris sur leur peau le sens de la liberté que les Etats Unis leur ont offerte sur un plateau en argent, en forçant les soviétiques à se convertir. Comme l'avait dit notre secrétaire de la défense Donald H. Rumsfeld en parlant de l'Allemagne et de la France: la "Vieille Europe", ce n'est pas nouveau que la France joue un double jeu, déja dans les années 39 et 40 la France fleurtait avec l'Allemagne d'Hitler, et jouait le jeu d'appaisement. De Gaulle aussi tenait à ce que la France ait son mot à dire, alors que la charge était bien sur les épaules des Etats Unis. Il suffit de se rappeler des tractations que le Américains avaient eu avec les autres généraux français d'Algérie, qui avaient fait perdre un temps précieux aux troupes américaines avant de débarquer sur cette colonie. C'est encore le même jeu qui se joue aujourd'hui juste pour protéger les intérêts de l'industrie française pour de l'argent du pétrole que Saddam Hussein livre clandestinement.
L'Allemagne c'est encore une autre paire de manches, elle essaye de sauver ses ventes d'appareils biologiques et chimiques et son économie qui est en train de dégringoler. Après tout il ne faut pas oublier que les Allemands étaient les Haj du Monde Arabe. Les preuves de la connivence sont claires pour les Américains, ils préfèrent pour le moment garder silence. Comme vous le dites le moment viendra, car si les soviétiques ont baissé les bras, ces trois pays que vous mentionnez baisseront un peu plus que ça. En réalité l'ordre va bientôt changer, c'est plutôt aux Indes de remplacer la vieille Europe au conseil de securité de l'ONU Il ne faut pas s'inquéter. Les Américains voient les choses différemment que la vieille Europe. Joschka Fischer ne trouvait pas nécessaire que l'OTAN fasse au moins des préparations de plans pour défendre la Turquie, au cas où l'Iraq l'attaquerait. Ils essayent de déjouer les stratagèmes américains mais ils vont être aussi surpris.
La France avait bien essayé de jouer son petit jeu entre les Etats Unis et l'Union Soviétique mais elle n'avait pas réussi. D'après le New York Times le ministre des affaires étrangères français a été même jusqu'à suggérer que le gouvernement de Saddam Hussein passe une législation qui interdirait au fabriques iraquiennes de produire des armes non conventionnelles. Rien que cette idée vous fait comprendre combien que les petits pays d'Europe et Israël ont de la chance de ne pas dépendre de la vieille Europe. Je termine avec un proverbe que j'ai composé: "ESBAR IA'LEM L'AQEL" (La patience enseigne la sagesse)
Il y a un site tres sympa pour retrouver des amis et des photos de classe de notre jeunesse:
http://www.photo-de-classe.com
La Douda ( Agence de presse alternative ) :
Nos ancètres les Aurassi : Epoque Vandales et Byzantine.
Vandales 435 / 533
Sur ces entrefaites, c'est-à-dire la révolte sociale (les Circoncellions), la révolte religieuse (les donatiste) et autonomie de nombreuses régions, vient se greffer l'invasion vandale en 435 qui va porter le coup fatal à la présence romaine en Afrique du Nord.
Mais, tant que les Vandales s'attaqueront à l'Eglise officielle romaine et à la présence romaine, les Chaouis ne bougeront pas et ne lèveront pas le petit doigt. Aussi le jour où les Vandales prétendirent imposer leur domination à l'Aurès, ils trouveront face à eux une révolte généralisée qui durera de 477 à 484 (sept ans) et qui s'achèvera par leur élimination de notre pays et la libération des villes de Baghaï, Khenchela, Meskiana, Tebessa...
Byzantins 533 / 647
Après être parvenus, grâce à l'aide des Numides, à chasser les Vandales, les Byzantins se retournèrent contre les Aurès. Solomon, général grec, après avoir vaincu Cutzinas, chef des Numides de Byzacène (Tunisie centrale, vers Kairouan) et s'en être fait son allié, se retourna contre Iabdas, roi de l'Aurès oriental.
Un mot sur les Byzantins : les Byzantins, sont originaires de Grèce qui, après la déchéance de Rome, vont " succéder " à l'empire romain en Afrique. Cependant moins bien organisés politiquement et militairement, ils ne s'imposeront jamais en Afrique du Nord et ne laisseront que peu de traces : ils seront souvent assimiler à des Romains dans l'esprit de la population locale qui ne voit dans tous ça que des " Roums ".
Ainsi très au fait des rivalités et querelles locales, Solomon ne s'engagea contre l'Aurès qu'en ayant au préalable obtenu la neutralité de Masuna, roi de la Maurétanie sétifienne (les Kutamas actuels) et d'Ortaïas, roi de l'Aurès occidental. Parvenu près de Baghaï, il campa ses troupes dans une vaste plaine. Iabdas, plutôt que de le combattre, préféra noyer son camp en ouvrant les digues de barrages situés vers Khenchela. Solomon, vaincu, dut s'en retourner à Carthage en 535.
En parlant de digues, il faut évoquer la dernière fois tous les ouvrages hydrauliques entrepris par nos ancêtres pour garder l'eau, la conduire, l'entretenir pour éviter l'érosion, etc. Tous ces travaux de grande envergure nécessitaient moyens humains et financiers mais également volonté délibérée et collective pour des œuvres d'une telle ampleur. Hélas tous ces travaux seront abandonnés puis réduits à néant à partir du XIè siècle avec l'arrivée des Arabes Hilaliens, réduisant nos montagnes à des sierras mexicaines.
En 539, Solomon entreprend une seconde campagne contre l'Aurès. Il campa au bord de la rivière Abigas, Amigas selon d'autres (oued Bou Roughal, d'autres disent qu'il s'agirait d'Oued Taga, Oued Abdi ?) et l'affrontement eut lieu à Babosis, au sud de Baghaï (vers Taouziant?), Iabdas est vaincu. Les Byzantins razzièrent récolte et cheptel vers Timgad et poursuivirent Iabdas jusqu'à sa forteresse de Zerbula, sans pouvoir y pénétrer. Solomon parviendra cependant, à force d'acharnement, de corruption et après maints affrontements par saisir les biens du roi Iabdas entreposés à Toumar, laissés à la garde de vieillards, puis à Geminianus (Djemina).
Cependant la présence byzantine, contrairement à la domination romaine, n'est ni systématique, ni nombreuse ni aussi bien ordonnée. Peu à peu les Byzantins vont se cantonner dans les grandes villes du nord tunisien et de quelques villes importantes à l'intérieur et du littoral et, parallèlement à cela, ils occuperont certains postes névralgiques du limes romain, ainsi ils continueront à percevoir impôts et denrées à l'entrée des marchés. Pour le reste, le pays, comme à l'accoutumé, est livré à lui-même. Ainsi, comme déjà mentionné, des royaumes et des principautés amazighs se constituèrent, parfois alliés, parfois opposés aux Byzantins.
De ce point de vue une remarque s'impose : tous les envahisseurs eurent, à quelques nuances près, le même comportement : ils occupaient les principaux points névralgiques du pays : axes de communications et grandes villes importantes, se contentant de percevoir un impôt et négligeant totalement le reste du pays qui, lui, continuera à vivre en complète liberté (ou anarchie selon les uns).
C'est ainsi que l'Aurès occidental jusqu'au Hodna eut pour roi Mastias, lequel en 476, se proclama impérator, c'est-à-dire empereur des Numides et des Romains (entendez par là Byzantins et élites amazigh romanisées). A Mastias, qui régna quarante ans, succéda Ortaïas. C'est dans ce même Aurès Occidental que régnera plus tard Serkedid auquel succédera Koceila. Quant à l'Aurès oriental, nous avons vu que Iabdas, régna à peu près à la même époque que ses cousins Mastias et Ortaïas.
Une précision s'impose : Aurès oriental ou Aurès occidental ne sont qu'une commodité linguistique pour désigner une région qui fut pendant plus de deux siècles sous le commandement d'une même tribu. La royauté passant des Zénètes aux Louatas et vice-versa. De ces deux grandes confédérations sont issues les Musulames, les Gétules, les Aoureba, les Djéraoua, les Bavares (ou Babar), etc.
Gurzil, dieu amazigh de la guerre
Enfin, il est à noter que lors des grandes batailles où participent les grands chefs amazighs, une idole de pierre, représentant un taureau, et désignant le dieu Gurzil, dieu de la guerre, est menée à la tête des troupes. Cette pratique signalée dès le IVè sera remarquée par les Arabes lors de leurs affrontements contre la Kahina et jusqu'au XIè siècles où El Bekri rapporte ceci : ils (les Imazighen) offrent encore des sacrifices à une idole de pierre nommée Gurza.
La Douda
Je voudrais vous faire part de ce que j'ai lu hier. Ca m'a personnellement beaucoup plu.
"Nous avons ete crees avec deux yeux: un oeil pour voir les vertus des autres et un autre pour voir nos defauts."
Chavoua Tov
Yael
David.....!!! Sais tu que j 'ai le don de faire rire et pleurer les gens là bas dans un petit coin qu'on appelle le THEATRE DE BREITOU????
David .....!Tu portes le nom de mon pére et chaque fois que je vois apparaitre ton pseudo, je ne peux m'empecher de penser à lui...David...!Ecoute j'ai promis qu'un jour je passerai là bas ou ici un texte qui te feras peut être pleurer ou rire...!
Je tiens en génèral parole et je veux que tu ailles un jour le lire...! Tu comprendras ce qu'est la souffrance en génèral, qui appartient à ceux que D ieu à choisi pour qu'ils souffrent.
Toi David....! Esskor rabi ( Remercie D ieu ) de pouvoir vivre normalement alors que d'autres pleurent sans qu'on les voit, parce qu'ils ont honte de pleurer devant les gens....!
Je vais te le préparer ...! Compte sur moi...
BREITOU qui ne te veux que du bien.
Si j’étais particulièrement concerné, je dirais que je suis d’accord avec Davideden.
A quoi cela servirait qu’il aille en Tunisie, après tant d’années d’absence, surtout s’il n’a plus d’attaches?
Je vois mal comment il pourrait revoir sa demeure ou son lieu de travail, si comme il le dit, et je le crois volontiers, il en a été spolié, occupés par des inconnus.
Que va-t-il leur dire ?
-Bonjour ! Vous habitez la maison qui m’appartient et que votre gouvernement m’a pris, vous vous servez de mon commerce dont on m’a spolié.
Allons soyons réaliste.
«Et le vent du nord, les ramasse à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi!»
Eden,
De t'aider sincérement, ouras khouye pas plus.
et sans plus..Apaiser ta rancoeur..De ne plus tourner la tête vers ton passè aigrie...C 'est l'avenir qui compte, si nous devions ressasser, et ressasser on devrait remonter à l'époque des espagnols qui ont fait pire, plus de dégats envers nos juifs, les convertions...Alors...
Soyons heureux d'être encore juifs EDEN....Je ne veux pas que tu souffre de ça...Regarde ceux qui souffrent encore plus dans leur chair et qui se taisent par dignitè, je veux que tu prenne exemple sur eux.Rien ne t 'empeche d'exprimer ta peine , rien...Regarde moi ou les autres , ils se confient tout dans leurs écrits, une sorte d'évacuation de leur chagrin, mais bon jusqu'à quand.....Brass bouk...Et ceux qui ont des enfants handicapès...? As-tu pensé à ceux là...? Pourquoi voir tous les jours son fils ou sa fille ...!là hagarde assise comme un poireau....? Réfléchis..! C'est pas une ghbinè ça??? Un grand chagrin dans le coeur et dans le silence...
Dewar el warka...Et tu seras mieux dans ta peau..
Pense à ceux ou à celles qui ont perdu plus que ça ...leurs enfants qu'ils ne reverront plus...Alors c'est quoi ta souffrance par rapport à eux...? Hein ..! Et c'est pas fini...Le meilleur
nous attend....Tu sais pourquoi je veux rire seul parfois , pour me dire que rien ne vaut plus que la vie et qu'il vaut mieux en rire que de se lamenter...Je t 'assure. Crois moi...
Albert,
tes conseils ont ils pour but de m'aider ou voudrais tu que je cesse de dire les choses comme je les vois? Trop souvent au nom d'une "reconciliation" ellusive on m'a de mander de ne pas rapeller nos souffrances.
Moi j'appartiens au camp des gens qui pensent qu'une vrai paix passent une approche realiste de notre histoire.
Je vais te donner l'exemple. Quand Saddat est venu a Jerusalem, Israel a eventuellement donner a l'Egypte tout ce qu'elle voulait. L'Egypte a insister a mentioner 1 solution aux problemes Palestiniens. Je connais des dizaines de Juifs d'Egypte qui ont alors essayer de mentionner leur souffrances et leur biens au gouvernement d'Israel.
On les a fait taire et leur embassade au Caire a refuser et continue de refuser a les aider!!
Regarde la "paix" que nous avons.
La Jordanie a expulse en 48 des dizaines de milliers de Juifs en passant 1 loie interdisant aux Juifs la nationalite Jordanienne. Une autre loe interdit jusqu'aujourd'hui la propriete terrienne aux Juifs!!
la Tunisie l'a fait plus sournoisement mais avec les memes resultats.
Nous Juifs des pays Arabes en israel devons nous continuer a payer pour les "refugies" Arabes d'Israel tout en nous taisant sur notre propre exile et spoliation?
Quand a un voyage en Tunisie. Pour moi la Tunisie est morte. Pour moi la Tunisie n'a rien a voir avec le pays du meme nom. Mon pays natale n'existe plus, la confusion vient du fait que ces 2 entites portent le meme nom.
Mon cher Toufiq, me demander a visiter ce pays serait comme demander a un Arabe ne a Yafo, de se rappeller de la Palestine en visitant Israel.
La Palestine qu'il a connu n'existe plus, la Tunisie non plus.
Cher Emile,
Je vous remercie de votre reponse au sujet de Benzarti. Tout en considerant l'incident comme clos, je crois que, tout en respectant la liberte d'expression qui nous est si chere, il faudra que, avec l'aide du webmaster, nous restions vigilants afin de lutter contre toute derive et toute provocation.
Quant a votre analyse de la situation au proche-orient, je pense qu'elle est interessante et s'ajoute a beaucoup d'autres exprimees dans de nombreux medias. Mais dans toutes ces analyses, il faudra tenir compte d'un element essentiel c'est celui du manque de rationnel chez nos ennemis.
Mais ce que je trouve scandaleux c'est la politique munichoise de certains pays comme la France, la Belgique et l'allemagne et cie qui font tout pour proteger les dictateurs comme Saddam Hussein, Kadhafi, Arafat, Assad, les organismes terroristes comme le Hezbollah, le Hamas, le Fatah, le Djihad islamiste et tant d'autres.
De toutes facons, la verite eclatera lorsque seront devoilees les preuves de la connivence de la France et cie avec tous ces pays et organismes terroristes tout simplement pour qu'ils puissent preserver des interets bassement economiques (a ce propos, avez-vous vu vendredi dernier sur France 2 le reportage sur les relations commerciales etroites entre la France et l'Irak dans l'emission "Contre-courants"?) et surtout pour qu'ils puissent mettre en pratique leur politique franchement hostile envers Israel et son chef de gouvernement Sharon elu democratiquement. Bien que la France s'en defende, cette politique seme le desarroi parmi les juifs de France qui sont pris a parti dans de nombreux secteurs (securite, education, boycotts...). Aux Etats-unis, les juifs sont menaces par les reseaux El-Kaida et islamistes (menaces de "bombe sale", attaques chimiques et biologiques) tout comme nous en Israel.
Ici, en Israel nous nous preparons aussi a toutes ces eventualites en envisageant les parades possibles a tous ces scenarios catastrophes. Tout en nous efforcant de continuer une vie a peu pres normale, nous essayons de prendre un maximum de precautions dans l'eventualite de cette guerre annoncee et dont le compte a rebours a deja commence; mais personne, honnetement, ne peut serieusement en prevoir la date (dans une semaine, dans un mois, dans ....).
Faisons confiance a nos dirigeants et a notre peuple. Surtout faisons confiance a D... pour proteger notre pays et les enfants d'Israel.
Pour le moment, des pluies abondantes tombent dans la region et vont permettre de compenser en partie le deficit en eau accumule ces dernieres annees. Nous y voyons un signe de benediction.
Que D... continue a proteger Israel et notre peuple !
Monsieur Emile,
Ce voyage à TUNIS est un vrai plaisir de lecture !
Tous ces souvenirs sont merveilleux à lire. Je pense qu'ils resteront gravés à jamais dans votre mémoire. La Tunisie est un beau pays, puisse un jour que vous puissiez y retourner définitivement.
Mais, le monde en a décidé autrement malheureusement. Il ne reste plus qu'à espérer.
Mais, je retiendrais une chose Mr Emile, c'est la chaleur humaine de tous ces tunisiens que vous êtes. Votre convivialité, votre gentillesse. Ce qui manque au monde actuellement. Bien à vous.
Axelle.
La réponse qu'Albert a donnée à Eden est pleine de gentillesse et de sagesse. Je trouve qu'en effet on se fait tous de la peine pour tous ceux qui ont souffert d'une façon ou d'une autre. Mais allons-nous passer notre vie dans l'amertume et l'esprit des comptes à faire?
Je ne crois pas que nous sommes les seuls à souffrir. Il y en a qui meurent avec leur peine, comme un cousin à moi qui avait été dans les camps de concentration et un beau-frère qui a vu toutes les horreurs de la guerre. Certes, personne ne peut savoir qu'est-ce qui c'est passé dans chaque cas et personne n'a le droit de nier ou de minimiser la peine des autres, car chacun sent en lui-même ce qui lui fait mal.
Personnellement je me joins à Albert en disant à David Eden, "David, rien de dure (Chay Maydoum) et toutes plaintes ont été enrégistrées dans nos coeurs et ceux de tous les Tunisiens. Moi aussi je crois qu'un voyage en Tunisie te fera du bien, car malgré le climat général dans le monde arabe, tu trouveras la gentillesse chez les Tunisiens. Seulement, connaissant la situation en Israël, je ne te conseille pas en ce moment de quitter ta famille pour un voyage quelconque, car dans une situation pareille il faut être avec la famille. Crois-moi que celui qui te parle a beaucoup souffert, mais pas des Tunisiens, et pour oublier, j'ai mis toutes mes souffrances et mes bonnes expériences par écrit. Ainsi j'ai vidé mon coeur, car si je meurs je veux mourir avec un coeur gai. Je ne connais pas ton âge, mais les années nous apprennent à apprécier la vie."
Encore une fois mes compliments à mon cher Albert, car je sais combien toi tu souffres, et tu tiens encore à nous amuser. Nos parents disaient: "Ech Yinfa'a Errosq Quebalet L'Amor" (Qu'importent les biens devant la vie).
L'ARRIVÉE À TUNIS
Le vendredi je pris l'avion pour Tunis. Le vol s'annonçait bien, je trouvais les hôtesses très aimables, elles me mirent aussitôt à l'aise. Les voyageurs parlaient tunisien. Depuis longtemps je n'avais pas entendu parler cette langue en public. J'avais gardé la langue arabe grâce à ma maman et à la musique. La plupart de mes amis d'expression arabe que j'avais connus soit en Israël, soit en Europe ou aux Etats Unis étaient d'Egypte, de l'Iraq, du Liban, du Maroc et de l'Arabie Séoudite et très peu d'entr'eux étaient de la Tunisie. .
L'avion était un Airbus 320. C'était la première fois que je prenais cet avion. Celui-ci avait causé en son temps des controverses aux Etats Unis. Il était beaucoup plus petit que l'avion avec lequel j'étais venu de New York. J'avais bien saisi pourquoi cet airbus ne pouvait pas alors faire la traversée de l'Atlantique.
Les passagers étaient bruyants et parlaient le tunisien. J'entendais pour la première fois résonner des noms que depuis bien longtemps je n'avais plus entendu, comme: Salah, Moustafa, Ottman, Taoufik, Nour Edine, Chedli etc. Je me sentais dans un monde différent mais qui ne m'était pas inconnu, au contraire il me rapprochait de mon enfance. Je n'osais pas aborder les passagers ou les hôtesses, je me conduisais comme le premier jour de mon jardin d'enfance, là aussi, je n'osais pas approcher les autres enfants ou la maîtresse.
En attendant, les hôtesses de Tunisair me voyant silencieux et tout seul dans la rangée croyaient que je craignais le vol. Pour me réconforter, une des hôtesses me demandait si je désirais boire une boisson. J'était plongé à faire la comparaison et l'analyse technique des avions, et des arguments du pilote américain. Je ne m'étais pas rendu compte que l'avion était dans l'air depuis déja un moment, car je n'avais pas entendu le bruit des moteurs. L'avion me paraissait suspendu dans le néant tellement il avançait lentement. Dehors il faisait sombre. J'essayais de voir à travers les hublots, mais je ne voyais rien. Après que nous eûmes dîné, j'avais parlé tunisien: pas de réaction de la part des hôtesses. Je conclus qu'elles me comprenaient. Jusqu'ici j'avais parlé le tunisien rien qu'avec mes parents. Je ne savais pas si la langue tunisienne avait changé depuis que j'avais quitté mon pays. Certains amis tunisiens me disaient que la jeunesse était complètement différente de celle que j'avais connue. Ma première rencontre avec les hôtesses me donnait l'impression que la langue était restée inchangée. Les hôtesses comprenaient bien ce que je leur disais. J'étais toujours plongé en moi-même, je n'avais pas réalisé combien le trajet était court et rapide. J'entendais pour la première fois le pilote citer les villes que nous allions survoler. Il me semblait entendre aussi le nom de Béja, ce nom je ne l'avais jamais entendu en avion. Je me réjouissais de cette annonce. Le bruit des moteurs à réaction laissaient un sifflement qui m'assourdissait.. L'hôtesse m'informait qu'on survolait l'Algerie. Je n'avais aucun choix que de la croire. Une chose est certaine, c'est que nous étions suspendus et l'avion avançait lentement. Je lançais à nouveau un regard à travers le hublot, je ne voyais rien, tellement l'obscurité était dense, je m'éfforçais encore une fois, cette fois-ci j'avais l'impression que nous venions de sortir d'une couche de nuages. Plus tard j'entrevoyais au loin quelques lumières. "Ça doit être un village!" me disais-je. Je ne savais pas exactement où nous étions. Je me contentais de bavarder avec ces lumières: "Chacune d'elle est une famille, un monde et moi, comme un seigneur, je disais à l'une, puis à l'autre, nous sommes des êtres humains qui partageons ensemble l'air de cette terre. Je ne voyais aucune frontière, ils n'y avaient rien que la distance et la vitesse qui nous séparaient. Je me laissais ainsi bercer par mon dialogue imaginaire avec des êtres que je n'avais jamais vu mais, qui me signalaient leur présence par cette lampe lumineuse. Les souvenirs d'enfance se mêlaient dans ma tête: je revoyais le voyage en train de Béja à Duvivier, c'était en 1943 pendant la guerre, lorsque nous avions été évacués vers l'Algerie pour quelques jours. Les Allemands étaient aux portes de notre ville. Béja était en flammes par l'artillerie et l'aviation allemandes. Pour repousser ces tristes et malheureuses pensées et comme j'avais soif, je levais le doigt comme à l'école, cette fois-ci pour demander une boisson. Je ne voulais pas laisser ces souvenirs affreux de la guerre s'emparer de ce doux moment. Après m'être désaltéré, et pour effacer ces scènes des théatres militaires de ma mémoire, j'imaginais les beaux champs verts et les collines ondulées qui entouraient notre paisible cité. Nous traversions la frontière et nous nous trouvions au-dessus des montagnes. Pendant la guerre ces montagnes nous abritaient des bombes allemandes. En ce temps-là nous vivions dans une grotte, pas loin de Gardimaou, après avoir été refoulés de l'Algerie pour cause de maladie. Les pics de ces montagnes me paraissaient si hauts et si aigus. Les avions allemands n'osaient pas arriver jusque-là. Je n'avais jamais rêvé de les survoler un jour. Je regrettais qu'il faisait nuit. Soudain du fond de cette obscurité quelques lumières me paraissaient surgir pour ensuite disparaître comme un éclair, puis je fus interrompu par une voix qui parvenant des haut- parleurs:
- "Attachez vos ceintures, nous venont de passer la frontière algero-tunisienne et nous commencerons bientôt notre descente vers Tunis-Carthage." Les lumières que je voyais auparavant avaient disparu dans le néant. Je ne pouvais pas saisir le mouvement de l'avion. Nous volions dans ce grand océan vide et froid. Moi, plongé dans mon silence je ne voyais rien bouger, notre avion se berçait comme s'il essayait de se frayer un chemin, puis le son d'une ancienne musique chatouillait mes oreilles. Ces airs de musique me paraissaient familiers. Je les connaissais de par les va-et-vient au magasin de mon père. Alors je flânais dans la rue qui menait chez papa en passant par la place Abd-el-Kader, avec ses cafés en plein air. Ces airs de musique jouaient à longueur de journée. Les magasins collés l'un à l'autre se distinguaient par la couleur de leurs portes et par la diversité de leurs produits et de leurs étalages. Alors cette même musique emplissait mes oreilles tout le long du chemin et me plongeait dans des rêveries douces qui me faisait oublier le temps. Ces airs me parvenaient à travers de gros haut-parleurs accrochés parfois à un poteau et parfois aux grilles des fenêtres d'un des magasins ou d'un café. La musique venait d'un tourne disque ou de la radio et jouait tellement fort qu'on avait l'impression qu'elle envahissait l'air. Un sentiment doux saisissait mon coeur. Il me semblait que le temps s'était arrêté là. En effet c'était une vieille musique. Les morceaux étaient choisis par une femme de ma génération, me disait l'hôtesse. C'est bien cette ancienne musique qui me ramenait à mon enfance. L'ambiance qui se dégageait de ses sons me donnait des frémissements agréables. Cette atmosphère était à la base de la culture locale. Elle réveille en moi les sens les plus sublimes. C'est à travers des chansons de geste que plusieures histoires de nos ancêtres nous sont parvenues. Ces chansons de geste jouent un grand rôle dans l'éducation et dans la communication de certains faits historiques. J'aime bien écouter, de temps à autre, la musique tunisienne. Ces chansons, maman et mes grands-mères nous les chantaient. C'est dans ce genre de chansons qu'elles nous transmettaient certains faits, qu'elles-mêmes avaient vécus ou que leurs parents leur avaient transmis. Ces faits échappaient parfois aux historiens et même aux autorités d'alors. Hélas je n'arrive pas à me rappeler toutes les chansons de geste que maman me chantait.
Les moteurs ronronnait continuellement, le temps avait perdu son sens, j'avais presque oublié que je me trouvais encore en avion. Je me penchais encore une fois vers le hublot qui était à ma gauche, pour voir les lumières de Tunis. Je n'avais jamais vu jusque-là Tunis d'une vue aérienne vivante. L'avion volait bas, je voyais des lumières de-ci, de-là, elles devaient être celles des alentours, je n'arrivais pas à identifier notre position. "Peu importe", me disais-je, "l'essentiel d'arriver à Tunis, plus tard je retrouverai la direction de l'atterrissage." En effet le trajet était très court, surtout pour moi, qui venais des Etats Unis, où les distances sont assez grandes.
- "Nous allons atterrir dans quelques instants à l'aéroport de Tunis- Carthage!" disait une voix qui nous parvenait des haut-parleurs. J'allais voir pour la première fois l'aéroport de Tunis. J'étais saisi d'émotion, d'enthousiasme et de joie. Nous atterrissions dans la fraîcheur du mois de janvier. "L'atterrissage était excellent!" disaient les passagers assis derrière mon fauteuil et puis les applauds étaient si puissants que je n'avais pas saisi moi-même le moment où l'avion avait touché le sol. L'avion roula encore un peu jusqu'à atteindre la passerelle télescopique. Les voyageurs se pressaient pour emprunter la porte toute grande ouverte qui mène à la passerelle. J'avais pris lentement mes affaires que j'avais dans le porte- bagages et je commençais d'un pas nonchalant à marcher vers la sortie qui débouchait dans une salle assez grande pour accueillir tous les passagers de l'avion. Les hôtesses et les voyageurs me laissaient une première et nouvelle impression de la Tunisie que j'allais bientôt découvrir. En voyant les passagers je me rendais compte que les continents se rapprochaient, mais dans le fond je me rendais aussi compte que la cadence de la vie était plus ou moins pareille. Ceux qui arrivaient et ceux qui partaient créaient le rythme de la vie.
Quand j'étais jeune, je n'avais pas eu de raison pour connaître l'aéroport. En ce temps-là rares étaient ceux qui pouvaient se permettre de prendre l'avion. L'aéroport m'était connu sous le nom de "Laouina", mais c'était tout. Je jetais mon regard fouilleur vers toutes les directions comme un enfant qui voyage pour la première fois. L'aéroport était différent des aéroports que j'avais connus. Son architecture et son style étaient un mélange des l'influences occidentale et orientale. J'étais calme, ému et absorbé par les pensées de ce qui allait m'attendre. À travers les vitres qui séparaient notre salle je pouvais entrevoir des femmes et des hommes qui attendaient patiemment le départ de leur avion. Une femme paraissait essuyer ses yeux de larmes. "Elle devait certainement quitter les siens ou son amour", me disais-je. Nous devions encore passer par la police des frontières, puis par les douaniers.
Je continuais à observer les passants qui allaient en direction contraire. Parfois c'était des ouvriers de l'aéroport et parfois des hôtesses. J'étais à mon aise, je fis la queue comme tous les autres, certains passagers m'observaient comme s'ils me connaissaient, d'autres me regardaient d'un air doux et aimable, j'attendais patiemment mon tour. Les personnes qui étaient debout comme moi ne pouvaient pas savoir d'ou je venais et combien ce voyage m'était cher. En réalité, je venais au rendez-vous avec mon enfance. Après quelques minutes d'attente mon tour arriva. Je tendis mon passeport à l'agent de frontière. Il le prit en main, le regarda, puis avec un visage curieux, il dit:
- "Américain?" Je ne pensais pas qu'il avait déjà eu l'occasion de voir un passeport américain avec l'inscription: "né à Béja". Il me regarda et d'un air étonné il me dit:
- "Vous êtes Américain de Béja?" Il regarda encore une fois mon passeport et ajouta:
- "Vous connaissez Béja?" croyant peut-être qu'il ne voyait pas clair et répéta encore une fois:
- "Américain de Béja?" Je ne répondais pas, je voulais voir sa réaction. Croyant que je ne comprenais pas le français, il continua:
- " Il y a aussi Béja en Amérique?" Puis il s'adressa à un collègue pour lui demander de me traduire ce qu'il me demandait, alors, je le surpris en lui disant:
- "Oui il y a même plusieurs Béja dans le continent américain" Le policier était tellement troublé, que j'ai cru qu'il était nécessaire de l'aider et avec mon accent béjaois je lui dis en arabe:
- "Ou Càn Habit!" ce qui veut dire "Certainement" et je continuai: "Vous pensez bien, Ana oueld Bàjà hor," ce qui veut dire: "Je suis un pur Béjaois". A ces mots il fit un sourire et me dit:
- "Vous êtes donc un Béjaois de chez nous?" Là, je répondis aussi en tunisien:
- "Bàji Ou Noss"(Je suis Béjaois et demi). Le policier quitta spontanément sa cabine et avec un sourire, il me tendit la main et me dit:
- "Je suis aussi Béjaois." Honnêtement, je n'avais pas reconnu son accent béjaois, mais quelle importance? Les personnes qui attendaient derrière moi ayant saisi la situation, changèrent aussitôt de file. Ainsi nous avons pu bavarder librement.
- "C'est un Américain", disait un passager.
- "Non! c'est un de chez nous!" répliqua l'autre, "je l'ai entendu dire des mots en arabe." Puis, petit à petit le flot des voyageurs se dissipait et je me trouvais seul avec ce policier que je n'avais jamais connu. Nous avons bavardé un bon moment.
Mon hôte, Salem, m'attendait dans la salle d'attente. Lorsqu'il ne me voyait pas sortir, il commençait à s'inquiéter. En effet j'étais parmi les derniers à sortir. Salem n'avait aucune idée de cette rencontre. Lorsqu' il m'aperçut il fit d'abord un sourire, puis d'une voix gentille, il me demanda:
- "Mais que c'était-il passé?" Je répondis:
- "Rien! j'ai rencontré un policier qui paraît-il était de Béja." Salem, avec un visage agréable me dit:
- "Vous le connaissez?" Je fis:
- "Non pas du tout!" Salem hocha la tête et d'un ton calme fit:
- "Vous, les Béjaois, vous êtes partout, comme un peuple à part et vous avez un lien spécial entre vous". A quoi je répondis:
- "C'est exact, nous sommes très peu nombreux et de ce fait nous sommes précieux et spéciaux. Puis pour ne pas éveiller un sentiment quelconque j'ajoutai:
- "Mais nous sommes des bons enfants de la Tunisie, que nous soyons Américains, Français ou Italiens, nous restons les mêmes dans notre pensée et dans notre mode de vie." En réalité je n'étais pas sûr si le policier était vraiment de Béja, ou s'il s'était fait passer comme tel pour me faire plaisir. Salem fit encore un geste pour m'indiquer le chemin et puis nous sortîmes dehors où le chauffeur nous attendait avec sa voiture.
Il se faisait déjà tard et la nuit avait étendu ses voiles sur Tunis.
- "Ce chemin nous amènera de l'aéroport à l'hôtel Abou Nawas" me dit Salem. Je ne pouvais pas observer quoi que ce soit à travers la fenêtre de la voiture. Tout me paraissait étroit et les distances semblaient être très courtes.
- "Voici l'hôtel!" dit mon ami.
- "Nous sommes déja là?" demandai-je. En effet il avait l'air d'un bel hôtel. Salem tout fier de lui-même s'exclama:
- "C'est l'hôtel Abou Nawas!" puis il ajouta: "C'est un hotel entièrement tunisien."
- "Que voulez-vous dire par entièrement tunisien?" je lui demandai.
Salem d'un air aimable, essayant de ne pas me vexer, car après tout j'étais de nationalité américaine, et ne connaissant pas mon opinion á ce sujet, me dit:
- "Les investisseurs américains avaient commencé la construction à leur façon. Leurs conditions étaient à l'encontre de l'esprit tunisien. Donc nous avons arrêté la construction et enfin nous avons trouvé des Kuwaitiens qui étaient prêts à investir dans ce projet à la façon tunisienne."
L'entrée de l'hôtel était en effet majestueuse. Salem m'accompagna jusqu'à ma chambre, puis il me souhaita encore une fois la bienvenue et me laissa jouir de ma première nuit dans mon pays natal. La chambre qui m'avait été réservée était entièrement à mon gré. Après tant d'années d'éloignement de mon pays, aller dormir, me semblait ridicule et de toute façon je n'avais pas sommeil. Après que Salem avait quitté l'hôtel, je me rendis aussitôt au foyer de l'hôtel pour regarder de près l'architecture que j'avais à peine entrevue, alors que je remplissais le formulaire de l'hôtel. Je regardais les détails, puis je me rendis par un escalateur direct du foyer à un autre étage. Celui-ci était aménagé avec plusieurs restaurants et des salles de réception. L'ensemble était moderne comme à l'américaine mais maintenait jalousement le style tunisien qui ajoutait un flair exotique à son architecture. Celle-ci rappèle bien aux visiteurs qu'ils se trouvent dans un pays bien particulier, avec une histoire riche qui date depuis des siècles. L'écho des Phéniciens, des Numides, des Romains, des Vandales et des Byzantins se mélangeait avec celui des Tunisiens, des Arabes, des Juifs, des Turcs et des Français et en dernier des Américains, pour créer dans chaque détail, le style tunisien. Je pouvais passer toute la nuit à observer et à admirer les traces qui me relient à mon enfance, mais il se faisait tard et je tenais à être en forme pour le lendemain. Je me rendis finalement dans ma chambre. Celle-ci avait un balcon qui donnait sur l'avenue Mohamed V, anciennement l'avenue Gambetta. Je l'avais reconnue par ses palmiers qui étaient restés là comme des témoins de mon temps. Je me souvenais qu'il y avait une esplanade, à droite des palmiers, du côté de la mer morte. Cette esplanade de gazon hébergeait les cirques qui venaient de différents pays. J'avais flâné plusieurs fois sur cette pelouse. Il n'y avait rien d'autre que je pouvais me rappeler. Cette avenue me servait de point de repère. Depuis que j'avais quitté la Tunisie, l'avenue avait subi beaucoup de changements. Des nouveaux immeubles y ont été construits depuis. Il n'y avait plus de vide. On y trouve le palais des congrès, la maison de l'artisanat, le parc Kennedy dans lequel se dresse fièrement l'hôtel Abou Nawas et beaucoup d'autres immeubles qui avaient l'air de bureaux. On voit à peine la mer morte qui était juste au bord de l'esplanade. Une partie de celle-ci avait été séchée pour créer les terrains sur lesquels sont construits aujourd'hui tout un quartier industriel et un quartier résidentiel.
Le TGM, le train qui nous amenait de Tunis à la Goulette et à la Marsa était en pleine avenue Jules Ferri, celle-ci a été rebaptisée "l'avenue Habib Bourguiba", après le père de la Tunisie.
Le TGM est maintenant plus retiré vers la mer. Alors, il arrivait presqu'à l'avenue de Paris qui nous emmenait au passage, puis au Belvédère. L'avenue est maintenant plus aérée.
Je m'allongeai sur mon lit de la chambre de l'hôtel Abou Nawas. En attendant que le sommeil m'emporte il me paraissait plus sage de jeter un petit regard dans le passé, où les relations amicales et fraternelles entre Musulmans et Juifs n'étaient pas des rêves, mais des réalités. Je quittais le monde turbulant et séculier pour entrer dans le petit monde qui est le mien. C'est bien là ou je suis né. Que je sois aux Etats Unis, en Europe ou ailleurs, ce monde m'accompagne partout, à tout moment. Sans même avoir une carte topographique, j'y entreprends, réveillé ou endormi, des promenades clandestines. Je ne sais pas toujours par quelle rue commencer, mais j'aime bien faire des excursions sans tous ces passeports et sans les moyens de locomotion. N'est-ce pas merveilleux, de se sentir libre dans sa peau? Parfois lorsque je suis dans le train et le chemin commence à être ennuyant, je me promène secrètement dans les rues de Béja, sans que quelqu'un puisse s'en apercevoir. Lorsque que je me trouve chez le docteur ou chez le dentiste, comme c'est souvent le cas lorsqu'on prend un peu de l'âge, je fais une promenade parfois courte et parfois longue. Cette fois-ci je devais attendre chez mon dentiste. J'avais passé en revue tous les journaux et les revues qui traînaient sur la table, il n'y avait pas un journal du jour ou une revue du mois en cours, tous étaient des mois précedents et pour ne pas relire des vieux articles, je préférais me faire la vie facile, je commençai la marche clandestine à partir de notre maison de la rue François Faure-Dère - aujourd'hui on l'a renommée rue Habib Thameur. Heureusement que mes voisins m'avaient tenu au courant du changement de nom. Lorsque je l'avais appris, j'étais un peu triste car je trouvais que personne de notre ville ne nous avait demandé notre avis, puis je me suis dit: "Peu importe ce que les personnes responsables décident, pour moi rien ne change." Béja est toujours ma ville. Soudain une grosse femme accompagnée de son mari entra. "Good morning!" elle disait. Elle m'avait arraché pour un moment à mon excursion matinale, mais j'y retournai aussitôt. Je descendis les escaliers du premier étage et j'entrepris une petite marche, à partir de notre rue. Mme Beneinous venait d'arriver en bicyclette, elle portait son Bernous (cape) noir, je la saluai et continuai mon chemin. Devant moi je voyais la maison des Ferrara et des Vulo nos voisin d'après la guerre, un peu plus loin et à ma gauche la gare. Je disais bonjour à Monsieur Cotard et à ma droite la maison Saint Frères était toujours là, telle que je l'avais laissée. Cette société louait les sacs vides aux paysans pour qu'ils puissent transporter leurs récoltes de céréales. Un peu plus haut, dans la rue de France et toujours du même côté, après la fin des bombardements, les Chaouat avaient occupé un grand magasin qui faisait dépôt commercial, ils l'avaient transformé en habitation. Je revoyais encore la mère Chaouat, Marie, au seuil de la porte et j'entrevoyais dans le fond du dépôt le père Chaouat, Fraji, qui terminait sa prière matinale. Ses fils Rémi et Jojo étaient déja en haut de la rue, ils allaient vers l'école. Je continuai le long du trottoir et j'entrecroisai en sens inverse Simon Bellaïche qui allait à son travail à la station Shell, qui était dans notre rue et qui était à côté de la maison Cotard. Un peu plus haut je voyais la femme de Monsieur Berdah qui était à sa fenêtre, elle était là à observer les passants. Tous les jeunes de mon âge aimaient bien la regarder, car elle était belle, puis elle n'était pas de notre ville. Nous les garçons nous la trouvions très charmante et à notre âge nous étions très attirés par la beauté extérieure. A ma gauche et sur le trottoir opposé le jeune Ottman sortaient justement de sa maison, qui était au-dessus du magasin de chaussures Bata et un peu plus loin, le bureau de ravitaillement. Celui-ci avait été créé à cause de la guerre, le fils du directeur de notre école, Monsieur Ouvrard, était le directeur de cette institution temporaire. Mon oncle Alfred descendait en bicyclette vers le dépôt de blé. Il ne m'avait pas vu et moi je préférais continuer mon chemin lentement sans être interrompu. La fille Beneinous, une des filles dont le père était charron, allait aussi à l'école. Simone Rabot son cartable en cuir à la main venait de sortir de sa maison, je la saluai, elle me retourna le salut et m'invita à l'accompagner, elle allait prendre un baignet chez le Ftaïri (le marchand de beignets) qui était à l'opposé de la Rohba (La foire). De ce fait je me trouvais entraîné à lui tenir compagnie. Tout en traversant la rue vers le trottoir opposé, cette fois-ci notre ami Ottman nous avait entrevus; tout naturellement il s'était joint à nous. Je me trouvais dévier du mon chemin et encore je me trouvais maintenant avec les deux compagnons de notre quartier, nous allions à trois chez le marchand de beignets. Je n'avais pas l'intention de manger un beignet mais, la compagnie donne de l'appétit et je me disais: "Puisque je suis là, autant prendre aussi un beignet." Chaloum Bellity que D' bénisse son âme attendait son beignet à l'oeuf et insistait à haute voix:
- "Odrobha Be Safout" (le faire croquant à l'aide de la broche pointue). Le marchand de beignets tout souriant et obéissant lui dit:
- "Eyoua Ya Sidi." (Bien sûr, Monsieur). Ce marchand avait une mémoire extraordinaire, tout en faisant frire ses beignets, il écoutait les désirata de ses clients et répondait à chacun, avec un aimable sourire. Après cete délicatesse frugale, je dis au revoir à mes amis et je continuai mon chemin à partir de la place où j'avais rencontré Mademoiselle Rabot. Je recroisai la route et retournai sur l'autre côté du trottoir pour flâner tranquillement le long du mur de la "Rohba". Je passai le long du portail, et soudain je vis Baqbaq qui était debout devant la porte du petit débit de tabac. En ce temps-là les cigarettes étaient rationnées, et Baqbaq se pointait souvent avant l'ouverture pour obtenir sa ration de cigarettes. Je le saluai et je continuai mon chemin, puis je passai près de l'épicerie de Maurice Levy et d'Attia qui fait le coin avec la rue de Tunis, de l'autre côté, l'atelier de Houani (Victor) Temmam le bourrelier. Ce dernier était toujours matinal car il aimait lire son journal. La plupart de ses clients ne savait pas lire, donc il était toujours prêt à leur donner les nouvelles du jour. Je ne voulais pas m'attarder avec Temame car dans la rue de Tunis j'avais plusieurs membres de la famille qui habitaient là, la famille de Sassi Lilouff, la famille de Moumou Cohen, à part cela, la famille du rabin Moumou Hagège qui était marié avec la soeur de Chalom Levy. Devant la maison du rabin, il y avait une place vide puis le mur de la Rohba. Dans cette place il égorgeait les poules avec son couteau bien éguisé. Au fond de la rue, la famille de Daïdou Saadoun qui était marié avec Ghzala, la soeur de ma grand-mère, puis, en face, la maison de mon oncle Alfred. Sa maison était adossée à la forge de Bosco. Puis je retournais vers l'avenue de France, celle-ci logeait plusieurs bourreliers. De l'autre côté de la rue il y avait la Compagnie Algérienne et la brasserie du Phoenix, en face l'Hotel Restaurant qui est près des magasins des bourreliers et plus haut sur le même côté les ruines de l'immeuble des Tubiana qui a été bombardé pendant la guerre. Cette maison avait deux étages, elle était juste en face de la mairie. Elle était en forme d'un "L" majuscule. Les Tubiana avaient au premier étage leur propre synagogue et une salle de réception. De temps à autre j'allais prier dans cette synagogue. Combien de souvenirs j'avais accumulés dans cette synagogue! Je me souviens encore de Fernand Tubiana le père de Makhlouf et de Judith, puis de son frère Isaac Tubiana, le père de René et de Vonvon, puis Daïda Tubiana, le Moël, puis Bichi Tubiana. C'était une grande famille avant la guerre. Tout en marchant vers la mairie je rencontrai le père Bouzigue, le facteur de chez nous, il parlait avec le policier, Monsieur Galia, le Maltais. Je faisais semblant de ne pas les voir car je voulais continuer vers le café Bijaoui, là j'entrecroisais Haim Etouil, l'ami de papa. Je le connaissais depuis l'âge de trois ans lorsque j'allais au café Bijaoui d'avant guerre. Sur le même trottoir les magasins étaient encore fermés, le fils Albou était en train d'ouvrir le magasin de coiffure de Monsieur Monfré, puis, plus loin je m'arrêtai dans la boulangerie Durani où je pris un croissant bien chaud. Ensuite je croisai la route et me dirigeai vers la rue Kheredine (Khier Edin). La maison des Bellity était là debout depuis plus d'un siècle. Certains élèves qui allaient à l'école des garçons passaient devant moi, ensuite une foule de jeunes filles allaient dans le sens inverse à l'école des filles, celle-ci était située près de Bab Boutefaha. Mademoiselle Nathalie, la directrice de cette école, les accueillait avec un regard sévère. Dans le fond de la rue Kheredine il y avait le magasin de papa, mais avant, et au début de cette rue il y avait le magasin de Doumar Memmi, le vendeur de Drou'a et de gâteaux, celui-ci était côte à côte avec le magasin de Lalou Fargeon et de son père Haim l'Inglisi, qu'on appelait ainsi, parcequ' il avait un passeport anglais. Quand j'avais atteint le magasin de papa il était presque midi... Du coup, l'infirmière prononça mon nom: "Emili!" "Yes, madam! My name is Emile" (en anglais le E est prononcé I ) Je me levai en disant "adieu Béja, c'est le tour de la perceuse qui va commencer". Mon dentiste me fit un sourire trompeur, je crois que je ne fais aucune exception, puisque personne n'aime aller chez le dentiste, puis il me dit:
-"Open your mouth!" (Ouvrez votre bouche). Je pensais pouvoir continuer ma promenade, mais je m'étais dit qu'il vallait mieux garder les bons souvenirs sans la douleur des dents. J'interrompis mon pèlerinage de Béja pour me soumettre aux instructions du dentiste, en espérant un jour continuer mon excursion.
-"Me voilà justement devant ce jour," me disais-je et je passerai du rêve à la réalité et à une heure de distance de là ou je me trouvais: "Cette fois-ci c'est du vrai." Je me disais: "Demain je serai dans ma ville!, vais-je revoir mes amis de la rue, les fils Ben Youssef, leur papa était Spaïs, vais-je rencontrer Hèdia notre voisine qui m'avait élevé jusqu'à l'âge de dix-ans, ou Chedlia et sa soeur, nos voisines qui habitait au rez-de-chaussée, au-dessous de notre appartement?" Elle avait l'âge de ma soeur Ninette et l'autre avait l'âge de ma grande soeur; ou Abdelkrim, le jeune qui avait travaillé depuis des années chez papa? Il avait l'âge de dix ans lorsqu'il avait commencé à apprendre le métier, c'est lui qui m'accompagnait de temps en temps au jardin d'enfants. Le vendredi lorsque notre maison était bombardée par les avions allemands, beaucoup on perdu un ou plusieurs membres de leur famille. Après la guerre nous devions habiter une autre maison en attendant que notre maison soit réparée. Pour nous consoler papa nous disait:
-"Nous allons habiter temporairement la maison Lagana et nous retournerons dans notre maison une fois que les travaux serons terminés." Hélas le temporaire était plus long que le définitif après la guerre et jusqu'au jour où j'avais quitté définitivement notre ville nous n'avons plus quitté la deuxième demeure. De temps à autre je rendais spontanément des visites à Hèdia. Le jour de mon départ, je ne pouvais pas oublier cette voisine, donc sans le dire à personne, je lui avais rendu visite et j'avais partagé mon secret de voyage avec elle. Plus tard elle avait rencontré ma maman, mais elle ne lui avait jamais raconté de ma visite ni de mes secrets. Les seules paroles que Hèdia m'avait données étaient:
- "Eba'd Menar Ou Rodbalek A'ala Nefsek et je prierai pour toi mon fils." (Eloigne-toi du feu et fais attention à toi-même). Maman me racontait qu'elle avait été amie avec Hèdia avant même que je naisse. C'est elle qui me tenait dans les bras lorsque j'étais bébé et lorsque maman était occupée à faire le linge. Comment puis-je oublier des êtres pareils? Je prierai pour Hèdia et pour son bien-être, qu'elle soit en vie ou dans l'au- delà, mais j'espère qu'elle pourra un jour lire ce livre et ces paroles:
- "Chère Hèdia, tu as su aider ma maman dans son jeune âge et tu m'avais cajolé lorsque je n'était même pas conscient de moi-même et de la vie, alors que toi-même tu étais encore une enfant. Aujourd'hui je te dis: ‘J'ai écouté tes conseils et je suis en Amérique et tu seras toujours la bienvenue chez moi.' Ma maman, avant de mourir, m'avait tant parlé du bien de toi, ce qui ne m'étonnait pas du tout, car tu as su me traiter comme on traite un être humain. Tu étais musulmane et tu ne m'avais jamais traité autrement que ton fils, alors que moi en tant que Juif, tu me disais toujours ‘Ya Oueldi' (mon fils). Comment puis-je oublier ta tolérance, ta gentillesse et ta tendresse? Tu a été ma marraine. A mon tour, comment puis-je faire la distinction entre Juif et Musulman? Par tes actes tu as su adoucir mon coeur pour ma ville et ses habitants. A mon tour je te dis:
-‘Que Dieu bénisse ton âme, Ya Omi' (Maman)."
L'air pur du mois de janvier pénétrait mes poumons. Allongé sur le lit avec mes habits je songeais à tout ce qui m'attendait le lendemain, et tellement fatigué de la longue journée, je finis par m'endormir.
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