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Discus: ADRA : LES COMMENTAIRES D'HARISSA: Commentaires 2006: Commentaires Mars 2006: Archive jusqu'au 04/mars/2006
Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Meyer (Meyer) le vendredi 03 mars 2006 - 18h04:

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-746870,0.html

Point de vue

Meurtre d'Ilan : osons nommer la bête, par Sylvie Anne Goldberg

LE MONDE | 02.03.06

Pour éviter d'attiser les haines entre communautés, on se gardera d'utiliser le terme "antisémite" lorsque l'acte incriminé n'est pas avéré comme tel. Après tout, que l'on blesse quelqu'un en l'insultant au nom de sa judéité supposée n'implique certes pas que l'on soit antisémite pour autant. Mais la question se pose néanmoins de savoir si pour être antisémite il faut parfaitement maîtriser les définitions qu'en donnent la langue française et le code pénal, puisque, de nos jours, les propos qualifiés d'antisémites sont passibles de sanctions légales.


Pour avoir le bénéfice d'être reconnu comme tel, il faudrait donc que l'antisémite puisse d'abord faire étalage de sa culture juridique et lexicale. Ainsi, que des enfants qui portent une kippa ou sortent d'une école juive soient l'objet de la vindicte d'autres enfants ne saurait entrer dans le cas de figure évoqué. Ce ne sont que des enfants, qui ne comprennent pas ce qu'ils font. Taguer des sépultures, envoyer des cocktails Molotov sur des synagogues, poignarder des individus pris au hasard mais juifs par ailleurs, tous ces actes qui sont au fil des ans devenus le lot ordinaire de la France républicaine ne sont que des manifestations d'une violence issue de la médiocrité et de l'ambiance délétère qui règne dans les banlieues. Abandonner pour mort un jeune homme dont on a voulu rançonner les parents parce que juifs n'est de toute évidence qu'un malheureux fait divers ignoble, et rien n'indique qu'il s'agisse d'un acte antisémite, puisque les malfaiteurs seraient trop minables pour être d'authentiques antisémites.

Et pourtant ! Comment ne pas tressaillir devant le danger que présente cette forme de routinisation de l'injure, de la violence et du passage à l'acte qui deviennent si communs qu'on les croirait anodins s'ils n'éveillaient l'effroi chez d'aucuns ? Est-on vraiment en droit de penser qu'en ne nommant pas les faits ils vont s'évaporer ? Ou bien doit-on suspecter les juifs d'ourdir des représailles si brutales qu'elles mettraient les banlieues à feu et à sang si l'on osait nommer la bête ?

Comment appréhender les réticences à nommer tant ce qui se passe que les événements en eux-mêmes ? Les usages ont institué une distinction historique entre les diverses formes que la haine et la peur des juifs ont revêtues au cours des siècles. Ainsi l'antijudaïsme est-il considéré comme la forme première édifiée par le christianisme dans son combat séculaire contre les risques d'hérésie. La haine alimentée ne comporte rien ici de personnel, rien d'attentatoire aux individus, puisque la détestation antijudaïque ne porte que sur la religion honnie du "peuple déicide". Quant à l'antisémitisme politique, invention des temps modernes, il dépasse les préoccupations ecclésiastiques, pour placer les juifs au centre des débats portant sur l'Etat.

Espions, fauteurs de troubles sociaux, parasites : les juifs sont désignés à la vindicte par leur appartenance à un groupe social où la religion n'occupe plus qu'un espace résiduel. Dans le contexte actuel du pluralisme, il serait aussi stupide de tenter de stigmatiser les pratiques religieuses que l'appartenance à un groupe social. Certains juifs sont observants, d'autre pas, certains font partie des couches sociales favorisées, d'autres grossissent les rangs des assistés. Il est donc raisonnable d'observer que ces deux formes d'inimitié à l'encontre des juifs ont fait leur temps, et d'entériner leur extinction.

Alors, que se passe-t-il ? Quel est ce phénomène que l'on ne sait ni nommer ni comment l'éviter et qui, néanmoins, aboutit à la mort d'un jeune homme juif ? Viendrait-il à l'idée d'un minable quelconque de rançonner un Breton ou un Arlésien au seul prétexte qu'il y aurait chez les Bretons ou les Arlésiens plus d'argent qu'ailleurs ?

L'association des juifs à l'argent n'est pas neuve. C'est même une idée si éculée qu'elle ne rentre plus dans ses oripeaux surannés. Preuve en est que tout un chacun s'en émeut et se sent outragé dans ses valeurs républicaines dès qu'elle resurgit ! Cependant, la mémoire collective des juifs sait que nombre des pires exactions commises à leur encontre ont souvent commencé par des amalgames aberrants, si ce n'est des discours irrationnels, tenus pour ridicules et ne pouvant porter à conséquence par les esprits éclairés et avertis du moment.

Lorsque le regard se porte sur le versant peu glorieux que des historiens désignent à présent comme une histoire lacrymale, qu'elle soit proche ou plus lointaine, les scansions de tels amalgames sont innombrables - entre autres, les accusations diverses de diffusion de peste, d'empoisonnement de puits, de meurtres rituels, ou encore d'être des affameurs du peuple, des détenteurs de richesse, des fomenteurs de complot international. On sait que, pour paraître absurdes, ces accusations n'en ont pas moins - en leur temps également - suscité des réactions d'incrédulité avant que de déferler dans l'espace public et d'être canalisées à des fins politiques. Ni l'idiotie des accusations ni leur incohérence et a fortiori leur inanité ne sont parvenues à endiguer les fantasmes dont l'imaginaire a pu affubler les juifs au fil du temps.

Et, faut-il le rappeler, ce sont justement ceux qui ont voulu se détourner de cette histoire insensée qui sont devenus sionistes. Certes, nul ne songerait aujourd'hui à qualifier la France, en tant que telle, de l'odieux terme. Nul ne songerait non plus à remettre en question la différence qui existe entre un Etat de droit dans lequel les auteurs de crimes racistes sont passibles de prison et un Etat dans lequel la police pourchasse une population pour sa religion, son origine ethnique ou pour s'emparer de ses biens.

Néanmoins, on assiste actuellement à une forme de diabolisation qui ne va pas sans susciter l'inquiétude. En effet, les stigmatisations dont les "sionistes" sont l'objet depuis quelques années, leur mise au pilori récurrente ne peuvent qu'alimenter et nourrir les idées les plus stupides dans les esprits les plus faibles. Il faudrait, en effet, s'intéresser de très près à Israël pour savoir que, dans cet Etat supposé si riche et d'une puissance défiant l'imagination, trois enfants sur cinq vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Mais aussi que sa capitale est la ville la plus pauvre du pays et que, loin de s'y sentir en terre d'abondance, le visiteur français se retrouverait plutôt dans les zones plus familières du "9-3".

Parviendra-t-on jamais à faire pénétrer dans le sens commun que, au cours de l'histoire, le fait d'être juif a bien plus signifié misère, pauvreté et humiliations qu'opulence, fastes et honneurs ? Ironie de l'histoire, comme on n'a rien trouvé de plus haïssable que ce que le sort a réservé au peuple juif, toutes les horreurs de l'humanité se définissent aujourd'hui à l'aune du leur. L'usage contemporain a fait passer dans toutes les langues les termes qui étaient autrefois réservés à des événements précis les concernant. Diaspora, pogrom, génocide sont devenus de la sorte des expressions revendiquées par tous les malheureux qui estiment avoir droit à la reconnaissance d'avoir suscité autant de détestation et de sévices que les juifs.

Etrange victoire qui illustre un désenclavement de l'histoire des juifs et en même temps les fait pénétrer dans ce que d'aucuns voient comme une compétition de victimes, ce vieux jeu du qui-perd-gagne dont on ne se lasse apparemment pas.

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Sylvie Anne Goldberg, historienne, est directrice d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Elle est notamment l'auteur de La Clepsydre (Albin Michel, 2000 et 2004).

Sylvie Anne Goldberg
Article paru dans l'édition du 03.03.06

Réactions des lecteurs du Monde sur
http://www.lemonde.fr/web/article/reactions/0,1-0,36-746870,0.html

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Email (Email) le vendredi 03 mars 2006 - 17h53:

Tres riche ce dimanche 5 mars : va falloir laisser le tutu au vestiaire!

- 5eme journee du livre d'histoire juive : espace rachi de 14 h a 20h et en soiree ;;

- gad elmaleh au casino de paris 17h a 20h;

- cours mme sitruk consistoire central;;

- colloque international judaisme et islam georges leven 30 bd carnot 10h a 18h30

l'embarras du choix

MMA

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Finzi (Finzi) le vendredi 03 mars 2006 - 14h17:

Merci NAO pour le link sur la vidéo !

C'est édifiant, super intéressant et ça fait du bien d'entendre ENFIN un autre discours, des paroles honnêtes et réfléchies.

Ce qui est malheureux c'est que dès qu'un musulman s'exprime, il risque sa vie. Notre première pensée, et elle est justifiée, c'est j'espère qu'il a des garde du corps ... ça en dit long sur l'avenir !

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Braham (Braham) le vendredi 03 mars 2006 - 13h51:

Shabbat Shalom 030306

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Viviane (Viviane) le vendredi 03 mars 2006 - 13h34:

APPEL URGENT !!!

C'est la première fois que je suis à l'avance pour préparer mon Chabbat! Rassurez-vous celà ne se renouvellera pas. C'est trop beau !
Je voudrais la recette des variantes tunisiennes et leur préparation, surtout la saumure (vinaigre, ou citron ? quantité de sel, huile , quantité d'eau, aromates etc.). Les légumes que j'ai achetés, pour ce faire, ne peuvent pas attendre dimanche pour leur préparation. Tenez compte du décalage horaire. D'avance, merci.

Chabbat Chalom, Viviane

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Douda (Douda) le vendredi 03 mars 2006 - 13h12:

Douda,

Mr. Sarel, Esquisse de réponse,,,

Dans ta légitime déclaration, sais tu combien les USA, contribuent également au financement du budget palestinien ?

Cherche l'Ami, et continues à t'indignier,,, on attend de tes nouvelles,,,à ce sujet,

Douda du PTB

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Sarel (Sarel) le vendredi 03 mars 2006 - 11h47:

Cher Mr Primo je vous lis et suis tres etonne
Je me demande 'de quoi vous etes surpris
j'imagine plutot que vous etes decu de voir la realite. Chacun avec son degre d'espoir de realisation de la paix au moyen orient ne se retrouve pas devant ce qui se passe
Car les partenaires ne jouent pas sur le meme terrain moral et judiciaire mondial
Jean Jacques Rousseau avait dit " La republique c'est bien 'mais pas pour tout le monde"
Le probleme est que ceux qui font effet et qui se sentent etre l'elite intellectuelle n'ont rien compris du conflit. Leurs idees sont reconcues par leur education de base.
J'ai effleure le sujet
chalom sarel

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Braham (Braham) le vendredi 03 mars 2006 - 11h20:

L'invité de Poutine sera peut etre demain l'nvité de l'Europe ?

Le chef du Hammas

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Michka (Michka) le vendredi 03 mars 2006 - 11h31:

Réflexions désagréables sur la question juive de la France contemporaine (info # 010103/6) [analyse]
Par Laurent Murawiec à Washington


Il y a deux ans environ, j’eus ma dernière discussion avec un ami de plus de dix ans, très haut fonctionnaire que j’avais connu quand il occupait d’éminentes fonctions au ministère de la Défense. Lors d’un séjour à Paris, nous nous étions retrouvés à mon hôtel, comme chaque fois que je venais dans la capitale française. Cet ami, C…, comme je le décrivais quelquefois à d’autres, est ce que la haute fonction publique française peut faire de mieux, énarque d’une belle intelligence, intègre, connu dans les allées du pouvoir pour sa pugnacité et son refus d’accepter la médiocrité, les compromis et la corruption fréquents dans le milieu dans lequel il évolue. Il a écrit quelques livres bien pensés et publié des articles dans le Monde diplomatique. Depuis longtemps, je l’ai dit, nous prenions plaisir et intérêt à échanger nos vues sur toutes sortes de sujets de l’univers géopolitique.

Nous voici donc à siroter notre Perrier dans un hôtel du VIIème arrondissement. La conversation tombe sur le Moyen-Orient. C… m’explique que l’oppression engendre toujours des réactions violentes, et qu’un peuple privé de tout autre possibilité ne peut réagir que par les attentats-suicide. Nous argumentons en aller-retour. Je suis suffoqué de l’adoption illimitée du « narratif » arabo-palestinien par C… . Il amène au moulin de son argumentaire subtile et logique, toute une sociologie de la terreur. Je suis interloqué de la manière décontextualisée avec laquelle il conçoit et présente la question : soudain, il n’y a plus d’histoire, de politique, de stratégie, il n’y a plus que la « souffrance » et l’ « oppression », devenues en tant que telles motrices de l’Histoire. La religion ? Le despotisme arabe ? L’intervention anglaise, nazie, soviétique dans les affaires de la région ? Rien. L’essentiel, c’est qu’Israël « opprime » les Palestiniens et que ces derniers ne peuvent réagir « que » par la violence, y compris contre les civils, les innocents, etc.

L’assassinat des innocents est donc expliqué, et, au fond, justifié « objectivement », même s’il donne lieu a de bien regrettables morts. La discussion devient alors plus tendue. Au bout du compte, C… jette : « Si ça continue comme ça, Israël n’aura plus d’autre solution que de traiter les Palestiniens comme les Nazis ont traité les juifs sous le Troisième Reich. » Tout est dit : le ressort de la politique israélienne procède d’une logique exterminatrice ; les juifs se sont transformés en Nazis.

Je me fâche tout rouge : « Cette phrase est révoltante d’immoralité. Tu la retires, ou c’est notre dernière conversation ! ». C… a la bonne grâce de la retirer. Mais il n’en pense pas moins. Nous nous sommes dit au revoir ce jour-là, mais ni l’un ni l’autre n’avons cherché à nous revoir. C’est avec dégoût que j’ai compris en cette occasion le mécanisme de l’antisémitisme éclairé qui fleurit dans l’intelligentsia politico-médiatique française. Comme l’avait dit jadis Meïr Waintrater, il est depuis Auschwitz interdit de mépriser le juif en tant que juif, mais il est permis de le haïr en tant que sioniste : « Israël, juif des nations. » Encore que la raison du « deux poids, deux mesures », n’est pas trop mystérieuse.

L’antisémitisme intelligent et rationnel d’aujourd’hui a perdu le caractère obsidional de celui de Maurras ou du Karl Marx de La Question juive. On est maintenant antisémite par objectivité, on est antisémite d’analyse au lieu de l’être de mâle rage : à l’évidence, Israël est la cause du problème du Moyen-Orient ; à l’évidence, son élimination résoudra le problème. Au lieu d’être éructé par un Céline ou un Brasillach, l’antisémitisme est susurré poétiquement par un Genêt ou analytiquement par un Boniface. Grâce à mon ex-ami, j’ai mieux saisi ce qui avait pu pousser ces éminents hauts fonctionnaires, René Bousquet, Maurice Papon et tant d’autres, à se faire acteurs et complices de la Solution Finale : ayant rationnellement analysé le problème, on pouvait rationnellement le résoudre. Naguère, il fallait montrer à l’Occupant qu’ils pouvait « nous » faire confiance ; aujourd’hui, « notre » politique arabe exige que… Ajoutons, comme le proposait il y a quelques années le bon Paul Ricoeur, que les juifs nous lassent en revendiquant le monopole de la souffrance et de la victimité, alors même qu’ils persécutent aujourd’hui à leur tour. Ce faisant, ils attirent sur eux la persécution – c’est ainsi que se bouclent les boucles autistes de l’auto-justification : si les juifs ne se méconduisaient pas…

L’actualité nous montre le navrant Steven Spielberg « Munich » aux yeux duquel le juif n’est et ne peut être juif que tant qu’il est victime. Se rebiffe-t-il qu’il devient dès cet instant persécuteur et condamnable. Idem pour les braves gens du Monde et autres qui adorent le juif mort, lui que l’on encense, que l’on raconte, que l’on analyse, que l’on commémore et que l’on pleure. De même que le ressort fondamental de la haine du monde arabo-musulman envers Israël est le refus manifesté par les juifs d’Israël de se cantonner à leur traditionnel statut de dhimmis, de même le juif vivant, qui se bagarre, est condamnable par les belles âmes. Il est coupable d’avoir rejeté son statut de victime automatique. Le juif espèce-en-voie-de-disparition, oh ! qu’il est mignon ! je vais le pleurer. Le juif-bébé-phoque, y’a bon. Le juif parachutiste, ma chère, c’est dégoûtant. Les Palestiniens, par contre, chère amie…

Le raisonnement est facilité par ces juifs européens, américains et israéliens qui ont choisi de cesser d’être des juifs répréhensibles pour devenir des juifs finalement lavés du stigmate, puisqu’ils se sont universalisés. Le juif antijuif se tortille pour se libérer du fardeau de la judéité, il devient le citoyen cosmopolite du monde dont rêve Jürgen Habermas, il se débarrasse de la tunique de Nessus qui lui collait obstinément à la peau. Comme le converti médiéval qui « révélait » au monde chrétien ébaubi les abominations dont regorge la Torah, le converti moderne, laïcisé, révèle à son tour, il milite et témoigne de l’abomination qu’est Israël.

Et voilà donc Libération d’expliquer doctement, sous la plume de Daniel Schneidermann, [Ilan Halimi, quand la presse faseye] (24 février), que l’on ne sait rien de rien des motifs des « barbares » de Bagneux, mais que tout cela est quand même louche, puisque c’est en plein milieu d’une séance du CRIF que le mobile antisémite a été révélé. On ne sait rien des motifs, même après des années de banalisation de l’antisémitisme en général et de l’antisémitisme arabo-musulman en particulier dans les colonnes du même quotidien. Le lendemain, je lis dans Le Monde, que n’importe qui aurait pu tomber, victime des tueurs, l’auteur abreuvant le cadavre de formol tranquillisant ; c’est tout, sauf de l’antisémitisme : « croire qu'ils étaient mûs par une idéologie antisémite articulée serait sans doute excessif… endiguer par tous les moyens cette inhumanité que génèrent nos systèmes et dont nous sommes les passifs spectateurs. » L’auteur de ces lignes gênantes [Evitons l'emballement] à force de malhonnêteté suintante, Esther Benbassa, s’est d’ailleurs construit une carrière universitaire sur le juif mort, ce qui lui permet d’œuvrer tranquillement à la destruction du juif vivant, pour peu qu’il soit israélien. Elle s’insurge d’ailleurs contre le danger de « communautarisation » de l’affaire : il serait en effet regrettable, à la lire, de ne voir dans cette mort qu’un assassinat antisémite, alors qu’il s’agit, évidemment, d’un crime du capitalisme. D’ailleurs, pris en flagrant délit de dédouanement, Dominique Straus-Kahn ne nous apprend-il pas quant à lui qu’Ilan Halimi « aurait pu » être tout autre que juif, noir ou arabe, etc. Les millions de morts de la Shoah, eux aussi, « auraient pu » être autre chose. Il y a de ces fatalités…

L’antisémitisme élégant et salonnard, l’antisémitisme officiel, voudront maintenant échapper aux conséquences de leur propre succès : quand on répète et laisse répéter sans fin qu’Israël est un Etat raciste, fasciste et impérialiste parce qu’il est Etat juif, quand on monte en épingle l’ « héroïsme » des assassins suicidaires en rabâchant toutes les « bonnes » raisons qu’ils ont de tuer les civils israéliens, on libère, on cautionne, on donne licence. Souvenez-vous de Son Excellence l’Ambassadeur Daniel Bernard s’écriant à Londres « Israel, that shitty little country » [1]. Mais, protestera-t-on, aucun d’entre eux n’avait voulu cela.

chirac 1


Jacques Chirac à la synagogue de la Victoire

Chirac-la-politique-arabe-de-la-France à la synagogue de la Victoire – pourquoi ne pas demander à Papon de participer à la vague d’indignation ? Papon n’avait jamais cautionné les excès ni les atrocités. Juste la déportation. Rarement ai-je mieux compris que ces jours-ci l’apostrophe du psychologue israélien Zvi Rex : « Les Allemands ne pardonneront jamais Auschwitz aux juifs ».

Notes :

[1] « Israël, ce petit Etat merdeux ».

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Primo (Primo) le vendredi 03 mars 2006 - 10h24:

Baston anti-juive à Jussieu
(témoignage)

Paris, 23 février 2006.

Jussieu, bâtiment Cuvier, amphithéâtre de biologie, jadis celui où j'avais le plaisir de suivre mes cours.

C'est avec beaucoup de réticence que je me rends à ce «grand meeting pour lutter contre la colonisation en Palestine», organisé par ma propre université.

Ouvert à tous, entrée libre. Il est 19h30. Accompagné de quelques amis, nous avons le devoir de savoir ce qui se dit au sein de notre fac. Nous serons discrets. A l'entrée du bâtiment, accroché à la gauche du portrait de l'admirable Marie Curie, un drapeau palestinien annonce la couleur.

Distribution de tracts hostiles à Israël. Sur un stand, on y propose pour quelques euros des keffiehs, badges, cartes postales et savons à l'huile d'olive palestinienne. Placardés aux murs, sur tout les murs, de grandes affiche dénoncent le mensonge d'Israël : Partout, la mention « Israël ment ». Je rêve.

Avant d'aller plus loin, un contrôle de sécurité m'oblige à décliner mon identité. Je déclinerai un faux nom, un nom bien français. Là, dans le couloir qui m'emmènera à l'amphithéâtre, on me propose très cordialement de me servir en autocollants, posters, stickers et autres objets de propagande. Tous gratuits.

On y dénonce Israël, le «vrai visage de l'occupation israélienne », l'annexion de la terre, la brutalité et l'humiliation infligé au peuple et enfants palestiniens par une armée honteuse. Sur les stickers rouge sang que l'on m'invite à coller « partout, mais pas dans la fac ! », un appel au boycott d'Israël, sur les autocollants jaune, on fustige encore le pays que j'aime. Je me saisis d'un grand nombre, ces derniers au moins ne seront pas collés. Je vais me réveiller.

J'entre enfin, atterré, dans l'amphi de biologie, mon amphi. Qu'en ont ils fait ? Vision d'horreur. Sur le tableau principal, trône un large drapeau palestinien accompagné d'une pancarte « EuroPalestine ». Tout autour, encore ces affiches infâmes. L'amphi se remplit, vite plein d'un public en large majorité composé de français « de souche ».

Quelques arabes et beaucoup de français. Applaudissements nourris, la conférence va commencer. Le débat sera animé par Olivia Zemor, française, juive, présidente du CAPJO (Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient) et connue pour ses écrits ouvertement antijuif.

Applaudissements soutenus. On commence par un vibrant hommage, un éloge au président de l'Université P. & M. Curie, Gilbert Béréziat, qui a le courage d'avoir « comme à son habitude » permis l'organisation d'une telle manifestation.

On rappelle que cette université avait pris la « courageuse initiative de demander la suspension des relations universitaires avec Israël, en raison des atteintes aux droits de l'homme perpétrées par les forces d'occupation dans les territoires palestiniens autonomes réoccupés, au cours de la deuxième Intifada ».

On s'attristera aussi de la fin proche de sa présidence en souhaitant vivement que son remplaçant saura lui aussi « résister à certaines pressions et faire preuve de la même ouverture d'esprit». Applaudissements, ovation.

L'amphi entier est donc acquis à la noble cause palestinienne. Avant la présentation des intervenants, on explique la situation au proche orient: fustigation d'Israël, Monsieur Ariel Sharon sera qualifié de « criminel de guerre, de terroriste d'état ». Je vais vomir.

La simple prononciation des mots « Hamas » ou « FLP » provoque immédiatement une acclamation de l'arène toute entière. Mon sang se glace. Je me retourne pour mieux voir les gens applaudir, mieux réaliser.

A Paris, en 2006, dans une université, on aime sans complexe le Hamas.

Le groupe islamiste, terroriste, responsable d'innombrables attentats ignobles, de la mort de centaines d'israéliens, promettant au monde la destruction totale d'Israël et qui viens de s'emparer des pleins pouvoirs est ici acclamé. Je suis révulsé, ulcéré, écouré, abattu, accablé, profondément affligé.

Enfin, présentation des invités et traducteurs : Janette Mikhail, la nouvelle maire de Ramallah, Manale Tamini, fondatrice et responsable de l'association "Human Supporters Group" à Naplouse, Ilan Pappe, historien israélien contesté, récemment Expulsé de l'Université de Haïfa, opposé à l'existence de l'état d'Israël, Azmi Bishara, député à la Knesset et dirigeant du parti "Balad" et deux citoyens palestiniens. Visiblement bien connus du public, applaudissements ponctués de « Bravo » pour chacun d'eux.

La maire chrétienne de Ramallah s'apprête à intervenir, en arabe, accompagnée de son traducteur. Elle salue l'assemblée d'un «massa oul kheir» (ndlr : bonsoir) auquel l'amphi entier lui répond en retour «massa oul kheir» ! Le traducteur s'étonne lui même d'avoir autant d'arabophone dans la salle. Ironique, il dit qu'il y a « trop d'arabe à Paris ».

Rires. On lui fait rectifier qu'il n'y a ici que trop d'arabophones. Finalement peu d'arabes mais beaucoup de français.La maire de Ramallah à l'honneur de commencer : « Israël dicte en permanence ses conditions. Ce qui est fondamental, pour nous les Palestiniens, c'est de ne pas nous y soumettre. Il y avait une trêve, or Israël ne l'a jamais respectée : pourquoi le Hamas devrait-il obtempérer aux diktats d'Israël ? » Ovationnée.

La discussion s'attarde sur le fait qu'il faille ou non reconnaître l'état d'Israël. On conclura que non. Le Hamas sera qualifié de « bonne chose » pour les palestiniens et l'on rira seulement à la simple évocation de ces menaces à l'encontre d'Israël.

Madame Zemor, amusée se demande aussi « comment peut-on imaginer que le Hamas puisse détruire Israël, 5éme puissance militaire mondiale ?! ». Chacun alors prendra le soin et le temps de vomir sa haine d'Israël.

Appel au boycott, apologie du terrorisme, de la haine, de la violence et du chaos. Toutes craintes à l'encontre du Hamas, de L'Iran, des menaces et attaques terroristes seront écartés, non légitimes.

Ilan Pape insiste sur les mythes à démolir, auxquels l'opinion internationale a encore trop souvent tendance à croire : la Palestine n'était pas "une terre sans peuple, pour un peuple sans terre", en 1948, Israël a commis une épuration ethnique, un crime contre l'humanité.

Les criminels responsables n'ont toujours pas été jugés; Israël n'est pas la seule démocratie au Moyen-Orient. La seule démocratie, au Moyen-Orient, ce sont les territoires palestiniens, envers et contre l'occupation; durant l'été 2000, Israël n'a fait aucune "offre généreuse" aux Palestiniens; le retrait israélien de la bande de Gaza n'est en rien une contribution à la "paix". mais une étape dans la consolidation de l'occupation en Cisjordanie. Enfin, la solution de deux Etats est également un mythe.

Je cite : « Une solution à deux Etats ne marchera jamais. Les Israéliens et les Palestiniens peuvent partager la terre, dans l'égalité et dans une fraternité tout à fait réalisable. Se débarrasser de l'idéologie sioniste, c'est possible !" Il faut revenir aux traditions humanistes et morales des trois grandes religions. Les Israéliens sont soumis à un très fort endoctrinement. "Nous sommes conditionnés de notre naissance à notre mort, et même sans doute un peu avant notre naissance et un peu après notre mort", dit Ilan Pappé.

En ce qui concerne l'influence croissante d'Israël en Europe, l'explication est sans aucun doute l'histoire de l'Europe, et en particulier la Shoah. Nul doute qu'à l'avenir Israël va intensifier sa tactique du chantage à l'antisémitisme.

C'en est trop pour moi. Déjà éprouvé par mon récent voyage à Auschwitz, il me devient à cet instant précis difficile de ne pas confondre les deux époques.

Je crains cependant que les deux époques finissent par se confondre. Je sors, accompagné de mon amie.

Dehors, que peut-on se dire ? A-t-on rêvé ? Cauchemardé !

Si je ne regrette pas d'avoir assisté à cette horreur, je regrette d'en être parti avant la fin. Non pas pour entendre encore ces barbares cracher sur le pays que j'aime. Non. Mais il me reste des amis à l'intérieur. Je n'avais pas imaginé qu'il pouvait leur arrivé quelque chose. J'avais tort.

A la fin de la conférence, pourtant restés discrets et silencieux, ils auront été repérés par le service d'ordre « en tant que juif » et seront littéralement physiquement agressés, tabassés.

Mes chers amis, filles comme garçons, recevront des coups, des insultes et sortiront blessés, en sang du bâtiment. Lèvres éclatées, coups de poings, de tête, de pieds, lynchage de juifs au sein de mon Université.

Nul ne sera intervenu pour les aider. Et si j'étais resté avec mon amie? Je les aurais aidé à se défendre, j'aurais été frappé moi aussi, parce que « typé » juif et au nom de la cause palestinienne. Constat effrayant.

L'initiative de transformer une université, lieux de savoir, d'échange, de tolérance et de rencontre en une tribune libre, plaidoyer pour la destruction d'Israël est fermement condamnable, pitoyable. Je ne tiens pas à faire de comparaison douteuse, d'amalgame ni à généraliser.

Aussi, je me suis limité à ne décrire que des faits avérés, le plus fidèlement possible. Visiblement, aujourd'hui comme hier, encore nombreux sont ceux qui haïssent les juifs.

N'oubliez pas que cela est. Non, ne l'oubliez pas.

Frédéric (étudiant)

NB : pour des raisons de sécurité bien compréhensibles dans le contexte actuel, Primo ne dévoile pas le vrai prénom de cet étudiant.