Par Shira (Shira) le lundi 06 mars 2006 - 18h16: |
CONFERENCE EN FRANCAIS A NATANYA
Le Groupe NACHIT
(Nachim Yotzot Tunisia)
accueille
Effy Tselikas et Lina Hayoun
Pour presenter leur livre
" Les lycees francais du soleil, creusets cosmopolites de la Tunisie, de l'Algerie et du Maroc "
Collection Memoires, aux editions Autrement www.lyceesfrancaisdusoleil.fr.fm
RENDEZ- VOUS CE SAMEDI 11 MARS A 19H 30
DANS LA SALLE DES FETES ATTENANTE A LA SYNAGOGUE
26, RUE MACDONALD
NATANYA
Entree libre – nombre de places limitees
Par Bazooka (Bazooka) le lundi 06 mars 2006 - 16h18: |
... et ca lui permet de menager la chevre et le choux (sa fille et son gendre).
Par Maxiton (Maxiton) le lundi 06 mars 2006 - 11h35: |
Chirac prefere parler de " choc des igorances ".
C'est soft, ca ne veut rien dire, ca renvoie dos ˆ dos les tenants
des Lumieres et les obscurantistes qui veulent soumettre le
monde sous le joug de la charia
Et cela lui permettra d'atteindre 2007 en pere peinard - croit-il -
Et apres lui le deluge...
Par Jneyen (Jneyen) le lundi 06 mars 2006 - 13h39: |
Merci à NAO pour le lien de "WAFA SULTAN" interviewé
sur TV AL DJAZIRA, et reprise par MEMRI.
Je pense que cette dame vit actuellement en sursis, et je salue au passage son extrême courage.
J'aimerais tant voir passer cet interview sur les TV du monde entier aux heures de grande écoute.
Mais je sais que mon désir n'est qu’utopique, car aucun gouvernement d’un pays occidental n'a le courage de Madame WAFA SULTAN et qu'aucune télévision occidentale ne diffusera son message qui reflète une vérité probante, et qui remet sur les rails la réalité sur ce sujet brûlant.
Par Maurice (Maurice) le lundi 06 mars 2006 - 10h45: |
Il n'y a pas une oppositon entre religions Il y a opposition entre civilisés du 21° siecle enfant des Lumieres et integristes de tous bords qui s'accrochent à des vieux textes des tribus pour ne pas voir leur barbarie misere mentale educative sous developpement qui veuleut par la force s'accaparer de l'effort des autres . Et malheureusement il y a deux sortes d'Etat Celui qui est de progres qui instruit les masses à partir de l'evolution d'une minorité qui transmet son effort et son savoir pour le bien de tous et l'Etat Stalinien Fascistes ou Integristes qui ecrasent la minorité civilisatrice croyant avoir la paix en donnant un bouc emissaire à manger aux voix majoritaires
Par Henri (Henri) le lundi 06 mars 2006 - 09h34: |
Emile chalom,
La "tolerance" etait la meme pour tout les nouveaux venus en France.
Certains ont bosse dur et sont arrives.
Je te rapelle que le dernier ministre des affaires etrangeres d'Israel Sylvain Chalom etait aussi d'origine Tune, sans oublier Elie Ichai qui aussi etait ministre.Et il est plus dificile d'ariver a etre ministre en Israel qu'ailleurs.
Le comportement trop "cool" de la France, avec certains, par rapport a tous les actes antisemites ont certainement ete la cause de ce qui se passe aujourdh'ui, la peur et l'insecurite.
Meme en Tunisie nous ne nous sentions pas si menace.
Malheureusement ce site qui devait etre un site de tous nos kifs, ne peut rester insensible a ce qui se passe autour de nous.
Prions Achem pour qu'Il prenne pitie de nous et nous donne un peu de repit dans ce monde qui bout comme une marmite.
Chalom et brahka.
Par Francois (Francois) le lundi 06 mars 2006 - 09h24: |
Choc des civilisations ? Non : des philosophies, par André Glucksmann
LE MONDE
La campagne anticaricatures a commencé contre un journal, puis a visé le Danemark, qui se réclame de la liberté de la presse, et, désormais, prend pour cible l'Europe, accusée de pratiquer deux poids, deux mesures. L'Union européenne n'admet-elle pas qu'on dénigre impunément le Prophète alors qu'elle interdit et condamne d'autres "opinions" comme le nazisme et le négationnisme ? Pourquoi est-il permis de plaisanter sur Mahomet et non sur le génocide des juifs ?, interrogent à cor et à cri les intégristes en lançant un concours de dessins humoristiques sur Auschwitz. Donnant, donnant : ou bien tout doit être autorisé au nom du free speech (liberté d'expression), ou bien censurons équitablement ce qui choque les uns comme ce qui hérisse les autres. Beaucoup de défenseurs du droit à la caricature se sentent piégés. Au nom de la liberté d'expression, vont-ils publier des quolibets sur les chambres à gaz ?
Irrespect pour irrespect ? Transgression pour transgression ? Faut-il mettre sur le même plan la négation d'Auschwitz et la désacralisation de Mahomet ? C'est ici que deux philosophies irréductiblement s'opposent. L'une dit oui, il s'agit de deux "croyances" équivalentes, également bafouées ; il n'existe pas de différence entre vérité de fait et profession de foi ; la conviction que le génocide a eu lieu et la certitude que Mahomet fut éclairé par l'ange Gabriel sont du même registre. L'autre dit non, la réalité des camps de la mort est de l'ordre du constat, pas la sacralité des prophètes, qui relève de l'engagement des fidèles.
Pareille distinction entre le factuel et la croyance est au fondement de la pensée occidentale. Déjà Aristote sépare, d'une part, le discours indicatif susceptible d'être discuté afin d'aboutir à une affirmation ou une négation, d'autre part, les prières. Ces dernières échappent à la discussion parce qu'elles ne constatent pas, elles implorent, promettent, jurent, décrètent ; elles ne visent pas une information, mais une performance. Lorsque l'islamiste fanatique affirme que les Européens pratiquent la "religion de la Shoah", comme lui celle de Mahomet, il abolit la distinction du fait et de la croyance ; pour lui, il n'existe que des croyances, donc l'Europe favorise les unes contre les autres.
Le discours civilisé, sans distinction de race ou de confession, analyse et circonscrit des vérités scientifiques, des vérités historiques et des états de fait qui ne relèvent pas de la foi, mais de la connaissance. On peut les tenir pour profanes et d'une dignité inférieure, n'empêche qu'elles ne se confondent pas avec les vérités de la religion. Notre planète n'est pas la proie d'un choc de civilisations ou de cultures, elle est le haut lieu d'une bataille décisive entre deux méthodes de pensée. Il y a ceux qui décrètent qu'il n'existe pas de faits, mais seulement des interprétations qui sont autant d'actes de foi. Ceux-là ou bien versent dans le fanatisme ("je suis la vérité") ou bien tombent dans le nihilisme ("rien n'est vrai, rien n'est faux"). En face, il y a ceux pour qui la libre discussion en vue de séparer le faux du vrai a un sens, de sorte que le politique comme le scientifique ou le simple jugement peuvent se régler sur des données profanes indépendantes des opinions arbitraires et préétablies.
Une pensée totalitaire ne supporte pas d'être contestée. Dogmatique, elle affirme en brandissant le petit livre rouge, noir ou vert. Obscurantiste, elle fusionne politique et religion. Au contraire, les pensées antitotalitaires tiennent les faits pour des faits et reconnaissent même les plus hideux, ceux-là mêmes que par angoisse ou commodité on préférerait occulter. La mise en lumière du goulag a permis la critique et le rejet du "socialisme réel". La considération des abominations nazies et l'ouverture très réelle des camps d'extermination ont converti l'Européen à la démocratie après 1945. En revanche, le refus de l'histoire dans ses vérités les plus cruelles annonce le retour des cruautés. N'en déplaise aux islamistes - qui sont loin de représenter les musulmans -, il n'y a pas de commune mesure entre la négation de faits avérés comme tels et la critique verbale ou dessinée des multiples croyances que chaque Européen a le droit de cultiver ou de moquer.
Depuis des siècles, Jupiter ou le Christ, Jehovah et Allah ont essuyé force plaisanteries et marques d'irrespect. A ce jeu, du reste, les juifs sont les meilleurs critiques de Yaveh - ils en ont même fait une spécialité. Cela n'empêche pas le vrai croyant de toute confession de croire et de consentir à laisser vivre ceux qui ne croient pas comme lui. La paix religieuse s'instaure à ce prix. Par contre, plaisanter des chambres à gaz, s'amuser des femmes violées et des bébés éventrés, sanctifier les décollations télévisées et les bombes humaines annonce un avenir insupportable.
Il est grand temps que les démocrates retrouvent leur esprit et les Etats de droit leurs principes ; il faut qu'ils rappellent solennellement et solidairement qu'il n'est pas question qu'une, deux, trois religions, quatre ou cinq idéologies décident ce que le citoyen est en droit de dire ou de penser. Il n'en va pas seulement de la liberté de la presse, mais de la permission de nommer un chat un chat et une chambre à gaz un fait abominable, abominable quelles que soient nos croyances et nos fois. Il en va du principe de toute morale : sur cette Terre, le respect dû à chaque individu commence par la mise en évidence universelle et le rejet commun des plus flagrants exemples d'inhumanité.
André Glucksmann est philosophe. Il va publier Une rage d'enfant (Plon, 300 pages, 19,50 EUR).
Par Pauline (Pauline) le lundi 06 mars 2006 - 09h10: |
Madonna veut acheter une maison en Israël sur le passage attendu du Messie
La superstar américaine Madonna souhaite acheter une maison dans la localité israélienne de Rosh Pina, où le Messie est supposé passer à la fin des temps selon la kabbale, a indiqué hier le quotidien Yédiot Aharonot. Selon le journal, la propriétaire de cette maison centenaire de cinq pièces, qui surplombe le lac de Tibériade (Galilée), a récemment été contactée à cette fin à plusieurs reprises par les représentants de la vedette.
[www.lorient-lejour.com.lb]
Par Mena (Mena) le lundi 06 mars 2006 - 08h59: |
Badiou : le philosophe dépravé (2ème et dernière partie) (info # 010303/6) [analyse]
Par Raphaël Lellouche © Metula News Agency
4 - Ambiguïté sur la fonction du « nom juif » (universalité prophétique ou sartrisme)
La perversion de la nomination juive, pour les nazis, selon Badiou, c’est que cette nomination est mortifère au lieu d’être révélatrice. En effet, « juif » n’est autre que le nom sous lequel le vide innommé fait, pour eux, retour : ‘juif’, c’est le nom des noms désignant ceux dont la disparition créait le vide nécessaire à la promotion de la substance allemande pleine [Ethique p.100]. Il faut remarquer ici deux choses. Premièrement que Badiou suppose unilatéralement que les juifs n’étaient visés par les nazis qu’en tant qu’incarnateurs de l’universalisme abstrait, et non pas dans cette identité particulière, et particulièrement haïssable à leurs yeux qu’est le judaïsme. Or il faut répondre à ce sujet à Badiou, que cette supposition n’appartient pas moins également et tout aussi bien au « schème politique » nazi. Et cela ne paraît pas l’empêcher de la reprendre à son compte ! Il présuppose donc, ce qui est historiquement faux, que les nazis tuaient uniquement, dans les Juifs, des révolutionnaires internationalistes, et non pas des Juifs du judaïsme. On reconnaît là un préjugé stalinien classique. Ensuite, que Badiou fait un usage équivoque du mot « vide », et qu’il prend maintenant ce mot dans une acception concrète, qui n’est pas identique à la première acception. Dans le premier cas, nommer le vide de la situation signifiait faire apparaître ce qui lui manquait, c'est-à-dire l’impensé, le refoulé, l’élidé. La nomination avait une fonction révélatrice. Dans la seconde occurrence, « nommer le vide » puis faire le vide signifie stigmatiser un « ennemi absolu » et le faire disparaître. Il y a donc une ambiguïté conceptuelle.
Tout se jouera donc, effectivement, dans la portée du mot ‘juif’. Il y a là deux thèses que Badiou amalgame.
Dans la première thèse, que j’appellerai la thèse A, on pourrait croire que le nom juif est nommé précisément parce qu’il a substantiellement un rapport avec l’universalité, et qu’il s’agit donc d’un judaïsme, disons prophétique, messianique, qui affirme son universalité en tant que judaïsme. Or, de façon tout à fait caractéristique, ce n’est pas cela que Badiou a en tête ! Pour lui, en réalité, le Juif, ça n’existe pas réellement. C’est une invention des nazis. Aussi, ne pouvant pas s’en tenir là, il émet une restriction : « cependant, pour autant qu’il a servi à organiser une extermination, le nom juif est une création politique nazie qui n’a aucun référent préexistant. » [Éthique, p. 101 ; repris dans Circonstances 3, p. 40]. C’est là une seconde thèse, la thèse B.
Contrairement à la thèse A dans laquelle le nom juif désignait l’universalité prophétique, la thèse B énonce une antithèse, il s’agit d’un ultra-nominalisme : le nom juif n’est qu’un « nom » lui-même vide (flatus vocis) qui projette une pseudo-réalité. Cet ultra-nominalisme caricature la thèse sartrienne selon laquelle le juif n’existe pas sinon dans le regard de l’antisémite, autrement dit que le juif n’est qu’un nom sans existence réelle, indépendamment d’être ainsi nommé par l’autre. Badiou énonce ici sa véritable pensée. Le nom juif est vide, car n’étant justifié qu’en tant qu’universel, il était déjà annulé par là même en tant que « juif ». Bref, dans la version antisémite du christianisme paulinien [1] qui hante la cervelle de Badiou, le vide avait déjà été fait de l’identité juive avant que les nazis ne viennent parachever dans le réel le vide de cette référence vide du nom juif, en tuant des Juifs qui n’existaient pas ! Confondant la thèse A et la thèse B, Badiou conclut que personne ne doit partager l’usage de ce nom avec les nazis… Pas même les Juifs eux-mêmes, ceux qui « restent » et « restent juifs ».
5 – « Désigner l’ennemi » et le chassé-croisé identitaire
Le caractère militant de l’éthique de la fidélité chez Badiou admet, dit-il, que l’on nomme les adversaires du processus de vérité. De même, le nazisme ayant une semblable structure « militante », il désigne son ennemi : l’ennemi juif. Cependant, il y a un chassé-croisé, une inversion et une corruption de l’éthique de la fidélité, qui fait que la procédure de désignation de l’ennemi inverse les fonctions de vide et de plein. Le nazisme, au lieu de révéler quelque chose de nouveau, en réalité nomme la communauté fermée, substantielle. Exaltation du sang, du sol, de la race, le nazisme exalte le concret particulier contre l’universel abstrait. Inversement, le juif comme universel abstrait est nommé mais en tant qu’ennemi, et réduit par la terreur à son être pour la mort. Là se fonde l’exercice de la terreur où l’ennemi n’existe plus que comme animal infra-humain, non susceptible de « partager » le processus de vérité. Ayant effectué cette inversion de l’universel vide et de la communauté substantielle pleine, le nazisme n’apparaît plus à Badiou que comme le prototype d’une politique identitaire, c'est-à-dire d’un simulacre de politique, qui est pour lui le mal comme désastre et trahison. Voilà sa réduction rationnelle du nazisme, qui n’est plus qu’un exemple de nationalisme. Sa pointe criminelle spécifiquement antisémite a été limée, et il en conclut de façon générale que « toute politique identitaire conduit au désastre » (répété dans Circonstances 3, p.16)
6 – Portée de « Circonstances 3 »
Jusqu’ici, cette réflexion tirée du livre Éthique, essai sur la conscience du mal, sur la perversion du processus politique dans le nazisme et l’inversion de la fonction de la nomination du vide dans un processus de vérité par la nomination de l’abstraction de l’universel « juif », bien que contestable, pouvait encore paraître intéressante, tant qu’elle se bornait à prolonger sa critique de l’éthique victimaire contemporaine de Levinas, de Glucksmann et d’autres penseurs du nihilisme et du mal radical. Mais dans Circonstances 3, portée du mot « juif », il est manifeste que Badiou dérape ! L’éthique formelle de 1993 y devient concrète. La théorie du « nom juif » comme nom de ce qui, pour le fantasme de plénitude raciste nazi, doit disparaître… laisse place à l’autre aspect de sa théorie : l’hyper-sartrisme, selon lequel le nom « juif » n’a pas de référent, et n’est qu’un invention arbitraire forgée par les nazis, dont personne ne doit partager l’usage…
En fait, on reconnaissait déjà, je l’ai dit, la vieille théorie de l’anti-fascisme communiste qui se refusait à reconnaître la spécificité antisémite du nazisme, pour ne le considérer que comme « dictature du grand capital » n’ayant utilisé l’antisémitisme que pour tromper le prolétariat sur l’essence réactionnaire de sa politique. Dans l’analyse marxiste, l’exclusivité du schéma de la lutte des classes oblitérait la réalité antisémite du crime de masse nazi. Or, chez Badiou, dans un contexte différent (qui est celui de l’antisionisme de la canaille intellectuelle parisienne), cette occultation qu’il a conservée de sa formation stalinienne va aller plus loin pour rejoindre les thèmes fondamentaux de l’antisémitisme d’Europalestine, du CAPJPO, et des djihadistes arabo-musulmans, jusqu’à l’inversion et l’équation juif = nazi (…) puisqu’il va maintenant appliquer exactement à l’État d’Israël le modèle d’analyse élaboré à propos de l’État nazi. C’est en cela que Badiou, bien qu’il ne soit pas négationniste, n’est pas sans présenter certains traits de ressemblance inquiétants, par exemple, avec le parcours d’un Garaudy, du stalinisme à l’universalisme islamiste.
Notons préalablement deux choses concernant les limites de l’éthique que Badiou défend dans le champ philosophique actuel :
- L’éthique de Badiou est une éthique de la pure conviction. Dans sa structure formelle (fidélité à l’événement), elle risque de se ramener à cette foi athée, pure « conviction » dont on peut craindre qu’elle ne serve n’importe quel fanatisme « engagé, militant » (à la différence de l’éthique du mal radical et de l’éthique de la responsabilité).
- Badiou rejette l’idée que le noyau de l’éthique soit la résistance au mal. Depuis la découverte de l’horreur de la Shoah, et aussi du Goulag (cf. Glucksmann), la politique anti-totalitaire fait fond sur une butée éthique, à partir de laquelle elle se déterminait non plus comme la volonté de réaliser le bien sur Terre, mais en mettant en place des mécanismes, une culture et des pratiques dites « éthiques » de résistance au mal, à savoir prendre les choses sous l’angle de l’abstention du mal, interdit, plutôt que — positivement – dans l’enthousiasme des idéaux. Manifestement, toute une pensée dogmatique de gauche, n’a pas réussi à intégrer cette éthique minimum du tournant anti-totalitaire. Badiou, qui récuse l’éthique de la résistance au mal en prétextant que « du mal il n’y a point d’évidence », prétend, lui, revenir à une éthique du Bien — sauf qu’il ne dispose d’aucune critériologie pour le reconnaître, son éthique étant « formelle » ! C’est pourquoi, elle a toutes les prédispositions au fanatisme possible. On ne s’étonne pas que, récusant l’idéologie éthique (Levinas, Glucksmann, Habermas), il plaque là-dessus l’interprétation « soupçonneuse » du militant anti-libéral et populiste : ce ne serait là que des masques moralisateurs et hypocrites de « l’homme blanc dominateur, civilisé, c'est-à-dire le colonialisme et l’impérialisme ». Le militant anti-colonialiste, ses réflexes staliniens d’ex-maoïste, et sa vision simpliste de l’histoire refont surface !
7 – Un prédicat d’identité exceptionnel
L’adversaire de Badiou est le prédicat en général. Il s’élève contre le maniement non ordinaire du prédicat d’identité. Sa nouvelle préoccupation, sa crainte, est : « Le mot juif est-il un signifiant exceptionnel dans le champ de la discussion intellectuelle, publique, exceptionnel, au point de jouer le rôle de signifiant destinal, sacré ? »
Badiou se défend d’être antisémite, mais il est d’évidence viscéralement hostile au philosémitisme : les Juifs n’ont pas à être installés dans une position d’exemple, au sommet d’aucune hiérarchie morale ou politique. Le destin juif transcendant est ce qui répugne à Badiou ! Il dispose maintenant de l’instrument pour traduire son éthique politiquement, contre Israël, puisque c’est le seul ennemi déclaré que je lui connaisse. Si toute politique identitaire mène au désastre, il en va a fortiori ainsi de toute politique érigeant un prédicat identitaire en « signifiant majeur », et c’est ainsi qu’il comprend la « sacralisation » du nom juif. Il n’est pas le seul, ce courant est déjà fréquenté. On se souvient peut-être que Paul Ricoeur avait formulé une crainte semblable, que les juifs ne « s’exceptent » du lot commun de l’humanité, en revendiquant, du fait de la Shoah, un statut d’exception, et qu’ils ne tirent parti de l’immunité morale qu’elle leur confère pour couvrir « l’horrible politique d’Israël » vis-à-vis des Palestiniens. On commence à bien connaître cette petite musique, avec sa chorale antisémite subliminale en toile de fond. Il y a donc bien des permanences dans la pensée européenne contemporaine (Voir mon article L’identité européenne et les faux monnayeurs de la mémoire) [lire].
8 – La nouvelle stratégie : déposséder les Juifs de leur nom, au nom de l’universel
S’appuyant sur cette analyse du mal, Badiou argumente encore contre la sacralisation du nom juif. Il ne pardonne pas aux juifs la grâce « d’avoir été des victimes incomparables » [p. 11]. Pour les dépouiller de cette « grâce », il remonte à la nomination nazie des Juifs et n’hésite pas à faire de ce nom, plutôt que celui de la victime exemplaire, la disgrâce d’un mot nazi ! « Que les nazis aient exterminé des millions de gens qu’ils nommaient « juifs » ne constitue à mes yeux aucune légitimation nouvelle du prédicat identitaire concerné. » [p.12]
La perversité de l’opération de Badiou consistera donc à déposséder les Juifs de leur nom pour l’offrir à Hitler comme un mot de sa langue. Le Juif ne sera plus maître de sa propre dénomination et n’existera plus que par le prédicat de l’autre, il n’aura plus le droit de s’auto-définir comme juif, étant désormais, immuablement, selon le décret de Badiou, le résultat d’une identification par le regard nazi. Devenu nazi, il devient infréquentable. Cette sophistique qui prend prétexte du « retournement du prédicat » juif, n’est qu’une ruse antijuive. On voit encore ici l’usage équivoque que Badiou fait de la fonction de nomination, puisqu’elle signifie ici imposer un nom et non plus révéler une vérité, et comme cette imposition paraît venir d’une source maligne, il faudrait en venir à effacer ce nom. Tandis que chez Sartre, l’idée que c’est « l’antisémite qui constitue l’être des juifs comme un en-soi », restait neutre concernant l’identité du juif pour-soi, chez Badiou, cette idée est orientée tout différemment. Il veut bien manifester de la compassion pour les victimes, mais à condition que celles-ci ne soient que des « victimes » et qu’elles n’aient pas de nom. Tant il craint que sa compassion ne serve à alimenter le culte du « nom juif ».
« La compassion véritable n’a que faire des prédicats au nom desquels l’atrocité est commise. » Badiou est donc, à partir de là, acharné à nier l’identité des victimes, tant il redoute que ces victimes ne profitent de leur souffrance pour en tirer, comme il le dit d’un mot horrible, dont les connotations ne sont pas exactement marxistes, une « plus-value » de l’atrocité pour ce prédicat ! [p.13]. Dit plus simplement, selon Badiou, les Juifs ont profité à Auschwitz. Badiou transforme donc la neutralité phénoménologique de Sartre qui, n’étant pas juif, voit les Juifs de l’extérieur en une négation expresse du pour-soi juif comme étant particulièrement diabolique. Ils tirent une plus-value de leur propre extermination ! Badiou dit vilainement : « La compassion ne fondera aucune estime particulière à l’égard de ceux qui prétendraient aujourd’hui prendre abri de ce prédicat pour revendiquer un statut d’exception… » [p.13]. En effet, selon lui, ce mécanisme qui identifie donc l’identité juive à l’exception qui est l’alibi de l’oppression ou de l’exploitation par les Juifs, apparaît immédiatement après dans une formule exemplaire de l’anti-sionisme : « les chambres à gaz n’ont pas à conférer à l’État colonial d’Israël, installé au Moyen-Orient et non en Bavière, un statut dérogatoire à celui… des États coloniaux : une forme détestable et obsolète de l’oppression des peuples démunis. » [p.13]. L’État d’Israël en Bavière ? Badiou serait-il l’inspirateur d’Ahmadinejad ? Ils partagent une commune inspiration.
9 – Israël nazifié
Badiou n’hésite pas à faire appel aux allégations les plus délirantes de la propagande anti-israélienne (massacres de lycéens arabes, liquidation physique des Palestiniens, etc. p. 25). C’est là où se trahit la vulgarité et l’imbécillité profonde de son propos. Il s’agit de suggérer que le nom juif serait devenu en Israël, « État colonial et racialiste », celui de l’exaltation d’une « communauté de la race » dans un style nazi, dans une confusion intéressée entre la notion théologique d’élection et l’idée de supériorité raciale, faisant le vide autour d’elle, c’est-à-dire exactement l’analyse qu’il appliquait au nazisme dans son livre de 1993 ! Comme il n’a pas encore trouvé de camps d’extermination en Israël, il invente complaisamment on ne sait quel « massacre de lycéens »… Et l’on sait combien ce type d’inventions (Jénine, etc.) s’apparente fort à un négationnisme à l’envers. Son schéma formel est ultra simpliste, il s’agit d’appliquer deux grosses catégories politico-philosophiques massives : plein, vide ; universel, particulier, à partir desquelles Badiou oppose grossièrement politique du vide à politique du plein. Et il applique ce simplisme indigent identiquement à l’État de Hitler et à Israël, jouant puérilement à une valse de substitution d’étiquettes, où les Palestiniens deviennent les « vrais Juifs », tandis que les Juifs qui, eux, « n’existent pas », sont les « vrais nazis », etc. jusqu’à plus soif. Triste état de la philosophie française ! Ce modèle de nazification de l’Etat juif est la quintessence de la pensée antisioniste du CAPJPO.
La seule différence, à vrai dire, entre son analyse du nazisme (où les juifs occupent la place du vide) et son analyse d’Israël (où les juifs occupent la place du plein), c’est que la particularité des Juifs par rapport aux Allemands, aura été d’avoir réussi à exalter et à sanctifier leur nomination historique en « tirant la plus-value » victimaire de la Shoah, à la place de l’exaltation du sol et du sang germaniques. Les Juifs ne font reposer la consistance de leur prédicat identitaire que sur l’éthique, et non sur la race !
10 – La perversion badiousienne d’un processus de vérité
Evidemment, cette analyse est fausse et perverse.
Premièrement, les Palestiniens n’occupent nullement, vis-à-vis d’Israël, la « place » que les Juifs occupaient pour l’Allemagne nazie : ils ne sont en rien un universel qu’il faudrait refouler et anéantir parce que ce serait la seule condition pour donner consistance à la « substance » pleine de l’être juif ! Le judaïsme existe depuis des millénaires, il n’a aucun besoin des Palestiniens pour se faire exister… Et de ce point de vue même, le propos de Badiou est totalement incohérent.
Deuxièmement, les Juifs ne sont pas une « communauté raciale » substantielle, etc… À cet égard, notons que Badiou avait commencé, dès 1997, dans son livre sur Saint Paul et la fondation de l’universalisme, à faire de l’antijudaïsme, en enfermant les juifs dans la particularité, lorsqu’il en faisait l’anti-type de l’universel fondé par saint Paul, le modèle même du particularisme borné et fermé face à l’universalisme de l’apôtre : « ni Grecs, ni Juifs » (une certaine lecture marcionite du christianisme).
Bref, les juifs ne trouvent finalement grâce aux yeux de Badiou que lorsqu’ils incarnent un universalisme niant le judaïsme. Un juif ne vaut que s’il rompt avec le judaïsme et la communauté d’Israël. Badiou n’aime les Juifs que s’ils se nient. Inversement, les modèles de bons juifs, pour Badiou sont : Saint Paul, Spinoza, Marx, Trotski, c’est-à-dire seuls les Juifs qui n’ont pu vivre et penser leur « universalisme » qu’en niant leur identité juive et en prônant la disparition du peuple juif. Mais s’ils se nomment eux-mêmes « juifs », ils seront coupables d’user d’un mot nazi (!) De la sorte, la nasse se referme sur eux, et Badiou peut proférer cette énormité abyssale : que l’Etat qui se nomme juif, est par le fait même l’État le plus antisémite du monde… Cqfd. C’est pourquoi Badiou parvient au bout de son parcours, vraie caricature d’un processus de vérité, à prétendre vouloir la destruction des juifs et de l’Etat juif… au nom de la lutte contre l’antisémitisme ! Un modèle, s’il en est, de dépravation philosophique.
Fin
Notes :
[1] Je précise qu‘il s’agit d’une certaine interprétation « marcionite » du paulinisme, qui n’est pas la pensée de l’apôtre Paul lui-même, qui n’annulait aucunement le « reste d’Israël », comme le montre avec évidence l’Épître aux Romains. Voir mon étude dans Controverses n°1, citée dans la 1ère partie de cet article.
Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le lundi 06 mars 2006 - 07h37: |
Nao, je pense que tu serais d'accord avec moi qu'en France, malgré certains incidents malheureux et malchanceux, les Juifs et les Français ont plus en commun qu'avec tous les pays d'Europe. Si nous sommes ce que nous sommes aujourd'hui c'est bien dû à la tolérance des Français et de la France.
Je pense qu'Harissa.com devait aussi refléter ce lien, puisque jusqu'à nos jours tous les Juifs de Tunisie qui ont été accueillis par la France sont finalement devenus Français et bénéficient de tous les avantages dont chaque Français bénéficie actuellement. Je sais que certains qui n'habitent pas la France s'opposeraient à mes dires, je les comprends
Nous ne pouvons accuser tout le temps la France pour chaque incident. Ces mêmes genres d'incidents on les trouve dans chaque pays et les motivations dépendent toujours du caractère des personnes qui les commettent. A mon avis les commentaires d'Harissa devraient refléter plus le but qu'elle s'était donnée elle-même soit:
La bouffe, les coutumes, et traditions, les noms de famille, les expressions Judeo-Arabes, les kifs, les légendes, les personnages, les proverbes, les remèdes, les superstitions, les surnoms, le dictionnaire Franco-Judéo-Tunisien etc. etc.
Evidemment les commentaires doivent aussi refléter la vie des harisiens juifs actuelle, là ou ils se trouvent, afin de tenir au courant la communauté entière des Juifs de Tunisie, puisque nous sommes dispersés un peu partout. Néanmoins les critiques doivraient respecter la dignité des autres, et respecter les nations amies comme la France, afin de garder aussi le niveau exemplaire de ce site.