Par Suggest1 (Suggest1) le mercredi 03 mai 2006 - 22h46: |
A l’attention expresse de axelle
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suggest.1
Pour un déroulant musical copier/coller le lien dans le navigateur ‘Firefox s'ouvre avec Microsoft power point )
Par Susy (Susy) le mercredi 03 mai 2006 - 22h20: |
Mes vives condoleances a la famille Fitoussi.
on le pardonne et j'espere qu' il nous a pardonné.
paix a son ame. zikhrono le brakha.
Par Albert (Albert) le mercredi 03 mai 2006 - 21h18: |
Comme je te comprends NAO...J'en ai la chaire de poule...
Par Albert (Albert) le mercredi 03 mai 2006 - 21h18: |
Comme je te comprends NAO...J'en ai la chaire de poule...
Par Toufiq (Toufiq) le mercredi 03 mai 2006 - 23h31: |
merci chere nao,
lots of kisses to your kids from uncle toufiq.
Par Nao (Nao) le mercredi 03 mai 2006 - 17h46: |
Maxiton, merci de votre message de soutien.. parfois je me sens bien seule dans ce combat INDISPENSABLE a notre survie et a celle de nos descendants.
Par Mena (Mena) le mercredi 03 mai 2006 - 18h46: |
Sous la menace, dans la tristesse et dans la joie, exactement (info # 010305/6) [Analyse]
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
C’est aujourd’hui le "jour de l’indépendance" en Israël. Hier, on commémorait le "jour du souvenir des victimes des guerres d’Israël". Transition ardue s’il en est ! Hier, les journalistes de la Ména d’Israël ont participé, chacun de son côté, à des cérémonies dédiées à une bataille spécifique, à une action terroriste au cours de laquelle nous avons perdu un proche ou un ami. Dans certains cas, il s’agissait d’une bataille à laquelle nous avons nous-mêmes participé et lors de laquelle le hasard a voulu qu’un camarade tombe et que nous restions en vie. Le hasard et seulement lui.
Ilan a eu sans doute la tâche la plus dure, parce que son souvenir est plus frais ; il a participé à deux cérémonies, à cent kilomètres et une heure de distance, pour des potes de son unité : l’un avait 19 ans à sa mort, l’autre 22. Toutes les chaînes de télévision dédiaient leurs programmes à des documentaires concernant les guerres d’Israël ainsi qu’aux témoignages des familles de martyrs. Sept guerres, selon mon compte, qui ont fait plus de 22'000 tués : les batailles de la pré-indépendance, commencées avant le début du XXème siècle, sous l’occupation turque ; la Guerre d’indépendance, en 47 et 48, la Campagne de Suez en 1956, aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne, la Guerre des six jours en 67, de Kippour en 73, la Guerre d’usure, le long du canal de Suez, qui s’en est suivie et finalement, la guerre contre le terrorisme, qui se poursuit encore.
De plus, exactement une semaine auparavant, se déroule chaque an "le jour de la Shoah et de l’héroïsme", durant lequel Israël se souvient des six millions de Juifs éliminés par la barbarie nazie.
A trois reprises, durant ces commémorations, retentissent toutes les sirènes du pays et la vie s’arrête durant une ou deux minutes. Tous les Israéliens se figent, qui, sur son lieu de travail, qui à côté de son véhicule, en plein milieu d’une autoroute, et pensent à leurs semblables, arrachés à l’existence dans la violence ou la négation du droit de respirer.
Evénements hautement représentatifs de la routine de la vie de notre communauté. Qui n’a pas partagé ces instants de communion silencieuse, ne comprendra rien des fondements d’Israël.
Et puis hier soir, alors que chacun est habité du souvenir de ses amis et de la douleur de leurs proches, paroxysée lors des commémorations de la journée, l’Etat d’Israël passe en quelques minutes du noir le plus sombre au bleu ciel le plus joyeux. Une cérémonie, à Jérusalem, clôt abruptement le jour des retrouvailles avec les disparus et donne le signal du début des réjouissances. A 20 heures, à Métula, tonne déjà le traditionnel feu d’artifice des festivités de l’indépendance, à l’instar de toutes les autres agglomérations d’Israël. Une demi-heure plus tôt, les six membres israéliens de la Ména et leurs familles s’étaient réunis devant notre maison, pour relever nos deux drapeaux, en berne, et les hisser au sommet de leurs mâts. Sans discours, lors d’un rassemblement qui ne dure pas plus de cinq minutes.
J’ai laissé ma fille et Ilan se presser sans moi autour du feu d’artifice, la transition pour moi dure un peu plus longtemps. Je déteste d’ailleurs le bruit des feux d’artifice, qui me rappellent les rumeurs des combats ; je préférerais que l’on noie Métula sous un Tsunami de fleurs, et qu’on n’oublie pas d’en jeter quelques vagues de l’autre côté de la frontière libanaise, en prenant garde d’éviter les coups de fusil des islamistes du Hezbollah.
Chaque fois, je me souviens des longues années que j’ai passées à Genève et d’un ami libanais, avec lequel nous fuyions ensemble les feux d’artifice qu’on y donnait à la mi-août. Nous partagions ensemble, entre autres, la même aversion de la pyrotechnie. Lui, face aux spectateurs qui, le nez en l’air, s’ébahissaient sous les gerbes éphémères, me disait son envie de les envoyer tous faire leurs aah et leurs ooh pendant un mois sous le ciel de Beyrouth. Moi j’étais d’accord.
A 23 heures, je suis allé soutirer ma fille à la kermesse qui avait réuni la plupart des 2'500 habitants de mon village. Parmi les attractions réservées en principe aux enfants de moins de douze ans, j’ai retrouvé Ilan qui tentait de toucher le plafond du local en faisant des bonds et des simagrées sur une espèce de trampoline.
Etait-ce le même garçon qui, dix heures plus tôt, revenait le visage bouffi de sa tournée des cimetières ? Assurément, sans le moindre des doutes… C’est même là un trait caractéristique de l’ambiguïté permanente dans laquelle vivent les Israéliens et qui, à force de les accompagner, fait désormais partie intégrante de leur caractère.
On dit que la succession des jours de deuil et de fête a pour but d’avoir les victimes présentes dans l’âme des vivants durant la fête. Un exorcisme, en quelque sorte. J’y vois, quant à moi, un trait symptomatique de la culture judéo-chrétienne, qui veut que l’on temporise la joie, qu’on la mérite par des actes de contrition préalables, qui font qu’elle n’est jamais ni totale ni absolue. Et cela me ramène, étrangement, aux balbutiements de la télévision israélienne, dans les années soixante-dix, lorsque, avant les rares films qu’elle diffusait, le public devait subir au moins une heure de documentaires lénifiants et mal faits sur l’histoire du peuple juif ou les modalités de la reproduction des fourmis. Maintenant, me direz-vous, cette punition est remplacée par la publicité…
On danse, on chante et on boit tout de même de bon cœur, même si on est loin des excès du Carnaval de Rio ou des caves à bière de Bavière. On virevolte et on tournoie pour ne pas penser qu’à moins de 100 mètres de ce hangar, transformé pour l’occasion en salle des fêtes, commence un monde qui rêve jour et nuit à notre éradication. On s’agite à portée des Katiouchas et des mortiers des Hezbollah, les supplétifs du nouveau petit Hitler iranien. On s’éclate pendant qu’à Téhéran, des apprentis savants s’emploient à nous préparer l’arme de génocide ultime ainsi que les fusées nécessaires à leur convoyage jusqu’à leur cible. Nous.
A Sdérot, dans le même temps, on festoie prudemment en guettant le ciel. Depuis que nous avons pourvu les habitants de Gaza, pour la première fois dans l’histoire d’une population palestinienne arabe quelle qu’elle soit, de la liberté, 350 missiles ont été lancés de leur territoire sur nos agglomérations adjacentes. Il y a même de nombreux intellectuels européens, parmi lesquels une majorité de Français et un grand nombre de kapos juifs, qui jugent cela normal et qui condamnent sans état d’âme nos velléités à nous défendre. Pour les plus radicaux, il faudrait à nouveau que les Juifs meurent en silence. Et pour les plus magnanimes, il nous incomberait de faire la paix avec ceux-là mêmes qui ont gravé la nécessité de nous exterminer dans le marbre de leur manifeste.
Qui ne se soumet pas à leur logique est un extrémiste juif, lorsqu’ils ne l’appellent pas, carrément, un fasciste. Que ces gens ont la mémoire courte et comme nous allons les décevoir !
Car, certes, nous sommes en première ligne du choc des civilisations, dont la seule énonciation heurte les tiers-mondistes et autres altermondialistes, admiratifs et contrits. Mais admiratifs de qui ? Non des peuples soumis à la barbarie, desquels ils ignorent tout et auxquels ils n’ont pas accès, mais de ceux qui leur ont volé le droit de s’exprimer en leurs noms. Je me réclame, quant à moi, d’une espèce en voie de disparition, de ceux qui restent persuadés que la vérité se trouve bien dans l’humanisme et le progressisme, qu’il est possible d’exercer sans être aussi cons qu’eux.
Car le premier missile islamique sera peut-être dirigé vers Tel-Aviv, mais le second sera pour eux. Ils ne sont pas moins coupables d’hérésie que les 2'600 morts des Tours jumelles de New York. De plus, des premières lignes, on a une meilleure vue du danger : les hégémonistes barbus, c’est de notre fenêtre que nous les distinguons. Alors nous, nous sommes prêts : lorsque la bête immonde se dégagera, nous aurons des Flèches [1] pour nous protéger, tandis que ces mauvais clones d’intellos seront aussi "surpris" que le furent leurs grands-pères au lendemain de juin 40.
Il est vrai que le génocide nazi nous a appris à compter. De ce fait, nous savons faire sans difficulté la différence morbide entre 22'000 et six millions.
Cette nuit, j’ai fait un rêve typiquement israélien. Les plus grands scientifiques de la planète venaient de déclarer que, des suites du réchauffement climatique, du fait de la fonte subite des glaciers, toutes les surfaces sèches de la planète se trouveraient submergées, dans quinze jours, sous les eaux. Les scientifiques avaient considéré le problème sous tous ses angles, le processus était irréversible, la fin du monde inévitable.
Les leaders du monde avisèrent leurs nations. Certains se réfugièrent dans la prière et d’autres décidèrent de griller leurs derniers jours de vie dans d’immenses orgies débridées.
C’est alors qu’Ariel Sharon s’extirpa brièvement de son coma et s’adressa au peuple sur toutes les chaînes de télévision d’Israël : "Vous avez deux semaines pour apprendre à nager", lui dit-il, avant de retourner se coucher.
Note :
[1] La Flèche, le Khetz, en hébreu. Le seul missile opérationnel à l’heure actuelle pour intercepter des missiles balistiques.
Par Nao (Nao) le mercredi 03 mai 2006 - 17h42: |
A Toufiq,
Tu m'as toujours ecrit dans mes moments de joie. Je veux etre la helas dans tes moments de peine.
En ce moment difficile de la perte de ta chere maman, que Dieu vous aide, toi et ta famille, a surmonter votre chagrin.
Avec toutes mes condoleances.
Par Nao (Nao) le mercredi 03 mai 2006 - 17h43: |
Ce pauvre Henri.. Qu'Hashem le recoive en paix au royaume des cieux.
Toutes mes pensees vont a son epouse et ses enfants.
Par Pauline (Pauline) le mercredi 03 mai 2006 - 18h15: |
La jeunesse antisémite de Pierre Elliott Trudeau
By ELIAS LEVY
Reporter
“Pierre Elliott Trudeau était un être simple, chaleureux, affable, sincère, très humain, qui s’effaçait devant son interlocuteur pour lui donner sa place”, lance en entrevue Max Nemni, coauteur avec son épouse Monique d’une biographie intellectuelle magistrale et passionnante de l’ancien Premier ministre du Canada, dont le premier tome vient de paraître aux Éditions de l’Homme, Trudeau. Fils du Québec, père du Canada. Tome 1- Les années de jeunesse: 1919-1944 -la version anglaise de ce livre paraîtra à la mi-juin chez McClelland & Stewart.
Juifs nés à Alexandrie, en Égypte, vivant au Canada depuis 1956, Max et Monique Nemni, universitaires aujourd’hui à la retraite et ex-codirecteurs de la revue profédéraliste Cité Libre, étaient des amis de Pierre Elliott Trudeau.
Cette biographie iconoclaste, basée sur les Archives personnelles de Trudeau, nous plonge dans le Québec noirâtre, antisémite et xénophobe de l’avant-Guerre. Elle relate l’itinéraire insolite d’un jeune Trudeau antisémite et ultranationaliste, aux antipodes du Trudeau qui, quelques décennies plus tard, devint l’ardent défenseur du multiculturalisme et de la Charte canadienne des droits et libertés.
Max et Monique Nemni retracent avec brio l’évolution de la pensée intellectuelle et politique de cette grande figure mythique du Canada.
Rencontre avec les coauteurs de cette biographie remarquable.
Canadian Jewish News: Comment avez-vous eu accès aux Archives personnelles de Pierre Elliott Trudeau?
Max Nemni: En 1995, Pierre Elliott Trudeau, que nous avons connu en 1991 et que nous rencontrions depuis régulièrement, accepta notre projet d’écrire sa biographie intellectuelle. Nous voulions analyser l’évolution de sa pensée et de ses idées politiques depuis ses jeunes années. Ce projet fut reporté à cause du référendum sur la souveraineté du Québec de 1995. On nous demanda alors, avec insistance, de prendre la direction de Cité Libre, une revue qui s’opposait avec vigueur à la sécession du Québec. Trudeau est décédé en 2000. Nous avons repris ce projet il y a environ trois ans. Mais, depuis qu’il nous a quittés, nous nous sommes souvent demandés ce qu’aurait été ce livre si nous l’avions écrit de son vivant? Aurions-nous eu le courage de discuter avec lui de ce que nous avons découvert dans ses Archives? Quels auraient été alors ses commentaires? Questions qui resteront sans réponses.
Jusqu’ici, les Archives personnelles de Pierre Elliott Trudeau, consignées dans les Archives nationales du Canada, n’étaient pas accessibles aux chercheurs. Alexandre Trudeau, son fils, et Roy Heenan, un proche ami du Premier ministre défunt responsable de ce fonds d’Archives, nous ont fait confiance et autorisé à consulter cette masse de documents, que Trudeau, de son vivant, avait soigneusement classés. John English, biographe officiel de Trudeau, dont la biographie qu’il prépare paraîtra à l’automne, a eu aussi le privilège d’avoir accès à ces Archives. C’était la première fois que des chercheurs les consultaient.
C.J.N.: Vous avez dû être désarçonnés, et même par moments troublés, par ce que vous avez découvert en épluchant ces Archives?
Max Nemni: Nous avons été absolument abasourdis et très étonnés par ce que nous avons découvert en consultant ces Archives. Ensuite, nous avons été perturbés, et même profondément peinés, parce que nous avons découvert des choses qui n’étaient pas très jolies. Mais, dès l’introduction de notre livre, nous expliquons que Trudeau est incompréhensible si on ne comprend pas son contexte historique et social, c’est-à-dire une période de crise et un monde occidental déchiré par de violents conflits de civilisations. Nous avons bâti cette biographie à partir de cette prémisse-là.
C.J.N.: Êtes-vous conscient que les révélations sulfureuses rapportées dans votre livre pourraient ternir l’image d’épinal de Trudeau et provoquer des controverses, surtout dans le Canada anglais?
Monique Nemni: Nous sommes des universitaires, nous ne cherchons ni le scandale, ni les controverses. Nous nous sommes vite rendus compte qu’il fallait absolument mettre Trudeau dans le contexte de sa jeunesse pour montrer qu’il n’était pas un individu isolé, mais, au contraire, un jeune, parmi des centaines de milliers d’autres jeunes Canadiens français, dont les idées étaient fortement imprégnées par l’air du temps. Nous avons été peinés de découvrir toute l’atmosphère lugubre et antisémite qui régnait au Québec dans les années 30 et 40. Ce n’était pas un monde très beau!
C.J.N.: Le jeune Trudeau était-il très antisémite?
Max Nemni: Son antisémitisme était bien moins fort que celui de la plupart de ses contemporains. Pendant sa jeunesse, Trudeau était un antisémite mécanique. Il ne se posait pas trop de questions.
L’une des choses qui nous a le plus peinés, nous qui sommes d’origine juive, c’est à quel point cet antisémitisme était banalisé au Québec. Dans la France du Maréchal Pétain et partout en Europe, ce phénomène délétère était aussi monnaie courante. À cette époque-là, la majorité des jeunes Canadiens français ne savaient même pas ce qu’était un Juif. Trudeau et ses camarades, dont l’enseignement intellectuel était nourri par un catholicisme foncièrement antisémite, admiraient Hitler et Pétain, en dépit de l’antisémitisme débridé affiché par ces deux impitoyables fascistes. L’ennemi principal à abattre était alors le communisme et non le nazisme. Trudeau était probablement moins antisémite que ses camarades de classe. Moins judéophobe que Michel Chartrand, futur leader syndical, et Jean Drapeau, futur Maire de Montréal, dont nous reproduisons dans notre livre des extraits des brûlots antisémites qu’ils ont publiés dans Le Quartier latin, journal des étudiants de l’Université de Montréal. Des articles abjects regorgeant d’invectives véhémentes contre les Juifs.
C.J.N.: Vous racontez dans votre livre que le jeune Trudeau a été l’auteur d’une pièce de théâtre antisémite qui fut jouée au Collège Brébeuf.
Monique Nemni: Oui. Le jeune Trudeau a écrit une pièce de théâtre antisémite, intitulée Dupès –le titre original était On est Canadiens français ou on ne l’est pas-, jouée en première, avec grand succès, le 16 mai 1938, devant les parents et élèves du Collège jésuite Jean-de-Brébeuf à l’occasion de la célébration du 10e anniversaire de la fondation de cette réputée institution académique. Cette pièce, que nous avons retrouvée dans les Archives personnelles de Trudeau, veut montrer la différence entre les Juifs, “malhonnêtes et profiteurs”, et les Canadiens français, “honnêtes et naïfs”. Pour se faire embaucher par M. Couture, un tailleur canadien français, le Juif Ditreau doit lui prouver qu’il est un bon vendeur… Le rôle de Ditreau a été joué par Trudeau. La présentation de cette pièce antisémite dans un collège aussi prestigieux que Brébeuf en dit long sur le climat qui régnait alors au Québec et sur les “vertus” du pluralisme qu’on enseignait dans ce collège!
Dans sa pièce, Trudeau met en pratique une idée chère au Chanoine Lionel Groulx: “Achetez chez nous”. Cette idée ne signifie pas “Achetez chez nous, au Québec ou au Canada”. Ça voulait simplement dire: “Achetez chez nous et pas chez les Juifs”, considérés alors comme des commerçants exploiteurs, cupides et malhonnêtes. Pour le jeune Trudeau, et pour ses camarades, l’antisémitisme, qui était alors quasiment une norme sociétale, était quelque chose de très banal.
C.J.N.: Pourquoi a-t-il laissé dans ses Archives personnelles des documents aussi récriminateurs?
Max Nemni: Trudeau était un homme méticuleux. Il a très bien conservé des centaines de documents et d’Archives personnels datant de sa jeunesse. Ces documents n’étaient pas jetés dans un coin ou accumulés n’importe comment. Ils étaient classés en ordre. Il aurait pu facilement détruire les documents susceptibles de s’avérer embarrassants pour sa carrière politique. Il ne l’a jamais fait.
Nous croyons qu’il était très conscient de ce qu’il tenait à léguer. Nous ne sommes pas surpris. Trudeau était un homme d’une très grande intégrité intellectuelle qui tout au long de sa vie a été en quête de la vérité. Dans ses Mémoires politiques, publiés en 1993, il disait qu’il devait traîner dans ses papiers un texte qu’il avait écrit quand il était étudiant à Brébeuf. Il savait que le texte de cette pièce de théâtre était quelque part dans les documents qu’il avait conservés.
C.J.N.: Nous apprenons dans cette biographie que l’un des mentors intellectuels du jeune Trudeau était nul autre que l’écrivain très antisémite Charles Maurras, figure influente de l’extrême droite française et collaborateur zélé des nazis. Trudeau était fasciné par les écrivains de droite antisémites.
Max Nemni: C’est vrai. C’est la première chose qui nous a beaucoup étonnés. Cette découverte inopinée nous a chagrinés encore plus que son ultranationalisme. Ses sympathies pour la droite et l’extrême droite et ses affinités intellectuelles avec des écrivains collabos pronazis comme Charles Maurras, Robert Brasillach, Léon Degrelle… nous ont laissé pantois. Trudeau lisait et encensait leurs livres truffés d’idées antisémites. Il écrivait des notes et des fiches de lecture que nous avons retrouvées intactes. Ces lectures, incontournables à cette époque-là, faisaient partie de son éducation intellectuelle.
C.J.N.: L’antisémitisme du jeune Trudeau était-il la conséquence directe d’un égarement de jeunesse ou d’un credo idéologique?
Max Nemni: Ce n’est pas un dérapage ou un égarement de jeunesse. Le jeune Trudeau est le pur produit de son milieu éducatif, qui incluait la dimension de la nécessité de l’épanouissement du peuple canadien français. Une libération qui ne pouvait se faire que contre l’étranger, l’Anglais, le Juif… Son milieu éducatif a fini par lui inculquer le mépris et la haine de l’Autre. Dans son mea-culpa, André Laurendeau, directeur de la très nationaliste revue L’Action nationale, raconte comment des milliers d’étudiants canadiens français manifestaient dans les rues en criant sans ambages “À bas les Juifs!” et en brisant parfois les vitrines de commerces appartenant à des Juifs.
C.J.N.: En 1996, Jean-Louis Roux a été contraint de démissionner de son poste de Lieutenant-Gouverneur du Québec lorsque le magazine L’Actualité révéla qu’en 1942 il avait porté une croix gammée nazie sur sa blouse de laboratoire lorsqu’il était étudiant en Médecine à l’Université de Montréal. Si les incartades antisémites de jeunesse de Trudeau avaient été révélées de son vivant, celles-ci auraient-elle pu avoir des incidences fâcheuses sur sa carrière politique?
Max Nemni: Il n’y a pas l’ombre d’un doute que ce que nous avons trouvé dans les Archives personnelles de Trudeau est infiniment plus grave que ce que Jean-Louis Roux a fait, en 1942, lorsqu’il était étudiant en Médecine à l’Université de Montréal. Ce dernier a dû démissionner de son poste de Lieutenant-Gouverneur du Québec à cause de cette bévue de jeunesse. Il a fait son mea-culpa. Ni Trudeau, ni Chartrand, ni Drapeau… n’ont jamais fait leur mea-culpa, ni présenté des excuses pour leurs frasques antisémites lorsqu’ils étaient jeunes. Ils ont simplement enfoui cet épisode disgracieux de leur vie.
C.J.N.: Un chapitre funeste de l’Histoire du Québec dont plus personne n’a voulu reparler. On se cantonna alors dans un silence abyssal!
Max Nemni: André Laurendeau, que nous citons longuement dans le livre, rappelle comment la Deuxième Guerre mondiale a été mal vécue et digérée par les jeunes Canadiens français, farouchement opposés à la conscription. Avec le recul, Trudeau et ses camarades se sont rendus compte que s’il y a eu une Guerre juste dans l’Histoire de l’humanité, c’était bien celle-là. Ils auraient dû se battre. Pourtant, ils ont résisté de toutes leurs forces. Ils ne voulaient pas croire que c’était une vraie Guerre, ni que Hitler avait écrit un bréviaire de la haine antisémite, Mein Kampf, ni que l’Europe était gouvernée par des régimes totalitaires horribles. Ils étaient résolument convaincus que l’Angleterre, qui leur donnait quotidiennement des nouvelles de la Guerre, racontait de grotesques mensonges. Ils sont devenus sourds volontairement et ont préféré vivre dans le mensonge. Ils n’ont jamais voulu en parler. C’est pour cela qu’ils ont tourné définitivement cette page sinistre.
À notre avis, c’est la raison pour laquelle les plus virulents détracteurs québécois de Trudeau n’ont jamais inclus dans leur “arsenal de guerre” ce triste épisode de sa jeunesse. Épisode que eux aussi ont vécu de la même manière. D’un commun accord, ils ont décidé de ne plus en parler.
C.J.N.: La pensée intellectuelle de Trudeau a sensiblement évolué au fil des années. Son antisémitisme de jeunesse cédant la place à son multiculturalisme très ouvert et tolérant.
Max Nemni: Chose certaine, Trudeau n’était certainement pas antisémite lorsque nous l’avons connu au début des années 90, ni avant. Son multiculturalisme était tout à fait réel et profond. C’était un autre Trudeau. L’antithèse du jeune Trudeau. Il a dépassé son passé. Ça, nous en sommes convaincus. Dans ce premier tome de sa biographie, on commence à voir ce changement dans sa pensée intellectuelle.
La première chose qu’il faut comprendre, c’est que Trudeau a pendant toute sa vie cherché la vérité. La deuxième chose très importante, c’est qu’il s’est rendu compte très tôt de la nécessité de s’engager politiquement. Contrairement à tout ce qu’on a dit, l’engagement politique de Trudeau n’a pas débuté en 1965. Il n’est pas rentré en politique par hasard. Il l’a fait parce qu’il était convaincu que c’est par l’action politique qu’on pouvait changer le monde pour le mieux. Or, ce qu’il voulait, c’était changer le monde pour le mieux. Il avait une certaine conception de ce qu’est la vérité et du type d’action politique susceptible de mener à celle-ci.
Mais, à la toute fin de ce premier tome de cette biographie, il commence à se rendre compte qu’il y a des choses qui ne marchent pas. Il est insatisfait d’avoir fondé un petit groupe révolutionnaire et participé au Bloc Populaire, mouvement politique fédéral et provincial, créé en 1942, opposé à la conscription. Il prend du recul et dit: “Ça ne marche pas cette affaire-là. J’ai besoin de réapprendre à penser”. C’est une prise de conscience très forte. Pour quelqu’un qui cherche désespérément la vérité, il se rend compte que tout son monde, tout son univers, a des failles. Il veut “réapprendre à penser”. C’est pour cela qu’il veut aller étudier à l’Université de Harvard, à la London School of Economics de Londres, à l’université à Paris…
Dans le deuxième tome de cette biographie, nous allons essayer de montrer comment Trudeau a réappris à penser. Nous décrirons les étapes au cours desquelles il s’est affranchi du mode de pensée intellectuelle qu’on lui a inculqué durant sa jeunesse. Il est vrai qu’on n’a pas trouvé chez lui aucun repentir ni regret. Par contre, il y avait chez lui une grande lucidité. Il était très conscient des failles de l’idéologie qui l’avait nourri pendant toute sa jeunesse. Ça, on le sent.
C.J.N.: Ses idées intellectuelles ont connu un revirement à 180 degrés?
Monique Nemni: Après avoir écrit ce livre, nous avons encore plus de respect et d’admiration pour Pierre Elliott Trudeau. Il s’est sacrément rattrapé! Trudeau n’était pas un être exceptionnel tombé de la planète mars avec des idées toutes faites. Il était un produit de son milieu éducatif et social. Mais, il est arrivé à s’en sortir en luttant fougueusement contre l’idéologie qu’il avait reçue pendant sa jeunesse. Très peu d’êtres humains sont capables de faire ça. Le jeune ultranationaliste et antisémite est devenu un être courtois, chaleureux, très ouvert aux Autres, peu importe que l’Autre soit Juif, Arabe, Chinois, Hindou…
C.J.N.: Ce travail de recherche vous a permis d’exhumer des pans opaques et méconnus de la vie de Trudeau et de l’Histoire du Québec des années 30 et 40.
Monique Nemni: Ce travail de recherche nous a donné une meilleure compréhension de l’homme et de la période dans laquelle il a vécu sa jeunesse. Maintenant, nous pensons vraiment qu’il n’y a pas d’énigme Trudeau. Nous avons appris et compris beaucoup de choses sur le Québec de cette époque. Le ton de notre livre n’est pas polémique, mais serein. C’est un chapitre capital, mais encore fort méconnu, de l’Histoire du Québec. Les Québécois doivent faire aussi leur travail de Mémoire. Ils ne peuvent pas occulter, ou éluder, cette période noire de leur Histoire. Nous espérons que d’autres chercheurs continueront à faire la lumière sur cette époque. Il reste encore beaucoup de documents et de terrain à défricher.
A biography of Pierre Elliott Trudeau written by Max and Monique Nemni will be available in English from McClelland and Stewart in mid-June.