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Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Michka (Michka) le dimanche 28 décembre 2003 - 00h21:

Un "A bout portant" paru en page 21 (Forum) du Soir de Bruxelles du vendredi 19 décembre 2003

«Ce ne sont pas les islamistes les coupables, mais les textes»

A bout portant
Anne-Marie Delcambre
Conférencière-islamologue et professeur d'arabe au lycée Louis-le-Grand à Paris

«Il y a une hypocrisie côté musulman et non musulman, une sorte de religieusement correct

Vous venez de publier «L'islam des interdits». Un livre noir, à la limité du réquisitoire voire du pamphlet. Sans concession envers l'islam, celui que vous qualifiez de juridique et que vous associez à l'islam sunnite, partagé par 90% de musulmans.

Un islam aux «70 interdits» (nourriture, sexualité, argent.) et où «celui qui veut s'en tenir à la lecture
littérale du coran et de la summa (actes et paroles du prophète), peut trouver de quoi justifier une action guerrière ou terroriste». Un islam, dont «au risque de choquer, il faut avoir le courage de dire que l'intégrisme n'en est pas la maladie. Il en est l'intégralité». Qu'a motivé l'écriture de
ce livre? C'est un souhait de personnes qui assistent à mes conférences et qui me demandaient d'expliquer pourquoi on leu disait que les événements actuelle n'avaient rien à voir avec l'islam, que l'islam ce n'était pas la guerre ou la violence, que c'était la paix, la tolérance.

C'est bien le mot «paix» («salam») qui est inscrit dans «islam»?
Non, c'est «aslama». Ce quoi signifie «se soumettre». Parce que j'enseigne l'arabe et que je côtoie le monde musulman depuis trente ans, j'ai décidé de ne plus laisser présenter un islam qui serait christianisé ou laïcisé mais qui n'a rien ) voir avec l'islam juridique, celui de «l'odieux des
interdits». Je voulais que les gens sachent qu'il y avait là une complicité entre ceux qui disent «ce n'est pas ça l'islam» parce qu'ils voudraient que ce ne soit pas cela et les musulmans qui disent «il vaut mieux que l'on dise cela» plutôt que de remuer ce qui gène! Je me suis appuyée sur les
textes et la première biographie du prophète.

Mais l'islam que vous présentez, celui de la charia (loi musulmane), celui du droit musulman qui, selon votre analyse, laisse peu de place aux droits de l'homme, est terrifiant!
L'islam juridique est terrifiant car issu d'un contexte tribal et guerrier.

Celui du prophète Mahomet à Médine (entre 622 et 632), un prophète que vous décrivez, alors, comme «davantage politique que religieux», davantage «chef tribal et intrigant».
Tout à fait. L'erreur, c'est de dire que l'islam philosophique ou mystique a autant de poids que l'islam juridique. En fait, l'islam philosophique a été marginalisé. Quand aux mystiques musulmans, ils ont été crucifiés!

Il s'agit donc de dénoncer une imposture?
Oui! A la manière d'une lettre ouverte qui dirait «Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots». il y a une hypocrisie du côté musulman et non musulman, une sorte de politiquement correct qui fait que l'on ne dit pas la vérité des textes. Mon propos est cette vérité.

N'est-ce pas paradoxal de vouloir dénoncer ceux qui veulent la paix?
Je la veux aussi. Si je dénonce avec violence l'islam des interdits, c'est parce que je veux que cesse cette diabolisation d'hommes, comme Tariq Ramadan, qui n'ont commis pour seul crime que le fait de vouloir appliquer intégralement ce qu'ils connaissent des textes. Je ne veux pas que l'on diabolise les hommes mais les textes. En même temps, je m'adresse aux musulmans pour qu'ils se relèvent. Il y a dans ces textes des choses qui posent problème, mortifères, acceptables.

Plus terrifiant, encore, selon vous, les seuls «vrais musulmans» sont les intégristes, parce qu'ils sont les seuls à suivre, à la lettre, les textes!
Terrifiant? C'st la vérité.. et puis ce n'est pas parce qu'on explique l'origine d'un acte qu'on le justifie, l'excuse ou l'accrédite. Je ne porte pas de jugement. Je présente un constat.

Un constat terrible pour une islamologue qui enseigne l'arabe, sans doute par amour ou par passion.
Ni par amour ni par admiration. Juste besoin de prendre du recul. Je ne peux pas tomber «amoureuse» d'une civilisation qui considère la femme comme une mineur perpétuelle. Et je n'aurais pas adhéré à ce point aux vertus de l'Occident si je n'avais pas été confrontée aux textes islamiques.

Quelle est l'issue? Puisque même l'âge d'or de l'islam, celui d'Avicenne (Xe siècle) ou d'Averroès (XIIe siècle), n'est dû comme vous l'expliquez, qu'à des apports en terre d'islam de Byzantins, Persans ou chrétiens ayant traduit Aristote.
La balle est chez les musulmans. Qu'ils se lèvent et disent que ce ne sont pas les islamistes les coupables mais les textes qui leur permettent de l'être. Donc, il faut que les musulmans rouvrent la porte des interprétations et osent dire qu'ils n'acceptent pas certaines choses dans le coran.

Comment, puisqu'un musulman ne peut remettre en cause le coran?
Dans les pays musulmans, à eux à régler leurs problèmes. En France, en Europe, le meilleur rempart ce n'est pas d'opposer une autre religion. C'est de dire «il y a un système que l'Occident a choisi, celui des droits de l'homme, et là, on sera intransigeant». Et les musulmans devront
s'adapter, comme les chrétiens et les juifs l'ont fait jadis en terre d'islam. Comme, plus tard, les catholiques et les juifs l'ont fait en terre républicaine.

Il faudra donc, qu'en Occident, les musulmans s'adaptent?
Je le répète, ce sont les textes qui sont noirs, pas les musulmans. Eux, ont toujours eu une santé morale, intellectuelle et vitale pour surfer avec réalisme sur les textes. Comme les chrétiens: pour suivre l'exemple de Jésus j'en connais très peu qui ont vendu tout ce qu'ils possédaient!

La solution ?
Essayer de dire «non» . Dieu évolue dans le temps et l'espace. Pourquoi pas, dès lors, gomer les textes inégalitaires du coran et de la sunna? Ou alors, que l'on rétablisse l'esclavage.

Un «nouveau» coran ?
On a bien «tordu» la bible. Mais je suis pessimiste. Sauf si l'on se réfugie derrière une laïcité intransigeante, une communauté de valeurs qui est celle des droits de l'homme et qui place la loi des hommes au dessus de la loi de Dieu. C'est la seule manière d'aboutir à un islam individuel.

L'islam moderne,occidental, qui permettra la «cohabitation»?
Je le pense, je l'espère.

D'où l'importance d'une loi sur la laïcité en France, interdisant le voile à l'école ou la fonction publique ?
Bien sûr! La loi permettra au faible de se défendre et remettra les choses au point par rapport aux principes de la République comme la neutralité, l'égalité homme-femme iu la mixité.

Propos recueillis par ALAIN GERARD

L'islam des interdits, Anne-Marie Delcambre, aux éditions Desclée de Brouwer, 145 pages, 14 euros.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le samedi 27 décembre 2003 - 23h54:

Ya Si Slim,
Bravo j'espere qu'avec tes ecrits tu a ouvert la porte de la liberte a d'autres. Pour consoler certains. Meme le tout puissant a sa partie feminine. Ceux qui savent l'hebreu et lisent la bible et les prieres relgieuses juives le savent. Quand on remercie on dit merci a vous au feminin (Modim Anahnou Lakh)

Sans le cote feminin notre mort est certaine.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Albert (Albert) le samedi 27 décembre 2003 - 21h42:

Par contre, les femmes séoudiennes font le contraire, dés qu'elles débarquent à Orly, elles se dévoilent à leur déscente d'avion parait il..!
Slim, très bien tes articles...

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Bekhor (Bekhor) le samedi 27 décembre 2003 - 21h16:

Cher SLIM,

Plus je te lis, plus je t'apprecie, non seulement parce que tes paroles envers tes amis juifs sont paisibles, mais parce que tu est super clairvoyant vis a vis des fanatiques.

J'essaie de comprendre un comportement que je n'arrive pas à cerner.

Je suis aller chercher à l'aeroport d'orly la femme d'un de mes amis musulman vivant en Tunisie.

Sa femme française qui vit depuis plusieurs années en Tunisie, qui a du mal à s'adapter la bas m'a dit en arrivant:

"Je ne comprend pas! un certain nombre de femmes musulmanes etant montées dans l'avion à Tunis sans aucun voile, arrivées a Paris, ces memes femmes se sont voilées avants de descendre de l'avion.

Peut tu nous aider cher Slim a comprendre ce comportement sachant que le voile n'est pas interdit à Tunis.

Merci. Victor

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Slim (Slim) le samedi 27 décembre 2003 - 17h29:

Mon cher Emile,

J'ai develope ma vision a props du voile en Tunisie quand j'ai remarque a la fin des annees 80 des etudiantes mettre le hijab tout d'un coup et l'oter l'annee qui suivit. Cette transformation cameleonienne m'a choque. Un jour elle parlaient aux camarades de classes masculins, le lendemain, elles refusaient de leur serrer la main, "Car D-ieu ne veut pas de contacte physique entre un homme et une femme", meme pas un signe de paix que represente le geste de serre la main de quelqu'un. Cette reaction frolait le ridicule, et le ridicule s'est devoile lorsqu'elles ont otes le voile aussi facilement qu'elles l'ont portes. Je dois ajouter qu'elles etaient minoritaires, et les administrations Tunisiennes interdisaient le port du voile (et les barbes pour les hommes) dans les ecoles. Toutefois, leur reaction m'a enormement touche. Le jour ou elles ont mis le voile, leur facon de voir le monde et les etres humains autours d'elles a change. J'etais un ami un jour, et un satan potentiel le lendemain. De plus, ces jeunes qui "se cherchent" sont facilement influences par des paroles soit-disant "complexes" et "divines" murmures par des "religieux" (moi je dis Qrouda= singes) d'un autre age qui sont totalement disjonctes de la realite mondiale et humaine.

Le jour ou ses hommes imposent les memes restrictions aux hommes qu'ils cherchent a imposer aux femmes, et le jours ou ils les respectent (imagines toi un mufti d'Arabie Saoudite porter un voile noir quand il fait 50 degres a l'ombre ou bien s'il ne peut se deplacer sans la presence et l'accord de sa femme, ou pis encore, si sa femme peut epouser quatre hommes!), et bien ce jour la, je leur donnerai le respect qu'ils n'ont pas merites.

Ce dont je suis sur, c'est qu'ils n'imposeraient jamais aux hommes les restrictions qu'ils imposent sans probleme aux femmes. Ce sont des hommes complexes, qui n'ont jamais appris le respect de la femme et donc cherchent a la cacher car ils connaissent leur propres vices. Au lieu de s'attaquer au mal (leurs propres vices), ils s'attaquent aux victimes du mal (la femme musulmane).

Je ne veux pas dire par la que la femme musulmane est une femme sans volonte et sans pouvoir, soumise partout dans le monde musulman, car ca serait une generalisation grottesque, et mes cousines en Tunisie sont des exemples parfaite du contraire. Toutefois, il n'y a qu'a simplement observe la condition de la femme dans le monde musulman pour ce rendre compte des inegalaites. On ne peux pas etres indifferents face a ce desequilibre flagrant. Bourguiba avait bel et bien raison "d'imposer" un changement dans la condition de la femme. Si la societe est incapable de voir une dimension differente est bien c'est aux elites de leur montrer un autre exemple. Il faut savoir que les elites ont des contactes dans le monde entier, ont une vision plus large, et savent que les changements sont necessaire.

Comme tu le sais bien, il y a eu beaucoup de resistance en Tunisie apres l'introduction du code du status personnel et l'abolition d'ancienne traditions anti-femmes (et donc anit-humaines). La resistance n'a pas vraiment dure longtemps, et la societe a su remarquablement s'adapter aux nouvelles realites. Il me semble peu probable qu'aujourd'hui, la femme musulmane Tunisienne veuille retourner a la condition de pre-guerre dans la quelle vivait la generation de sa grandmere. Les choques politiques/societales ont souvent une consequence positive. SOuvent il faut forcer les gens a accepter la liberte. S'ils ne l'ont jamais connu, ils l'evitent par peur ou par mecomprehension. Mais des qu'ils gouttent vraiment a cette liberte, ils ne veulent jamais retourner a l'ancienne situation.

Aujourd'hui, etant musulman (mais ne representant que moi-meme), je ne peux croire qu'une femme qui porte le voile soit une femme libre. Si elle est libre et forte, pourquoi doit-elle cacher avec un sac ce que le bon D-ieu meme lui a donne? D-ieu craye, et elle cache la creation divine. c'est un paradoxe pour quelqu'un qui se dit amoureux de D-ieu. Je ne suis nullement religieux, d'ailleurs les prescriptions religieuses me cassent souvent les pieds, mais j'arrive a faire la part des choses.

Les fanatiques religieux m'effraient, car ils veulent imposer a mes cousines et mes tantes des lois qui les detruisent dans le corps et dans l'ame. Ce sont des gens qui veulent que mon cher pays natal deviennent un pays totalitaire religieux ou le sourir est interdit, et ou les blagues Tunisiennes dans les quels j'ai baigne toute ma vie sont soudainement des paroles satanique detestes par D-ieu. Ces fanatiques veulenet asphixies leur propores peuples, alors tu peux bien imaginer le peu de bonne volonte qu'ils reservent aux non-musulmans.

C'est le devoir du musulman et de la musulmane de s'imposer a cet integrisme, et comme beaucoup d'entre vous, je suis decu par le manque d'opposition claire et directe. Quelques fois dans la vie, on doit faire des choix, et les assumer par consequent. Le monde musulman a peur de choisir en sa vaste majorite, mais risque par consequent de s'auto-detruire. Je crois que le monde musulman va voir des transformation dramatiques, contradictoires, bonnes, et mauvaise dans les decades qui vont suivres. C'est un peu comme la "reformation" et la "counter-reformation" en Europe.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Davideden (Davideden) le samedi 27 décembre 2003 - 03h30:

Citron j'ai 3 reflections:
1. La politique des etapes semblent avoir ete adoptee par Arafat donant naissance a Oslo. Etapes par etapes l'espoir de dejuification reste vivant2
2. La Tunisie est un pays qui a chasse ses Juifs et maintenant voudrait promouvoir sa firte nationale sur la reussite de ces memes refugies!!.
3.Connaissez vous la chanteuse Israelienne refugiee de Tunisie Korin Elal? La Tunisie se refuse-t-elle d'etre "fiert" de ses juifs expulses qui vivent entant que citoyen libre de pays Juif?

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le samedi 27 décembre 2003 - 04h22:

Cher Slim, encore une fois tu épates ceux qui ne te connaissent pas. Quand Dieu a envoyé les anges à Sodom pour la détruire, Abraham avait dit: "Mais comment allez-vous détruire les justes avec les mauvais?" Dieu répondit à Abraham: "S'il y a des sages à Sodom la ville sera épargnée." Abraham dit à Dieu: "Peut-être qu'il y a cinquante Justes? Et s'il manquait que cinq des cinquante, va-t-on détruire la ville? Et s'il n'y avait que quarante, puis que trente, puis que vingt, ou même dix?" À cela Dieu dit que pour dix la ville sera sauvée. En finale, comme il n'y avait pas le nombre indiqué par Abraham, les anges devaient détruire Sodom.

Slim, les Juifs aujourd'hui ont du mal à croire q'il y a des Arabes Justes mais je suis convaincu qu'il y en a plus que dix Arabes comme toi et c'est une raison pour que Sodom ne serait plus détruite. Hélas des Arabes comme toi ne se manifestent pas encore pour dire la vérité, afin que le peuple juif et les peuples arabes retrouvent leur origine fraternelle.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le samedi 27 décembre 2003 - 02h17:

Mon cher Citron,

Bravo A'alik, On dit: "OUCAN KHOU YENFA' KHOU HAD MAYEBKI A'LA BOUH"
Oui mon cher, on vit plus dans l'histoire que dans le présent. Et on se rappelle du présent lorsqu'il devient histoire. Sans l'histoire il n'y aurait pas eu d'Israël et sans l'histoire il n'y aurait pas eu d'Egypte, ni de la Tunisie ni de la intifada. Peut-être nous, qui avons la possibilité de nous exprimer librement, nous sentons moins la pression que d'autres peuples sentent tous les jours. Et c'est pourquoi nous devons crier sur les toits lorsqu'il y a un tort dans le monde.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Citron (Citron) le samedi 27 décembre 2003 - 01h00:

la Presse.tn

Sur les traces de nos artistes à l’étranger

Edgard Naccache ou l’abstraction gestuelle d’un esprit aventureux

Nous l’avons rencontré, la première fois, au Salon d’automne, porte d’Auteuil, à Paris, en compagnie de Charlotte, son égérie de toujours.


Devant son immense tableau ‘S.O.S. Love’, l’œil vif, le sourire aux lèvres, disert, il accueillait ses hôtes. Mais c’est dans son spacieux atelier parisien du 13e qu’Edgard Naccache a bien voulu nous recevoir. Plusieurs toiles étaient soigneusement recouvertes, alignées contre les murs, prêtes à être expédiées en Tunisie, son pays natal. En effet, une rétrospective en 75 tableaux a été programmée pour fin janvier prochain à la Maison des arts à Tunis. Visiblement, l’artiste était ému par ce retour aux sources. Il faut dire que cet événement est exceptionnel car, bien qu’il ait participé à plusieurs expositions à Tunis, c’est la première fois, depuis qu’il a quitté la Tunisie, en 1962, pour s’installer à Paris, qu’une rétrospective lui est aujourd’hui entièrement consacrée.

Soixante-quinze tableaux donc retraçant depuis 1938 jusqu’à nos jours les jalons d’une longue et brillante carrière artistique. En fait, et bien qu’il ait commencé à peindre dès 1934, Edgard Naccache se destinait au journalisme. C’est seulement en 1948, que sa carrière de peintre s’est affirmée. L’abbé Morel, un spécialiste de Picasso et de Rouault, de passage à Tunis, l’avait alors invité au salon de la Jeune peinture à Paris. Considéré dès lors comme le représentant de l’avant-garde de la peinture tunisienne, se fiant à sa seule intuition, Edgard Naccache prit de multiples chemins, à la recherche d’une formulation plastique définitive. Peu à peu, passant d’une période à l’autre, il délaissa la réalité pour inventer finalement une sorte de cubisme proche de l’abstraction. C’est là l’originalité fondamentale de sa peinture, une originalité déjà perceptible dans son Fleurs et portraits qui obtint en 1950 le Prix de la jeune peinture à Tunis. Tant il est vrai, comme il le dit lui-même, que «les yeux gardent les visions, les réutilisent, les transposent…».

A la lumière de votre expérience qui est maintenant, disons-le tout haut, considérable, pouvez-vous nous dire quelles sont, en fin de compte, les influences qui vous ont marqué le plus dans votre longue carrière ?

Si l’on veut parler depuis le début de mon évolution, je peux dire que j’ai commencé par être un peintre tout à fait intuitif, c’est-à-dire que sans avoir besoin de références de maîtres, je me mettais devant le motif pour peindre la réalité qui m’apparaissait. C’était, sans l’épithète, faire du post-impressionnisme sans le savoir.

Vous avez ensuite évolué vers l’abstraction tout court…

A force de travailler devant la nature, à un moment donné, si on est un esprit aventureux, on sent le besoin de la transformer et à ce moment-là, pour peu que l’on soit un peu curieux, on ne peut s’empêcher de regarder les maîtres qu’à Tunis on ne recevait pas, mais dont on avait des œuvres reportées dans des livres et des revues. C’est de cette façon qu’au fond, mon évolution m’a amené de la réalité à la peinture abstraite.

Cette peinture abstraite reste néanmoins imprégnée des couleurs de la Tunisie. Je pense au tableau intitulé ‘Pont sur l’oued Méliane’…

Oui, la Tunisie était alors la source de l’inspiration, la nature même de mon travail mais la forme se diluait. Elle était à la base la réalité, mais elle se transformait pour ne plus apparaître dans une forme visible ou reconnaissable. C’était l’abstraction pure, disons intuitive.

Elle était également gestuelle…

Exact. Elle était en même temps gestuelle ; elle s’emparait du geste, c’est-à-dire le geste l’accompagnait ; ce n’était donc pas une peinture abstraite, froide comme celle de Kandinsky et tous ces peintres des années 1910, qui avaient inventé une abstraction froide; ma peinture, au contraire, était une abstraction gestuelle et dynamique.

De là, ensuite, on ne peut pas s’empêcher, quand on est un esprit aventureux, de continuer à chercher toujours. Quand j’ai quitté la Tunisie pour m’installer à Paris, j’ai continué à peindre des choses abstraites toujours dans la même lancée mais je sentais que la peinture abstraite, au fond, m’empêchait de donner un sens à la peinture. J’ai eu, à ce moment-là, besoin non de l’abandonner, mais de la quitter lentement, parce qu’une élaboration d’œuvres se fait toujours lentement, et cela afin de regarder la réalité nouvelle qui m’apparaissait. Je vivais alors à Sarcelles. Je regardais donc ces grands immeubles tristes, au fond, et j’accompagnais quelquefois ma femme à Saint-Denis. Il y avait des rues tout à fait éclatées. C’est sous le gouvernement Pompidou. On commençait à démolir un peu partout, dans les banlieues et à Paris, les vieux immeubles et les vieilles habitations. Et je regardais ces ruines nouvelles, ces ruines modernes de maisons. Pour moi, c’était le transfert de l’art abstrait sur des verticales. Je reprenais donc ces surfaces abstraites d’autrefois, d’un autrefois récent, disons de naguère, pour ces autres formes qui étaient les pignons de rues, les maisons démolies qui laissaient des traces humaines. Et c’est cette recherche qui m’a toujours poussé.

Parlez-nous de ces traces humaines…

Prenons des exemples : sur un mur resté debout je vois de vieilles tapisseries déchirées, délabrées, la trace d’un lit, la trace d’un évier, ou encore un miroir qui, quelquefois pendait là, intact au milieu des ruines. C’étaient ces lambeaux humains qui m’attiraient plus même que la présence physique des êtres humains. Au fond, c’est dans l’intimité de ces choses-là que je devinais la présence humaine. Et dans ce courant toujours de recherche, de regarder ce qu’est la vie de la cité, je regardais les murs, je regardais les affiches, les affiches que l’on déchirait, les affiches lacérées, et en même temps les graffitis.

C’est une présence, une trace humaine significative. Les mots inscrits à la hâte prenaient leur sens. Il y avait des mots politiques, érotiques, obscènes, des mots de revendications syndicales. C’était la vie urbaine qui, au fond, s’exprimait en flashes dans ces tags et dans ces graffitis et qui étaient pour moi des sources d’émotions et en même temps de contacts avec une humanité dont je ne montrais pas la figure mais dont je montrais, comme un palimpseste, les traces. Je continue dans cette recherche. C’est toujours ces traces qui m’inspirent et qui continuent à me donner comme une sorte de fidélité à la peinture abstraite, ces formes qui se composent quand, entre quatre affiches déchirées, en choisissant le morceau qui me touche le plus, je retrouve justement aussi bien cette peinture abstraite que la présence de l’homme qui permet de lui donner une chaleur que n’a pas la peinture abstraite.

En plus de cette quête des inscriptions murales et des graffitis, vous avez recours au collage, au jeu de la marelle…

Je n’ai pas oublié tout au long da ma vie que j’ai été journaliste pendant longtemps, que par conséquent, dans les journaux, il y avait les traces de l’actualité, de la vie quotidienne, et donc des messages écrits. Lorsque j’ai quitté la peinture abstraite, j’ai eu besoin — c’était le premier contact avec la réalité quand je disais que j’ai regardé la réalité — de la regarder dans tous les sens. C’est, par exemple, des sources d’inspiration, le jeu des marelles. Quand j’étais à Sarcelles, je voyais des enfants qui jouaient et qui traçaient à la craie sur le sol des marelles. Ce jeu de la marelle, je l’ai transposé, j’ai utilisé le dessin abstrait de la marelle avec les mots : ciel, terre, lune. Je m’en suis servi comme des vocables. Les mots devenaient plus que des mots. Ils devenaient des formes graphiques à mettre sur la toile, tout en gardant l’abstraction des formes. Par exemple, la forme d’une marelle est faite de carrés puis d’une demi-courbe. C’étaient des formes abstraites. Je quittais à peine l’abstraction à ce moment-là, mais je sentais qu’il fallait dire les choses en même temps; alors j’ai utilisé le collage. Je découpais des fragments de journaux et je les collais à côté des marelles, ce qui me permettait de donner, d’une part, une surface colorée et en même temps montrer qu’il y avait une vie derrière cette vie apportée par le journal.

Un jeu de miroirs en somme?

C’est ça, un jeu de miroirs qui me permettait de dire ce que je sentais.

Néanmoins, ce jeu de la marelle, tel qu’il est reproduit dans vos œuvres, dénote une certaine évolution. Les tons mêmes changent.

C’est exact; tout au long d’un travail, un peintre évolue forcément, surtout s’il est pour la recherche, s’il est pour l’aventure. Je suis ouvert à l’aventure en peinture, comme les aînés m’ont appris qu’il fallait l’être, c’est-à-dire ouvert à tout ce qui peut apporter à l’imaginaire une nourriture substantielle. Donc, dans le courant de la peinture abstraite, il est évident qu’elle a traversé des transformations elle-même, jusqu’à celle qui me faisait regarder les murs, les murs cassés, les murs détruits.

Les rues démolies, comme cet «Hommage à la rue Vincent», par exemple.

La rue Vincent faisait partie de la Commune et donc ce tableau constitue un hommage à cet épisode historique de Paris et aux pauvres gens qui s’étaient soulevés. Et qu’on le veuille ou pas, il y a une sorte d’amalgame culturel qui surgit de ce choix. Ce n’était pas innocent si je faisais toute la rue qui était démolie pour en faire un immense bloc; la rue était là, je voyais tous ses fragments; c’était intéressant de les peindre; c’était en même temps être un témoin.

Il nous semble que vous avez plutôt tendance à user, parfois à outrance, de certaines couleurs fortes comme le rouge, par exemple. Le rouge est récurrent; nous pensons à certains tableaux: «Le Mur rouge», «Le Fauteuil rouge», «Le Rideau rouge»…

J’ai été longtemps marqué par toutes les couleurs de la Tunisie; j’en ai gardé un souvenir coloré, exalté, fulgurant, ensoleillé, qui ne m’a pas quitté et qui ne me quitte pas. Par conséquent, c’est plus qu’un souvenir que j’ai transporté, c’est dans l’essence même de ma sensibilité que j’étais marqué par ces couleurs de l’enfance, de la jeunesse et c’est évident que je les retrouve en permanence dans mon œuvre actuelle.

Pouvez-vous nous commenter la genèse de deux de vos œuvres marquant deux étapes différentes de votre carrière: le «Pont sur l’oued Méliane» et «Loin»…

En fait, en apparence, il y aurait dans «Pont sur l’oued Méliane» une influence du cubisme mais en réalité c’est tout simplement une intuition de composition de formes qui m’a entraîné à faire cette toile.

Car les différentes écoles en «isme», comme le cubisme ou le futurisme, sont des courants établis une fois les œuvres achevées. Le «Pont sur l’oued Méliane» est simplement une recherche de formes, qui s’est trouvée proche d’une œuvre cubiste.

Et «Loin»…

«Loin»… est par contre une œuvre récente; c’est au fond la vision d’affiches lacérées dans le métro. J’ai utilisé ces morceaux d’affiches et je les ai recomposés dans une forme que l’instinct commande mais qui est puisée sur la réalité, en notant les couleurs, ajoutant d’autres fragments comme ces graffitis ou ce buste de femme, qui mettent un peu de vie dans une œuvre qui peut paraître abstraite ou confuse.

L’œuvre à laquelle vous tenez le plus ?

C’est une œuvre qui s’appelle «Africa». Elle a été, en quelque sorte, commandée par une exposition très importante, consacrée au métissage artistique. Cette exposition, ouverte aux peintres du monde entier, visait à montrer comment des inter-influences se jouaient sur les artistes et les enrichissaient, bien entendu. J’ai rendu cette espèce d'hommage à l’Afrique, «Africa», symbolisé par des fragments d’affiches de toutes les couleurs qui me plaisaient et qui étaient fortes.

Entretien conduit par Rafik DARRAGI
http://www.lapresse.tn/culture/adgard.html


celtia.1@laposte.net

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Citron (Citron) le samedi 27 décembre 2003 - 00h54:

Mr Emile

sans l histoire on ne peut comprendre le présent !

vous dites tj "illi fét mét"
mais par exemple sans connaitre lhistoire du peuple juif, on ne peut pas comprendre la necessité de l etat d israel,
si on ne comprend pas ce qu'a fait la France avec les maghrébiens on ne peut comprendre la reaction des "beurs"...

remerciment au FTILEUR pour les information s apportés.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Slim (Slim) le vendredi 26 décembre 2003 - 21h37:

L'article d'Ahmed Halli est excellent. C'est l'un des meilleurs article sur le sujet du voile que j'ai lu depuis tres longtemps. Il y a une tres grande difference entre le Safsari que nos grandmeres portaient et le Hidjab d'aujourd'hui que les jeunes femmes, dites liberees, mettent sur leurs tetes pour couvrir leur matiere grise. Nos grandmeres n'avaient pas trop de choix, et beaucoup d'entre-elles obeissaient aux exigence sociales, et pas necessairement celles religieuses neceserrement. Des qu'elles ont eu l'occasion d'oter le Sefseri, elles l'ont fait.

Le hijab en soit n'est pas un danger, c'est la machine integrisete qui se cache lachement derriere qui est dirigee par des hommes qui represente reellement l'ultime danger pour les societes musulmanes et les autres par consequent.

Ces hommes observent leurs pouvoirs s'eroder a travers le monde, ils voient les femmes qui reclament leurs droit humain de vivre libres et d'etre traitees avec respect et intelligence, et cette vision leur fait peur. Aux yeux de ces hommes, les gains des femmes sont des pertes aux hommes. Ils n'arrivent pas a concevoir une version ou tous deux sont gagnants. Ils sont indoctrines et le lavage de cerveau a detruit toute metiere grise capable de voir une vision differente de la vie.

Ce hijab cache en general un probleme bien plus important dans les societes musulmanes: le manque de respect pour la difference et le manque d'opportunites dans la vie et l'isolement geographique, polititque, et religieux. Bien que l'Islam soit la deuxiemme religion mondiale cote nombre, cette religion demeure tres misterieuse voir meme une religion qui fait peur a des millions de gens. C'est en partie a cause de l'ignorance et l'indifference des societes non-musulmanes que cette vision existe, mais la fautre revient en premier et en dernier aux societes musulmanes elles-memes et surtout aux dirigent politiques et religieux dans ces societes. Ils sont miopes et s'obstinent a ignorer les problemes concrets qui detruisent le peu de progres qu'elles arrivent a experimenter. En fait, ils ont abdiques leurs devoirs face aux societes qu'ils ont promis de proteger et preserver. C'est aux elites et aux dirigents de montrer l'exemple, et sans leur appuie, leurs societes demeureront dans l'oublie et l'ignorance. C'est aussi le devoir des autres pays, surtout occidentaux d'aider ceux dans les pays musulmans qui luttent pour preserver le peu de libertes et differences qui y regnent et d'asphixier les cellules integristent qui grandissent en nombre dans les banlieues Parisienne, Londoniennes, et Berlinoises. En parlant du diable, si les societes occidentales continuent a proteger ces integristes et a leur offrir le refuge que ces memes personnes refusent aux autres, et bien ces societes occidentalas n'auront qu'elles-memes a blamer le jour ou ce diable integriste se retourne contre elles.

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le vendredi 26 décembre 2003 - 20h40:

Mon cher Djlachem,

Dans un sens tu as raison dans un autre non.
Chaqu'un interprete la religion comme ca lui convient.

Chacun s'est en servi de la religion comme drapeau pour son combat. En quelques mots l'usage de la religion est malhonete et exploite l'etre humain pour different buts.

Amicalement Emile qui ne connait pas ton nom.
Mirodirect@aol.com

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Claudia (Claudia) le vendredi 26 décembre 2003 - 19h11:

Terrorisme: les vols annulés d'Air France auraient pu servir à attaquer Las Vegas


WASHINGTON (AFP) - Les avions d'Air France, dont les vols ont été annulés mercredi et jeudi entre Paris et Los Angeles en raison de menaces terroristes, auraient pu être utilisés pour attaquer la ville de Las Vegas, rapporte vendredi le Washington Post.

Le gouvernement français, saisi par les autorités américaines qui lui ont fait part de "risques d'attentats", a décidé mercredi d'annuler six vols entre Paris et Los Angeles (trois allers-retours).

Selon les autorités françaises les vérifications des enquêteurs n'ont pas permis de confirmer les soupçons de Washington et le trafic doit reprendre vendredi, mais d'après des sources citées par le journal les services américains conservent des soupçons sur des passagers qui ne se seraient pas présentés à l'embarquement.

Des responsables américains, cités par le quotidien, ont souligné que si ces avions avaient effectivement été détournés, ils auraient pu attaquer Las Vegas, la grande ville la plus proche de la voie aérienne Paris-Los Angeles, et n'auraient probablement pas visé une ville plus éloignée comme New York.

En effet, explique le journal, depuis les attentats du 11 septembre 2001, la circulation des avions de commerce est étroitement surveillée, et si l'un d'eux sort de sa route sans explication crédible, des avions de combat sont immédiatement chargés de l'intercepter.

Or, "la seule grosse ville près de cette route (Paris-LA) est Las Vegas, qui est une belle cible, attirante pour (les terroristes)", a dit un des responsables.

D'autant que cette ville, la capitale du jeu, est considérée comme la citadelle de la débauche occidentale et une cible prioritaire pour le réseau al-Qaïda, ont ajouté d'autres responsables.

Les autorités françaises ont déclaré jeudi ne rien avoir trouvé qui étaye les craintes américaines.

Les listes des voyageurs ont été vérifiées de près, certains des passagers ont été interrogés, mais "aucun élément matériel ou humain - si infime serait-il - n'a été découvert. Il n'y a eu aucune garde à vue, aucune interpellation, aucune saisie opérée", a précisé une source policière.

Selon le parquet de Paris, les autorités américains avaient fourni un nom de passager suspect, mais l'homme en question, titulaire d'une licence de pilote, n'était sur aucune liste des passagers. Et l'enquête a montré que ce Tunisien, qui n'est pas connu des services antiterroristes français, est toujours dans son pays, a précisé le parquet.

Les responsables américains, cités par le Washington Post, gardent cependant des doutes sur cet homme ainsi que sur des passagers qui, selon eux, ne se sont pas présentés à l'embarquement.

"Nous sommes toujours intéressés par une conversation avec ceux qui ne se sont pas présentés", a déclaré au quotidien une source proche de l'enquête. "Davantage (d'informations) pourraient en sortir".

Haut de la pageMessage précédentMessage suivantBas de la pageLien vers ce message   Par Edmond (Edmond) le vendredi 26 décembre 2003 - 18h23:

Ce voile qui agite la France
de Ahmed Halli dans le Matin (d'Alger) du 23.12.03

Ce voile qui agite la France sur AlgeriEnsemble@wanadoo.fr


Réfléchissez bien avant de donner le moindre sou à ces quêteurs barbus qui vous sollicitent votre bon coeur. Le moindre centime pourrait financer le prochain attentat intégriste en Turquie ou en Irak. Chaque pièce ou billet que vous croyez donner aux musulmans qui souffrent peut payer la balle qui tuera votre frère ou votre cousin. Les fonds ramassés par les islamistes ne servent pas seulement à acheter des hôtels en Allemagne. Ils soutiennent directement l'« effort de guerre» des groupes intégristes. Quand les Algériens le disaient et faisaient mine de vouloir assécher les sources financières du terrorisme, on les accusait de porter atteinte à la solidarité islamique. Aujourd'hui, ce sont les Saoudiens qui l'affirment et leurs propos sont plus crédibles. Contrairement à nous, les éradicateurs saoudiens ne se laissent pas distraire en chemin par une « omra » ou par une prière surérogatoire. Ils se sont jurés d'extirper les racines du terrorisme et ils le font en bons jardiniers. C'est normal, ils savent ce qu'ils ont planté et l'endroit exact où le mal s'est enraciné. Le ministère saoudien de l'Intérieur a ainsi noté l'importance des sommes d'argent retrouvées chez les terroristes récemment arrêtés. Cet argent n'a pas été prélevé sur la cassette personnelle de Saddam mais sur celles des citoyens saoudiens. Il provient des quêtes qui se font, loin de tout contrôle, dans les mosquées, les écoles, les universités et les marchés. Les autorités saoudiennes savent désormais que l'argent qu'ils utilisent pour la propagation du wahhabisme peut être utilisé contre eux. Ils n'ont plus d'autre souci à se faire. La guerre du hidjab est gagnée. Le foulard islamique est désormais de mise de Baghdad à Casablanca. L'emblème de l'ignorance et de la superstition flotte aux vents de l'Est et de l'Ouest. En attendant ce Nord convoité et toujours inaccessible.
Voyez ! L'annonce d'une loi prochaine en France pour interdire le « hidjab » dans les écoles n'a pas provoqué la tempête attendue dans ce pays. Alors que les intégristes de Navarre font le dos rond, ceux de Beyrouth et du Caire fulminent. C'est un coup dur pour ceux qui croyaient reconquérir les banlieues de la France à défaut de l'Andalousie. Après avoir assuré sa domination sur le Machrek et le Maghreb, l'internationale du foulard veut sa revanche sur les croisés (c'est l'éternel argument de l'islam politique). Les laïcs écrasés ou convertis en pays musulmans, il reste la nouvelle bataille de Poitiers. Hélas, les avant-gardes installées à demeure ne sont pas aussi combatives que prévu. Malgré l'activisme de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et les moyens de pression financiers et moraux dont elle dispose, la « hidjab connections » piétine. Les troupes se dispersent et se laissent même tenter par le giron de la république laïque. Les cohortes en hidjab lancées à la conquête de la citadelle laïque risquent le sort des grandes compagnies. Imam attitré de l'UOIF et grand veneur en matière d'âmes féminines, Karadhaoui a appelé à la révolte. L'islam de France doit être aux couleurs de l'UOIF et porter hidjab. Karadhaoui revendique pour l'islam en Occident des privilèges que les pays musulmans n'accordent pas aux autres religions révélées. L'Egyptien Mohamed Selim El Aoua, qui a longtemps semé la mauvaise graine dans nos séminaires sur la pensée islamique, lui emboîte le pas. Feignant d'ignorer que la France est la fille aînée de l'Eglise, il dénonce l'interdiction faite aux filles musulmanes d'afficher leur soumission et leur statut d'inférieur. Dans un pamphlet publié par le quotidien qatari Al Raya, le prédicateur égyptien rappelle à Sarkozy et aux siens que le voile est une prescription divine. Il fait à peine mieux que Djamel Zitouni sommant Jacques Chirac de se convertir à l'islam. Selon lui, la question du voile islamique ne relève pas des affaires intérieures de la France mais de l'obéissance à Dieu.
C'est aussi le signal de la révolte à Beyrouth. Al Hayat, quotidien de Londres, a publié dimanche dernier à la une la photo d'une manifestation de protestation d'étudiantes libanaises. Elles sont toutes « hidjabisées », bien entendu, et ont l'air de ce qu'elles ne sont pas, des femmes libres. Quant aux étudiantes maronites, on ne leur a pas demandé leur avis et ça ne se fait pas en pays d'Islam. Al Hayat fait état de la lettre ouverte envoyée à Jacques Chirac par le chef religieux shiite Hussein Fadlallah. Ce dernier, qui n'a pas de penchants excessifs pour la tolérance et la liberté, estime que l'interdiction du port du voile est une atteinte à la liberté des musulmans de France. Fadhlallah ne voit pas comment un morceau de tissu peut menacer la laïcité en France. On voit très bien, par contre, ce que serait le sort d'un homme portant la kippa dans le quartier shiite de Beyrouth.
De Beyrouth à Damas, il n'y a que le pas d'un fantassin syrien occupant le Liban. De son côté, le mufti de la monarchie syrienne enjoint à Chirac de revenir sur l'interdiction du hidjab sous peine de perdre l'amitié des Arabes. Lui aussi proclame que le voile de la femme est un des fondements de l'islam. Il ne faut plus s'étonner alors d'entendre de jeunes Français musulmans proclamer que le voile « est un des cinq piliers de l'islam ».
C'est dans ce contexte que le correspondant à Beyrouth du journal en ligne Elaph est revenu sur l'affaire du hidjab de Khedidja Benguenna, speakerine à Al Jazira. Reprenant la formule rituelle utilisée par les starlettes égyptiennes « repenties », la speakerine a affirmé qu'elle avait « vaincu le diable ». En fait, l'article, non signé, attribue plutôt la reconversion de Khedidja à l'influence des Frères musulmans très présents au sein de la chaîne. A chacun son gourou. Khedidja, ex-speakerine de l'ENTV, a adopté le hidjab sur les conseils d'un prédicateur égyptien qui se produit également sur Al Jazira. Comme toutes les nouvelles converties, Mme Benguenna a attaqué les femmes qui ne portent pas le voile parce que « soumises au diable », selon Elaph. Ces attaques, note notre confrère, montrent bien le véritable objectif de cette opération même si Khedidja claironne que sa décision était une question personnelle. Un spécialiste des médias estime, en effet, qu'il s'agit d'une opération médiatique destinée à faire la promotion du voile. Il ajoute, cependant, qu'il serait erroné de penser qu'il s'agit seulement d'une décision à caractère politique et religieux. Khedidja n'a pas renoncé à l'exhibitionnisme (tabarroudj) puisqu'elle met des hidjab de couleurs vives comme le font les Malaisiennes et les Indonésiennes. Sa décision, ajoute-t-il, peut donc être motivée par l'âge.

Dans tous les cas, Khedidja a ajouté un boulet de plus au pied de la femme arabe.


Ahmed Halli – le Matin 23.12.03