Par Emma (Emma) le jeudi 07 septembre 2006 - 00h21: |
L'intégrisme, soupape du monde musulman
Finalement, il n'y aura pas de guerre entre deux cultures, juste une série de crises, où le peuple ne soutiendra ses «héros» qu'un temps.
Par Daniel Sibony
La défaite probable de Ben Laden donne raison à ceux qui ne l'ont pas suivi. Ceux qui en ont fait un héros attendaient qu'il gagne pour vraiment le suivre. Elle justifie aussi la réaction américaine, laquelle n'est pourtant pas sans injustice. On est loin de l'exigence des oulémas afghans après l'attentat: «Il faut que la réaction des Etats-Unis soit juste!» Phrase anodine mais abyssale: car la réaction à un attentat-suicide ne peut pas être juste quand ses auteurs (les vrais coupables, sauf à les prendre pour des robots) se tuent eux-mêmes dans leur acte, que leurs chefs se cachent dans des villes ou des cavernes d'un pays lointain. Les tueurs-kamikazes, qui ont une logique de suicide et de prise d'otages, arrachent à l'autre tout pouvoir de les juger: en disparaissant, ils rendent leur victime, si elle réagit, aussi «injuste» qu'ils disent qu'elle l'est; ce qui après coup «justifie» leur acte, et en fait même un acte de «justice divine»: il leur échappe autant qu'il échappe aux victimes. De sorte que les chefs religieux qui demandent «que la riposte soit juste» signifiaient aux Américains qu'ils ne doivent pas riposter, sauf à être injustes. Or ils ont riposté. Ils ont même, autre injustice, arrêté au mépris de leurs propres lois plus d'un millier de suspects; ce qui a peut-être fait cesser les attaques sur leur pays; car les terroristes ont besoin de ces lois, de la liberté qu'elles donnent, pour préparer leurs attaques.
D'ordinaire, quand on est devant cette exigence où la justice doit être sans faille ou n'être rien, la scène devient perverse et on tente de la déjouer en relançant le conflit jusqu'à ce que, du processus d'ensemble, émerge une autre issue, peut-être un autre effet de justice. Mais alors, dans le conflit, on ne peut pas gagner sur les deux tableaux: on ne peut pas gagner comme victime qui se fait plaindre et comme soldat qui frappe - au nom de Dieu ou du peuple. Du reste, jusqu'où la victime peut-elle frapper tout en restant une victime?
Autre fait curieux: à un moment précis, on a pu entendre que Ben Laden fut le héros de la «rue musulmane» dans de nombreux pays. Avant, c'était trop tôt, après, c'est trop tard. La petite fenêtre sur le non-dit s'ouvre et se ferme très vite. Des naïfs qui ont applaudi à l'attentat de New York s'étonnaient qu'on les fît taire. Ailleurs, le double discours qui s'ensuit chez certains peuples de l'Oumma (communauté des croyants, ndlr), notamment du Maghreb, a eu un effet dépressif: entre l'aspect nationaliste et l'aspect intégriste, entre ceux qui se veulent partenaires de l'Occident et ceux qui veulent le frapper, le tiraillement est peu propice aux grands élans.
Du coup, on peut deviner la suite: là où certains voyaient une guerre entre deux cultures, il y aura non pas une guerre mais une série de crises qui, chaque fois, dans les peuples islamiques, creuseront la faille entre la masse qui veut vivre avec l'Occident et la frange qui ne veut que lui nuire. Et dans la masse qui veut vivre, il y aura de «l'entre-deux-cultures», de l'entre-deux vivant qui fait que le peuple ne suivra pas ses «héros» intégristes, même s'il les aime un temps. Mais eux - les pauvres - crieront encore des choses fondamentales - celles qu'on laisse aux fondamentalistes pour pouvoir vivre tranquille. Eux continueront à célébrer leur credo qui, au fond, est une touchante confiscation d'un ou deux mots du langage. Celle du mot «soumis», d'abord: puisqu'en arabe, dire qu'on est «soumis» à Dieu, c'est dire de ce fait même qu'on est musulman; ce qui est gênant. L'autre confiscation concerne le mot Allah: qui nomme le Dieu biblique (celui de Jésus et de l'Occident), à ceci près qu'il décida, au milieu du VIIe siècle, de rejeter juifs et chrétiens parce qu'ils sont non soumis, c'est-à-dire non musulmans. Bien sûr, même si ces choses sont dans le Coran, les masses musulmanes ne passent pas leur temps à les remuer; cela va au second plan derrière l'envie de vivre. Mais, les intégristes, eux, les font remonter par à-coups à la surface comme on fait remonter la vase quand ça touche trop le fond. En ce sens, les intégristes seraient les victimes de l'Oumma: elle les charge d'exprimer de temps à autre la violence fondamentale ou fondatrice, et ils s'y brûlent, ils se retrouvent sacrifiés, pour qu'elle puisse, elle, vaquer à ses occupations. Elle, comme d'autres, se doute bien qu'on ne peut pas confisquer des mots de la langue, que même le mot «Dieu», on ne peut pas se l'approprier.
Et pourtant, voici qu'un autre mot, synonyme du mot Diable, a été confisqué: à Durban, la mouvance intégriste s'est emparée du mot «raciste» pour l'assener sur la tête de ceux qu'elle hait; elle a même proclamé: «sioniste = raciste» et «un juif, une balle». C'est de mauvais augure; encore de quoi avoir peur. Mais faut-il vraiment?
D'abord, Israël peut se défendre et les Etats-Unis ne le lâcheront pas - non parce que c'est la base de leurs intérêts pétroliers, là ce serait plutôt l'Arabie, et sous peu... l'Afghanistan -, mais parce qu'ils partagent un Dieu, qui se laisse donc partager; ou plutôt parce qu'ils partagent un Livre (l'Ancien Testament compte plus dans ce grand pays protestant et libéral que dans la France catholique ou jacobine). La Bible donc, qui est d'ailleurs le premier grand manuel «sioniste»: le retour à Sion y est clamé une page sur deux. Remarquons que les pointages «religieux» reviennent souvent dans cette affaire, pour leur portée symbolique plutôt que dévote.
Ensuite, si le mot «raciste» est confisqué, ce n'est pas plus mal, il avancera plus vite vers son pourrissement naturel. Quand des gens haineux vous accusent d'être «raciste», on voit clairement qu'ils parlent à leur miroir, qu'ils «projettent» comme on dit. Il n'y a peut-être pas de «racistes», il n'y a que des haineux identitaires qui cherchent à faire l'appoint de leur faille ou de leur faillite en la comblant de leur haine, en faisant payer leur déficit à cet autre qu'ils dénoncent, qu'ils totalisent, qu'ils ligotent pour le sacrifier. Mais il est peu probable qu'Israël soit sacrifié. Son opinion publique, du reste, tout en soutenant Sharon, veut un Etat palestinien. Et cet Etat lui sera «imposé» pour que soient sauvées les apparences de la «justice». Mais justement, à trop vouloir gagner côté image et apparences, on perd. Les Palestiniens pensent gagner à la fois comme soldats de la libération et comme victimes qu'ils deviennent lorsqu'on les poursuit et qu'ils sont de simples civils. Et ils gagnent en apparence, mais ça ne leur rapporte rien. C'est que, en outre, ce qui dans le monde islamique oppose intégristes et modernistes en fait plutôt des alliés au Proche-Orient: contre Israël. C'est pourquoi Israël doit se coltiner les islamistes sous l'œil vigilant de ceux qui ailleurs les combattent.
Car, pour corser les choses, deux complexes identitaires se détachent dans le paysage et tentent d'imposer leurs «lectures» de l'Histoire. Le complexe de l'Oumma qui, en cas de crise, ameute contre les coupables: l'Amérique et Israël. Réflexe communautaire qui a son analogue du côté juif, mais marqué de peur pour la survie (la survie, problème que n'a pas l'Oumma). Or un autre «complexe» existe aussi contre Israël et l'Amérique, chez certains intellectuels, surtout de filiation juive: c'est de médire de ses origines pour prouver qu'on est libre vis-à-vis d'elles. Bien sûr, la preuve n'est pas probante puisqu'on doit compulsivement, quoi qu'il arrive, taper sur son origine (juive ou occidentale) pour donner aux autres des gages d'authenticité. Le plus curieux est que, souvent, cela leur fait retrouver les mêmes accents «justiciers» que les porte-parole orthodoxes de leur origine: ainsi leurs diatribes contre «les crimes d'Israël» rappellent étonnamment celles des prophètes hébreux. C'est que l'identité juive est faite pour se combattre elle-même, dans l'espoir de s'améliorer; en principe. Et plus certains de ses membres la rejettent, plus ils s'y trouvent engagés ou empêtrés. Même l'idée que, dans le massacre des Twin Towers, les Américains «y sont bien pour quelque chose» rappelle l'argument analogue que des rabbins orthodoxes ont proféré sur les victimes de la Shoah: elles ont dû «pécher» pour être ainsi «punies»... Or elles ont sûrement «péché», étant des êtres humains, mais cela justifiait-il ces «justiciers»? Les méfaits d'Israël et de l'Amérique sont indéniables. Mais sont-ils introuvables ailleurs? Et cela justifie-t-il leurs «justiciers»? Même s'ils se posent en «victimes», et malgré le culte de la victime, peuvent-ils vraiment «gagner»?
Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le mercredi 06 septembre 2006 - 19h44: |
Slim, ce nom fugure dans la liste des noms sefarads. Voici un link:
http://www.modia.org/infos/israel/nomsefarad.html
Par Emile_Tubiana (Emile_Tubiana) le mercredi 06 septembre 2006 - 19h40: |
SLIM, voici des traces.
The Ben-Shabbats are a prominent family in Pardes Hanna, where CWO Ben-Shabbat's father, Avraham, is the cantor at a local synagogue. As the eldest of nine children, Yaakov "was the dominant one in the family," a relative said. "He would be consulted about everything. He loved the family and always looked out for it. Yaakov was especially close to his three children and loved people indiscriminately, whether they were Jews or Arabs."
Par Henri (Henri) le mercredi 06 septembre 2006 - 13h36: |
Charles-Emmanuel Guerin,
Chalom lehka et merci.
Par Braham (Braham) le mercredi 06 septembre 2006 - 10h50: |
Pour Slim
J'ai trouvé un site où il portait le titre de Imam Ibn Chabbat.
http://www.planetware.com/tozeur/the-oasis-tun-to-too.htm
En voici un extrait:
"... The water from the river and the artesian wells is channeled to the various land holdings within the oasis, in accordance with a complicated distribution system which still follows the ancient rules, through an intricate network of little open channels known as seguias. The regulations on the distribution were originally laid down by - I m a m - I b n- C h a b b a t - (d. 1282 in Tozeur) in a book written in the middle of the 13th century. Under this system each holding of land, depending on its situation, size and time of irrigation (morning, evening, etc.), is assigned a particular unit of time (khaddous), during which it is supplied with water through the seguias, all of which are of the same size..."
Peut etre que son nom designe une origine juive?
Par Mena (Mena) le mercredi 06 septembre 2006 - 06h45: |
Quelques jours en enfer (2ème et dernière partie) (info # 010509/6) [Analyse]
Par Charles-Emmanuel Guérin © Metula News Agency
De retour à Kiriat Shmona, je constatai que de nouvelles salves s’y étaient abattues. Pendant que je prenais des photos, d’autres Katiouchas sont tombées sur la ville et alentour. N’y connaissant personne, je ne savais pas où se trouvaient les abris. Je me suis protégé dans un garage de pierre, « c’est mieux que rien », ai-je pensé.
Les éclats ont touché trois maisons, détruisant fenêtres et volets, et ils auraient été mortels, si quelqu’un s’était trouvé à proximité des ouvertures. La voiture est perforée. Les éclats ont percé la carrosserie avec plus de force de pénétration qu’une balle de fusil-mitrailleur.
Par Slim (Slim) le mercredi 06 septembre 2006 - 03h25: |
Une question pour changer de sujet:
L'oasis de Tozeur qui compte plus de 200000 palmiers a un system d'irrigation qui a ete developer au 13eme siecle par un poete et mathematicien dont le nom est Ibn Chabbat (Ben Chabbat). Serait-il juif Tunisien?
Par Michka (Michka) le mardi 05 septembre 2006 - 23h52: |
A ne pas manquer, les interventions d'Anne-Marie Delcambre sur RockIk.com.
http://www.libertyvox.com/files/RocKIK_AnneMarieDelcambre_060828.mp3
Anne-Marie Delcambre. Docteur d'Etat en droit, docteur en civilisation islamique, professeur d'arabe au lycée Louis-le-Grand à Paris.
Par Shalom (Shalom) le mardi 05 septembre 2006 - 21h46: |
Enfin! Apres une semaine de manque,Harissa revient sur les ordinateurs de "Freenaute" , grâce à la percévérance de MEYER.
Je ne pensé pas que nous etions si accro que ça de Harissa. Il manquait quelque chose.
Merci encore à Meyer.
Shalom
Par Meyer (Meyer) le mardi 05 septembre 2006 - 20h19: |