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LA HENNA ou HENNE chez les Juifs de Tunisie

LA HENNA ou HENNE chez les Juifs de Tunisie

 

 

La première chose, c’est les fiançailles. Cela consiste en une petite réunion familiale au cours de laquelle on annonce : nous allons fiancer notre fille avec le fils d’un tel, Dieu les bénisse et bonne chance ! Cette cérémonie, on peut la faire ou ne pas la faire.
L’essentiel, c’est les fiançailles officielles.

Bon. Le jour des fiançailles on invite les proches des deux familles, on se réunit, on offre quelque chose, on passe une soirée, et la chose est devenue connue, officielle. Le jeune homme donne à la jeune fille une bague, les notaires viennent et on rédige le contrat (ktobba). A partir de ce jour commence la période dite « amouri ».

Chaque soir, après son travail, le fiancé va faire sa toilette, se change et se rend chez la jeune fille.

Et la vierge elle aussi se sera changée, arrangée.

Ils entrent tous les deux dans une chambre et s’assoient sur une banquette. Naturellement la chambre reste ouverte.

Et ils se mettent à causer tranquillement.

La coutume veut que chaque jour le jeune homme apporte à la jeune fille quelque chose, un cornet de bonbons, un paquet d’amandes décortiquées, de pistaches, de noisettes, ou de n’importe quoi.

Quelquefois, s’il est à son aise, il apporte une pièce d’orfèvrerie. ceci, l’hiver. Mais si c’est l’été, il l’emmène en banlieue, ils y passent la soirée et dînent dans quelque restaurant. Ensuite ils rentrent et le fiancé accompagne sa fiancé chez elle en fiacre ou en taxi.

Et cette situation se prolonge jusqu’à ce que la jeune fille ait terminé son trousseau, que le mobilier soit prêt et qu’ils aient trouvé à louer une maisonnette.

Alors s’ouvre le mariage.

La soirée de la Henna est la soirée de la grande fête. Pour ceux qui, Dieu soit béni, ont de quoi, c’est cette soirée-là qui comprend la musique, l’orchestre, c’est là qu’on offre le plus à manger et tout le reste.

La plupart du temps, cela se passe dans la maison de la jeune fille, sauf si, que Dieu ne le permette pas, elle est en deuil, ou bien si elle est orpheline de père et de mère.

En tout cas, c’est un événement qu’on commence à préparer des semaines avant.

D’abord, tous les après-midi, toutes les jeunes filles qui ont le temps, se réunissent pour préparer le trousseau : les parures, les robes, les vêtements, les foutas, les foulards de tête, les mouchoirs... Et tout est brodé, peint. Et tu vois ces dentelles, ces broderies anglaises, ces rubans débordant dans la maison. Oui, et plus urgent encore que tout le reste, la robe de mariage et le voile.

Mais le point culminant est atteint dans les deux ou trois jours qui précèdent juste la henna.

D’abord il y a à préparer la cuisine, le souper, s’ils en offrent un, ou bien l’assiette garnie qu’on offre aux invités, les salades au vinaigre, les conserves au citron, la minina, les gâteaux, et, par le poisson (bel hout), abondance de toutes choses.

En même temps, dans la maison du fiancé, on prépare la corbeille de la henna. Le soir, pendant que l’orchestre joue, que le buffet fonctionne, boukha, anisette, et de quoi les accompagner : boutargue, olives, salade de carottes et de navets au vinaigre, arrive la corbeille, accompagnée de cris de joie, de chants, de danses. Et cette corbeille que contient-elle ? D’abord, avant tout, naturellement, le henné. Tout le fond de la corbeille est recouvert de henné. De tous les côtés, la corbeille est ornée de foutas de soie de toutes couleurs. C’est pour la mariée. Avec le henné, il y a un débordement de dragées. Quelquefois, il y a des petits flacons de parfums, d’essences, et de produits de beauté. De plus, la mariée trouve dans la corbeille un bijou important, c’est à dire pas un hochet, mais un bijou sérieux, un bracelet d’or ciselé et incrusté de pierreries, un bracelet-montre qui soit pas mal, un pendentif, un collier d’or, une paire de boucles d’oreilles, tu sais bien, de la bijouterie.

Sur le bord de la corbeille, tout autour, que trouve-t-elle ? Des chaussures tutti frutti, des souliers à talons hauts, des babouches, des pantoufles, des mules à petits talons ou plates, du velours et du lamé, que te dirai-je ? une douzaine et demie, peut-être davantage, ajoute encore des socques, basses et hautes, recouvertes d’argent, que jamais, à aucun jour de sa vie, la mariée ne pourra mettre à son pied... et tout cela est pour la mariée.

Mais la coutume est de ne pas oublier les petites amies et les jeunes filles de la famille qui ont travaillé pour elle, et se sont dépensées, et l’ont aidée. Alors, à ce moment les jeunes filles se rassemblent autour de la mariée, laquelle se met à introduire la main dans la corbeille pour en retirer des petits sachets. Sur chacun de ces sachets est écrit le nom d’une des jeunes filles. La mariée dit : « celui-ci est pour une telle, celui-là pour une telle ». Elle embrasse la jeune fille nommée et lui donne le sachet. En l’ouvrant la jeune fille y trouvera un peu de henné, henné de mariage, porte-bonheur, quelques dragées, et une petite pièce de bijouterie.

Lorsqu’on en a fini avec cette histoire de corbeille, la mariée s’installe avec le jeune homme à ses côtés, les gens s’asseyent, et l’orchestre entre en jeu.

Quelquefois, il y a une artiste, une danseuse. Alors commencent tantôt les chants et les danses et tantôt le taalil sur les jeunes filles et les jeunes gens présents, et les gens de jeter de l’argent à l’orchestre.

Pendant ce temps, le coiffeur sert les assiettes anglaises. Et la soirée se prolonge de la sorte quelquefois jusqu’au matin. Lorsque les étrangers s’en vont, les gens de la famille s’asseyent, on dresse la table et on sert la bqayla.

 

MERCI A MONSIEUR DAVID COHEN, AUTEUR DU LIVRE « LE PARLER ARABE DES JUIFS DE TUNIS » EDITIONS MOUTON & CO

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Bonjour à toutes
M fille se Marie dans 1 mois et je voudrais savoir quelles sont les chansons et coutumes modes henné Juifs tunisiens pour perpétuer la tradition
Merci

Et le hammam? Et la hjama? Et, dans les grandes villes, la synagogue? Et la cérémonie de la héna proprement dite? Et la cérémonie de l'habillage du hatane? Et la remise de la dot? Et j'en oublie, et j'en oublie. Un mariage est une chose sérieuse chez nous. Pas comme ces sauvages d'ailleurs qui ne savent même pas se marier

"Le coiffeur sert les assiettes anglaises". C est intéressant.

du "thour" (circoncision),au mariage,les traditions adoptées par les tunisiens, de confession juive ou musulmane, sont quasi-identiques........hamadi khammar

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