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Tunisie: Abus, excès de zèle des policiers... la police tunisienne est-elle une police des moeurs?

Tunisie: Abus, excès de zèle des policiers... la police tunisienne est-elle une police des moeurs?

 

HuffPost Tunisie  |  Par

 

POLICE - "Où tu étais? Tu étais dans un bar?", "Tu as bu combien de verres?", "une fille ne doit pas boire, sors de la voiture", "que dirait ton père, si il te voyait?", des phrases (trop) souvent énoncées par les forces de l'ordre tunisiennes lors des contrôles de routine... La police tunisienne est-elle une police des moeurs?

La réponse est positive pour Mak Kassraoui, un journaliste tunisien qui aurait subi un harcèlement policier sous couvert de motifs religieux, alors qu'il rentrait chez lui en taxi collectif.

L'échange entre les policiers et les passagers est accablant. Le policier aurait cherché à savoir le niveau de consommation d'alcool parmi les passagers sur un ton agressif.

Comme Mak Kassraoui, Rania (pseudonyme) raconte au HuffPost Tunisie avoir subi la même chose et à plusieurs reprises: "Je sortais avec des amis d'un bar, j'avais bu mais je n'étais pas au volant. On se fait arrêter par une ronde de police. Ils demandent nos cartes d"identité. Ils nous demandent ensuite de sortir de la voiture et veulent savoir si on a bu, et combien. On est restés à attendre près de vingt minutes".

Exaspérée, Rania demande à l'un des policiers en quoi le fait d'avoir bu est illégal, alors qu'elle ne conduisait pas. Une question qui aurait déplu aux policiers qui les ont menacés de les emmener au poste "s'ils continuent à être irrespectueux via à vis d'eux".

Le policier a-t-il le droit de procéder à un tel contrôle?

"Lors d'un contrôle d'identité de la police, vous êtes tenus de coopérer mais le policier n'a pas le droit de vous demander si vous avez bu ou pourquoi telle personne vous accompagne ", a déclaré au HuffPost Tunisie Oussema Helal, juriste.

Que dit la loi? 

L'article 317 du code pénal relatif aux infractions à la morale publique stipule que sont punis de quinze jours d’emprisonnement et de quatre dinars huit cent millimes d'amende ceux qui se trouvent sur la voie publique ou dans tout autre lieu public, dans un état d'ivresse évidente.

Cet article est censé protéger la personne qui a a bu, ainsi que l'ordre public. Or une personne qui prend un taxi ou rentre avec un ami qui n'a pas bu après une soirée arrosée, ne met nullement en danger quiconque au contraire, c'est absurde de les harceler", a-t-il renchéri.

"Prouver l'état d"ivresse évidente doit se faire conformément à la loi et selon des analyses scientifiques. Or dans les procès verbaux rédigés par les policiers dans ces affaires, ils marquent: 'On a senti l'odeur de l'alcool', une expression qui n'a aucune valeur scientifique. Et vous avez beau protester, la parole des policiers est sacralisée par le juge", déplore le juriste.

Oussema Helal s’alarme d'une évolution inquiétante en terme de répression, "qui a débuté avec les non jeûneurs harcelés au moins de ramadan, en passant par les homosexuels puis les buveurs d'alcool", a-t-il fustigé.

"Les contrôles de police se font souvent à la sortie des bars. On attend quoi des gens qui sortent des bars à part avoir bu. À ce moment on interdit la vente d'alcool !", a-t-il ajouté.

Faut-il rappeler la loi aux policiers, sachant que l'article relatif à l'outrage à un agent public est agité comme une épée de Damoclès?

"Il faut essayer de faire comprendre calmement aux policiers qu'ils sont hors la loi, comme pour tout abus similaire. Si ça dégénère, il ne faut surtout pas signer le procès verbal rédigé par les policiers au poste", prévient-il.

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