L’âge où des petits souvenirs prennent de grandes proportions, par Albert Siméoni

L’âge où des petits souvenirs prennent de grandes proportions, par Albert Siméoni

 

Nous voilà arrivés à l’âge où des petits souvenirs prennent de grandes proportions.

Au lieu d’être dévalorisés, ils rivalisent entre beauté et nostalgie. Et à mesure que le temps passe voilà qu’ils occupent mon quotidien. Notre quotidien.

D’un petit détail, d’un bout de fil de souvenir suivent d’autres d’affilés et je me dis ‘…Est ce que j’ai encore autre chose à raconter…. ? Jusqu’où vais-je remonter le fil mon temps… ?’

La période de mon enfance et adolescence retiennent plus mon attention que La plus récente et pourtant elle n’est pas si longues que cela. Elle commence à partir de 5 ans jusqu’à 25.
Soit 20 ans mais en 20 ans que de choses vécues, que de plaisirs partagés, que de tristesse aussi.

Lorsque, j’ai décidé de raconter mes souvenirs soit il y a 22 ans, en 89, j sur HARISSA.COM, j’étais bien loin d’accumuler autant de faits réels. D’anecdotes célèbres, de remettre en selle des échos, des bruits, des odeurs des décors technicolors qui avec le temps se sont transformés aujourd’hui en d’autres décors bien loin de ressembler à ceux que j’ai connu.

Les amis ont vieilli. La Goulette a changé sauf qu’elle est toujours restée ainsi nommée.

Des endroits se sont transformés et leur âme s’est solubilisée avec le temps présent.

J’ai toutefois gardé tout ce qui ne pouvait être soluble dans le temps car celui là ne peut l’être.
Que de fois, en y retournant là bas j’ai placé le contexte de tous ces nouveaux décors dans l’ancien car ils ne sont plus intimement liés à mon vécu.

Je refuse de voir la réalité des choses, celle d’une Goulette qui ne transpire plus son ancien parfum, ses anciens décors.
Je ne peux que recadrer mon vécu, car si je le faisais pas, je ferai perdre à ma ville, cette mémoire qui a fait d’elle un grand lieu de rencontre, de rassemblement, un grand brassage culturel, cette culture qui nous a tant donné de bonheur.
Nous avons contribué chacun à sa façon de reluire cette époque poussiéreuse. Cette époque dans laquelle se reflétait notre insouciance, sans doute parce que nous étions jeunes, encore verts et pas matures.

La maturité nous apprend qu’elle a du bon . La maturité réveille nos anciens sentiments et elle fait de nous aujourd’hui des témoins bavards. Amoureux des anciennes choses.
Pourquoi donc sommes nous si pressés à raconter, ces si belles choses si ce n’est l’envie de rappeler aux autres qu’il a bien existé autrefois un pays de cocagne. Une ville aux mœurs variées.

Un creuset, un chaudron qui bout encore en nous et qui comme un volcan endormi éjecte sa lave des années plus tard dans le ciel bleu de notre mémoire.

Cet engouement pour sa ville natale ne nous est pas personnel. Il est universellement reconnu par tous ceux qui ont goûté à des moments paisibles sans outrage envers le passé.

Je ne me lasse de cela.

Une vie heureuse n’est pas point faite d’argent. Juste d’un casse croute tunisien, d’une brik à l’œuf d’une voix ancienne croisée sur un boulevard parisien et se dire qu’après tout avoir été indigent, entouré d’amour par sa famille, cela forme l’esprit et me permet de raconter au delà du rêve des faits réels.

Albert Siméoni

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