MARANE – Histoire réelle !! 

Cette histoire est tellement forte que j’ai décidé de la traduire de l’hébreu et de vous en faire profiter ! [Traduction par David Pitoun]

Elishaï habitait à quelques maisons de chez moi. C’était un bon garçon. Il était plus jeune que moi de quelques années. Il travaillait avec de jeunes émigrés d’Ethiopie et de l’ex-URSS dans un centre de formation pour ingénieurs, dans le cadre de la préparation à l’armée.

Il y a environ un mois, Elishaï parti pour les Milouim, durant une semaine dans un coin perdu du sud du pays, où la chaleur de la fin septembre s’entêtait à ne pas laisser l’automne arriver.

A la fin de la semaine, dans l’autobus qui le ramenait chez lui dans le nord, monta à mi-chemin un monsieur d’un certain âge à la barbe blanche, habillé d’un Frac (long vêtement des Rabbanim) et coiffé du chapeau des Dayanim.

Le Bus était plein. Une place était libre à côté d’Elishaï. Le Rav pris place à ses côtés et entama la discussion par des commentaires sur la Parasha de la semaine, puis dévia sur le Daf Ha-Yomi (page Talmudique quotidienne), et sur des sujets d’Hala’ha.

Le voyage se prolongea ainsi. Ils arrivaient bientôt à Tibériade.

Ils étaient presque arrivés lorsque le Rav s’intéressa aux activités d’Elishaï. Il lui demanda :

« Que fais-tu dans la vie ? »

Elishaï lui expliqua son travail avec les jeunes, qui pour beaucoup d’entre eux étaient très éloignés de la Torah et de la pratique des Mitsvot. Le Rav garda le silence. Au bout de quelques minutes, le Rav rompit le silence et dit à Elishaï :

Dans quelques mois je pars en préretraite d’un poste de Dayan que j’occupe dans un Beit Din depuis maintenant 25 ans. Mais sache que je n’ai pas toujours été tel que tu me vois aujourd’hui. Les vêtements que tu vois, le chapeau la barbe, tout ça n’est pas d’origine ! Mes parents étaient des vieux rescapés de la Shoah. Ils n’avaient pas la possibilité morale de me donner toute l’attention que je réclamais. Je trainais dans les rues. Je suis très vite arrivé à fréquenter des quartiers de délinquance avant même l’âge de Bar Mitsva ! A côté de la maison de mes parents, il y avait une synagogue attenante à un grand terrain de football où j’allais jouer avec mes copains toute la semaine, et en particulier le Shabbat. Il n’était pas rare que le ballon volait dans la cour de la synagogue. Un jour, le ballon a même brisé une des vitres de la synagogue.

Je me souviens d’un fait. J’avais alors 15 ans et dans le quartier on m’appelait « le voyou ». Un Shabbat, nous étions en train de jouer dans le terrain, et j’avais donné un grand coup de pied dans le ballon qui sortit du terrain et vola en direction de la synagogue très précisément au moment où le Rav de la synagogue sortait. Le ballon heurta le chapeau du Rav et le fit tomber à terre. Mes copains et moi-même étions nous aussi à terre à éclater de rire voyant le chapeau du Rav devenu une assiette qui vole dans les airs ! Le Rav de la synagogue ramassa son chapeau et s’approcha de moi sur le terrain. Je lui dis avec effronterie :

« Shabbat Shalom ! Veux-tu peut-être nous faire le Kiddoush ou bien jouer avec nous ! »

Le Rav de la synagogue ne fut pas choqué. Il me regarda et me demanda :

« Où sont tes parents ? »

Je lui répondis avec encore beaucoup d’effronterie :

« Mes parents sont morts ! »

Le Rav de la synagogue me dit calmement :

« Viens avec moi. »

Cela me semblait si amusant que je décidais de jouer le jeu et de le suivre.

Nous sommes arrivés chez lui. Le Rav fit le Kiddoush et me donna à goûter le vin.

Le Rav me demanda :

« As-tu faim ? »

Je répondis :

« Je meurs de faim ! »

Le Rav fit signe à la Rabbanit d’apporter toutes sortes d’aliments succulents.

J’ai mangé comme quelqu’un qui n’avait pas mangé depuis une semaine. Le Rav mangea très peu. Il me regardait. J’appris plus tard que j’avais tellement mangé que j’avais aussi mangé sa part !

Lorsque je finis de manger, le Rav me damanda :

« Es-tu fatigué ? »

Je répondis :

« Je suis mort de fatigue ! »

Le Rav me prépara un lit.

Je dormis durant tout le Shabbat. Lorsque je me suis réveillé, le Shabbat était déjà sorti.

Le Rav me demanda :

« Que vas-tu faire maintenant ? »

Je répondis :

« Je vais aller voir un film au cinéma. »

Le Rav demanda : « Combien coûte le cinéma ? »

Je répondis :

« Une Lire et demi (ancienne monnaie israélienne). »

Le Rav me donna l’argent et me dit de revenir demain.

Je suis revenu le lendemain. J’ai mangé, bu et reçu l’argent pour le cinéma. Et ainsi chaque jour.

Avec le temps, je me suis rendu compte que le Rav s’occupait ainsi de 12 autres enfants des rues !

Je ne voulais pas être un ingrat. Je commençais même à aimer ce Rav !

Petit à petit, le Rav commença à m’apprendre quelques Mitsvot comme la Nétilat Yadaïm. Il m’offrit des Tefilin. Il consacra du temps pour étudier avec moi un peu de ‘Houmash, des Mishnayot, des Hala’hot … Avec le temps, je suis allé grâce à lui à la Yéshiva. Je suis parvenu à me présenter aux examens de la Rabbanout, et un peu plus tard, aux examens de la Dayanout. Il m’a marié. Il a participé aux mariages de mes enfants, et il a même été le Sandak de mes petits enfants.

Si je te raconte tout ça c’est simplement pour que tu ne perdes pas espoir de ces jeunes dont tu t’occupes ! Regarde-moi aujourd’hui ! Dayan dans un Beit Din ! Mais à l’origine, j’étais comme eux !!

Alors aime-les ! Aime-les comme tes propres enfants !! »

Entre temps, l’autobus arrivait en gare routière de Tibériade. Les voyageurs descendirent du bus.

Mais Elishaï interrompit encore le vieux Rav :

« Comment s’appelait ce Rav à qui tu dois ta Téshouva ? »

Le vieux Rav lui répondit :

« Pourquoi parles-tu au passé ?! Il est encore en vie ! Il a certes 92 ans mais il est encore en vie ! »

Elishaï lui demanda :

« Et quel est son nom ? »

Le vieux Rav répondit :

« On l’appelle Rav Ovadia YOSSEF. »

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