En 2017, ces Tunisiens meurent de froid et vivent dans des gourbis

En 2017, ces Tunisiens meurent de froid et vivent dans des gourbis
HuffPost Tunisie  |  Par    Rihab Boukhayatia

Alors que la Tunisie est figée par un froid glacial ces derniers jours, certains Tunisiens n'ont pas les moyens les plus élémentaires pour y faire face, dénués de conditions de vie dignes et vivant dans un contexte qui peut être meurtrier.

Une fille de 9 ans est décédée, il y a deux semaines, à cause du froid à Ain Drahem, a rapporté Mosaïque Fm.

La maladie, le froid, la pauvreté ont achevé Rania, qui étudie en 5ème année primaire. La petite fille qui a subi récemment une opération chirurgicale n'a pas pu supporter le grand froid. Victime d'une hausse de température, elle n'a pas pris de médicaments mais a été soignée par des méthodes traditionnelles, faute de moyens, a raconté le père de Rania sur les ondes de Mosaïque Fm.

Ce dernier décrit des conditions de vie lamentables, avec en guise d'habitation pour la famille, un gourbi et quelques draps pour affronter l'hiver.

Autre histoire rapportée par le magazine Yawmiyet Mouwatenn est celle de Lamâa de Awled Hafouz (gouvernorat de Sidi Bouzid) qui vit avec son bébé et son mari dans un gourbi. Les membres de cette famille étaient logés chez le beau-père de Lamâa , mais ce dernier les a mis à la porte, sa maison est trop petite pour abriter tous les enfants. C'est ainsi que Lamâa et sa famille se sont trouvés sans domicile, ayant pour refuge une hutte qui sert de chambre, cuisine, etc. Lamâa vit ainsi avec quatre dinars par jour et grâce à l'aide de quelques voisins.

Dans les zones rurales de Awled Hafouz, 89. 1 % des foyers, sont sans cuisine et dans 85.45%, il n'y pas de salle de bain, a rapporté le reportage.

Dans ces deux histoires, le mari est sans emploi ou travaille occasionnellement comme c'est le cas du mari de Lamâa. Les deux familles ont sollicité les autorités locales en vain et dans ces deux situations, la première victime c'est principalement les enfants.

Que fait l'Etat?

Pour le gouverneur de Jendouba, Akrem Sebri, des familles dans telles situations, il y a des milliers en Tunisie, a-t-il précisé sur les ondes de Mosaïque Fm. C'est ce nombre important qui explique selon lui, le fait que l'Etat soit incapable de prendre en charge en même temps ces situations. "L'Etat traite ces dossiers par priorité, les dossiers où il y a un père handicapé ou âgé de plus de 50 ans et sans ressources sont traités en priorité mais nous examinons ce qui est de notre ressort pour les autres", a-t-il expliqué.

En attendant ainsi leur tour, ces familles sont livrées à elles-mêmes et des enfants sont élevés dans des conditions pitoyables.

À noter que selon les derniers chiffres de l'Institut national des statistiques (INS), la pauvreté dans les milieux non communaux (hors périmètres communaux) atteint la barre de 26%. Au total, il y a 1.693.968 pauvres en novembre 2015 et 320.938 personnes extrêmement pauvres au cours de la même période. La pauvreté extrême se situe au niveau national à 2.9% dont 2.1% dans les milieux communaux et 6.6% dans les milieux non communaux.

L'INS note également une baisse importante du taux de pauvreté en Tunisie en 2015 et ce, en comparaison avec l’année de base (2010), soit avant la Révolution en se référant aux résultats de l’enquête le taux de pauvreté est passé en Tunisie de 20.5% en 2010 à 15.2 en 2015. Ces chiffres ont soulevé la polémique; après Fadhel Ben Omrane, de Nidaa Tounes qui a accusé l'INS d'induire l'opinion publique en erreur, c'est au tour de Monji Rahoui de contester l'authenticité de cette statistique: "Vous mentez comme l'a fait Ben Ali avant" accuse Rahoui l'INS sur les ondes de Express Fm. Il explique que la pauvreté n'a cessé de grimper dans les milieux populaires et marginalisés.

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