La Tunisie menacée par l’avancée du désert

La Tunisie menacée par l’avancée du désert

 

Tunis a annoncé le 27 mars un plan national pour lutter contre la raréfaction de ses ressources en eau, problème accentué par l'avancée du désert. Aux dires mêmes des autorités tunisiennes, 75% des terres cultivables du pays sont menacées par le processus de désertification. Un phénomène ancien lié notamment à la déforestation. Et à l’agriculture industrielle.

De manière chronique, la Tunisie est confrontée à la sécheresse. Malgré la hausse de la pluviométrie au cours de l'hiver. A l'occasion de la Journée mondiale de l'eau, les pouvoirs publics ont annoncé le 27 mars 2017 un plan national d'économie de cette ressource, qui s'étalera sur quatre ans. 

Le problème est aggravé par le prcessus de désertification qui toucherait 75% des terres cultivables, aux dires mêmes des autorités tunisiennes.

S’il touche le centre et des régions situées au nord de la Tunisie, le phénomène est particulièrement préoccupant dans le sud. «Des villages disparaissent progressivement sous les dunes», constate ainsi un (excellent) article du site motherboard.vice.com. L’élévation progressive des dunes de sables étant «sans doute le signe le plus impressionnant de l’impact» de l’avancée du désert.

Pour autant, le phénomène n’est pas nouveau. A l’époque néolithique, le Sahara était un espace de vie où, avec l’homme, évoluaient éléphants, girafes, vaches et chevaux, comme le prouvent les peintures rupestres du Tassili en Algérie. Mais le désert a progressivement gagné sur cet espace, en Tunisie et ailleurs. Notamment aux époques phénicienne et romaine, en raison notamment de l’érosion, liée à la surexploitation du milieu.

La désertification s’est accélérée à l’époque moderne. Et aujourd’hui, selon les Nations Unies, «la perte des terres arables serait de 30 à 35 fois plus rapide que le rythme historique»! Dans ce contexte, «la Tunisie n’est plus la Tunisie verte, comme on l’appelait dans le passé», se lamente le site kapitalis.com.

L'avancée du désert a de multiples causes. Elle est ainsi provoquée par l’abattage des arbres et l’arrachage des végétaux, le pacage des animaux et, à l’époque moderne, la culture et l’élevage intensifs. «Les vents constituent un agent d’érosion et de désertification parfois plus spectaculaire que (le ruissellement des) eaux courantes», constate kapitalis.com. L’ensablement qu’ils provoquent contribue à la stérilité des sols. Laquelle augmente la salinité de l’eau, qui la rend impropre à la consommation.

Dans le même temps, l’accroissement de la population a contribué à l’extension des terres cultivées. Laquelle s’est faite aux dépens des régions forestières, steppiques et de pâturages, «dont la superficie s’est réduite de 32% en faveur de l’agriculture», selon kapitalis.com.

Planter des arbres avant toute chose
Les populations les plus touchées sont souvent les plus pauvres. Des populations parfois obligées de quitter des maisons et des lieux de vie qu’elles occupent depuis des générations.

Ainsi, au Vieux Malhel, village du sud tunisien, sur 500 résidents, des agriculteurs en grande majorité, il ne reste plus qu’une famille et un couple de retraités français, raconte motherboard.vice.com. «Tout le village n’est plus qu’une immense vague de dunes de sable», alors que «des vestiges de maisons, écuries et cimetières parsèment le paysage». Dans la région, les habitants sont souvent d’origine nomade et ont été sédentarisés dans les années 60 quand la loi a imposé la scolarisation obligatoire. Aujourd’hui, ils doivent souvent être relogés ailleurs. Au Vieux Malhel, un nouveau village a été construit à 1 km de l’ancien.

De leur côté, les pouvoirs publics tunisiens n’ont pas attendu pour lutter contre la désertification. Le pays est membre de l’Observatoire du Sahara et du Sahel, «organisation (…) intergouvernementale à vocation africaine, créée en 1992 et établie à Tunis (…) dans les zones arides, semi-arides et (…) sèches de la région».

Conscient de l’ampleur de ce fléau depuis les premières années de l’indépendance, le gouvernement a «institué la fête de l’arbre dès octobre 1958. Depuis, cette fête est célébrée chaque année le deuxième dimanche du mois de novembre. Elle est marquée par la plantation de milliers d’arbres», rapporte kapitalis.com. 

Les agriculteurs sont incités à créer des plantations de palmiers à la frontière avec le désert. «Les immenses palmiers agissent comme une barrière naturelle contre l’érosion et les déplacements des dunes, et protègent les villages environnants», constate motherboard.vice.com. Autre technique de lutte: un programme d’installation de filets et de clôture sur les dunes.

Reste que la dégradation des terres dépasse le seul cadre de la Tunisie. Le phénomène est mondial. Selon l’ONU, il concernerait aujourd’hui «1,6 milliard de personnes dans le monde». Et d’ici à 2045, il pourrait pousser 135 millions de personnes à prendre les routes de l’émigration, prévoient les Nations Unies. Zone risquant d’être la plus touchée: la région du Sahara-Sahel…

Par Laurent Ribadeau Dumas

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