Les positions changeantes de Trump sur Israël

Les positions changeantes de Trump sur Israël

 Par Amandine Seguin, L'Express

Après le sommet des dirigeants arabes en Arabie Saoudite, Donald Trump débute ce lundi une visite en Israël. Retour sur son positionnement, qui a souvent changé.

C'est une visite très attendue. Les actes et les mots de Donald Trump seront scrutés à la loupe lundi et mardi à Jérusalem et à Bethléem, en Cisjordanie occupée. Son administration a affiché une volonté de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Les premiers mots du président américain sur le sol israélien ont été pour souligner l'existence d"une rare opportunité" d'apporter la paix dans la région. Une ligne modérée qu'il n'a pas toujours tenue. 

La neutralité en début de campagne
En tout début de campagne, le candidat Trump avait une attitude plutôt neutre sur la question du conflit israélo-palestinien. Il se définissait comme un négociateur. Une position qui apparaissait comme "une inflexion par rapport à la ligne très pro-israélienne de tous les candidats républicains" analyse pour L'Express Corentin Sellin, professeur agrégé d'histoire, spécialiste des États-Unis. Cette orientation n'a pas duré longtemps. 

Un soutien affiché pour Israël
Son discours a nettement évolué au fil de la campagne. Très rapidement, Donald Trump s'est aligné sur la position de son parti. Un revirement qui s'explique par l'opinion dominante pro-Israël au sein du parti républicain. "Il est impossible de désigner un candidat républicain qui n'aurait pas un avis très tranché sur Israël", pointe Corentin Sellin qui rappelle que "Georges Bush Jr avait promis de déplacer l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem". Le candidat Trump a donc lui aussi promis pendant sa campagne de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade des États-Unis actuellement située à Tel-Aviv, rompant ainsi avec la communauté internationale et des décennies de diplomatie américaine. 

Une opposition à l'accord nucléaire avec l'Iran

Cependant, contre toute attente, Donald Trump a durci sa position en allant plus loin que celle du parti républicain. Il n'a ainsi pas hésité à cogner très dur sur l'accord nucléaire avec l'Iran, signé par Barack Obama. "En prenant cette position farouchement hostile à un accord salué par la communauté internationale, il s'est totalement aligné sur les positions de Benjamin Netanyahou", observe Corentin Sellin. Il s'oppose alors distinctement à la relation glaciale entretenue par Obama avec le Premier ministre israélien. 

Un ambassadeur emblématique
Poursuivant sur sa lancée, Donald Trump, alors président élu, a nommé, David Friedman ambassadeur américain en Israël. C'est un homme connu pour avoir des positionnements à droite du Likoud, le parti du Premier ministre israélien. "David Friedman est favorable à un déplacement immédiat de l'ambassade à Jérusalem", précise Corentin Sellin. Ce nouvel ambassadeur doit prendre ses fonctions dans les jours à venir. Or, il a laissé entendre qu'il "ne s'installerait pas à Tel-Aviv", selon le spécialiste des États-Unis. Avant de nuancer: "Ce qui ne veut pas dire que l'ambassade sera transférée à Jérusalem, cependant c'est un premier pas." 

Un changement d'avis spectaculaire sur les colonies
Le nouveau revirement de Trump s'opère au début de l'année. En effet, Donald Trump a vivement dénoncé l'absence de position adoptée par Barack Obama face à une résolution du Conseil de sécurité concernant la colonisation israélienne, en décembre dernier.  

Sans remettre en question les colonies existantes, la Maison Blanche a fait savoir que "la construction de nouvelles colonies ou l'expansion de celles existantes au-delà de leurs frontières actuelles pourrait ne pas aider à atteindre (l')objectif" de la paix. Une douche froide pour Israël qui n'est pas sans rappeler le comportement de Ronald Reagan, rappelle Corentin Sellin. "En 1980, le président Carter avait laissé voter à l'ONU, une résolution condamnant la colonisation en Cisjordanie. Un comportement que le candidat Reagan avait vivement dénoncé", relate l'historien. Sauf qu'une fois au pouvoir, il avait lui aussi mis de l'eau dans son vin. 

Et maintenant?
L'administration Trump veut relancer le processus de paix. Une démarche qui nécessite de ne froisser personne. Deux grandes décisions sont attendues dans les jours à venir. D'une part, le président américain doit signer le renouvellement pour six mois du non-déplacement de l'ambassade américaine à Jérusalem, le 1er juin. "Une loi du congrès américain de 1995 oblige les États-Unis à déplacer l'ambassade à Jérusalem. Cependant, depuis cette date, tous les présidents, repoussent ce déménagement, pour des motifs de sécurité nationale, tous les 6 mois", explique Corentin Sellin. L'échéance arrive, et ce sera une première réponse dans la nouvelle politique de Trump vis-à-vis d'Israël. 

Autre point qui sera scruté, Trump peut être tenté de faire un coup d'éclat, afin d'"asseoir une image de président qui lui manque", remarque le spécialiste des États-Unis. Avec des négociations enlisées depuis plusieurs années, l'annonce d'un plan de relance de négociation de paix serait un coup majeur. Cependant, ce sera aussi un numéro d'équilibriste, parce qu'il lui faudra éviter de contrarier son socle électoral.  

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