Sur un air d'Oud, juifs et arabes..., par Marc Knobel

Sur un air d'Oud, juifs et arabes..., par Marc Knobel

 

Je dois à ma mère, cette juive arabe, d'espérer qu'il soit possible un jour, que juifs et arabes se réconcilient, sur un air de Oud et que la magie orientale fasse de l'effet, qu'ils apprennent alors à se repenser, à se retrouver, à se comprendre, à se parler, à s'estimer, à se respecter. Sur un air d'Oud, qu'Abraham et Ibrahim chantent ensemble, plutôt que de s'éviter, de s'oublier et de se perdre. Parce que peut-être, il faut espérer. Parce que peut-être, il faut continuer d'aimer. Parce que peut-être, il faut chercher les voies du dialogue et de la réconciliation, sans perdre de ce que nous sommes, les uns et les autres.

Cela porte un nom, magique, que l'on peut traduire dans toutes les langues : l'amour d'une mère...
Ce que l'on traduirait en langue arabe de la manière suivante:

أدين إلى أمي، تلك اليهودية العربية، بالأمل في إمكانية أن يتصالح اليهود والعرب يوما ما، على أنغام العود، وأن سحر الشرق يعطي أكله، وأن يتعلموا عندئذ أن يعيدوا التفكير في أنفسهم، وأن يلتقوا، وأن يفهم بعضهم بعضا، أن يتحدثوا، أن يحترموا بعضهم. وعلى لحن العود ينشده أبراهام وإبراهيم سوية، عوض أن يتفادوا بعضهم وينسوا بعضهم ويضيعوا أنفسهم.

حب الأم

لأنه ربما يجب علينا أن نأمل. لأنه ربما يجب أن نواصل الحب. لأنه ربما يجب البحث عن قنوات الحوار والمصالحة، دون أن نضيع منا ما يكوننا، نحن وهم.

يحمل ذلك اسما، سحريا، يمكننا ترجمته إلى كل اللغات: حب الأم...

C'est ainsi et en ces termes que je concluais un article très personnel qui avait été publié au HuffPost TunisieMa mère, cette juive de Tunisie. Je parlais avec émotion et amour de ma mère et de son attachement envers la Tunisie.

Je dois à ma mère d'aimer éperdument ce pays, d'aimer son ciel, la blancheur de ses maisons, sa chaleur, sa chaleur humaine, ses couleurs, sa tendresse, l'odeur de son jasmin, son essence, son sol, son chant, sa musique, ses parfums, sa beauté, sa grandeur, son peuple. Et en ma tunisianité, je puise tous les jours. Parce que je puise tous les jours en ma mère et que, tous les jours, je pleure son absence.

À propos de la Tunisie, un de mes coreligionnaires, Michel Boujenah a récemment déclaré: "Je me bats beaucoup pour que l'on aide la Tunisie. Je trouve que c'est dingue, insensé, irresponsable, fou... de la part des gouvernants européens, français, américains, de ne pas aider la Tunisie financièrement" a-t-il ajouté. "Ce qui est fou, c'est que la Tunisie, c'est ici. La distance Nice-Tunis est plus courte que celle séparant Nice de Paris. Il faut aider la Tunisie".

Boujenah a conclu son ode pour son pays natal en affirmant que "La Tunisie, c'est le berceau de l'Humanité". C'est tellement beau que cela devrait vous honorer, vous de Tunisie, comme cela m'honore que nous aimions Baladi, notre Tunisie aimée et amie.

Mais, l'artiste franco-tunisien Michel Boujenah fait l'objet d'une violente campagne, d'intimidation, de boycott et d'insultes, parce qu'il pourrait se produire à Carthage. Il est accusé d'être un sioniste.

Ce que vous oubliez par contre, c'est que Michel Boujenah est aussi attaché à la reconnaissance du peuple palestinien. Il pense qu'il faut créer un Etat palestinien et qu'israéliens et palestiniens devront apprendre à vivre côte à côte. La plupart d'entre nous sommes fatigués de ce conflit. La paix est l'unique solution.

De toute manière quoiqu'individuellement l'on pense, ce n'est pas ainsi que l'on progressera. Si nous cherchons querelle en ce qui nous divise uniquement, alors nous apprendrons définitivement à ne plus nous respecter. Nous serons des "sionistes", vous serez des "arabes". Et Abraham se détournera d'Ibrahim et inversement. Deux voyelles changent (i et a) pour nommer un même personnage, notre père. Musulmans et Juifs ont le même Dieu et ils sont cousins par alliance. Ces liens sont forts.

Il y a peu, je parlais au grand historien de la guerre d'Algérie, Benjamin Stora. Il m'encourageait à publier dans vos colonnes. Je lui disais ma crainte de ne pas être compris et/ou insulté, car je l'ai été dans les réseaux sociaux. Il m'a donné du courage. Car, assurément il en faut. Et de la lucidité pour vous dire, une fois encore ce que j'ai cœur à vous dire.

Je vous aime vous fils et filles du pays de ma mère, vous êtes probablement le beau berceau de l'Humanité, votre ciel est beau. Mais, plutôt que de s'éviter, de s'oublier et de se perdre, chantons ensemble sur un air de Oud. Je suis ce que je suis, tu es ce que tu es, nous portons des vérités et des beautés. Seuls les méchants et les fous veulent nous diviser. Et, le jour où nous ne nous regarderons plus jamais, nous n'aurons que nos yeux pour pleurer.

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