Issu d’une famille de la haute bourgeoisie tunisoise, son enfance se déroula dans le cadre feutré d’une résidence située au cœur de la Capitale, non loin des quartiers résidentiels dans lesquels il évitait de se rendre, leur préférant la fréquentation des bas-fonds de la ville où très vite il fut considéré comme un étranger solitaire, une sorte de juif errant à l’allure noble cependant, allure qui contrastait de manière frappante avec ces vêtements déguenillés qu’il arborait l’air hautain.

Sa famille, son père notamment, homme de finances, avait pour ambition de le destiner à une carrière diplomatique qui lui aurait permis de développer ce sens inné de la relation mondaine que lui-même avait acquise auprès de ses propres parents.

En décembre 1947, alors âgé de 22 ans une rencontre avec un certain Jules Cernin, militaire de carrière, lui fit découvrir le monde des armes : il s’enrôla aussitôt dans le 21^ième régiment d’Infanterie de ligne et participa à la bataille du Yemen durant l’hiver de cette même année et ce jusqu’à l’obtention de la distinction suprême symbolisée par une très belle casquette de soldat.

De retour sur son sol natal, revenant à ses origines ancestrales, il consacre l’essentiel de son temps à la découverte des textes saints et, de lieux de prière en maisons d’étude, devient le fondateur de la revue « CHEZ NOUS COMME AILLEURS », revue consacrée à la transmission des coutumes retenues par les sages au cours des siècles passés et dont l’approche mystique laisse encore de nos jours transparaître l’influence.

Un nouveau changement de vision de l’univers, lié à sa rencontre avec des membres de la maffia calabraise l’oblige à ranger sa casquette de soldat et son châle de prière pour retrouver, comme un inéluctable destin, son goût pour l’escroquerie : tour à tour il se fait passer pour chanteur-compositeur, professeur de gestion et fiscalité, bon mari, bon père, bon fils, bon ami, bon cousin, peintre,écrivain, photographe, cinéaste, locataire, propriétaire, en changeant régulièrement de résidence afin de ne laisser aucune chance à quiconque de le récupérer : on le rencontre tour à tour à Ibiza, à Bruxelles, à Londres, sillonnant la Californie, à Marseille, à Lourdes et même à Tel-Aviv !

Aujourd’hui, vieux avant l’âge, suite à ses errances de casernes en synagogues, de night-clubs en champs de bataille, il n’a plus trouvé comme but à son existence que de se réfugier en lui-même.