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ACTUALITES DU 7EME ART |
FILMS
LE VOYAGE DE MARYAM de Stéphen Farsi
France- Iran 2002 sortie le 11 juin 2003
Le film raconte un voyage initiatique ; celui de Maryam partie à
la recherche d’un père perdu de vue depuis fort longtemps. Pour selle
indice elle a une portrait figé : une vieille photo de son géniteur.
Elle doit traverser un Téhéran inconnu,
une métropole géante qu’elle a quitté depuis son enfance et qui lui est
assez mystérieux. Plus elle avance vers son père plus elle se dirige vers
son pays, plus elle croise des gens , plus elle dessine son identité en
s’imprégnant de l’atmosphère de sa terre. En découvrant sa ville, elle
découvre aussi son père ; ne dira t-elle pas à la fin de sa quête à
son père : « J’ai vu ce que tu as vouloir que je vois »
Cette œuvre intimiste, discrète se présente comme un film imposant,
important mi documentaire, mi réaliste
, comme la peinture d’un microcosme humain qui nous interpelle en nous
rappeler de dures réalités.
LA BOITE
MAGIQUE de Ridha Behi
Raouf est cinéaste, il met en chantier son prochain film ,une commande
d’une télévision européenne, sur les rapports enfance et cinéma. Il se
remémore son enfance partagée entre un père autoritaire et Mansouf un oncle
accueillant, entre une vision religieuse autoritaire et un parent , tenant
d’un cinéma ambulant, qui lui apprend l’amour de la vie et du
Septième
art. Raouf vit aussi une autre dualité dans son couple avec son épouse française
qui se languit de sa terre natale, confinée dans un rôle de mère –épouse-
étrangère qui ne lui sied guère.
LIVRES
LE JUIF
SÜSS ET
LA PROPAGANDE
NAZIE :
L’Histoire
confisquée
de Claude Singer Editions : Les belles
lettres Avril
2003
« Le juif Süss » est un film nazi emblématique, tant le
personnage dont il s’inspire eut des regards divergents, tant ce film
ignoble fut étudié, discuté et controversé et pour cause. Le personnage du
juif a bien existé(1), il inspira moult écrivains et paroliers (2). Déjà là
les interprétations quant au rôle de cet illustre conseiller financier et
les interprétations sur son influence diffèrent ; tantôt il est présenté
comme un criminel, tantôt comme une victime. Une nouvelle approche en 1925
penchera vers la dernière version, son auteur Lion Feuchtwanger (3)
verra son livre adapté fidèlement par un anglais (4) en 1934.Malheureusement
le cinéma allemand fidèle à sa littérature antisémite, adapta à son tour
cette biographie en 1940 en présentant
Joseph Süss Oppenheimer comme un arriviste détestable , nuisible donc indésirable
et à éliminer. Les nazis justifièrent ainsi leur politique
d’extermination du peuple juif et le film eut 20 millions de spectateurs en
Europe. Après la guerre, Veit Harlan le réalisateur de cette œuvre délatrice
et véritable « incitation au meurtre au nom de la pureté éthique »
(5) subit un procès pour crime contre l’humanité en 1949 et ses interprètes
subirent la disgrace et le
malheur d’avoir participé à cette œuvre honteuse (6).Le film dont on
croyait le négatif détruit se retrouva dans des pays arabes (Syrie, Liban,
Egypte) dans les années 60, puis en 1983 le film fut édité en vidéo que
l’on peut encore retrouvé dans ce pays de nos jous.
(1)
Né à Heideberg vers 1698 , mort en 1738
(2)
Dont William Hauff en 1827 qui mourut la même année ne verra
pas son livre « Le juif Süss » sortir en feuilletons, et Manfred
Zimmermann en 1874 et Marcus
Lehmann en 1876, Salomon Khon en 1886, Adolph Kohut en 1898 De par ailleurs
nous dit Claude Singer fort documenté il exista plus de 110 chansons
racontant les faits et gestes de ce financier .
(3)
Lui même avait d’abord écrit une pièce sur le dit personnage avant
de le recréer s’inspirant des auteurs cités à la
note précédente
(4)
Film de Lothar Mendès en 1939
(5)
Francis Courtade et Pierre Cadars « Histoire du cinéma
nazi » eric Losfeld 1972
(6)
Werner Krauss fut peu employé par la suite
et ses apparitions au théâtre se terminèrent par des émeutes et son
fils se suicida .Eugen Klöpfer
finit misérablement, Henrich George termina ses jours dans un camp de
prisonniers soviétiques de Sachsenhausen , Ferdinand Marianse jeta en voiture
contre un arbre et sa femme fut retrouvée noyée
JACQUES DERAY :
J ‘ AI CONNU UNE
BELLE EPOQUE
Ed Christian Pirot Mars
2003
L’homme est si discret que peu de biographes se sont penchés sur sa
carrière, pourtant si riche et si contradictoire. Jacques Deray
vu par beaucoup de critiques comme un cinéaste commercial (« Borsalino »,
et les polars faits avec Alain Delon et Belmondo ) est bien pourtant un auteur
ne fusse que pour ses œuvres intimistes comme « La piscine »
« Un papillon sur l’épaule » et ses téléfilms adaptés de Stéfan
Zweig et Balzac. Cinéaste commercial comme un Henri Verneuil et un Jean
Pierre Melville , deux cinéastes influencés comme lui par le thriller américain :
son film « Un homme est mort ne peut rivaliser avec la série B
hollywoodienne , auteur il se frotta avec succès à des romans d’atmosphère
de Simenon , à des auteurs de la Série Noire et y apporta sa touche
personnelle
L’homme est si discret qu’il
raconte avec pudeur ses rencontres avec des acteurs illustres :
Lino Ventura, Michel Serrault et Yves Montand, ses amours avec les gens du métier
et avec sa compagne : l’actrice Claudine Auger. Jacques Deray a connu
une belle époque , nous aussi et de surcroît on a connu un chouette réalisateur.
CLAUDE CHABROL
LA TRAVERSEE DES APPARENCES de Wilfrid Alexandre
Edition Le Félin 2003
Wilfrid
Alexandre se penche sur la carrière et le parcours d’un cinéaste non
condescendant, dès le début de cette biographie très documentée, le modèle
insiste au près de son biographe pour qu‘à travers son étude, il ne
masque pas la réalité ni qu’il déguise sa personnalité. Chabrol ne veut
pas être enfermé comme ses personnages, il fuit les apparences , ce qui
n’empêchera pas le cinéaste de jouer de façon grossière et caricaturale
avec elles dans quelques uns de ses films les
comme « Le tigre se parfume à la dynamite » ou « Marie
Chantal contre Dr Kha » .Mais ses longs métrages ne sont que pure récréation,
l’observateur attentif de la nature humaine est ailleurs dans son œuvre
comme dans sa vie privée. Le réalisateur d’œuvres noires et sulfureuses
sait attirer l’attention et le respect par sa peinture d’une bourgeoisie
hypocrite, d’une société décadente et
d’individus abjects ;« A double tour » « Masques »
et « Que la bête meure ». Wilfrid Alexandre nous montre que son
idole n’est pas si inclassable que cela, il est tout aussi virulent que
provocateur, moins père tranquille qu’agitateur public et plus facétieux
que méchant, ne s’amuse t-il pas des mini scandales qu’il crée, plus épicurien
que pantouflard : tous ses films fêtent la table tout comme dans les
romans de Georges Simenon qu’il adaptât
par deux fois. Bien plus simple plus
sage et plus serein que ses personnages, Claude Chabrol reste un cinéaste
incompris, controversé, admiré et repoussé .le biographe tente et il y
réussit à remettre les pendules à l’heure.
D.V.D
LE
DERNIER EMPEREUR de Bernado
Bertolucci
Le film conte le destin peu commun de celui qui fut considéré comme le dernier empereur de Chine. L’histoire débute au début
du siècle, Pu Yi un enfant de trois ans est choisi à la mort de l’Impératrice
Douairière pour occuper le poste de premier représentant du peuple. Hélas
sa destinée sera différente de ses prédécesseurs ; quand il monte sur
le trône , il est contraint d’abdiquer quatre plus tard et de résider au
palais d’où il sera chassé en 1924. Récupéré par les japonais en 1934 ,
il sera nommé Régent puis Empereur du Manchoukouo (1).En 1945 il est capturé
par les forces soviétiques qui le remettent au gouvernement chinois (2).Libéré en 1959 l travaille au jardin
botanique de Pékin puis en 1965 à son autobiographie,
il disparaît durant les débuts de la révolution culturelle en 1967.
L’œuvre est à la hauteur du grand spectacle hollywoodien :
décors flamboyants, figuration massive, histoire rocambolesque et néanmoins
véridique , interprétation sans faille (3) en somme un superbe
spectacle. Cette reconstitution qui s’attarde plus sur cet homme manipulé,
fragile et fort par moments , sur les machinations politiques, ausculte peu
l’Histoire omettant de parler plus ouvertement du rôle ambigu et machiavélique
des gouvernements successifs. Reste cette tragédie d’un homme ridiculisé
pour paraphraser un film de son auteur se laisse voir tant la force de
construction du scénario est intelligente et sa réalisation
maîtrisée, de surcroît le DVD offre des bonus non négligeables (4)
(1)
nom de la Mandchourie de 1932 à 1945 sous contrôle japonais)
(2)
présidé par Jiang Jieshi puis en 1949 par Mao Tsé – Toung qui
proclame la république populaire de Chine.
(3)
John Lone (Pu yi) Joan Chen et surtout Pter O’Toole dans le rôle du
précepteur
(4)
Un documentaire de 45 mn sur Bernardo Bertolucci
Une
ballade au cœur de Pékin (35 mn
environ)
Une
interview du musicien (et acteur dans le film) Ryuichi Sakamoto
Une
autre de l’ écrivain Dai Sijie auteur de « Balzac et la petite
tailleuse chinoise »
Et
plus classique comme suppléments : bandes annonces et filmographies
SOS NORONHA
de Georges ROUQUIER France
1957
L’auteur est plus reconnu comme un documentariste durant un demi siècle
(1929- 1984) et connu pour son œuvre « Biquefarre » en 1946
évocation de la vie paysanne durant les quatre saisons
et « Farrebique » son
contre point où pointait déjà une désespérance dans ce regard sur le
monde rural.
En 1930 dans une possession brésilienne l’île de
Noronha où s’est installé une station de radioguidage
gérée par Coulibaud (Jean Marais) surgit un groupe d’hommes en révolte :
les détenus du pénitencier de l’île. . La révolution vient d’éclater
au Brésil , le gouverneur, sa femme et sa fille se réfugient dans la
concession française. Coulibaud doit repousser les assaillants, secourir les
sinistrés et faciliter la traversée du fameux aviateur Jean Mermoz
Inspirée d’une histoire vraie , ce long métrage – un des
rares de son réalisateur –est assez fort surprenant, sous sa facture
classique se dégage un savoir
faire qui se remarque notamment dans sa première demi heure, impressionnante
par son atmosphère oppressante, répondant à l’oppression qui perdure
durant l’histoire.
L’HEURE
DE VERITE de Henri Calef
DVD les documents cinématographiques 2003 (1)
L’œuvre
est un film grave ; un jeune officier SS usurpe l’identité d’un déporté
juif. Deux décennies plus tard vivant en Israël avec une institutrice juive,
il est démasqué par un journaliste américain venant enquêter sur les
rescapés du nazisme. Cette co- production , une des premières franco israéliennes
est signé d’un cinéaste juif français assez peu connu : Henri
Calef (2) est assez emblématique du problème de la Shoah et apporte des
questions : peut voler – ici de façon cruelle- la mémoire juive ?(3),
l’usurpation – qu’elle que soit sa raison car là l’usurpateur n’est
pas toujours antipathique – ne rend -
elle pas ambiguë l’identité ?
Ce film réalisé dans les périodes de vache maigre de la
restitution historique – peu de films avant 1964 traitèrent de la Shoah-
rend attachant sa démarche et ses interrogations et par son titre
annonçait des avancées sociologiques : l’arrêt des mensonges, la
restitution de l’identité perdue des concentrationnaires. Une œuvre inédite
capitale co écrite par Edgar Morin (4) et Maurice Clavel.
(1)
.le DVD contient en outre un court métrage de Henri Calef sur le
festival de Rock d’Antibes, un documentaire sur le réalisateur et une
interview de Corinne Marchand qui joue l’institutrice ainsi que sa
filmographie
(2)
Né en Bulgarie en 1910,
fit partie du groupe des scénaristes réunis
par Jacques Cohen en zone libre , connu pour un sujet sur la Résistance
« Jericho » et sur son
adaptation de l’œuvre de Balzac « Les
chouans »
(3)
ce qui nous fait penser à cet auteur- dont nous avons oublié le nom-
d’un livre autobiographie complètement inventée sur son séjour dans un
camp de la mort, livre qui remporta un prix.
(4)
D’après son livre « La vie secrète de Jonathan Strauss »
AVANT LA
NUIT de JULIAN SCHNABEL sortie MARS 2003
Films sans frontières
Le parcours durant près d’un demi siècle d’un poète et écrivain
cubain : Reinaldo Schnabel (1) dont les livres furent couronnés donc
reconnus en France. Cet itinéraire hors du commun ponctué par une répression
violente sous forme de censure, de travaux forcés, de prison et de désaveux
, est le combat perpétuel d’un homme courageux
qui lutte de façon téméraire pour la liberté d’expression dans un
pays qui la refuse à ses autochtones ; ce qui conduira notre héros à
l’exil. C’est aussi la quête émouvante d’un artiste (joué par Javier
Bardem 2) ivre de vie qui au travers de son art va revendiquer son droit à la
différence : disparité politique, sociale et sexuelle. Le film met en
scène le roman de Arénas dont
le titre est celui de sa dernière production : un livre autobiographique
« Before falls the night » (3)
Ce film bouleversant dénonçant le régime castriste par le
parcours passionné et tenace d’un homme qui refusa que l’on mit
des menottes aux mots et aux idées, reçut
plusieurs prix (4) Il est le deuxième film d’un cinéaste juif aussi
marginal que son protagoniste et qui sème cette nouvelle œuvre (5) de
moments assez fort, aidé en cela par ses interprètes (6) et par le musicien
des frères Coen : Carter Burwell qui par son travail renforce
l’intensité de cette adaptation . Celui qui avoua que « le sexe
est un moyen de combattre la répression » fut dans ses écrits un
tendre, un révolté, un réaliste , un admirateur de sa mère et un
frénétique amoureux de la vie. La réalisation sobre de Julian
Schnabel lui rend hommage
au travers son ode à la liberté d’expression.
(1)
Né à Cuba en 1943, auteur de quinze romans, recueils de poésies et
de nouvelles
(2)
Acteur espagnol chez Almodovar et Bigas Luna
(3)
Publié chez Actes Sud en 1990
(4)
Grand prix à la Mostra de Venise et la coupe Volpi à son interprète
en 2001
(5)
Il avait réalisé en 1996 « Basquiat » sur le peintre haïtien,
étant lui même peintre consacré
(Son
œuvre est exposé au Muséum de New York, à celui de Tokyo et Los Angelès)
(6)
Johnny Deep dans un double rôle, Sean Penn, et les réalisateurs
Hector Babenco (Pixote, le baiser de la femme araignée et Jerzy Skolimowski
(Le cri, Moonlighting)
Roger
Chemouni
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