Le Musée d’Art  et d ‘Histoire du Judaïsme organise ce dimanche 24 Mars 2002 une rétrospective sur Romain Gary  le double écrivain (1) et l’unique cinéaste de ses œuvres littéraires (2).

Cette journée sera composée d’adaptations cinématographiques de ses romans (3) ,de documentaires sur l’homme et sur le gaulliste qu’il fut (4). Malheureusement  Romain Gary n’est pas toujours sorti grandi de ces adaptations étrangères et françaises, excepté ce film et peut être ceux  de Costas Gavras et de Samuel Fuller (5) . pour mieux comprendre ce roman adapté « de Frère Océan I : la danse de Gengis Kohn »  il faut suivre le cheminement de pensée de cet écrivain juif français qui écrivait aussi en anglais Romain Gary né  à Moscou , n’a jamais soulevé sa judéité , ni son appartenance religieux excepté quand il signait Emile Ajar  Il fut un être grave bouleversant, drôle et sarcastique.

Le film retrouve ces qualités dans cette histoire abracadabrante et surréaliste.  

Nous sommes à Berlin dans les années 30, un humoriste juif ventriloque  Gengis Kohn  fustige la politique de Hitler. En parallèle  d’autres juifs comme lui  sont molestés , arrêtés et envoyés dans des camps de la mort. .A la fin de la décennie lui même subira le même sort. Avant de mourir Gengis Kohn lancera une phrase énigmatique en Yiddish . Puis le spectateur se retrouve en Allemagne en 1958 où nous suivons la vie mouvementée d’un commissaire de police :Otto Schatz. L’homme se vante d’avoir réduit la criminalité dans sa ville .Sa vantardise sera de courte durée quand une série de crimes apparaîtra et  quand le fantôme de Gengis Khon viendra le hanter en personne. Que veut ce dernier, l’aider dans ses recherches, assister à sa perte , se venger d’un passé injuste ?

Nous ne déflorerons pas la suite de cette histoire macabre . Le cinéaste nous régale d’une suite de scènes cocasses et dramatiques, aussi irrévérencieuses que vengeresses. La narration est enjouée, espiègle, et désopilante . L’œuvre se veut grave et interrogative. Gengis Khon est il la conscience de Otto Schatz, est –il celui qui vient réclamer des comptes  pour lui et ses congénères. IL n’est pas seulement une vue de l’esprit  mais plutôt un esprit interrogateur qui demande réparation. Il est fort dommage que le livre comme le film soit  inconnu. L’œuvre reste d’actualité et toute délirante qu’elle soit demeure une réflexion sur la mémoire, sur le prix à payer pour la raviver. Gengis Khon reste le conquérant de la mémoire.

(1)     il signa des livres sous le pseudonyme de Emile Ajar dont le célèbre « La vie devant soi »

(2)     il réalisa d’après ses romans « Les oiseaux vont mourir au Pérou » en 1968

(3)     Il y aura « Les Racines du ciel «  1958 de John Huston et « Dressé pour tuer «  de Samuel Fuller

(4)     Avec « En quête de romain Gry » 1997 de O.Mille et A.Asséo et « De Gaulle première » de D.Costelle 1975

(5)     « Clair de femme » de Costas Gavras  non projeté

Roger.CHEMOUNI@wanadoo.fr                       

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