L’ANTISEMITISME : LA PAROLE LIBEREE de Elie Chouraqui et Yves Azéroual, par Roger Chemouni

L’ANTISEMITISME : LA PAROLE LIBEREE de Elie Chouraqui et Yves Azéroual

L’antisémitisme est un sujet brûlant dans ces périodes troubles où le mettre en avant peut susciter des paroles regrettables et ne point l’ausculter des reproches. Cette déviance dans le sujet en question serait aux dires d’un intervenant citant les rixes entre jeunes maghrébin et juif de banlieue parisienne de « Guerre de boutons » ; c’est minimaliser une réalité et la rendre anodine.

Le reportage passé à « Envoyé spécial » le 15/04/2004 sort en DVD dans la version d’origine et dans une autre plus longue et plus explicative (1) choix sûrement préconisé suite aux critiques apportées néanmoins par certains témoins. Hors les auteurs rappellent dans leur avant propos leur intégrité voire leur absence de parti pris , évoquent la présence durant la réalisation de ce documentaire des représentants de l’école Paul Eluard à Montreuil et de L’ORT une école privée juive.

Les auteurs donnent la parole aux deux groupes ethniques pour tenter de traduire ce malaise -qu’est l’antisémitisme -bel et bien présent suite au langage raciste éructé à tout vent et de montrer l’ inquiétude et la remise en question de la société qui en découlent . Cette approche se situe à Montreuil où résident les deux établissements précités et où - comme ailleurs stipule Elie Chouraqui – « on peut se faire agresser parce qu’on est juif » .Les 2 auteurs laissent s’exprimer de jeunes arabes assez véhéments – et très minoritaire assure t-ils - sur les juifs. A notre grande consternation ce sont les mêmes reproches qui surgissent de la bouche des adolescents : « ils sont à part », « bien habillés» « l’Holocauste n’a pas existé» ; en somme les juifs sont à leurs yeux , associables, riches et falsificateurs. Genre de griefs qui évoquent des périodes passées et qui fera dire à Einstein « Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé »

Leur agressivité croît quand ils assimilent israélien et juif, ce qui à l’air de renforcer leur haine et de servir de prétexte à leur violence .Ces enfants – qui ne vivent pas leur enfance réellement par leur prise de position irréfléchie – sont victimes de leurs entourages qui distillent des messages haineux pour une plus grande adhésion à leurs idées extrémistes. Ces récriminations se retrouvent parfois dans les paroles d’adultes interviewés . Les auteurs savent éviter l’assimilation tant prônée en se tournant vers les milieux modérés où autour du thé traditionnel on se souhaite paix santé et amour du prochain.

Devant l’accumulation d’agression envers les juifs de France, il était nécessaire et salutaire de tourner ce reportage, de dénoncer cet antisémitisme ,né de l’endoctrinement, de la méconnaissance de l’autre voire de la peur de l’inconnu. Nos deux réalisateurs terminent leurs investigations en prônant l’entente d’urgence de peur de l’irréparable ,tirent la sonnette d’alarme pour interpeller le plus possible de citoyens que la République est danger , et un cri d’espoir semble naître de leur interpellation . D’ailleurs tout documentaire film ou livre qui dérange apportent des questions essentielles et parfois des réponses réconfortantes : les deux communautés se sont écoutés , ont visité le camp d’Auschwitz et parler du livre de Tahar Ben Jalloun « le racisme raconté à ma fille » et l’Education Nationale s’est ému de ce reportage. Nous sommes passer de la parole libérée à la parole libératrice .

Une autre œuvre nous montre en toile de fond l’antisémitisme des années 60 en banlieue parisienne aussi au travers du désarroi d’une jeune fille juive en crise d’adolescence. Hannah (Marilou Berry) (1) a 16 ans , deux sœurs complices et des parents aimants . Son rêve est de gagner la place tant convoitée de contrebassiste dans le jazz band de son école mais le groupe est composé de 4 garçons qui ne veulent point d’un élément féminin avec eux. Face au sexisme, à l’antisémitisme et à l’incompréhension de ses parents (Etonnants Serge Raboukine et Catherine Jacob) Hannah va se battre , tomber de haut, accuser des coups et se relever. Hannah est une battante son oncle (Pierre Arditti dans un rôle trop court) le devine

« La première fois que j’ai eu 20 ans » (2) est une œuvre charmante qui n’est pas sans rappeler « Louise l’insoumise » (3) pour un premier signée par une réalisatrice réussissant mieux la peinture d’une société et les scènes intimistes que le tableau de ses personnages . Néanmoins cette œuvre nostalgique emplie de tendresse laisse entrevoir un auteur dont nous attendrons un deuxième film

(2) est l’adaptation d’un roman de Susie Morgensten dont le titre « La première fois que j’ai eu 16 ans » a été modifié pour le besoin du film

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