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Si seulement Abraham avait eu deux filles… par Michèle Madar


   
 

 

Le titre de cet ouvrage très sympathique est complètement déroutant et vraiment inadapté. Dommage ! Foin d’Abraham et de ses filles imaginaires dans cette jolie histoire ou presque, et seulement en bout de piste. En réalité, ce livre aurait du s’appeler : « Un été à la Goulette ». Mais ce titre, il est vrai, était déjà pris par un film. Ce qui est sûr, c’est que les Tunes vont se régaler à la lecture de ce texte nostalgique qui fleure bon le jasmin, les figues de barbarie, le couscous, la brise marine et tutti quanti.
Nous sommes à La Goulette, un village du bord de mer, à quelques kilomètres  de Tunis. À La Goulette de l’époque d’av ant, « ya khasra », quand il y avait des Juifs en Tunisie, beaucoup de Juifs.
C’est là que vit Jocelyne, « ya benti », « ya amri », « rabbi lè ichouini », « taïch ou tfouje », la préférée de sa grand-mère, Clémence, une veuve éplorée, « m’naïche ali ». Dès qu’elle se lève, Jocelyne, « Qoûm, ya benti », on va au marché, faire les courses, chez Aziz, c’est là qu’il y a le meilleur, « Ambar, Ou’Allah ! ». Du curcuma et du cumin, du safran et de la coriandre, des citrons et de l’harissa, des kyrielles d’olives de toutes sortes et des poules, par dizaines qui feraient un bon bouillon pour aller avec les « nikitouches » du « ftour ». À moins qu’on se décide pour une « psal ou loubiè ».Ma parole, c’est pas du « tmèniq ». On y trouve même des « limahlou », les citrons doux.
On l’aura compris, ce récit truculent est truffé, au fil des pages, de mots et d’expressions -parfois traduites, mais pas toujours- dont seuls les initiés « tun es » savoureront vraiment  le sens et le parfum.
Tout un petit monde aujourd’hui disparu, qui vit ses derniers moments de bonheur, mais qui ne le sait pas encore, même si certains, parmi les plus avisés de la communauté, tel Serge, journaliste à Radio Tunis et donc bien informé, commencent à le subodorer. On ne pense qu’au dernier film à l’affiche du cinéma Rex, à la robe de Sabah dans son duo avec Farid Al Atrach et à Doris Day, à la plage qui attend ses baigneurs et au Bloc où les pêcheurs s’activent depuis l’aurore.
Les Juifs et les Arabes, les Italiens et les Maltais et les Français de France, bien sûr, tout un petit monde qui vaque à ses occupations et qui cancane à loisir. Pour les Juifs, « que Rabbi Haï Tayyeb les protège », le rythme immuable de la semaine , du shabbat et des fêtes du calendrier liturgique ancestral.
Et, puis, à la belle saison, les calèches et la plage, les promenades au Bou Kornine ou au Saf-Saf de La Marsa, avec son chameau qui tourne. C’est là qu’on se régale avec une bonne brique à l’œuf, du pain « tabouna » et une Boga bien fraîche. « Hassilou… »
Hélas, un beau jour, les choses commencent à se gâter. Un certain Bellassen est arrêté. On dit qu’il a voulu faire passer des bijoux en Italie, d’autres qu’il aurait insulté un Arabe. Entre Juifs, la conversation se fait inquiète :
-Les Arabes s’excitent contre les Juifs et les Français
-Avec les événements d’Algérie, ils s’échauffent vite
-Les discours de Bourguiba ne sont pas rassurants. Il rend De Gaulle responsable de tout…
-Dieu nous a épargnés, nous les Séfarades. Même si notre sort fut sans commune mesure avec les souffrances des Juifs d’Europe, n’avons-nous pas été des dhimmis (protégés) sous l’autorité musulmane ? Nous avons aussi subi des vexations, des ma ltraitances, des tueries. Au Maroc, tant de Juifs furent assassinés au début du siècle que le roi dut proclamer une loi spécifiant que les Juifs devenaient propriété de la couronne pour qu’on cesse de les massacrer. Nous avons été bafoués, humiliés, battus seulement parce que nous étions juifs…Sans la France et ses Droits de l’Homme qui font son honneur, nous serions encore sous le joug d’une telle autorité, à courber l’échine, à nous laisser insulter : « ya youdi ya kelb ( le juif est un chien) »...
-Bourguiba aime les Juifs, il a eu deux ministres juifs après l’Indépendance, André Barouch et Albert Bessis…
-C’est la faute des Juifs qui ne respectent pas la loi de Dieu…
Avec la Guerre de Bizerte, en 1961, la « sarta », hélas, le coup fatal du sort, n’allait pas tarder à s’abattre sur les Juifs de La Goulette en particulier, de Tunisie, en général et de tout le monde arabo-musulman. Emportés par le vent impitoyable de l’Histoire, les Juifs de La Goulette, Jocelyne et Norbert, Serge, Daniel, Joseph, François, Sarah, Rébecca, Clémence et les autres, iront, peu à peu, vivre sous d’autres cieux plus cléments.
L’auteur fait dire à l’une des se héroïnes, que si Abraham avait eu deux filles, la Guerre de Bizerte n’aurait pas eu lieu et les Juifs vivraient encore heureux, en Tunisie. Cela reste à prouver.
Un roman léger, très frais et très agréable à lire. Super sympa.
 
Jean-Pierre Allali
 
(*) Éditions L’Harmattan. Juillet 2008. 358 pages. 32,50 euros
 

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