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SORTIES  FILMS   DVD  LIVRES   MARS AVRIL 2003


                        FILMS

L’ ENCLOS    de  Armand  Gatti   1960  ressortie  en  Avril  2003

              Voici la ressortie d’un film courageux, un des seuls dans les années d’après guerre à aborder les camps de concentration au travers d’une fiction . L’histoire est aussi horrible que les événements de cette période . Un chef de camp subjugué par l’histoire d’une querelle entre deux concentrationnaires se terminant dans la violence a l’idée malsaine pour gagner un pari de faire revivre ce type de situation. Il choisit de mettre durant 24 heures dans un même enclos un allemand anti fasciste et un juif  pour voir qui va mettre fin à l’autre.

        Le film venait après « Nuit et Brouillard » de Alain Resnais et avant « Le temps d’un ghetto » de Frédéric Rossif , il rappelait au travers sa vision réaliste la confrontation entre le mental des condamnés et celui vicieux de leurs geôliers, il soulignait la violence psychologique vécue par les condamnés , le vouloir de ces derniers de rester Homme devant les bêtes nazies ; une œuvre salutaire, maîtrisée et intelligente .

    POLA A 27 ans   de Natacha Samuel sortie Mars 03  France 2002

Natacha a une grand mère qui a vécu les camps de la mort. Elle sait que la barbarie nazie lui a privée de son grand père et de ses arrières grands parents. Cette connaissance subite Natacha l’a apprise de sa mamie Pola. Ce long monologue narrant la déportation à Auschwitz fut pour Pola un début de confession, de renaissance. Pour ce parcours difficile Natacha va emmener Pola à Varsovie sur les traces de son passé. Tourné en plan fixe – ce qui rend plus intense ce témoignage, ce film familial émeut par le regard d’une génération libre sur celle d’une autre encore emprisonnée . Ce faux film amateur est une pierre nouvelle pour la mémoire juive.

 

 Moi césar , 13 ans 1 m 39…….France de Richard Berry sortie Avril 2003

                 Ce film distrayant se veut aussi malicieux que son héros mais prêche par excès de consensus, de formalisme. L’histoire est simple ; un enfant fait les 400 coups avec des deux  camarades de classe : un ami et Sarah une jeune fille que tous deux vénèrent. C’est son regard que nous suivons sur le monde, son entourage et ses parents. Les regard est simpliste tout comme la peinture manichéennes des adultes, êtres tour à tour égoïstes, ridicules , lointains. Nous attendions beaucoup plus de Richard Berry après son premier film nettement moins abêtissant.

 

CHOUCHOU  de Merzak Allouche  France 2002  

              Un sans papier Chouchou (Gad Emaleh) est hébergé par des curés (Claude Brasseur et Roschdy Zem qui fait un numéro étonnant de religieux frappé) pris en charge par une psychologue et aimé par un homme aisé (Alain Chabbat) . Le film tout sympathique soit il par endroit ,notamment grâce à la performance de l’interprète principal et auteur voire inventeur du personnage de Chouchou, laisse sur sa faim et respire plus l’approche commerciale que le film d’auteur ou l’étude sociologique. Le cas de ce marginal politique et sexuel est escamoté au profit d’une énième représentation de la cage aux folles ; c’est fort dommage car malgré tout les scènes de cabaret sont les plus réussies  les plus émouvantes et les plus réalistes du film .Trois points qui manquent énormément à ce film.

 

        THE SEA  de Baltasar  Kormakur  ISLANDE 2002  sortie le 26 mars 2003

                         Le titre du film est le seul élément calme de cette histoire , le reste n’est que houle et tempête, vagues violentes et froideur permanente. Ces heurts ont lieu dans une même famille dont le père autoritaire  Thordhur va émettre ses dernières volontés. Propriétaire d’une conserverie de poissons dans un petit village islandais , Thordhur ne voit pas l’environnement de la pêche dont les changements risquent de perturber l’entreprise familiale. Son fils ainé directeur de l’usine veut tout vendre. Thordhur préfère que ses biens soient gérés par son fils Agust qui arrive de France accompagné de sa fiancée Françoise (Hélène de Fougerolles) .la réunion familiale va rassembler ses enfants, les belles filles , son épouse et sa mère. Les jalousies vont apparaître, les rancœurs se dévoiler et les non dits les diviser.

                      Portrait de la décomposition d’une famille , de la cassure de l’ordre établi, du refus des traditions ,de la révolte contre le géniteur et de la société islandaise . Ce drame  familial et tragique ,conté parfois avec humour et distance rendant les personnages plus réalistes  dans ce décor de grand froid et ce village baigné d’indifférence, est une œuvre chaleureuse et aussi attachant que la précédente « 101 Reykjavik »

 

           ROYAL BONBON de Charles NAJMAN   France sortie le  8 MAI 2003

            Un homme extravagant et déséquilibré se prend  pour un roi, pas n’importe lequel : « Le roi Chacha  dit le roi Christophe» ce libérateur d’Haïti en 1804 date de l’indépendance du pays. L’illuminé travaille dans le marché en fer du Cap – Haïtien comme un esclave que tout le monde exploite et se moque. Le roi Christophe  se dirige vers l’ancienne capitale du royaume accompagné de Timothée un orphelin à la recherche de son géniteur. Là  le roi visionnaire  reconstituera une cour  fantoche au risque de sa santé mentale et physique.

       Portrait absurde d’un dictateur perdu dans ses utopies , Royal bonbon  est une œuvre originale qui interroge un pays sur son histoire, pays qui va bientôt fêter son cinquantenaire et sa libération de l’esclavage imposé un certain temps par Napoléon, pourtant aboli par la France révolutionnaire de 1794.L’œuvre du réalisateur de « La mémoire est elle soluble dans l’eau » qui déjà mélangeait fiction et histoire se veut une fable sur le pouvoir,  un portrait de la folie humaine, une dénonciation des classes dirigeantes , un rappel de l’Histoire haïtienne. Ce film méritant car innovant est captivant à regarder par  la peinture des coutumes, de la crédulité du peuple, et du langage créole  est une œuvre marginale qui redore le blason d’un pays qui a tant souffert .

 

           SOLARIS de Steven Soderberg  USA 2002

           Voici une œuvre inhabituelle de la part de Soderberg  qui refuse l’esbroufe  inhérent  aux films de science fiction. Nous sommes dans un futur indéfini , le docteur Kelvin (George Clooney)   est chargé d’enquêter , répondant à un appel de détresse d’un ami, sur l’étrange comportement d’un groupe de scientifiques, qui à bord d’une station spatiale ont coupé tout contact avec la Terre. Cette mission va petruber son équilibre spychique ; il apprend que son ami s’est suicidé, que les autres passagers sont atteints de paranoïa et que sa femme décédée ( Nastascha Mc Elhone) est  avec les rescapés.

         Film sur l’amour, sur la deuxième chance pour un individu de changer, -mais l’homme peut –il ne pas répéter les mêmes erreurs-  Solaris est une œuvre plus originale et moins détestable que les précédentes œuvres de son auteur. Reprenant le livre dont il s’en inspire ( de Stanislav  Lem)et la première version adaptée ( d’André Tarkovski en 1972)

Soderberg signe plus qu’un vulgaire remake, une relecture d’une histoire merveilleuse en y introduisant  une aura mystérieuse et une poésie , éléments si chers à la science fiction .

 

     LA  25  EME  HEURE  de  Spike LEE    USA 2002 sortie le 12 Mars 2003

            Film sur le repentir  et sur la rédemption, le dernier film de Spike Lee raconte les 24 dernières heures de  Monty Brogan (Edward Norton) un caïd de Manhattan qui vient d’être pris par la police avec de la drogue chez lui, il sera condamné à 7 ans d’emprisonnement. Monty malgré l’angoisse et la colère qui l’envahissent décide de faire sa tournée d’adieu. par où commencer : par son père avec qui le dialogue fut quasi inexistant , par  ses deux potes : Francis ( Barry Pepper) un être réfléchi, mature et Jakob (Philip Seymour Hoffman) un ami juif respectueux de la morale et des lois, par Naturelle son amie qu’il soupçonne de l’avoir donné , par son quartier qu’il semble regarder pour la première fois. Monty a déjà changé et dépassé son temps puisqu’il aborde une nouvelle heure (la 25 eme)

          Spike Lee  signe une œuvre forte , courageuse (son héros est une ordure, un dealer , un homme qui vit avec le malheur des autres) tolérante, il ne défend pas toujours son héros « Monty a gagné son fric avec la dépendance des autres » dira son ami Francis.

 

           LYLA   4 – EVER de Lukas MOODYSON  Suède 2002 sortie le 19 mars 2003

                     Lylia une adolescente de 16 ans vit dans une banlieue désaffectée en ex – Union Soviétique, sa mère vient de la quitter pour partir aux USA avec son compagnon avec la promesse vaine d’emmener son enfant. Lylia aussi rêve d’une vie meilleure. En attendant le moment opportun elle traîne les rues avec son seul ami un garçon de 13 ans. Ce moment arrive avec la rencontre amoureuse d’Andreï qui lui demande de la suivre en Suède. Mais la vie tant rêvée  sera t-elle à la hauteur de ses espérances. Œuvre noire sans concession ce film grave et désespéré, raconte le monde des enfants laissés à l’abandon dans un pays défait, n’osant dire leurs souffrances et leurs mal être. Description d’une société qui a abandonné les siens, Lylia for ever nous interpelle au travers de cette réalité sociale.

 

                   LE TUBE    de  Peter  Entell    sortie  le  2 avril    2003

             Le tube en question est celui de la télé ; cette engeance qui sépare les êtres après avoir promis de les réunir et quand ils le sont c’est pour mieux les désunir. Groucho Marx disait à propos d’elle qu’elle « est très favorable à la culture .Chaque fois que quelqu’un l’allume chez moi, je vais dans la pièce à côté et je lis » Mais ce mot d’ordre n’est que rarement suivi et que la télé présentée pour se changer les idées ne fait que les embrouiller. Le tube cathodique s’attaque au plus jeune âge par paresse des parents et les hypnotise. Voilà le discours de ce documentaire intéressant que resitue l’homme face à son loisir préféré.

 

LE PACTE DU SILENCE  de Graham Gyut France 2002 sortie le 5 mars 2003

       Nous sommes au Brésil dans une mission où le père Joachim (Gérard Depardieu) est médecin. Il est intrigué par une nouvelle patiente : Sœur Sarah (Elodie Bouchez) hospitalisée pour d’inexplicables douleurs qui cache un passé secret que seule semble connaître sa supérieure Mère Emmanuelle ( Carmen Maura).Cette dernière refuse que sa protégée soit soignée dans ces lieux et refuse l’aide du médecin- prêtre  ? celui ci tente d’enquêter sur cette religieuse énigmatique jusqu’à braver  son rôle et les interdits de sa fonction. Cette recherche va bouleverser la vie des protagonistes. Cette histoire déconcertante adaptée d’un roman anglais  est un film sur le silence , sur le passé enfoui, non révélé,  celui qui empêche d ‘exister. Mi film psychologique , mi film policier l’œuvre est inégale par son non choix narratif linéaire, par son trop grand mélange des genres, il perd en force et en originalité. Pourtant le film est attachant par la présentation de personnages désespérés , par la peinture de ces âmes torturées et par une interprétation forte.

 

          Monsieur SCHMIDT de Alexander PAYNE usa 2002 sortie le 5 mars 2003

                          Warren Schmidt  prend sa retraite à 66 ans .Plusieurs événements vont changer sa vie  et son regard sur celle ci : le décès de son épouse, le mariage de sa fille avec un gendre qu’il  a en abomination , la connaissance d’un petit tanzanien qu’il parraine pour 22 dollars par mois et à qui il se confie. Ces changements vont le métamorphoser peu à peu, lui le petit fonctionnaire quelconque qui a traversé une existence commune.

                          Image d’un être torturé qui souffre de ses rapports médiocres,  qui peu à peu perd ses repères. La visite à la belle famille de sa fille où il rencontrera des gens simples et heureux , la correspondance émouvante et pleine de lucidité avec son protégé vont elles humaniser cette être renfermé et enfermé  dans l’uniformité ? Film séduisant qui souffre d’une cassure de ton , M.Schmidt  est une œuvre teintée d’humour , de tristesse et d’espoir , sauvée par une interprétation excellente d’où ressort l’inclassable Jack Nicholson.

 

      ANTWONE FISHER    de Denzel Washington sortie le 18 avril 2003

         Antwone Fisher 24 ans est un jeune difficile et violent. Engagé dans la marine , il se voit sanctionné plusieurs fois puis envoyé chez un psychiatre qui va tenter d’assagir cet être complexe. Le spécialiste va tenter de fouiller l’enfance et l’adolescence difficiles de son patient instable, d’y extraire la douleur, la rancune et la haine qui sont en possession de son client. Inspiré par la vie de l’écrivain éponyme et écrit par l’intéressé ce film fort sympathique et émouvant est un hommage à ceux qui poussent autrui à se surpasser en leur donnant une deuxième chance. Un premier film  du fameux acteur noir qui vaut bien plus qu’il ne paraît.

 

                       LIVRES 

 

  AUTOPORTRAIT   par  Claude Berri   Editions  Léo  Scherr  Mars 2003

          Un homme du spectacle se penche sur son passé. Il s’appelle Claude Berri. Connu comme metteur en scène, il fut un des premiers avec Truffaut à reprendre le long de ses films un même personnage ici Claude , un enfant juif cache chez des paysans pétainistes et antisémites dans « Le vieil homme et l’enfant »  premier film d’une longue série et auteur de films comme « Lucie Aubrac » et « Manon des sources ». L’homme est aussi un des derniers nababs français , il a produit des œuvres des Inconnus, de Coluche, de Costas Gavras , de Polanski , Forman ,Chéreau , Gainsbourg et fait l’acteur chez les autres et dans ses films. Ce n’est par seulement cet univers que ce « Paul Léautaud de la rue Lincoln » que cet artiste évoque. Ce sont surtout  ces longues histoires d’amour avec son père, ses femmes et ses enfants qu’il évoque  dans un style assez remarquable, ces êtres dont il s’en veut d’avoir pu maîtriser le destin. Cette narration émouvante, objective où lui le dépressif en thérapie ne s’épargne pas, est plus un aveu d’impuissance chez un homme dont pourtant la carrière est enviable, une rétrospective de sa vie riche en malheurs. Cette autobiographie qui ne veut porter son nom et pour cause est plus une réussite littéraire qu’un livre de cinéma.

 

 

 Louis Malle  par Pierre Billard  PLON Mars 2003

            Louis Malle fut un cinéaste déroutant car il n’était jamais là où on l’attendait, lui le cinéaste à scandale qui redessinait le comportement des français pendant l’occupation, critiquait une société hypocrite , lui le passionné insatisfait, le cinéaste courageux et attentionné  traîna  durant son parcours de cinéaste et d’homme des regards contradictoires sur son travail.

            Ce chantre de la passion amoureuse –qu’il pratiqua fortement avec trois mariages et trois enfants sans compter les autres conquêtes- nous a donnés des œuvres fulgurantes qui lui apportèrent l’opprobre et la réputation de marginal  ne fussent que par ses films osés (Les amants) dénonciateurs et critiques (Lacombe Lucien, Au revoir les enfants)  désespérés et noirs (le Feu Follet, Le voleur) réalistes et émouvants (L’Inde Fantôme) .ce militantisme venant d’un fils de bourgeois (Les sucres Beghin) alluma les passions aussi avec la distribution du film de Max Ophüls « Le chagrin et la pitié » via sa société la NEF qui produira « Français si vous saviez » un autre œuvre qui mettait en lumière la période de l’occupation. Il fut le cinéaste le moins reconnu de la Nouvelle vague et pourtant le plus acerbe et celui par qui le scandale arrive , notamment quand il abordera l’inceste (Le souffle au cœur » et fut attaqué pour attentat aux bonnes mœurs avec « Pretty baby » qu’il réalisera en 1975 aux USA ainsi que d’autres œuvres s’exilant d’une France qui le honnissait durant 10 ans pour revenir en 1987 déranger à nouveau les esprits et les idées avec « Au revoir les enfants » réalisés d’après ses souvenirs personnels et des événements ayant eu lieu (la dénonciation d’un jésuite qui abritait des enfants juifs et la déportation de cet homme et de ses protégés juifs) .

             Pierre Billard raconte dans cette autobiographie très fournie et épaisse (plus de 500 pages) le parcours d’un réalisateur honnête, courageux voire téméraire qui choisit un parcours hétérogène au risque de blessures et non reconnaissance. L’auteur réhabilite Louis Malle et son cinéma, replace l’homme dans ses contradictions et ses passions.

 

 

                TELEVISION

:        

                   EPOUSES INTOUCHABLES    de  Anat  Zuria     Israël 2002

            Quand un rite gâche une vie ; isole un être et le déstabilise ; il est bon de le dénoncer . C’est ce que fait la réalisatrice en interrogeant des femmes israéliennes sur la mikveh ce bain rituel qu’une femme juive doit suivre pendant plusieurs jours –allant jusqu’à deux semaines  parfois  - après les règles et bousculant  son être, son intimité et sa sexualité. Des femmes témoignent de cet enfer, de ce supplice moral –prendre son bain la nuit dans des établissements privés -, de leur refus à poursuivre ce pan de la religion ; abandon qui leur vaut une mise en quarantaine : « Quand j’ai décidé de ne plus faire partie du jeu je l’ai fait savoir , ne plus aller au mikveh signifiait que mon mari ne pouvait plus me toucher, j’étais impure tout le temps ».Donc à cette culpabilité s’ajoute un ostracisme menant au divorce parfois pour ces femmes révoltées.

        Le film (1) tout militant et dénonciateur soit il n’utilise son bon droit pour montrer du doigt mais utilise avec subtilité les images –parfois plus virulentes que les propos- les paroles tout aussi révélatrices de ce climat qui isolent au nom d’une religion des femmes déjà marginalisées par d’autres concepts religieux .  Cette exclusion peu contredite dans les milieux orthodoxes, du moins officiellement, montre assez bien l’intégrisme des religions quand elles décident de parler à la place des femmes, de gérer leur vie affective et de disposer de leurs corps.

 

(1) -qui reçut le Fipa d’or 2003  dans la catégorie documentaires de création et essais

 

 

                                DVD 

 APPARTEMENT    #  5C     de Raphaël Nadjari  Mk2 mars 03

                             Deux jeunes israéliens Nicky et Uri vivent ou du moins survivent de menus larcins. Ils s’installent dans un appartement à Brooklyn. Dans l’immeuble se trouvent Max l’administrateur être cynique, autoritaire, handicapé vivant sur une chaise roulante et son beau frère Harold Fisher la cinquantaine  célibataire endurci, solitaire et secret. Le premier exploite le second qui lui sert d’homme à tout faire. Suite à un accident idiot Nicky se blesse avec l’arme de son ami qui affolé prend la fuite. Harold va prendre en charge Nicky et des liens de tendresse et d’amour vont les rapprocher.

                       Raphaël Nadjari  cinéaste juif américain d’origine française – d’ailleurs son film l’est en partie car c’est une production franco - israélo américaine - dont nous avons admiré le précédent film « I am Josh Polonski ‘ s  brother » trace à nouveau le portrait de marginaux , d’êtres fragilisés qui se rapprochent. Il filme sans artifice avec une économie de dialogues et de décors. D’ailleurs ses décors sont New York –après le 11 septembre- et Brooklyn deux villes en effervescence, en énergie constante comme les héros du film. Ces héros si touchants comme cette Nicky ,merveilleusement défendue par Tinkerbell (1) qui symbolise la fragilité, a précarité, l’instabilité et qui soudain s’ouvre aux sentiments, à l’amour pleurant pour la première fois, comme ce Harold joué par l’acteur fidèle  Richard Edson (2), être frustre parfois , amoureux timide plus près des personnages de Caldwell que de Shakespeare dont le contact de Nicky va changer sa destinée et son rôle d’esclave .L’auteur se fiche du cinéma Hollywood, il filme comme on vit à la manière d’un Cassavetés en plein air, en ville et en scènes intimes et réalistes. Il  persévère dans un  cinéma d’auteur, réaliste et noir, cruel et sensible ; un grand film dans ce support (3)

 

(1)   Actrice israélienne née à Haïfa en 1977  de près de 10 films dont Time of Favor en 2000 pour lequel elle reçut un prix en Israël et Zim Zum l’excellent film de Ygal Burstyn

 

(2)   Acteur chez Jarmush et dans les trois films de Raphaël Nadjari

 

(3)   Support qui nous offre comme bonus le « making off » du film, le story board , les séries d’affiche choisies et la bande annonce.

 

   NUITS ET BROUILLARD   1955   de Alain Resnais  Arte production Avril 03

                       Avant de présenter ce riche DVD  (1) replaçons l’histoire tumultueuse de ce court film de 32 mn .Il fut le premier film à montrer en France en 1957 l’horreur des camps et  à souligner  que la France fut collaborationniste  (2) un plan d’un képi d’un gendarme français  au camp de Pithiviers l’insinuait. Le film subit des pressions, des interdictions, l’opprobre et le scandale : l’ambassadeur d’Allemagne de l’Ouest démarcha auprès de Guy Mollet pour et ce qui arriva le retrait de cette œuvre courageuse au festival de Cannes(2 bis), la Suisse pays neutre de parti pris par excellence interdira le film , d’anciens déportés menacèrent de manifester à Cannes vêtus de leurs tenues rayées , le film sera projeté quand même à Cannes hors festival quelques jours après son éviction (29 avril) et à Bonn 1 mois après, puis au festival de Berlin, l’auteur du commentaire l’écrivain Jean Cayrol signa une lettre pour marquer son mécontentement (3) En 1992   5500 K7  sont cédés gracieusement pour les lycées et les établissements , puis 5 ans après le texte de Jean Cayrol est présenté aux éditions Fayard (4)puis distribué au Danemark en 1997 , dix ans environ après la parution du texte.

             Quant au film en lui même, il est et restera emblématique, étant un des rares témoignages sur l’univers concentrationnaire (5)un des textes les plus virulents sur ce sujet dit par Michel Bouquet dont le commentaire final appelle à la vigilance « Qui de nous veille dans cet étrange observatoire pour nous avertir de la venue de nouveaux bourreaux ». Le film reste une grande œuvre concise, intègre et intelligente.

 

(1)     composé d’un livret résumant toute l’histoire et le parcours de ce film , d’une biographique de l’équipe du film  et d’un document radiophonique  de 240 minutes qui est l’enregistrement intégral de l’émission de France Culture divisé en 10 parties où  sont évoqués le livre qui inspira le film, l’interview de l’équipe technique, le regard des jeuneset autres générations  , les commentaires lors de sa sortie , ceux qui suivirent son passage en Allemagne et d’autres plus récents :un document essentiel

(2)     « »La traversée de Paris » de Claude Autant Lara en 56 qui montrait une France négative pendant l’Occupation n’eut pas autant d’interdits

(2 bis) le prétexte évoqué fut de dire que la décision fut prise « « Par respect pour les déportés et pour leurs familles…… qu’il est inconvenant de présenter un tel document dans une atmosphère de festivité internationale »

(3)    dans le Monde du  11 avril 1956 « les pauvres corps qui reviennent depuis quelques semaines de Mauthaussen……..c’est la France de nouveau qui les étouffe….. qui fait tomber elle même sa nuit et brouillard …. »

(4)     il l’avait été publié en 1961 dans le N° 1 de « L’avant scène du cinéma »

(5)     seuls furent produits en France : 1954  « Varsovie quand même » de A.Bellon

                                                           1961 « L’enclos » de Armand Gatti

                                                           1961 « Le temps d’un ghetto » de Frédéric Rossif

 

 

LITTLE ODESSA    de  James   Gray   DVD  Opening  Editeur   Mars 2003

            C’est aussi une Amérique noire et pessimiste  que nous retrouvons dans cette œuvre  noire qui conte le retour d’un tueur à gages Joshua Shapira (l’étonnant Tim Roth) froid dont le nouveau contrat l’oblige à retourner dans sa ville natale. Fils de juifs américains il retrouve son frère Ruben et ses parents : une mère malade et un père distant et adultérin. Ce film est surtout basé sur la dissolution de la famille, d’ailleurs c’est envers elle que la violence est la plus manifeste : une mère moribonde , un père haineux et un frère essuyant la fureur amenée par le retour du fils prodigue et maudit à la fois. Le véritable règlement de compte se situe là et c’est pourquoi Joshua refuse au début de l’histoire de revenir vers son lieu natal. L’auteur nous peint dans une atmosphère glaciale où se côtoient différentes communautés une tragédie grecque faite d’amour et d’humiliation portée à son paroxysme. Une œuvre authentique d’un réalisateur prometteur.

                                                    

Roger Chemouni


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