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FESTIVAL DU CINEMA ISRAELIEN JANVIER 2002 |
FESTIVAL
DU CINEMA
ISRAELIEN
JANVIER 2002
Pour ce deuxième festival organisé par l’association
Isratim (1) projeté au cinéma des cinéastes
à Paris nous
avons eu droit à une journée Amos Gitai avec sa trilogie « Wadi »
, à un hommage à Michal Bat Adam unique réalisatrice israélienne
qui a pu poursuivre une carrière , à un autre consacrée à une
actrice israélienne montante Ronit Elkabetz (4) ,et
à deux thèmes « Visions de la paix » et
« Soirée Gay ». le tout agrémenté de
5 films récents et d’un hommage x et à une approche de documentaires
et courts métrages israélien (1)
association qui
soutient le cinéma israélien situé à Paris 102 av des Champs
Elysées
DESESPERADO
SQUARE de Benny Torati 2000
Un
an après la mort de Morris Mendevon, son fils Nissim rêve que son
père lui ordonne d’ouvrir à nouveau le cinéma fermé quelques
jours avant sa mort. Cet événement va remuer
la vie communauté du village, dépourvu de cet unique loisir
. Senoria la mère de
Nissim n’approuve pas cette idée, le film indien choisi lui
rappelle ravive une déception amoureuse en la personne Avram son
beau frère. Avram justement revient le jour de ce grand remue ménage.
Mais le film préféré
des deux amants n’existe plus en Israël. Seul Avram en détient
une copie. Nessim découvre cette vérité cachée. Cette projection
pourra t- elle avoir lieu, calmer les esprits et réunir les
villageois .
Hommage au 7 e Art ou déférence sur l’amour impossible,
cette comédie bon enfant ,
reste une description attentive
d’un petit monde aux jeux parfois idiots, à l’esprit étriqué ,
oisif, distant , et qui sera se montrer tolérant .au travers
cet événement local .
Ce film bourékas (1) qui n’a pas la grandeur de « Cinéma
paradiso » dont le scénario est similaire (passion du cinéma,
amour dépossédé), reste un petit film populaire, sans grande prétention. (1)
Nom donné aux films populaires dans les années 60 – 70 1001
FEMMES
1989 de Michal
Bat - Adam
Le film adapté
d’un roman de Dan
Benaya Serri est une histoire d’amour situé dans le quartier
Bucharite (1)de Jérusalem au début du siècle dernier. Naftali
Simon Tov quinquagénaire épouse la jeune et naïve Flora. .
Naptali en est à son quatrième mariage ; ses précédentes épouses
étant mortes dans des
conditions mystérieuses .Cette dernière union est consenti par
Naftali pour stopper la
malédiction qui pèse sur sa vie privée. L’homme à un blocage
qui le paralyse et s’interdit toute relation sexuel, Flora
découvrira la
sexualité auprès d’un amant.
Etrange film exotique et sensuel qui dévoile la condition de
la femme orientale et revendique le droit d’exister autrement. Au
travers de ce plaidoyer de cette société religieuse israélienne
,commune à d’autres dénonce le patriarcat de cette communauté où
le machisme règne et où la femme reste plus une servante qu’une
épouse moderne . Michal Bat Adam dessine par petites touches
ce monde sectaire et cruel, peuplé de personnages désespérés ,
en détresse, soulignant la solitude de ce couple atypique, peignant
avec distance cette communauté traditionnelle, ancrée dans des
coutumes archaïques dont les générations suivantes ont eu fort
affaire pour s’en débarrasser.
Un des films les plus forts de cette programmation très moderne, très
éclectique par sa dénonciation, par sa révolte et par sa
revendication légitime au rôle et à la place de la femme dans la
société d’aujourd’hui. traditions
dont les de ces. Cette réalisatrice israélienne, la seule ayant pu
faire une longue carrière de cinéaste et parfois d’actrice ( 2 )
sait au travers de sa démonstration de ce monde mi désuet nous
rappeler qu’il reflète aussi
la société israélienne. (1)
population juive issue de Boukhara, ville d’Ouzbékistan (2
)10 longs métrages en tant que réalisatrice sur plus de 2O ans Actrice
dans les films de son mari Moshé Mizrahi (« Rosa je t’aime »,
« La maison chelouche » « Le père des filles »
en comptant ses films où elle joue (Moment, Aya)
AYA UNE
AUTOBIOGRAPHIE IMAGINAIRE
de Michal Bat – Adam 1994
Le huitième film de cette réalisatrice reste son meilleur, car le
plus épuré, le plus moderne , le plus ambitieux de sa carrière.
Aya une petite fille, tente de rentrer chez elle, sa mère, à l’équilibre
psychique fragile, ne trouve pas la clef pour la faire entrer, puis
une fois dans la maison , les deux protagonistes se disputent.
Soudain une voix résonne dans la pièce stipulant de tourner la scène
autrement. La caméra recule et nous découvrons un faux décor, une
équipe technique de cinéma groupée
autour de une Réalisatrice. Cette dernière est Aya Adulte, cinéaste,
mariée un enfant qui
tente de raconter son enfance. Il y aura tout au long de cette œuvre
originale intrusion de l’imaginaire et du réel, du rêve et du
fantasme d’autant plus que le rôle de la cinéaste est tenue par
Michal Bat –Adam. Elle nous
livre sans pudeur, ni pathos un passé
dont elle veut revivre les
moments forts et comprendre les zones d’ombre. Elle revoit la
personnalité de cette mère à moitié folle, de ce père aimant et
autoritaire qui rêve de faire de sa fille une grande musicienne.
Mais peut –on tout ausculter, tout comprendre de son vécu et du
moins tout assumer. Mais pour Aya voire pour Michal Bat –Adam la réponse
semble ailleurs, non pas dans un passé interchangeable, mais dans
un avenir beaucoup
moins illusoire , plus riche
. Aya sort gagnante de cette enfance tumultueuse malgré quelques séquelles
ou autres blessures internes avec lesquelles elle apprendra à
vivre. Le film émeut par son sujet, passionne par son traitement
– il est parfois un film dans le film- et interpelle par son
sujet. Michal Bat-Adam est la cinéaste israélienne à découvrir
ou à redécouvrir.
PIEUX MENSONGES de Yitzhak Rubin 1999
Yéhuda un jeune metteur en scène consulte suite à un
malaise cardiaque son médecin
L’homme est sain ; son malaise est autre ; il
souffre de devoir vivre la perte d’un être cher : sa mère
atteinte d’un cancer. Il lui cache la vérité en lui révélant
qu‘elle est plutôt atteinte de tuberculose. Il veut la
protéger par amour .Elle, une survivante de la Shoah, veut
aussi le préserver en refusant de raconter son passé de concentrationnaire.
Malgré le temps partagé, la vie commune, ces deux êtres
communiquent peu .Yéhuda déjà touché par un échec professionnel
et sentimental se renferme sur lui-même. C’est le garde malade
qui appelle au secours dans ce récit rempli de tendresse et
d’amour inavoués. Même la sœur , personnage extraverti et drôle
entre dans ce manège de mensonges. générations suivantes ont eu
fort affaire pour se débarrasser. Yéhuda est déconstruit, il perd
ses forces , son assurance. Il se sent abandonné, pas assez fort
pour surmonter ce malheur , amputé de son seul amour il ira même
rechercher de l’amour près de prostituées. La disparition
des êtres chers reste toujours
un sujet délicat , à vivre, à assumer et à évoquer .La
mort des autres nous éclabousse toujours semble
nous exposer le metteur en scène .. Le
premier reproche que l’on peut faire à ce long métrage est son
traitement cinématographique (manque de rythme, intensité
dramatique inégale, émotions répétitives) moins ambitieux que
son sujet. Il y avait dans cette histoire émouvante tout un
discours sur la mémoire, sur la mort pas assez approfondi..
L’auteur - et c’est son droit- à certes préféré s’arrêter
au risque de s’appesantir sur le mal être de cet homme enfant
qui réclame affection et attention que sur cette mère décontenancée
pourtant personnage central et catalyseur et tout aussi riche
.L’œuvre demeure attachante et sincère n’en
témoignent les quelques rares scènes d’échange
affectueux entre la mère
et son enfant qui
rendent prenant ce témoignage
empli d’amour et de vie.
SŒUR ETRANGERE de
DAN Wollman 2000
Là , nous avons droit à une présentation d’un autre tourment celui qui habite une femme israélienne
Naomi , quinquagénaire épuisée de son labeur quotidien et
grandissant. Naomi s’évertue à
être l’épouse parfaite, la mère prévenante et la fille
attentive. Pourtant Naomi serait loin d’être malheureuse :
un époux charmant, une mère aimante et des enfants attentionnés.
Pourtant cet entourage, sans être lointain est distant. Il ne se
rend pas compte que Naomi est leur esclave et qu’elle
s’effondre. Alors
elle embauche illégalement une jeune africaine recruté dans la
banlieue de Tel – Aviv pour l’aider dans ses tâches quotidiennes Peu à peu ces deux
femmes vont se confier leurs problèmes et devenir amies. Naomi va
s’ouvrir au monde extérieur
et s’apitoyer sur les autres tout en restant à nouveau
servile ; mais là la servitude prend un autre aspect, elle est
là non plus pour aider des nantis, mais des êtres désespérés.
A nouveau , une œuvre vient éclairer notre vision de la
société israélienne. Don Wolman est un réalisateur chevronné.
Il sait éviter tout
manichéisme, tout théâtralité, en plongeant
son film dans un climat véridique dans une réalité
évoquée sans pathos. Il s’attache outre à ce portrait de
femme non émancipée, à son contraire : cette jeune éthiopienne
dont le permis de travail a expiré depuis peu , qui ne réclame
aucune aide et accepte pourtant celle deNaomi. C’est
au contact de cette culture africaine diversifiée et généreuse
que va se créer une amitié profonde entre Naomi issue d’une
famille bourgeoisie et cette laissée pour compte .Don Wolman peint
avec intelligence et tolérance
les conditions de vie difficiles de cette communauté qui
remplace dans le secteur de construction les ouvriers
palestiniens depuis quelques années. Une
œuvre mature qui nous renseigne sur la société israélienne et
sur ses contradictions.
ASPHALTE JAUNE
de Danny Verete
Sous ce titre poétique sont présentées trois histoires qui
ont pour thème la
rencontre dramatique entre deux cultures, deux peuples , deux
traditions, différents. Cette trilogie de l’approche entre Est et
Ouest , entre des bédouins et des israéliens montre comment la
culture occidentale a étendu son territoire.
La première récit « Point
Noir » dévoile comment deux israéliens monnayent la
mort d’un enfant dont ils sont coupables avec les parents bédouins.
Le second « La bas
n’est pas ici » montre la
décision d’une
jeune femme , mariée à un membre d’une tribu du désert fuyant
avec ses enfants un époux devenu
trop autoritaire, trop directif. Le
troisième « Toits rouges » raconte l’union adultérine d’un
israélien avec une femme bédouine battue par son mari et comment
celle ci se résout par des
tueries.
Film
pessimiste , noir et violent. Violent psychologiquement car il
montre que ces deux cultures sont sauvages et barbares, qu’une
union ne peut avoir lieu d’être. Si cette œuvre dénonciatrice
au demeurant admirable fut tournée nous dit –on dans le désert
de Judée avec la participation de la tribu « Nahalin » ;
comment celle ci a pu accepté une image aussi négative et sûrement
authentique de son peuple. A son corps défendant les personnages
israéliens ne sont guère plus positifs, ni avantagés , car
présentés comme veules et fourbes. Tous deux utilisent les
mêmes armes pour résoudre leurs conflits. Si la société israélienne
leurre cette minorité bédouine ; celle ci parfois sans défense
se retrouve enfermée dans sa culture matriarcale , surannée et
brusque dont les principaux victimes
restent les enfants et la
femme.
Le cinéma israélien avec ces deux dernières œuvres présentées
redevient un cinéma de réflexion , critique
et révélateur donc outre de qualité ; un cinéma d’actualité,
jamais consensuel.
MADE IN ISRAEL de
Ari Fukman 2001
Egon
Schultz , criminel de guerre nazi est extradé de la Syrie vers Israël
pour y être jugé. Danny hoffman offre une récompense de 2
millions de dollars pour sa capture. D’autres personnages sont
aussi à sa recherche . nous assistons au voyage d’un
trompettiste, de deux truands miteux, d’un tireur d’élite
d’un tueur à gages qui se s’improvisent chasseurs de nazis.
L’histoire est grave et l’œuvre n’est pourtant pas
dramatique, mais comique voire satirique ; c’est là où le
bat blesse, le film tourne même parfois au vaudeville lorgnant plus vers Jonas Mékas ou
Uri Zohar , réalisateurs iconoclastes que vers l’analyse
politique. Peut on rire de tout et avec tous , surtout avec un
personnage central si emblématique. Nous devinons bien que l’œuvre
ne se veut pas irrespectueuse, mais elle peut blesser par le choix
de son comportement vis à vis de l’Histoire. l’œuvre est dérangeante
et l’exercice peut ne pas amuser Le choix d’un autre
protagoniste aurait emporté notre adhésion car le film ne manque ni d’humour, ni d’allant
ni de délire.
WAADI de Amos
Gitaï
Situé au cœur de Haïfa, Wadi Grand Canyon est l’une des
trois vallées qui descendent du mont Carmel vers la Méditérrannée.
De là sont sorties les pierres qui ont permis l’agrandissement du
port. Cette carrière abandonnée fut habiter par différentes
populations dont des juifs rescapés des camps de la mort et des réfugiés
arabes revenus après 1948..Ces survivants ont coexisté
paisiblement en marge de la société israélienne. 10 ans plus
tard, beaucoup sont morts, remplacés par des immigrants russes
engendrant une nouvelle société cosmopolite. Amos
Gitaï plante sa caméra dans ce lieu insolite une première fois en
1981, puis en 1991, donnant lieu à deux œuvres très fortes. En
2001 il y retourne pour y retrouver les deux protagonistes qui ont
traversé ces deux décennies au prix de grandes douleurs. Youssouf
, un travailleur arabe qui vivait – « plus mal qu’un
serpent disait –il » - du ramassage d’objets récupérés
dans la rue, était constamment menacé d’expulsion par la mairie
de Haïfa.La condition de ce travailleur palestinien est
aujourd’hui encore précaire d’autant plus que la société israélienne
privilégiait les immigrants russes. Personnage tragique,
fatigué, désabusé et blessé , Youssouf peu rancunier nourrit un
grand amour de l’humanité. Son épouse, vieille femme aux yeux
rougis par le tabac, relate avec émotion le temps où « nous
vivions avec les juifs et tout se passait bien, nous cueillons des
oranges et vivions en harmonie »Nous restons confondus devant
ces propos et la philosophie de ce couple meurtri et pourtant
serein. Puis l’auteur nous présente autre cas émouvant Myriam ,
la juive hongroise installée dans ce là et qui sut amoureusement
dans cette terre aride créer son potager. Vivant heureuse à l’époque,
avec Iskander un pêcheur arabe divorcé, Myriam sut résister aux
pressions hostiles et aux menaces de mort. Aujourd’hui
ses rêves se sont effondrés : Iskander sommer par ses
enfants de choisir entre elle et eux la quitta et s’ajoutant à
son malheur, plusieurs coupures d’eau et d’électricité l’ont
conduite à partir ; sa maison a été rasée. Elle revient en
2001 saluer Youssouf et
évoquer « leur village ». Myriam est âgée maintenant
de 75 ans, usée par la maladie, défaite par ses illusions, elle
implorante dans une scène pathétique Amos Gitaï de ne plus la
filmer désormais, comme pour signifier qu’elle ne se reconnaît
plus dans cette femme combattante de jadis qui a lutté pour le
rapprochement des peuples.
Ce document poignant , construit à partir d’une archive
orale vivante, témoigne d’un sens ethnologique remarquable. Le
chemin de cinéaste milite pour un avenir d’entente entre juifs et
arabes .
SH’CHUR
de Shuel Hasfari 1995
C’est encore l’intérêt et le lourd poids de la mémoire
qui est évoqué dans ce long métrage . une présentatrice de télévision
Hélie apprend la mort de son père .Elle se rend à son
enterrement accompagnée de sa fille
autiste et de sa sœur, Pnina débile légère internée
depuis 20 ans. C’est surtout un retour vers un passé sciemment
caché qu’Héli se dirige. Vers des images traumatisantes refoulées.
Elle revoit son frère Schloumou qui palliant à une autorité
paternelle un peu absente veille sur la virginité de ses sœurs ,
lui qui ne respecte pas celle de son amie. Vient aussi l’image de
la mère (Gila Almagor la star du cinéma israélien depuis 30 ans),
second pilier familial qui cautionne les décisions du fils et
pratique avec lui des cérémonies utilisant la magie (Sc’chur )
pour conjurer les sorts et les mauvais esprits (Djins) ; démonstrations
excessives accompagnées d’incantations et parfois ambiguës comme
celle se déroulant corps à corps. Puis il y a la vision de Pnina ,
surnommée « la mégaféret » à cause de sa
folie , qui se fait violer sous ses yeux au moment même où son père
la punit par des coups de fouet. Elle pense aussi à ses autres sœurs
qui comme elles ont fui un cocon étouffant pour l’usine,
l’internat religieux ou les grandes écoles. Héli sait malgré sa
réussite sociale, malgré sa lutte
qu’elle n’est pas sorti indemne de ce passé traumatisant
et le choix de son métier de journaliste n’est pas fortuit :
c’est une personne qui dénonce, raconte l ‘actualité
quotidienne et parle principalement du présent)
Ce film soulève des questions quant à la pratique de la
religion ; pratiques qui furent contestées en Israël lors de
la sortie du film et de par ailleurs encensent la communauté juive
marocaine. Celle ci était vraiment l’image que donne le film, et
celle ci ne semble pas être spécifique puisque même les arabes et
les catholiques partageaient cet héritage culturel et nous savons
que les représentants des trois religions monothéistes y
participaient parfois. Etant donné l’impact international du
film, nous espérons que cette œuvre téméraire , symptôme d’un
malaise, ne creusera pas à nouveau un fossé entre ashkénazes et séfarades,
ni ne portera
atteinte à une religion, à un peuple. Ce n’est pas le but
recherché de ce document de fiction passionnant, qui se veut une dénonciation
au prix d’un travail douloureux, d’une génération , d’un état
d’esprit, sans désavouer une origine de juif marocain (comme la
scénariste et interprète du rôle d’Hélie : Hana Azoulay
Hasfari et de son mari
réalisateur du film) et être surtout une réflexion sur la destinée
de la mémoire.
MARIAGE TARDIF de DOVER KOSHASHVILI (2001)
Zaza est un célibataire
par vocation. Sa famille, des religieux, souhaite le voir prendre épouse
rapidement de préférence avec une jeune fille vierge et de
bonne famille ; tradition oblige. Dés lors, Zaza se rend
imperturbable de famille en famille à la recherche de la compagne
idéale.Ce que ses parents ignorent , c’est son amour pour Judih
(Ronit Elkabetz ; la Pnina de sh’chur) femme sensuelle, de
grand tempérament assez mystérieuse et mère d’une petite fille
de 6 ans. Zaza va devoir choisir entre l’amour de sa vie et le
choix de ses géniteurs. D’autant
que ces derniers font influencer son choix jusqu’à violenter,
terroriser la femme non désirée.
Mi comédie, mi drame cette œuvre puissance par sa dénonciation
met en cause des mentalités surannées existant de nos jours
encore. Dover Koshashvili aborde de crame avec un humour distant et une virulence peu
communes. Il fustige la famille, dernier rempart au bonheur, qu’il
présente comme lâche, autoritaire et dictatoriale. Là de nouveau
le cinéma israélien fuit le film ludique sans message pour une
critique sociale. Il montre qu’il peut être dérangeant, dénonciateur
et critique . Dès lors le cinéma s’aligne sur d’autres par sa
force politique. La résistance dans le cinéma français (1944 -1994 ) Par Suzanne Langlois (2001) L’Harmattan
L’auteur
analyse de façon pertinente 50 ans d’image sur la Résistance de
« La bataille du rail » à « Pétain »de
Jean Marboeuf : deux portraits antinomiques de son sujet. (1)
Suzanne Langlois montre comment cette image fut elle enregistrée , dévoilée,
mystifiée .Cette vision de cette célèbre action clandestine fut
très manichéenne au sortir de la guerre pour devenir au fil des
années controversée, remodelée pour aboutir à un image plus fidèle,
plus proche de celle donnée par les écrivains et les historiens,
c’est à dire plus réaliste et moins définie. Le 7 e art ne fut
pas toujours son meilleur représentant , bien que son plus fidèle
défenseur.
Que pouvait – on reprocher à ses projections hâtives de
L’Histoire : son amnésie partielle (les résistances furent
juives et étrangères aussi) son reflet importun (elle renvoie
l’image de la collaboration) ses a priori (La résistance est –
elle un acte due qu’à la Résistance) sa morale parfois expéditive
(elle prônait l’épuration , le châtiment des traîtres).
Suzanne Langlois ne s’arrête point à une seule définition, à
un seul concept, elle sait que l’image est une utopie , qu’elle
est plurielle et
politique, elle ne peut se contenter d’une définition inébranlable.
Livre riche et passionné, qui met l’accent
sur ce cinéma de propagande (2), sur le lien qui unit
Histoire et Cinéma, fantasme et réalité, mensonge et vérité,
qui eut parfois besoin du regard étranger pour se débarrasser de
ses images parfois fictives. Suzanne Langlois nous offre un regard
neuf , original sur la Résistance, sur Vichy, sur la France, sur
ces cinéastes et leurs choix délibérés et contradictoires. Et si
le cinéma fut esclave de ses images stéréotypées, il résista
– certes après un long moment , et après l’approche téméraire
d’historiens- pour modifier et adapter son regard . (1)
bien que l’auteur spécifie dans le sous titre de son livre : De
« La libération de Paris » (réalisé en 1944 par
un collectif : le comité de libération du cinéma français à
« Libéra Me » (réalisé en 1993 par Alain
Cavalier) (2)
soulevant la représentation de personnage juif : sa situation
sous vichy, son engagement politique, son internement ,
le regard et l’aide
extérieure analysant
des films comme « Au revoir les enfants, « l’orchestre
rouge » « Shoah » « L’affiche rouge »
. Les écrits mexicains de S.M.Eisenstein textes réunis et présentés par Steven Bernas 2001
L’Harmattan
L’auteur réunit ici les écrits emblématiques de Serge
Mikhaïlovitch. Eisenstein du
réalisateur d’origine juive soviétique le plus célèbre
et l’un des plus grands du cinéma mondial. Grand car il
n’a jamais tronqué les
images, ni tricher avec le réalisme , ni accepté un cinéma de complaisance. Il inventa un art cinématographie
, avec une grande beauté visuelle et un esthétisme hors pair. Ses
écrits reposent sur la construction d’une de ses œuvres « Que
viva Mexico » film de 1932 inachevé, dénaturé et mille fois
remonté Si
l’approche littéraire de
cette production inédite est
intellectualisée, elle n’en est pas moins captivante car elle
explicite la difficulté d’un artiste à exposer sa vision du
monde face à la terreur et à la censure stalinienne. S.M
Eisenstein qui essuya
des propos antisémites et à qui les mêmes reprochèrent une
homosexualité non feinte, des images subversives , son amour pour
la psychanalyse alors non appréciée, s’évertua à continuer son
œuvre dans la même optique d’où censure et interdictions de
tournage. Les écrits tout comme l’analyse pertinente replace cet
artiste dans son contexte : un homme rebelle, admiratif
d’autres coutumes (ici celles du Mexique) et qui au travers ses
dernières dénonça le régime qui l’entourait. Steven Bernas démontre
le mécanisme de fascination des censeurs, que le cinéaste
fut subjugué par ce pays des transgressions, non conforme à
la société soviétique, et qu’enfin nul ne peut se substituer à
un créateur sans risque de dénaturer voire de réduire sa pensée
et ses propos. LAISSEZ PASSER de Bertrand
Tavernier /France 2001* /sortie le
9 /1/02
Nous sommes à Paris en Mars 1942 dans les milieux cinématographiques.
La firme allemande « La continentale » dirigée par le
docteur Gréven (1)
continue depuis 1940 de tourner des films français .Certains
artistes refuseront de travailler pour les allemands et
s’exileront (2), d’autres accepteront leurs propositions ; ce qui leur
sera reproché après guerre (3)
Ce film fleuve de près de trois heures
va nous montrer le destin de ces gens du cinéma. Bertrand
Tavernier va s’intéresser surtout à celui du dialoguiste Jean
Aurenche et du réalisateur
Jean Devaivre (4);
étonnants personnages. Les deux protagonistes vont se croiser sans
réellement se connaître, en croiser d’autres :les réalisateurs
Maurice Tourneur, Richard Pottier, Claude Autant Lara , Jean Paul le
Chanois (5)
des scénaristes Charles Spaak, René Wheeler ; c’est à dire
de ceux qui ont participé à la bonne facture du cinéma français
de l’occupation. Chacun à sa manière va résister l’un , par
sa plume acerbe et son refus de travailler avec les allemands,
l’autre par ses activités de résistant et sa fuite de ce milieu.
Deux personnalités antinomiques, ayant en commun la révolte
honorable contre l’occupant et
bataillant pour leur survie dans cette période de
disette et de grand froid.
Les films sur le cinéma durant l’occupation sont plus
rares que les livres (6)
Est ce un sujet tabou , peu commercial .Après « Chantons sous
l’occupation » au
titre explicite (7) nous avons le droit à « Tournons sous l’occupation »
en version plus romancée qui nous montre la difficulté pour
entreprendre , pour
tourner un film sous la directive allemande ; la résistance
discrète de certains de leurs représentants tout comme la
collaboration joyeuse d’autres. Certes le vie effrénée de nos
deux héros reste attrayante l’un se débat avec ses femmes et ses
scénarios , l’autre avec ses
contradictions ; mais que
reste – il de l’Histoire dans cette histoire .Des points
sont omis :l’interdiction de travailler en octobre 40 pour
les artistes juifs, les premières arrestations juives en mai 41,
les écrits antisémites d’un Lucien Rebatet en juin 41, du départ du premier convoi d’hommes, de femmes
d’enfants juifs en mars 42 tout comme du port obligatoire du port
de l’étoile jaune en juin 42 . Que reste - il pour rendre compte
de ce climat ? un bus qui passe rempli de juifs portant l’étoile,
d’un musicien juif refusé par
le Dr Gréven qui croise un Jean Aurenche compatissant
, ce même qui sourit à une étalagiste
juive et qui s’insurge contre le sort de son beau frère
Marx Ernst (8) et contre les idées
préconçues sur les juifs. Trois images
pour trois heures de reconstitution . Ce type d’amnésie
déjà rencontrée dans une de ses productions
(8) relève t-il d’un acte manqué. Est ce un film sur la résistance ?
un film de propagande (au sens positif du mot) sur le cinéma ?
sur la création artistique ?sur la France des années
d’occupation ? sur la
gent féminine ? sur le choix politique de ? Ce film
fleuve est un peu tout cela , malheureusement il trompe l’Histoire
quand il subodore que tous les français furent résistants .Dès
lors ces deux griefs nuisent un peu à ce film certes bien réalisé.
Mais où est passé ce réalisateur virulent qui dénonçait les
imperfections d’une société , qui osait invoquer la guerre
d’Algérie et prendre fait et cause pour les sans papiers. (1)
Le fameux docteur Gréven est un homme obscur ,
contradictoire réclamant des
scénaristes juifs , refusant à
Roland Manuel un compositeur juif de composer pour un film , abrite
un juif communiste (voir note 5) , dépose son manteau sur un
buste d’Hitler , ne tourne ni film de propagande, ni film
en allemand , et ne subit pas la censure de Vichy .« la Continentale » fut
créé le 3 octobre
1940 (2)
Jean Gabin, Michèle Morgan, Jean Renoir , Julien Duvivier
entre autres partiront pour Hollywood. (3)
H.G.Clouzot,Sacha Guitry Arlety ect ; ; ; voir
l’ouvrage de René Château « Le cinéma français sous
l’occupation » (4)
Jean Aurenche signa entre autres les dialogues du premier
film qui montra le vrai visage de la France pétainiste ;
« La traversée de Paris » Jean
Devraire réalisateur méconnu , mais résistant connu tourna peu
(10 films de 46 à 56) nonagénaire il vient d’assigner Bertrand Tavernier
pour l’oubli de son nom au générique. (5) Jean Paul Dreyfus de son vrai nom, à moitié juif par son père, marié
a une femme juive, communiste ,a appartenu au groupe Octobre
(groupe révolutionnaire de gauche né en
1934 auquel participèrent
Jacques Prévert et Jean Renoir) . Son acceptation reste énigmatique
(6) En 1989 « Nathalia » de Bernard Cohn et
en 1999 « Le plus beau pays du monde » de Marcel
Bluwal (7)
en effet André Halimi dans son documentaire
en 1976
nous montrait une France occupée dilettante et loin de toute
résistance
(8)
peintre allemand
naturalisé français * découpage
du film paru dans le N° 507 de « L’avant -scène du cinéma »
qui vient de publier celui du
film de C.Lanzmann « Sobibor » ** Co auteur de « La Haine antisémite » avec Serge Moatti
AMEN de Costa Gavras
France 2001 Sortie
le 27 février 2002
Enfin un film politique , dérangeant, qui ne pratique pas la
langue de bois. Certes à sa sortie le film va provoquer comme le
livre qui s’en inspire (1)
des polémiques, peut être des paroles regrettables et espérons
aucune autre violence. Le sujet soulève la passion, il met en
comparaison la barbarie
nazie et le silence de l’église, d’ailleurs l’affiche du film
est parlante (2)
.L’histoire vraie repose sur le combat désespéré durant les années
de guerre d’un officier S.S pressé
de faire connaître au monde entier la l’extermination
massive des juifs .L’homme Kurt Gerstein , médecin et technicien
est chargé de l’hygiène des camps en 1941..Il a pour mission
d’assister aux essais d’un gaz , le Zyklon B .Ecœuré par
l’utilisation de ce gaz, il tente d’alerter son entourage hommes
politiques et représentants
de l’Eglise. Il sera peu entendu excepté par un jeune prêtre
Ricardo (Matthieu Kassovitz) qui le secondera dans sa démarche
courageuse. Kurt Gerstein ( ) faute d’oreilles attentives, tentera
de saboter les livraisons de ce fameux gaz qui lui incombent .Arrêté
à la fin de la guerre, il rédige en plusieurs langues un rapport
puis sera retrouvé pendu dans sa cellule parisienne (3) en juin 1945.Etais ce un suicide d’autant qu’il était
recherché comme témoin des crimes contre l’humanité au
procès de Nuremberg.
Ce film prenant, intense et parfois étouffant rend accablant
l’attitude de l’église , le silence de Pie XII informé comme
beaucoup de nations du sort des juifs pendant la Shoah. Cette œuvre
courageuse ne veut pas creuser davantage les dissensions
qui existent entre le Vatican et les organisations juives,
mais souligner la passivité , le silence de l’église catholique
entre la personne du pape et l’entente avec le nazisme. Costas
Gavras et Jean Claude Grumberg (4)
modèrent la noirceur de l’église grâce au personnage de
Ricardo, être fictif mais néanmoins résultats de plusieurs prêtres
catholiques. Ils insistent sur ce Gerstein , personnage ambigu
d’allemand repenti , de témoin privilégié dont l’action
n’arrêtera les exterminations des juifs certes , mais dont
l’acte de résistant esseulé nous émeut (5) Costa Gavras volontairement ne filme aucun concentrationnaire, aucuncamp,
aucune élimination d’humains, il montre à plusieurs reprises le
retour de wagons vides traversant des lieux vides dans une nuit sans
témoin ; ce qui donne une atmosphère angoissante , nouante et
rend son film plus dénonciateur. MARIE MARMAILLE de Jean Louis Bertucelli France 2001 sortie le 18/2/02 sur France 2 Avec Amen de Costas Gavras (sortie le 27 février) et M.Batignole de Gérard Jugnot (le 6 mars 2002) , ce téléfilm se penche sur le sort des juifs durant la seconde guerre mondiale. Tout comme le dernier film cité , « Marie Marmaille » peint dès les 5 premières minutes l’atmosphère régnant durant l’occupation allemande : le marché noir fleurit et les arrestations des juifs commencent. Nous sommes à Paris en 1942, Marie (Ludivine Sagnier )(1) une jeune fille peu attentionnée au climat politique, n’est préoccupée que par son aventure amoureuse avec Yves et par son trafic de vivres. Dans son immeuble des juifs sont emmenés et l’ inspecteur français zélé qui dirige l’opération tente de courtiser Marie. Un matin elle découvre Maurice un enfant juif rescapé de la rafle, réticente à l’aider dans un premier temps, elle va tout faire pour le sauver dans un deuxième temps.
Marie
ne se rend pas compte de son héroïsme, ni de son action de résistante,
cela la dépasse et va à
contre courant de sa vie tranquille. Marie fait partie ce ces héros
malgré eux qui écoutent leur cœur au détriment de leur sécurité
, d’autres sont montrés comme des collabos malgré aussi
qui tentent de sauver leurs vies ancrés dans un antisémitisme
séculaire. Ce téléfilm mélodramatique montre le quotidien de ces
gens ordinaires qui devant la guerre ont basculé d’un côté comme
de l’autre. il reste surtout un hommage aux premiers, ces petites
gens qui été capables de grandes choses. Véra Belmont , la
productrice dira d’ailleurs à leur propos : « Si nous
sommes vivants, nous le devons à ces gens qui au péril de leurs
vies, nous ont cachés , nourris, aidés à survivre dans cette période
noire « (2) (1) qui dira dans le dossier de presse : « Ce téléfilm était un moyen de rendre hommage à ma grand-mère qui a vécu la Résistance d’ une manière assez similaire ; elle a elle aussi , eu le courage de cacher des juifs pendant l’occupation (Dossier de presse) (2)
dossier de presse
JUKIEN L’APPRENTI De Jacques
OTMEZGUINE ( Téléfilm
FRANCE 2000) Paris 1931, Julien a 14 ans, son père est mort durant la grande guerre. Sa mère épouse un employé du Gaz de France, veuf lui aussi et père de trois enfants. Julien s’interdit ce beau-père, fruste bourru, peu affectif. Ce dernier lui propose de travailler avec lui. Julien refuse ce métier car son père est mort gazé. Il choisira d’être apprenti fourreur, approchera un monde différent , se liera d’amitié avec un commerçant juif Rosner (joué par Francis Huster ) et tombera amoureux de la fille de son nouvel employeur. Nous sommes au début des années 40 et les lois de Vichy vont toucher la communauté juive française. Rosner n’a plus le droit de pratiquer , il cède son atelier à Julien qui accepte d’être son homme de paille. Impuissant Julien tentera d’aider sa nouvelle famille à ses risques et périls. Téméraire , audacieux, il ne changera pas l’Histoire certes mais en modifiera quelques pages. Le réalisateur Jacques Otmezguine (1) et le scénariste Jean Claude Grumberg (2) ont opté pour une peinture sans haine d’une France mouvementée qui à vu passer le Front Populaire , Pétain et dut choisir. Cette période que l’on qualifie de floue, - par peur de l’analyser ? - n’a jamais été aussi claire que ces dernières années dans la littérature et les œuvres de fiction .les auteurs nous le rappellent dans ce portrait sans rancune, ni manichéisme de gens luttant pour la liberté et parfois déçus de ne point l’avoir. Il y a les époux Rosner fatigués d’être « un gibier, un lapin », Julien cet apprenti de la vie aussi , qui se révolte contre l’injustice jusqu’à porter par solidarité une étoile jaune et se déclarer juif., il y a ce soldat écœuré de la guerre , du gaz mortel des tranchées– ce fameux gaz qui a tué tant de gens durant la première guerre mondiale et sera destructeur contre les minorités juives et autres lors de la seconde -. Chronique des années d’apprentissage qui apportent un témoignage non négligeable sur cette période incommensurable, sur le comportement humain. Cette œuvre subtile est un grand moment de télévision qui honore la production française par sa qualité dans la reconstitution historique, par ses personnages émouvants et son interprétation sans faille.(Marianne Basler -la mère de Julien, Jacques Morel , le beau père- Benjamin Rolland , Julien adulte ) (1) Romancier, scénariste-dialoguiste, metteur en scène, a écrit une vingtaine de pièces dont ;L’atelier, Dreyfus , le dernier métro de François Truffaut, les lendemains qui chantent de Jacques Fansten. (2)scénariste ,réalisateur de :Le rêve d’Esther, le secret d’Elissa Rhaïs __________________________________________________________________________________________ M.
LE MOCKY par Jean
Pierre Mocky (2001)
Cette biographie (1) est aussi débridée, déjantée que les films de son auteur. Mocky à toujours privilégié le contenu de ses œuvres au mépris de la forme. L’homme qui tourne autant que Woody Allen et cela depuis plus de 40 ans (2) reste un cinéaste marginal, iconoclaste et irrespectueux à souhait. Provocateur de naissance, Jean Pierre Mocky fustige la société française, y dénonce ses travers, ses déboires et ses contradictions. Il dénonce la sexualité inconnue , la bourgeoisie bien pensante, l’exploitation de la foi (« Le miraculé » en 1986) l’intoxication de la télévision (« La grande lessive » en 1968 ) les magouilles politiques ( ) la débilité des supporters de foot (« à mort l’arbitre » en 1983).Cet ancien acteur, assistant de Fellini n’épargna personne, refusa de rentrer dans le moule et entreprend de plus en plus difficilement un nouveau film. Pour les uns il dérange , pour d’autres il amuse encore. Ses mémoires émeuvent même s’il s’amuse à être le cinéaste maudit – voir le titre de livre- quand il parle de ses anciens acteurs adorés (Bourvil,Michel Simon), de ses multiples femmes et de sa prodigieuse progéniture (17 enfants) de ses racines judéo-chrétiennes (mère catholique, père juif, non pratiquant, non circoncis) qui lui semblent ambiguës, et ne détériorent point son regard sur le vécu juif et sa représentation cinématographique (il est perplexe devant des films comme « La vérité si je mens » et « La vie est belle » ) Est –il l’exclu , le mal aimé qu’il revendique ? Son dernier film « La bête de Miséricorde » se joue dans une seule salle à Paris ; celle qu’il a acquise. (1) Edition Denoël (2) 4é longs métrages soit un par an. MONSIEUR BATIGNOLE de Gérard Jugnot France 2001 sortie le 6 mars 2002 Paris juillet 42 , l’occupant allemand est là, les Français tentent de survivre grâce au marché noir et les premières rafles des juifs commencent. Edmond Batignole (Gérard Jugnot), un français moyen, charcutier de son état vit avec sa femme, sa fille et son futur gendre, un collaborateur notoire. A l’étage du dessus, leurs voisins les Bernstein s’apprêtent à fuir un monde hostile aux juifs. Ils sont retenus dans leur fuite par M.Batignole qui les accuse injustement de vol de charcuterie. Dénoncés par l’ignoble Pierre Jean ils seront arrêtés par la police française. M.Batignole continue sa vie mesquine en commerçant avec les Allemands. Le lendemain va vie va être chamboulée par le retour de Simon, un des jeunes fils de la famille dénoncée, dans son domicile occupé par les Batignole, devenus locataires. Batignole refuse de l’aider, puis se ravise en prenant en charge Simon et deux petites filles juives et décident de les faire passer en Suisse.
Gérard Jugnot réalisateur, et Philippe Lopès
Curval co scénariste du film évoquent une France partagée
avec ses canailles (Les collabos, les dénonciateurs, la
police française, les faux résistants) et ses justes( Une fermière,
une concierge, un policier, un prêtre qui, aident les fugitifs).
D’ailleurs l’image qu’ils donnent des deux protagonistes :
le vieil homme et l’enfant n’est guère manichéenne Le premier
est un être égoïste et passéiste, le second est un enfant
cultivé, intelligent, avec des manières de fils gâté. Ils font
de M.Batignole , un anti héros, un homme ordinaire à qui il arrive
des choses extraordinaires, qui devient attachant
quand il lutte contre sa médiocrité et celle de son
entourage. Son désir de révolte et de résistance le grandissent.
Il ira même jusqu’à se glisser dans la peau d ‘un juif comme
pour mieux comprendre leur malheur. Par cette démonstration
persuasive, Gérard Jugnot dénonce
les déviances des uns comme les bravoures des autres. Il se «sert
de la petite histoire pour avoir une vision de la grande » dit
–il.à raison de grandes émotions il réussit un film populaire, grave mêlant
drame et humour, comédie et gravité, réalisme et Histoire avec
une grande qualité de communication. Il c’est à dire avec un
grand impact, une grande écoute espérons et avec peut – être de
grandes interrogations sur
le sujet évoqué ; ne fusse que se demander pourquoi cela a eu
lieu et pourquoi si peu de voix se sont élevées contre. |
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