Composé de trois parties, ce long documentaire nous présente tout d’abord le réalisateur, un juif polonais émigré aux USA , accompagner un ami sur les traces de leurs deux familles à Bransk , petite ville polonaise qui abrita une  importante population juive avant la seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1994, nos deux protagonistes sont guidés par Zbysek , jeune historien catholique polonais  , curieux de l’histoire  de son pays et dont le travail de reconstitution de la présence de juifs dans son village et dans les alentours laisse admiratif d’autant plus que sa recherche effrénée lui attirent l’inimité de ses compatriotes qui  jugent son travail dérangeant et offensant. Cet attachement nous fait comprendre le pourquoi de l’amnésie d’un peuple, d’un pays .Nonobstant nos trois enquêteurs tentent de fouiller la mémoire des lieux et des habitants peu enclin à témoigner, à la recherche d’un passé obscur, trouble , enfoui.

                                      Leurs investigations  vont confirmer leurs pensées profondes : les juifs d’alors furent plus persécutés par leurs compatriotes que par les allemands, et que les premiers , avides de gain et antisémites furent prompts à la dénonciation. Aux mensonges des uns se succèdent l’hypocrisie des autres ; parfois une voix s’élève comme pour se libérer  d’un passé douloureux à vivre : «  Comment vivre normalement après ce que j’ai vu » . Et puisque  les hommes refusent de témoigner, nos trois chercheurs  vont faire parler les pierres , mettant à jour dans des lieux de désolation  des stèles funéraires gravées en hébreu ; preuve ultime de l’existence de nombreuses familles juives.

                                    Marian Marzinski  point repu de ses trouvailles décident de se rendre avec Zbysek au cœur des Etats Unis à la recherche des familles juives exilées. Ces dernières seront suspicieuses à prime abord envers eux, puis peu à peu  dialogueront. Et la parole ,  unique pansement à leurs plaies intérieures jaillit , peu à peu ces confidences mêlant nostalgie , douleur  et révolte viennent rétablir la vérité  et confirmer les premières constations.

                                   Retour à la case départ  pour clore cette odyssée émouvante , ils emmènent avec eux un rescapé désireux de remercier ceux qui naguère l’ont suivi. Retrouvailles émouvantes et douloureuse confrontation

Avec des polonais dont la vindicte raciste n’a guère changé . Zbysek  est devenu maire adjoint de son village , désormais catholique à 100%. Il décide d’ériger un monument en commémoration  de la population juive et d’un passé peu avouable, mais au grand désappointement de l’auteur aucune inscription sur la stèle  atteste de la présence des 65 % de juifs vivant là, ni de leur apport culturel et économique. Seuls rappels une musique d’ambiance tirée de « un violon sur le toit »  et une petite vitrine d’objets réunis par Zbysek lui même. Décidément à l’Est il n’y a rien de nouveau.

                                   Ainsi , prend fin une aventure filmique de trois années qui en dit long sur la fragilité de la mémoire, sur l’amnésie des hommes , sur la difficulté de transmission  entre les générations et sur le besoin de témoigner pour les autres à venir. Ce documentaire indispensable dévoile un pays immature dont les mentalités restent tout aussi primaires voire frustres qu’il y a 50 ans tant l’antisémitisme demeure toujours virulent et où la recherche de la vérité reste un défi insurmontable.

Le film passe la semaine prochaine sur la chaîne Odyssée , est vendu chez K-film 15 rue Saintonge  75003 Paris

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