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Chronique d'une semaine en Tunisie, juillet 2008, par Richard Dian |
On arrive par le terminal 2 que je ne
connaissais pas. formalités rapides, puis mise a disposition de la
voiture de location. la Clio Classic. si vous ne venez pas en Tunisie,
vous ne connaissez peut être pas cette chimère. c'est fabriqué en Iran
et au brésil, c'est comme une Clio, en un peu plus grand sur l'avant et
dotée à l'arrière d'un coffre confortable. Une sorte de Mégane du
pauvre. Cinq vitesses, mais on passe la cinquième à 70 et le compteur
annonce fièrement 250 à l'heure! Les loueurs tunisiens préfèrent éviter
les discussions sur le plein d'essence au retour. Donc on vous fournit
toujours la voiture avec une cuillère à café de carburant. Si vous
n'avez pas prévu du change dès l aéroport et si vous avez du chemin à
faire, c'est l angoisse. En général, on peut aller jusqu'à Raoued. Le
type qui tient la station service Agip sur la route vers la Marsa ne
prend pas les cartes de crédit, mais une fois que j'avais fait le plein
sans dinars, il m'a dit "c'est pas grave, vous paierez en repartant"
Imaginez un peu ça en France.
Un truc qui reste pénible, c'est cette
habitude ou consigne de ne jamais dire non à un touriste et qui entraîne
des situations ridicules.
J'ai besoin d'un renseignement:
-Allo la réception?
-Soyez le bienvenu
-Pouvez vous me trouver le numéro de
téléphone de madame Martine S... au Kram?
Un long silence laborieux...puis:
-Vous faites le 1280, monsieur
-Quoi, 1280 c'est tout?
-Oui monsieur
-C'est nouveau les numéros de téléphone à
quatre chiffres?
-C'est son numéro de chambre, monsieur.
-Hein? Martine S..habite hôtel?
-Il y a une dame qui s'appelle Martine à
la chambre 1280
-Mais moi je cherche une Martine S.. qui
habite au Kram
-Ah, alors vous voulez un renseignement?
Une autre fois..
On rentre fort tard dans la nuit, et là,
invasion de moustiques féroces dans la chambre. Galère.
Vite:
-Allo la réception?
-Soyez le bienvenu
-Écoutez, je suis vraiment désolé, mais
pouvez vous me procurer une bombe insecticide?
Un très long et inquiétant silence...puis
-Euh, je vais demander à mon collègue, il
va vous en apporter dans votre chambre.
Le coup du collègue, on me l'a déjà
fait..
-Alors , j'attends votre collègue?
-Oui Monsieur.
Entre temps, madame Dian décide
d'appliquer une politique d'élimination ciblée et quel plaisir de la
voir sauter sur les meubles en toute petite tenue avec la savate. Et
deux, et trois et hop. Efficace et rigolo. En vingt minutes (Et avec mon
assistance) c'est un carnage. Le combat cesse, victoire totale.. Et le
vice me prend:
-Allo la réception?
-Soyez le bienvenu
-J'attends toujours la bombe insecticide.
-Euh...Mon collègue..Il..Il..
-Il n en a pas trouvé?
-Oui
-Il a trouvé le Fly-Tox, oui ou non?
-Euh..euh..nnnon
Youpi, gagné!.
Quelquefois on reste stupéfait d'une
gentillesse que l'on ne connait plus. Appréciez ceci:
Je décide d'aller faire des recherches
bibliographiques aux archives nationales. C'est du coté de Bâb Saadoun,
quartier administratif.
Impossible de trouver une place,
finalement je me gare où je peux.
Puis j'aperçois un camion de fourrière
qui embarque une voiture derrière moi. Je cours ma chance
-Pardon monsieur je peux rester garé ici?
-Ici c'est interdit, je suis obligé
d'embarquer votre voiture
-Et là bas?
-C'est pareil, je l'enlève
-Et alors comment je fais?
Il réfléchit
-Bon je termine de mettre celle là sur le
camion, et vous allez me suivre, je vais vous trouver un endroit pour
vous garer sans problèmes.
Ce qui fut dit fut fait. Pas mal non?
Je vous invite fortement à aller faire un
tour à ces archives.
C'est tout simplement sensationnel. Il y
a l'intégralité de "la dépêche" et de "la presse", j'y ai retrouvé le
carnet de naissance de toute ma famille. Et aussi la liste de tout ceux
qui ont réussi l'examen de sixième en même temps que moi, un vrai
bonheur.
Dans la salle de lecture, il y avait a
coté de moi des étudiants tunisiens qui planchaient sur "les émeutes
antisémites du Kef en 1944" et "la rançon or payée par la communauté
juive de Djerba aux Allemands". Moi je n'étais même pas au courant de
ces histoires. Les universitaires tunisiens sont très attachés à
retracer le parcours de leurs communautés juives. J'ai regardé un peu
leurs documents..c'est passionnant.
A part ça ne manquez surtout pas
d'aller à l'office du samedi matin à la synagogue de la Goulette.
Objection votre honneur! on ne doit pas
prendre la voiture le shabbat
Objection retenue...mais
Koul youd eltoura fi yeddou!
Cela veut sans doute aussi dire que l'on
peut faire "à sa main"
C'est une petite salle d'environ dix
mètres sur six, toute blanche et bleue, très claire et fraîche. Et si
vous avez trop chaud il y a un lot de mrouhat. On vous file talith et
calot (j'utilise ici la prononciation tune). Ensuite on vous fera monter
au Shifer et vous aurez droit au Gomel si vous avez peur que l'avion il
tombe au retour. Si vous n'etes pas fortiche en hébreu, vous aurez la
prononciation en lettres latines, et si vous dites que vous n'avez pas
vos lunettes de lecture, on vous fournira une version "écrit gros". Que
demande le peuple
Cette année, bonne surprise, plus de
jeunes que de vieux. presque tous les officiants avaient moins de trente
ans. A chaque fois je m'étonne de la sérénité que me procurent cet
endroit et ces gens. Voir une fillette de cinq ans, belle comme un
espoir, se cacher derrière le rideau du tabernacle et un grand gaillard
qui essaye de la faire sortir sans s arrêter de prier, entendre les
commentaires savoureux de l 'inénarrable monsieur Chiche en maître de
cérémonie, et ces très vieilles femmes qui tendent leurs mains vers le
Shifer sans oser le toucher, et la Shaouda à la boukha et au
bouchkoutou. Pour moi c'est nettement plus revigorant qu'une thalasso.
A part ça-bis, un nouveau restaurant
alliant cuisine juive et cuisine tunisienne (donc non cacher) a ouvert :
"le sommet", tout en haut de l' hôtel de la jetée à la Goulette. C'est
géré par Gilbert Nataf. Pas terrible en gastronomie, mais un panorama
formidable et un petit vent de sixième étage je ne vous dit que ça. Il
faut y aller.
Un autre restaurant, face au café vert
"le restaurant de la mer", assez soigné avec aussi une salle et terrasse
qui donnent de l'autre coté, sur la mer.
Jacob s'est fait un look
pirato-mousquetaire, Mamie Lily toujours agréable de dîner sous le
laurier fleur avec le fond musicale du chef. Cuisine hélas à surveiller.
Sabayon à proscrire. "les Ombrelles", très bien, essayez la charlotte
aux fruits comme dessert. La Vague, stable
La granite et le sabayon du petit Salem
me paraissent meilleures qu'à la maison mère. Citronnade: zéro. Pour la
citronnade avec beignet et fricassé devant vous, allez rue Zarkoun,
vous trouverez.
Pizza Memmi aux anchois servie à la
truelle, toujours top top top. Mais on tentera aussi avec bonheur celle
de"chez Olivia" tout de suite à droite après le pont du canal entre
Goulette et Kherredine.
Soirée chez mes amies Sophie Reverdi et
Jana Vitezova à Sidi-Bou, ambiance melting-pot. Je rencontre un tunisien
qui partage mes goûts pour les bd petits formats on parle de Mirko le
petit Duc, de Zagor et des éditons Artima. Rosé, rouge, blanc. Il y a
aussi André Abitbol-tu-lui-dis-ton-nom-il-te-dit-ta-rue et sa femme
Mathilde
quel couple adorable et intéressant!. On peut encore fumer sans honte jusqu'à pas d heure et on se quitte en échangeant nos adresses courriel. Le 12 au soir grand dîner de gala des anciens de Carnot-Tunis au Golden Tulip. Pas pu y aller.
Les enfants ont encore trouvé des bébés
chats orphelins, j'ai fait des biberons avec les flacons de shampoing de
l hôtel.
Vu à l hotel ce panneau qui donne le point de vue tunisien sur le probleme des "piscines ethniques". On à l'air malin à saint germain!
Fait la connaissance de Tarek qui anime le samedi après midi sur RTCI une émission sur le cinéma en quartier-libre. Un vrai personnage que l on peut écouter par le net.
Dernière salve de thé menthe sur le sable
de la Goulette, il est près de deux heures du matin.
le cours du jasmin: 1 dinar.
je conseille d'en acheter au premier
vendeur venu si vous sortez le soir, cela vous évitera être harcelé par
les autres.
allez et kiffez en paix.
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