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Ca commence mal. L'avion prévu pour 14h30 a été
remplacé deux jours avant le départ pour un vol à 18h45 (merci Am-plitude
travels). Annoncé Boeing, il se transforme en Airbus A319, le "Kerkennah".
Au moins il est à l'heure.
On s'installe, rang 25, le dernier près des toilettes, mais où on a
statistiquement le plus de chances en cas de problème...
Dès l'annonce de bienvenue, le nom du commandant me dit quelque chose. Je
suggère un prénom et un age à l'hôtesse. C'est bien lui. On était ensemble à
l'école rue de Colmar puis à Carnot. A l'arrivée, je vais le voir en cabine.
Quarante six ans après je le reconnais tout de suite. Pas lui. Forcément,
dans l'émotion j'oublie de lui donner mon nom. On s'embrasse quand même et
je lui raconte que sa bobine traîne sur ce site où j'ai déjà publié notre
photo de classe.
Ecole rue de Colmar cm2 1961-1962. 1er en haut à gauche : le commandant Hedi
Cheleoui de la Tunis Air. Le Docteur Richard Dian deuxième assis en bas à
gauche.
Il a plu. Pas du crachin, des gouttes grosses comme
des pois-chiches. Dès qu'on sort de l'appareil, on a cette petite odeur
cloacale lacustre qui vous dit: bienvenue à la maison.
Longues formalités à l'aéroport Carthage II, puis je récupère la voiture de
location (Camel cars, 465dt la semaine sans trop négocier. Tel GSM 98635634,
demander Moncef de ma part). On m'annonce fièrement que m'attend une Renault
Symbol (sans "e", we're British after all!) qui est l'évolution pokémonesque
de la chimérique Clio Classic. C'est pareil, mais petit becquet arrière, on
peut mettre deux chevaux morts dans le coffre, fermeture centralisée des
portes. Toujours aussi bourrin, mais compteur annonçant encore 250km/heure.
Jdida-neuve mais pas de jantes, 1/2 plein à la jauge.
Alors là, tu touches surtout pas la clim, tu ouvres les quatre fenêtres, tu
mets la compil italienne dans le lecteur cd péchu. A donf. Et c'est parti..
Lasciatemi cantaaareee...
Impossible cette année de retrouver mes marques au Miramar-Carthage
palace-Barcelo (Pénible ces changements de nom) et on racine au Dar
naouar-Sunny club-carribean world (encore les changements de nom!) Pas mal
du tout, je m'at-tendais à pire pour un trois étoiles locales. Le site vient
de subir un changement, il est en cours de transformation. Mais c'est plutôt
réussi. Pour information l'ancien Abou-nawas Gammarth est en travaux. Devenu
Mercure, il devait ouvrir en juin 2006. Prévu pour janvier 2010. Inch'Allah.
Dans l'avion, j'ai lié connaissance avec Marlène et Lucien Ammanou. La
maîtresse d’école et le professeur Nimbus. Lu-cien (de La Marsa) a un
extraordinaire talent; il cueille une feuille de la haie (myoporum), la
coupe d'une certaine façon, la met dans sa bouche et il imite tous les
oiseaux. Patrick Sébastien, où es tu? Ce couple adorable nous a enchantés.
Le petit déjeuner est parfait: citronnade authentique et beignets
idiopathiques, de la somptueuse vraie pastèque à pé-pins.Vade rétro
Valencia-bouquet!
Piscine le premier jour. Hélas, comme tous les clubs ils se sentent obligés
de mettre à fond une musique qui nous trans-porte dans une gay-pride
permanente. Tant mieux, on ira à la mer.
Le soir, dîner à La Goulette. "La Mer", face au café vert et appartenant à
la même famille.
La salle donne sur la mer. Premier étage clos, mais
avec une baie ouverte qui jouit d'une vue magnifique, le bon vieux
Bou-Kornine à l'horizon qui nous rassure (j'adore le retrouver dans
"Angélique et le Sultan") et à sa droite le moins connu Djebel Ressas. On
opte pour le rez-de-chaussée en extérieur. Excellent dîner et service, avec
Kémia Tunisienne, inclus un leblebi qui arrache. On avait décidé, vu la
quantité de nourriture absorbée, de faire une pause sur les desserts. Ben
non, on nous apporte spontanément des granites au citron avec une feuille de
menthe par-dessus. Addition: 140dt pour cinq, pourboire compris.
La Dream Team.
Passeggiata digestive sur le lungomare. J'observe.
Gros effort sur la propreté et le respect de l'environnement, augmen-tation
nette des jeunes filles voilées surtout aux dépens de pubères de la semaine
dernière. En contrepartie et comme la nature a horreur du vide, floraison de
strings qui dépassent du jeans. Fantasmez pas les copains, c'est pas les
mêmes. Retour à hôtel. Lasciatemi cantaaaree....
Samedi, synagogue de La Goulette. Il y a tous les habitués, plus les
voyageurs. Je commence à faire tache dans ma génération avec ma tignasse qui
s'obstine à rester noire et sur ma tête. Progrès cette année: les ampoules
ont été chan-gées pour la basse tension écologique et deux imposantes clims
de marque LG nous évitent les éventails. Je suis tou-jours émerveillé de ce
judaïsme tunisien. Les femmes assises à l'écart viennent sans problème se
mêler aux hommes pour la bénédiction, les enfants qui courent partout, tout
ce monde qui se marre en permanence. Monsieur Chiche, l'or-donnateur
m'appelle au lutrin "Kavod a Thorah Haim ben Mouchi Hai Dian, ou yamlou
Gomel!" Après ma timide presta-tion, emporté par l'enthousiasme, je veux
même embrasser le Rabbin! Scandale et assistance pliée en deux. Lecture de
Pinhas, une sombre histoire de partage de la terre promise. Moise dit au
peuple:"Dieu nous a donné la terre promise", et les autres de lui
répondre:"Et c’est qui, nous?, et à moi personnellement et aux miens, il
donne quoi, exactement?". Alors ce pauvre Moise de négocier la part de
chacun. Même que des fois il en a marre. Pour le commentaire, cette fois ci
c'est le Rabbin qui s'y colle. Sauf que le Rabbin, il est Djerbien, jeune et
manifestement sait se multiplier quand on remarque les petits clones qui
tournent autour de lui, mais il ne sait pas parler français. Et il donne ses
explications en judéo-arabe pur huile. Rebbi pour Achem, Mouchi pour Moshé,
avec les gestes. J'ai vraiment regretté de ne pas pouvoir filmer la
prestation. Cent fois plus drôle que tous les Arykakoujnah. Le service
s'achève à l' accoutumée dans la plus grande confusion, l'hilarité générale
et la boukha à flots. Heureusement, il n'y avait pas de Marocains dans la
salle.
Je passe à Carrefour. Dans le centre commercial je repère un serrurier. Je
me fais faire un double de ma clef Mercedes vintage. A Paris aucun artisan
n'avait pu: "Oh lala, ça va pas être possible m'sieur, c'est des clefs
spéciales uniques, faut aller chez Mercedes!" 50 euro et une matinée de
perdue. Ici c'est 15dt, en cinq minutes, avec le logo. Pensez-y.
Après-Midi, Discussion avec de jeunes tunisiens, toujours aussi surpris de
rencontrer un Juif du temps d'avant qui parle arabe. Je leur fais un petit
cours d'histoire de la Tunisie du melting-pot culturel. Ils n'ont aucune
notion de l'occupation allemande par exemple, des évènements de Hammam-lif,
même Bourguiba ils ne connaissent pas bien. Puis on aborde le sujet délicat.
L'un d'eux me fait une remarque pertinente, je le cite: "Oui, les Arabes ont
été et restent jaloux de la réus-site d' Israël, mais ils ont été aussi
profondément vexés d'entendre des Juifs tunisiens parler Israël "leur pays",
alors que leur pays, c'est quand même la Tunisie" A méditer. Comme ils me
demandent si je mange cacher, que je leur dis non et leur fait remarquer
qu'ils boivent de la bière, nous terminons sur les religions qui divisent
des humains qui ne demandent qu'à s'entendre et à 'aimer. On trinque là
dessus.
Le soir, les enfants profitent du All-inclusive, dîner en amoureux aux
"Ombrelles". Sami Nouira n'est pas là, mais c'est toujours impeccable. Je
conseille les tagliatelles aux crevettes à la crème, la charlotte aux
fruits, arrosez le tout de mus-cat de Kélibia. 100dt pour deux. Mérités.
Lasciatemi cantaaaree...
Ils s’aiment.
Dimanche soir, vieille adresse à Marsa-plage
récemment rénovée: la Doukana. Pour les amoureux, je conseille de réserver
l'unique table de deux personnes située sur le petit balcon du premier étage
et qui donne sur la plage. Pour faire les malins, ils proposent une
nouveauté: la cuisine au wok. Comme là-bas. Là bas, c'est peut-être Saigon,
mais quand on goutte les nouilles au poulet de ma fille, c'est plutôt
Nabeul. Archi-archi piquant mais délicieux. En Tunisie quel que soit le plat
commandé, n'oubliez jamais de préciser "pas piquant" et pas "sans piquant"
si vous ne le supportez pas. 90dt pour cinq et authentique pain tabouna
chaud. Ensuite, arrêt pèlerinage chez Salem. Confirmation, la granite du
petit Salem est meilleure et moins sucrée que celle de la maison père.
Mardi, passage à Tunis. Les bus articulés s'appellent Zina wa Aziza.
Promenade au marché Bahri. J’achète pour la fa-mille de la pizza (au poids)
chez l'ex-Memmi.
Sur le chemin du retour je m’arrête contribuer à la maison de retraite de l'OSEE
à la Goulette. Le directeur, Albert Chiche est toujours volubile. Il me
raconte une anecdote sur Goliath, un mendiant célèbre qui allait le vendredi
de famille en fa-mille proposer du myrte et des bénédictions dans un hébreu
apocryphe approximatif. Une fois, il décide d'aller en France visiter son
frère. A Orly, il tend son passeport tunisien. A "profession" il y a écrit
"sans". Le douanier lui demande de pré-ciser. "Mendiant", dit Goliath.
"Désolé, il n'y a pas de place pour vous ici". On le remet dans le premier
avion et retour a Tunis.
Dans la conversation, je m'aperçois que Mr.Chiche est vexé de ne pas
apparaître dans la liste des tunes célèbres sur harissa.com. Par mon
entremise ce faux-pas sera réparé. Il le mérite bien.
L’inénarrable Mr. Albert Chiche.
14 juillet. Réception à la Résidence. 18h00 pour
les VIP, 19h30 pour la plèbe. Je suis de la première vague. Extraordi-naire
ambiance dans ces jardins magnifiques, nos militaires en blanc, les
diplomates en grande tenue. Somptueux buffet arrosé de Kélibia méthode
champenoise (le M). J'aperçois Jacob Lellouche qui l'an dernier nous la
jouait corsaire rouge et cette année il a revu Ivanhoé et il nous fait Isaac
d'York. Il me présente au Grand Rabbin de Tunisie, Haïm Bittan. Je retrouve
Férid Boughedir (du lycée Carnot) toujours aussi marrant et je le félicite
pour "Villa jasmin". Il y a aussi mon amie Sophie Reverdi chez qui nous
avions dîné la veille et qui a monté "smartandlight.net", un ambitieux
programme de coa-ching d’amaigrissement et de bien-être. L'obésité en
Tunisie et particulièrement infantile est une catastrophe. Notre
am-bassadeur, de Gallaix, est tristounet. Il part dans 2 mois. Discours en
présence du Premier Ministre tunisien, Mohamed Gannouchi. Les deux hymnes au
garde-à-vous. Ne manquent que les Ferrero-rochers.
Sophie Reverdi, Mongi Goaied , Aïssa Wajjar, Mauboussin & Panama.
On part un peu vite dîner au "Lagon". Endroit
merveilleux et cuisine parfaite. Janine Slama, réinstallée en Tunisie depuis
10 ans passe de table en table. Prenez ses coordonnées de réservation GSM 24
94 17 09. A propos, contrairement à ce que certains m'avaient annoncé, le
restaurent "le sommet" au 6ème étage de l’hôtel de la jetée à la Goulette
est toujours ouvert. Vaut le déplacement. Panorama unique. Réservations sur
le GSM de Gilbert Nataf 24 32 04 95.
Mercredi, dernier jour. Farniente. Cinq heures, thé et chicha à Sidibou au
café des délices-Sidi Chabaane (changement de nom !). Le soir, on retrouve
une bande d'amis au Saf-saf. 30dt tout compris pour 8. Puis grandes
embrassades et nouvelle tournée chez Salem. On doit se coucher tôt, l'avion
de retour prévu a 10h15 a été changé en dernière minute pour un départ à
5h25. Réveil de l'hôtel à 2h00. Merci Amplitude travels.
A l'aéroport dans un demi-sommeil, je me demande comment prolonger le kif de
ce séjour.
Je me suis brûlé une cartouche de Salem au Duty-free.
Richard Dian
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